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Environnement socioculturel et réflexion éthique en médecine néonatale

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par Mourad Ouchtati
Faculté de Médecine de Marseille - DIU Ethique et pratiques médicales 2008
  

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Particularités du nouveau-né

Il ne peut prendre de décision par lui-même.

Cela a des implications sur certaines décisions qui impliquent le devenir à long terme. La poursuite d'une réanimation en présence de lésions cérébrales graves peut être prise en raison d'un refus des parents de tout arrêt de soin. Le nouveau-né ne pouvant donner son avis, si l'équipe médicale prend une décision contraire elle le fera en pensant que le handicap que l'enfant aura ne justifie pas sa survie.

De même on peut être devant une situation inverse avec un risque de handicap qui pour les médecins n'est pas très important mais qui est insupportable pour les parents qui vont demander l'arrêt de « l'acharnement thérapeutique ». Le nouveau-né est ici aussi sujet à la subjectivité des uns et des autres mais son avis ne peut être obtenu.

Il peut être extrêmement prématuré et donc la question de sa viabilité peut surgir (12).

La limite de viabilité est fixée par l'Organisation Mondiale de la Santé à 22 semaines et/ou 500 grammes. Tous les prématurés naissant à ces termes ou poids ne sont pas égaux et le contexte de la naissance (chorioamniotite, retard de croissance associé, maturation pulmonaire etc.) va également intervenir dans cette viabilité et la

décision d'une prise en charge active. Actuellement la réanimation d'attente, en présence de signes de vitalité à la naissance et d'un contexte favorable, est pratiquée dans notre service pour les ages gestationnels compris entre 24 et 25 semaines. Au delà de 25 semaines tous sont pris en charge. Avant 24 semaines le contexte de naissance, l'histoire parentale et leurs souhaits sont pris en compte tout en sachant que le pronostic vital à ces âges est très compromis.

Des décisions peuvent avoir été prises avant la naissance. Nous sommes parfois informés avant la naissance de pathologies graves sans espoir thérapeutique (Anomalies cérébrales ou cardiaques). La décision d'interruption médicale de la grossesse est proposée au couple mais ils peuvent demander à poursuivre la grossesse. Il s'agit parfois d'un déni de la pathologie anténatale ou d'un espoir que les médecins se soient trompés mais parfois il s'agit pour eux d'un refus du foeticide qui est incompatible avec leurs convictions.

Une des particularités de la médecine pédiatrique et surtout néonatale est que le soigné ne décide pas pour lui. La prise de décision est rendue parfois complexe par la relation triangulaire parent enfant soignant.

L'objectif du soin est de guérir le patient ou du moins soulager sa souffrance mais aussi de s'assurer du bien être des parents. On le voit bien dans les cas où l'enfant peut être sauvé mais avec des séquelles tellement importantes

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que les parents devront réorganiser complètement leur vie pour s'en occuper. Le principe de bienfaisance à court terme pour l'enfant, conduit à long terme à une situation de souffrance pour les parents qui peuvent en vouloir à l'équipe médicale de s'être acharnée pour rien.

Le statut juridique du nouveau-né, s'il est celui de toute personne à partir du moment où il est déclaré vivant et viable, a bénéficié de dispositions particulières (Loi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie dite loi Leonetti et Décret n°2006-120 du 6 février 2006)

Il existe donc toujours une séparation radicale entre la condition foetale et la condition néonatale en droit français, mais au-delà de cet aspect, la naissance permet la reconnaissance de l'enfant par ses parents. Même si en période anténatale le couple a pu déjà voir son futur enfant par le biais des échographies, ce n'est vraiment qu'à la naissance, par le croisement des regards entre l'enfant et ses parents, que sa condition va changer. Emmanuel Lévinas (13) affirme qu'en définitive, le surgissement du visage nous convoque à la responsabilité de ce visage. « Autrui me concerne avant toute dette que j'aurais contractée à son égard, je suis responsable de lui indépendamment de toute faute commise vis-à-vis de lui. Cette relation où l'obligation à l'égard d'autrui prime tout ce que je pourrais attendre de lui est essentiellement asymétrique ». C'est donc la naissance et la rencontre avec

ce visage qui va changer la condition du foetus et non pas l'âge gestationnel.

On passe par trois phases : la « naissance » quand la mère sent son enfant bouger et le voit à l'échographie, la « connaissance » au moment de l'accouchement et la « reconnaissance » après avoir établi une relation avec lui.

Cette reconnaissance est perturbée en période néonatale si l'hospitalisation a eu lieu avant que l'enfant rentre à domicile. Il peut y avoir alors des problèmes d'attachement altérant le lien parent enfant.

De cette spécificité du nouveau-né découle la notion que sa vie devrait toujours être respectée, alors que celle du foetus peut être interrompue dans certains cas.

Tous ces éléments font que la réflexion éthique est unique dans ce domaine de la médecine.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard