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Les enfants en situation de rue du Sénégal. L'identité et la socialisation dans le processus de sortie de la rue

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par Corentin SIROU
Université Lumière Lyon 2 (ISPEF) - Master 1 sciences de l'éducation 2011
  

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Chapitre 2 : Le contexte sénégalais

Pour aider à une meilleure compréhension des enfants en situation de rue au Sénégal, il est nécessaire de prendre en compte quelques éléments qui composent le contexte socio-historique du pays. Nous nous arrêterons ici sur la situation économique du pays, la structure familiale et ses mutations ainsi que la scolarisation et le travail des enfants. Comme nous l'avons déjà signalé, la prise en compte de ces éléments macro-sociologiques n'a pas pour objectif de faire de ces enfants un simple produit de ces derniers, mais ces éléments permettent d'avoir une meilleure idée des réalités sociales qui traversent la société sénégalaise. Ces différents éléments, sans être des causes exclusives du parcours de ces enfants, sont partie prenante de leurs vécus et influent dans les trajectoires personnelles des enfants. On ne peut pas faire l'économie de la prise de connaissance de ces facteurs, comme on ne doit pas nier la subjectivité de l'enfant.

Le Sénégal est un pays d'Afrique de l'ouest, situé entre la Mauritanie au nord, le Mali à l'est, et les deux Guinées au sud. Les 12 millions de sénégalais se décomposent en différents groupes ethniques. Les principaux sont les Wolofs (43%), occupant surtout le centre du pays, les Peuls (24%), en Casamance et dans la région du fleuve Sénégal, les Sérères (15%) se trouvant principalement dans le Saloum. Moins nombreux, les Diolas, les Mandingues, les Soninkés, les Bassaries constituent le reste de la population du pays. Si chacune de ces ethnies a son propre langage, le Wolof reste la langue véhiculaire. Le français, la langue officielle enseignée dans les écoles publiques, reste plutôt parlée par les populations éduquées, comme l'arabe, et dans les zones touristiques.

2.1. Le développement économique

Depuis son indépendance le 4 avril 1960, le pays a connu trois grandes phases de développement.
La première phase, qui va jusque 1964, correspond au premier plan de développement économique

27 Daniel Stoecklin, op cit, p. 81

du pays. On y voit un état interventionniste qui a en particulier la volonté d'appuyer le secteur primaire. Le seconde phase, est celle des grands projets et des grands emprunts. L'état est présent dans tous les secteurs et coopère avec le secteur international, parfois au détriment de intérêts sénégalais. D'autre part, les institutions internationales, notamment via l'application des programmes d'ajustements structurels (PAS), abordent le problème de la croissance de manière globale, sans tenir compte des difficultés des pays africains, comme la faiblesse des systèmes d'informations, le dualisme de l'économie, les limites du cadre institutionnel et certains effets liés à la détention de la majorité de l'économie par des capitaux étrangers28. D'autre part, « les structures productives de l'économie n'ont, en réalité, guère la flexibilité nécessaire pour répondre favorablement aux chocs extérieurs dictés par la politique d'ouverture commerciale »29. C'est dans cette période que prend place la crise de l'arachide, une filière d'exportation alors grande pourvoyeuse de revenus pour l'état sénégalais. D'abord la fin du tarif préférentiel français sur l'exportation de l'arachide, puis les sécheresses répétées, la sur-exploitation des sols et la mauvaise gestion de l'ONCAD (office national de commercialisation et d'assistance au développement) sont les causes de la mort lente de cette filière30. C'est dans ce contexte que l'on entre dans la troisième phase, à partir des années 1980, qui se caractérise par un désengagement de l'Etat. La crise de la filière arachide a eu pour conséquence la montée de la part des importations dans le produit intérieur brut (PIB). La dévaluation de franc CFA, en 1994, avait pour objectif d'enrayer cette escalade31.

Les impacts sur les populations de tous ces événements se traduisent de manières différentes. D'abord, la crise de l'arachide a touché principalement les zones rurales, dont l'économie est orientée principalement vers la subsistance. Ainsi, elle a alimenté l'exode vers les zones urbaines, et fait grossir les rangs du secteur privé et informel. D'autre part, le service de la dette atteint en 1998 7% du PIB, alors que la part dédiée à l'éducation est de 3,7%, et celle dédiée à la santé de 2,6%. Ensuite, la dévaluation du franc CFA a fait augmenter le prix de certains produits de base, comme le riz, le poisson (+53,4% entre 1993 et 1994), les céréales, etc. Ces effets ont contraint les populations au rationnement alimentaire. Le rapport de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) sur la situation économique et sociale au Sénégal en 2008 confirme ces pratiques. « Généralement, lorsque surviennent des chocs, les ménages développent des stratégies de survie. L'ESAMU en a recensé un certain nombre dont les plus importantes sont : - la réduction

28 Tidjani Bassirou et Gaye Adama, « Secteur privé et développement économique et social », in Diop Momar-Coumba (sous le direction de), La société sénégalaise entre le local et le global, Paris, Karthala, 2002, p. 39

29 Daffé Gaye, « Difficile réinsertion du Sénégal dans le commerce mondial », in Diop Momar-Coumba (sous le direction de), La société sénégalaise entre le local et le global, Paris, Karthala, 2002, p. 75

30 ibid, p. 69

31 Ibid, p. 71

de la quantité des repas et/ou le remplacement par des produits alimentaires moins chers ou disponibles ; - la réduction des dépenses de secteurs tels que la santé, l'habillement, les cérémonies, et les produits d'hygiène ; - les achats à crédit ou l'endettement. »32

Toute la pauvreté de l'Afrique en général et du Sénégal en particulier n'est évidemment pas imputable uniquement aux politiques de libéralisation, liées à la mondialisation. Cependant, « s'il est évident que la pauvreté n'est pas apparue au Sénégal avec l'application des PAS, on peut constater que sa massification se situe dans la période d'ajustement »33. D'autres auteurs s'attachent à montrer ces liens, comme Aminata Traoré ou Serge Latouche, dont certaines des analyses portent sur les effets de la mondialisation, et des PAS en particuliers, sur les pays africains.

Aujourd'hui, au Sénégal, l'économie est en majorité informelle. La part du secteur privé informel représente en effet plus de 80% des travailleurs de la ville de Dakar34. « Cette informalité (non contrôlée), qui fut dès l'origine le lot des villes coloniales, ne fait que s'accélérer dans les villes du Sud d'aujourd'hui et s'accroître encore dans les villes de demain »35. L'informalité touche principalement les services, le commerce et l'industrie. Dans le département de Saint-Louis, les activités économiques dominantes sont la pêche, le tourisme, l'artisanat, le commerce, le maraîchage et les services. La revente des produits issus de ces activités se fait de manière informelle, principalement dans les marchés de la ville.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe