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Relations entre OPJ et APJ (Officier de Police judiciaire et Agent de Police Judiciaire ): analyse criminologique de la pratique de l' OPJ debout

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par Albert MUTOMBO NGOY BANZE
Université de Lubumbashi école de criminologie - Diplôme d'études approfondies en criminologie 0000
  

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2.2. Organisation et fonctionnement du sous-commissariat Kafubu

A titre de rappel, le sous commissariat de Kafubu est un poste de police. Il relève du commissariat de Kampemba. Celui-ci est l'un des sept commissariats du commandement ville appelé autrement District police ville de Lubumbashi qui est le Bataillon. C'est la police territoriale. Le commandement ville dépend directement de l'Inspection provinciale du Katanga ainsi que toutes les unités spécialisées de la Police. L'inspection du Katanga représente l'Inspection Générale qui collabore directement avec le Ministère de l'intérieur duquel elle relève.

Les sous-commissariats sont implantés dans les communes, au niveau de chaque quartier. Faute d'effectifs et de moyens, certains en sont dépourvus et d'autres sont inopérationnels.

En principe le sous-commissariat est dirigé par un commandant qui a la qualité d'OPJ et le rang de chef peloton. Le peloton organique est de 48 éléments tandis que le sous-commissariat ne dispose au plus que 16 éléments et d'autres n'en disposent que quatre avec toutes les difficultés que le moindre effectif pèse sur le fonctionnement. Ce poste compte 4 OPJ en son sein et 2 stagiaires pratiques.

Si dans le commissariat, les différents OPJ se relèvent pour assurer la permanence nocturne et diurne les jours fériés, samedi et dimanche, par contre dans le sous-commissariat, elle est assurée par le chef de poste qui est un APJ. Pendant la nuit, c'est lui qui coiffe le sous-commissariat. Présentement, le poste de police de Kafubu dispose d'un effectif de 16 éléments sous la disposition du Gradé d'élite chargé de contrôler leur présence et de repartir les tâches journalières. Il joue le rôle de mère du poste et c'est lui qui introduit les APJ au commandant pour le rapport lorsqu'ils ont un problème. Ceci pour dire que la police suit la logique militaire. Il est à la fois avocat et accusateur des policiers.

Le sous-commissariat dispose de 16 éléments dont 4 sont détachés. Ces éléments sont organisés en 3 équipes de 4 éléments. Quand la première assure la garde, la seconde est chargée de la patrouille et la dernière assure le piquet d'intervention. La relève s'effectue après 48 heures pour toutes les équipes. L'effectif est moindre et l'on constatera qu'il manque une équipe de réserve destinée à faire la tournée ou renforcer l'équipe de piquet en cas d'éventualité. L'équipe de garde fait 24 h/24 pendant deux jours, celle de piquet reste sur place de 7 heures à 18 heures.

Il sied de remarquer que le commandant sous-commissariat et ses OPJ n'assurent ni la garde, ni le piquet, ni la réserve. Néanmoins, ils assurent la permanence et supervisent la patrouille au niveau du commissariat selon le rôle mensuel établi pour cette fin.

Le chef de poste est responsable de la garde. Il est épaulé par le caporal de poste qui est le gardien de l'Amigo ou cachot. Il assure la relève en suivant le rôle de veille. Il tient également à la propreté du bureau, de l'Amigo et de l'espace extérieur en donnant la corvée aux personnes en détention. Les autres sont les sentinelles responsables des points à surveiller. Elles se communiquent les consignes et ne peuvent utiliser les armes que dans les cas prévus par les dispositions réglementaires (cas de légitime défense, cas de nécessité absolue). A l'approche d'une autorité ayant droit aux honneurs, la sentinelle qui est à l'entrée prévoit la garde.

Le gardien intervient la nuit en cas de nécessité, acte les plaintes qui viennent et fait le rapport le matin au commandant sous-commissariat. La garde est une occasion pour le chef de poste de faire la pratique de l'OPJ debout. D'ailleurs, pendant la nuit, la police en tant que service d'intérêt public, tous ceux qui viennent l'appellent commandant, à moins que la personne connaisse le rouage de la police. A titre indicatif, deux rivales s'étaient battues pendant la nuit. La première femme a porté plainte contre sa rivale. Après avoir payé les frais, la rivale a été arrêtée et acheminée au sous-commissariat. Le chef de poste qui assiste souvent au déroulement des différentes auditions a assez l'expérience pour entendre verbalement les deux parties. Leur mari étant intervenu et un terrain d'entente a été trouvé. C'est ainsi que le chef de poste va recourir au principe d'Archimède qui dit qu'un corps plongé dans l'eau, remonte verticalement. « Anesha kwangukiya mu mayi, atatokamo wa kukauka » (elle est déjà tombé dans l'eau, elle ne va pas en sortir séchée.) Par manque d'argent, le mari a laissé en gage sa radio cassette à retirer le matin après avoir payé 10.000 FC d'amende transactionnelle. Comme le chef de poste s'était déplacé, ledit mari est venu avec ladite somme pour récupérer sa radio. Il nous demandait de lui indiquer le commandant qui a fait la permanence la nuit pour lui verser l'argent et récupérer sa radio. Nous lui avons dit d'attendre le chef de poste en vue de régler son problème. C'est de cette façon que nous avons su que le chef de poste a fait la pratique de l'OPJ debout à notre insu et pendant la nuit.

Dans son fonctionnement, le sous-commissariat se bute à beaucoup de difficultés. A titre purement illustratif, nous en indiquerons quelques unes relatives à la logistique, infrastructure, personnel et équipement.

- Carence des fournitures de bureau, ce qui donne l'occasion aux OPJ de demander les frais de papiers ou bics au plaignant ou prévenu.

- Effectif des APJ sensiblement réduit et qui rend difficile le service de garde, de piquet de patrouille et d'organiser l'équipe de réserve.

L'effectif réduit surtout par le détachement augmente le surplus des tâches et prive les repos aux policiers. Il affaiblit l'autorité et réduit le contrôle en limitant les punitions au besoin de service ; Pour échapper à la contrainte des tâches, les policiers créent la rubrique malade ou congé des circonstances.

- Le détachement rend aussi difficile le service normal. La plupart de nos agents sont détachés dans les entreprises minières. C'est un handicape sérieux au fonctionnement du sous-commissariat.

- Manque d'appareil de communication, le chef de poste est obligé d'avoir un appareil cellulaire et des unités pour communiquer chaque 5 heures du matin, la situation de garde et du quartier Kafubu au commandant sous-commissariat. Celui-ci informe à son tour le commandant commissariat qui la répercute au commandant ville qui contacte l'inspecteur provincial qui communique à ses supérieurs.

- Manque de frais de fonctionnement qui fait que les OPJ demandent les frais d'instruction, de plainte et de transfert du dossier.

- Manque de véhicule de transport. Les policiers sont obligés de recourir aux particuliers, ce qui rend difficile et illusoire toute forme d'intervention en cas d'appel urgent. Lorsqu'ils arrivent en retard sur le lieu d'appel, ils sont reçus sous le jet des cailloux et de cris de moquerie « quelle police d'intervention retardée ?» Les APJ sont obligés d'effectuer de longues distances à pied, à leurs risques et périls, parfois avec des détenus qui guettent une occasion pour s'évader. En effet, il faut passer au commissariat en payant deux trajets pour avoir le numéro du procès-verbal en vue de se rendre au Parquet pour le transfert.

- Insuffisance d'armes et munitions pour différents services.

- Affluence des injonctions émanant du Parquet de Grande Instance, d'Auditorat militaire, le trafic d'influence, « intimidation » des OPJ dans l'exercice de leurs fonctions.

- Manque de bureau approprié. C'est l'habitation privée qui est transformée en bureau. Il se trouve dans un état de détérioration plus ou moins avancé avec les mobiliers qui ne permettent pas de travailler à l'aise. Certains « clients » de la police se mettent debout durant l'audition par manque de chaises.

- L'inexistence des documents d'identité pour citoyen, ce qui rend incertains les renseignements fournis par les « justiciables ». D'aucuns ne disposent que de la carte d'électeur. Cependant, plusieurs viennent au bureau sans en être munis.

- Manque d'uniforme pour certains policiers. La plupart d'entre-eux se débrouillent tant bien que mal dans la friperie où ils achètent des pantalons bleu marine et des chemises bleu-ciel ainsi que des bottines de fortune qu'ils peuvent trouver par occasion.

Il y a une certaine discrimination dans la dotation, ce qui fait que la minorité reçoit la dotation et les autres sont abandonnés à leur triste sort et doivent se débrouiller. Dans l'entre-temps, les uniformes de la police sont vendues dans le couloir et en privé.

Il y a lieu aussi d'indiquer les différents documents que doit avoir un OPJ conformément aux Articles 2 et 3 de l'Ordonnance régissant la police judiciaire.

Parmi les documents existants, nous pouvons citer :

- registre de consignation ;

- carnet de convocation ;

- carnet de transmission ;

- registre d'écrou ;

- registre de correspondance ;

- registre des plaintes.

Ces documents ci-après de nature obligatoires n'y existent pas :

- registre des procès-verbaux ;

- registre général d'officier de Police Judiciaire (ROS) ;

- registre de dépôt (R.D) ;

- livre de caisse auxiliaire ;

- registre de dommages-intérêts ;

- quittancier de dommages-intérêts et un registre individuel d'officier de Police Judiciaire.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon