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Relations entre OPJ et APJ (Officier de Police judiciaire et Agent de Police Judiciaire ): analyse criminologique de la pratique de l' OPJ debout

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par Albert MUTOMBO NGOY BANZE
Université de Lubumbashi école de criminologie - Diplôme d'études approfondies en criminologie 0000
  

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2.4. « APJ législateur »

La recherche montre que les policiers agissent en acteurs sociaux, transforment certaines lois pénales et civiles ou « un-quatre » et vice versa selon les enjeux des acteurs en présence susceptibles d'orienter l'issue du conflit entre les parties en déterminant d'autres modes de régulations que pénales. Les policiers, « OPJ et APJ » adaptent les lois des « autres », les contextualisent et en innovent d'autres que pour les comprendre, il faut les restituer dans les logiques, le sens et les représentations qu'ils s'en font.

Ils transforment les lois « civiles » en lois pénales dans les conflits de location des maisons, des dettes et de mariage. Il suffit qu'un mari déserte son toit conjugal pour au moins un mois, la police lui colle l'étiquette « d'abandon de famille » sans que le tribunal ne soit saisi de l'acte. Et le fait est sanctionné par l'amende.

Ils les adaptent selon le contexte et les enjeux de deux parties en conflit. C'est dans cette ligne de pensée que nous avons évoqué le cas d'un impliqué qui avait une dette de 1000 $ et qui avait disparu pendant deux mois... Reparaissant, le « plaignant » l'a acheminé à la police où l'OPJ,  placé dans ce contexte, a transformé la « dette en « abus de confiance » c'est-à-dire, de la décriminalisation à l'incrimination. Jouant son rôle de médiateur ou d'intermédiaire, il a fini par clôturer le problème par un arrangement. Ainsi, le civil est sanctionné par le pénal, l'amende transactionnelle.

Parlant de l'amende transactionnelle, la notion a évolué dans la pratique. Il y a innovation fruit de la créativité liée à la logique de précarité. Elle n'est plus perçue seulement en liquidité, mais aussi et fréquemment en nature. En nature, les acteurs exigent la perception des biens de valeur à titre de gage pour la garantie d'un payement proche ou à titre définitive. Une autre innovation concernant la sanction, c'est le commerce sexuel qui peut être utilisé quelquefois à titre de « caution » ou d'amende transactionnelle.

Il n'y a pas que l'Etat qui produit les normes, les acteurs sociaux en produisent aussi. (KIENGEKIENGE R., 2005 : 31) Monsieur KABILA qui rentrait chez lui nuitamment, fut intercepté par les patrouilleurs dans leur « mawindo » ou « bokila » (la chasse, ici la patrouille) et fut « disapronné ». Les policiers l'ont criminalisé pour « heure tardive ». Se promener tardivement est érigé en « infraction » et est sanctionné par l'amende, le gage à titre définitif puisque c'est dans la chasse. « Bya mu patrouille, bineshiyaka paka mu patrouille » (le butin se partage toujours dans la chasse). Aussi, le cas exceptionnel et isolé le « commerce sexuel » peut servir d'amende.

Ainsi, une simple « suspicion » est érigée en « infraction ». Heure tardive s'accompagne souvent de « suspicion » ; la notion d'heure tardive est floue et imprécise. Elle est aussi relative et commence entre 21 : 000 et minuit selon les acteurs et le secteur à patrouiller. Dans un quartier où les gens dorment tôt, l'heure tardive est perçue tôt c'est-à-dire à partir de 21 : 00. Dans un quartier animé où les gens se couchent tard, elle est aussi prolongée et devient élastique et débute vers minuit et au-delà.

L'infraction provoquée », c'est le « treize » provoqué volontairement. Les policiers se promènent parfois avec les boules de « noix » « Djamba » « bangi » « boule, « best » (meilleur)... différentes appellations du chanvre. Pendant la patrouille, les policiers ciblent la personne qui a l'argent ou les biens de valeur. Pendant qu'ils la fouillent, l'un d'eux glisse subtilement une boule du chanvre dans l'une de ses poches pour la brandir et incriminer la personne. Ils en profitent pour transiger en visant une grande somme.

Les contraventions routières sont criminalisées et leurs auteurs incriminés. C'est le champ des policiers où ils récoltent. Elles constituent aussi les cibles de leur chasse. Selon les entrevues, pendant la patrouille, les policiers sont à la recherche des véhicules qui roulent sans phares, le monophare, les motos ou les vélos sans phare.

Ils opèrent souvent dans les environs des buvettes ou bars où ils peuvent être en contact avec le « un quatre ». Parfois, ils tendent le filet où tombent les personnes ivres et les prostituées. Celles-ci tombent sous le coup de « vagabondages » dont la liberté peut être obtenue par le « millième ».

Un jeune homme et une jeune fille trouvés seuls pendant les heures tardives dans le contexte policier, à un endroit obscur et isolé, tombent sous le coup d' « attentat à la pudeur » qui est aussi sanctionné par le « dix-vingt-cinq » (l'argent).

Voilà montré selon les limites des données de notre investigation comment les policiers innovent, adaptent et transforment les normes selon leur point de vue, leur discernement, leur expérience et leur histoire et projets propres. Ce qui est positif et essentiel, c'est la recherche de l'harmonie entre les parties en conflit.

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