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Enclavement et développement des zones rurales d' Afrique subsaharienne: recherche bibliographique

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par Adong Tchoou NOYOULEWA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en géographie 2006
  

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3.1.2. Etude de l'insertion spatiale des sociétés rurales : quelle méthodologie ?

La clarification du concept de l'enclavement auquel nous sommes parvenus nous impose une approche méthodologique singulière dans le cadre de son analyse. Perçu comme l'absence, l'insuffisance ou la praticabilité saisonnière des voies de communication et des réseaux de télécommunication dans une zone, l'enclavement s'inscrit sans nul doute dans l'analyse des unités spatiales localisées. Il est question de voir ou mieux d'étudier comment les sociétés en général et celles rurales en particulier s'inscrivent de part leur localisation dans les réseaux fonctionnels qui les entourent. Comment se prendre pour mener à bien une telle étude ? Peut-on étudier l'enclavement d'une zone donnée sans faire appel aux données inhérentes à toutes les localités avoisinantes ? Bref, quelle approche méthodologique pour l'étude de l'enclavement des zones rurales en Afrique subsaharienne, au Togo et dans l'est de la région des Plateaux ?

En octobre 2005 à Saint-Diè-des-Vosges lors du 16ième Festival International de Géographie sur le thème « Le monde en réseaux, lieux visibles, liens invisibles », Debrie J. articulait dans sa communication intitulée L'enclavement : expression géographique de la discontinuité dans les réseaux que « les différentes acceptions de la notion de l'enclavement dans des champs disciplinaires variés permettent de définir l'enclavement comme une situation de fermeture spatiale : l'enclave est un espace partiellement isolé ou fermé dans un système de relations. De la continuité ou au contraire de la discontitnuité dans les réseaux animant cette relation dépend alors ce gradient (entre ouverture et fermeture) qui définit les situations spatiales. » La suite de cette communication nous révèle ce que nous pouvons résumé en disant que les pratiques d'acteurs privés et publics dans les systèmes de transport produisent le couple continuité/discontinuité dans les réseaux qui éloignent ou au contraire rapprochent les ensembles spatiaux. Nous sommes alors emmené à dire avec le même auteur que « l'enclavement n'est alors pas un état mais bien un processus de fermeture relative se développant dans un système de distances (économique, politique et technique) ».

La polysémie du concept est évidente certes, mais il n'est pas moins vrai que le dénominateur commun de tous ses usages est « l'idée d'un isolement spatial à dépasser ou l'identification de fermeture qui doive être annulée » (Debrie J. 2005). En tout état de cause, la relecture du concept à travers les champs disciplinaires aussi variés (Géographie, géopolitique, économie, médecine ...) telle que nous l'avions présentée dans la définition des concepts ne compromet en rien son sens. En fait, l'idée initiale de fermeture, de blocage ou d'isolat (Steck B.2000 puis Debrie J. et Steck B. 2001) demeure. C'est ce qui permet d'ailleurs « de faire de l'enclavement une question de recherche : quelle clé pour ouvrir quelle porte ? ». De tout ce qui précède, l'analyse de la question de l'enclavement doit nécessairement prendre en compte la dimension des réseaux. Dans la même perspective, Doumenge F. (1986) fait état d'une approche par les typologies. Il propose une stratification des zones prises en compte par l'étude afin de parvenir à analyser « les enclavements » selon que le niveau d'enclavement. Pour Lombard J. (2005), l'étude de l'enclavement passe plutôt par une globalisation qui fait de la zone d'investigation un point appartenant à un ensemble qu'il appelle réseaux. Ainsi, dit-il, ce point peut s'inscrire dans la continuité ou la discontinuité du réseau. Nul doute donc que notre approche ne peut se départir de l'une ou l'autre que ces auteurs proposent. Comment s'y prendre donc ?

L'analyse géographique de l'enclavement passerait par une approche par les réseaux. Que sont-ils ? Les réseaux sont à priori l'ensemble constitué par les relations qui unissent dans un espace donné les différents noeuds, les noeuds eux-mêmes et les flux qui les traversent. Pour Debrie J. (2005), ce sont « les outils des projets de continuité de relation et d'ouverture. » En effet, quand on se rapporte à l'étude de l'enclavement, il est facile d'appréhender ladite relation comme traduisant le fait que l'isolement d'un territoire soit une affaire de réseaux ou mieux du manque de réseaux apte à favoriser la continuité.

De plus, étant donné que les fermetures de ces territoires sont souvent partielles et mesurées puisqu'elles s'expriment par rapport à des espaces ouverts, l'étude de l'enclavement peut s'orienter vers une recherche de quantification des données enclavantes ou désenclavantes. Ces gradients qui traduisent les facteurs perturbateurs de l'insertion spatiale d'une société géographiquement localisée dans un réseau dynamique sont dans le cas de l'enclavement des éléments perturbateurs de la mobilité entre deux entités spatiales. Saisir donc l'enclave en géographie revient à « identifier les discontinuités qui perturbent les projets et les volontés d'ouverture. Le travail de l'enclavement s'inscrit ainsi dans le champ de recherche général sur le couple continuité/discontinuité. » (Debrie J. 2005).

L'illustration de ce positionnement théorique sur l'étude de l'enclavement peut se faire à partir d'un simple réseau des transports avec la recherche des distances enclavantes ou désenclavantes. Cependant, quoique pouvant faire penser à une réduction de l'enclavement à une simple question d'absence d'infrastructures de transport facilement résumable sous la forme « je suis enclavé parce que je n'ai pas de route », cet exemple trouve son plein épanouissement dans la considération des effets pervers crées par le phénomène. La figure n°1 ci-dessous présente une grille d'analyse du phénomène de l'enclavement perçu selon la dichotomie enclavement/désenclavement à travers un espace rural.

Figure 1 : Grille d'appréciation de la dichotomie enclavement/désenclavement à travers un espace rural

DISTANCES à franchir

Réseaux de transport

Accessibilité au bassin de production : coût, temps, sécurité, capacité, fréquence

ESPACE ACCESSIBLE

ESPACE INACCESSIBLE

DISCONTINUITE

CONTRAINTES : Naturelles - Humaines

Désenclavement

Enclavement

CONTINUITE

Source : NOYOULEWA T. A. (2006) sur la base des données recueillies dans Debrie J. (2005) : L'enclavement : expression géographique de la discontinuité dans les réseaux.

La figure n°1 montre toute une gravitation de points dans un espace. La gravitation s'opère autour d'un bassin de production assimilable à une zone rurale. Logiquement, tout lieu géographique est accessible à partir de tous les autres (Yesguer H. s.d.). Dans ces conditions, plusieurs lieux forment un réseau de transport qui se matérialise à partir des distances à franchir d'un noeud à un autre. Ces distances qui évoquent l'accessibilité de la zone de production nécessitent des investissements en temps, en coût et exigent une certaine capacité, une sécurité donnée. Tous ces paramètres définissent les multiples contraintes qui peuvent exister entre deux localités et dont les diverses expressions se résument aux faits naturels ou/et humains. Si les faits naturels sont des éléments auxquels l'intelligence humaine est confrontée afin de pouvoir rendre l'endroit accessible (montagnes, cours d'eau,...), ceux humains prennent davantage le sens de l'incapacité des hommes à surmonter les premiers. Dans un cas comme dans l'autre, lorsque la société parvient à créer une transparence spatiale pouvant rendre accessible le lieu, on peut parler de désenclavement avec un rapport intrinsèque avec la continuité du réseau. Au contraire quand les contraintes subsistent, on parle de la discontinuité et l'expression concrète dans l'espace est l'enclavement. Somme toute, tous les éléments participent à rendre intelligible l'espace et à mettre en relation un espace de production (zone rurale) et d'autres espaces notamment des zones de consommation.

Au total, aucune étude portant sur l'enclavement ne peut non seulement ignorer l'aspect désenclavement mais aussi se faire sans considérer que la zone en question est un élément d'un tout qui n'est autre que le réseau dans lequel elle devrait s'inscrire si les techniques de ses populations leur permettaient de surmonter les contraintes qui perturbent leur mobilité (Lombard J. 2005). C'est d'ailleurs pourquoi l'étude présente sous la forme d'une typologie, référence faite à Doumenge F. (1986), les éléments qui apparaissent dans l'analyse du binôme enclavement/désenclavement. Dans tous les cas, nous usons des typologies existant sur le plan national pour distinguer lorsque nous considérons les marchés ceux de 1ière ou de 3ième catégorie de même que ceux locaux étant entendu que les marchés de 2ième catégorie n'existent pas dans la zone. Quant aux routes, nous en distinguons quatre types notamment les routes nationales, celles secondaires à praticabilité permanente, les routes secondaires à praticabilité saisonnière puis les pistes rurales. Des deux éléments, se dégage une nouvelle approche : celle du niveau d'enclavement des différentes localités. En nous inspirant de Doumengue F. (1986) et des données de l'Atlas du développement régional du Togo (page 135), nous opposons les zones d'enclavement supportable situées à moins de dix kilomètres de part et d'autre des routes secondaires aux zones d'enclavement excessif situées à dix kilomètres et plus desdites routes. Comme consignées sur la figure n°2, ces données nous permettent de juger dores et déjà de la viabilité économique des localités considérées.

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