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Efficacité de la politique monétaire de la BEAC (banque des états de l'Afrique Centrale ) et mécanismes de transmission: une évaluation empirique du canal du taux d'intérêt au Cameroun de 1995 à  2006

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par Eric Joël NGOUNOU NZOKOM
Institut sous-régional de statistique et d'économie appliquée Cameroun - Ingénieur d'application de la statistique 2008
  

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V.2. Analyse de la persistance des chocs

V.2.1. Enseignements de la décomposition de la variance

Rappelons que la décomposition de la variance de l'erreur de prévision a pour objectif de déterminer pour chacun des chocs, sa contribution à la variance de l'erreur en pourcentage d'une variable endogène. Quand une innovation explique une part importante de la variance de l'erreur de prévision d'une variable endogène, l'on en déduit que l'économie étudiée est très sensible aux innovations affectant cette série. La décomposition de la variance (voir annexe pour une présentation plus détaillée) indique que :

Tableau 2 : Décomposition de la variance des résidus de prévision de la série LNPIB

Variance Decomposition of LNPIB:

Period

S.E.

Supply

Shock

Demand

Shock

Monetary Shock

1

1.000000

100.0000

0.000000

0.000000

2

1.848167

99.74537

0.254621

6.55E-06

3

2.584312

99.54171

0.458268

1.96E-05

4

3.171585

99.43276

0.567202

3.76E-05

5

3.607548

99.38756

0.612384

5.50E-05

6

3.909779

99.37576

0.624173

7.00E-05

7

4.104905

99.37941

0.620510

8.15E-05

8

4.221296

99.38831

0.611596

8.99E-05

9

4.284509

99.39714

0.602765

9.54E-05

10

4.314985

99.40350

0.596405

9.88E-05

11

4.327421

99.40683

0.593069

0.000101

12

4.331285

99.40762

0.592276

0.000101

13

4.331949

99.40676

0.593136

0.000102

100

4.336789

99.39931

0.600585

0.000102

200

4.336789

99.39931

0.600585

0.000102

500

4.336789

99.39931

0.600585

0.000102

1000

4.336789

99.39931

0.600585

0.000102

 

4.336789

99.39931

0.600585

0.000102

ü concernant le PIB, le choc d'offre explique l'essentiel de sa dynamique. De façon instantanée, 100 % de la variance de l'erreur de prévision du PIB est dû au choc d'offre. (voir 1ère ligne tableau ci-dessus) le choc monétaire n'a pas d'effet statistiquement non nul sur le PIB. Globalement, 99,3993 % de la variance des erreurs de prévision du PIB sont dues aux propres innovations de l'offre ; 0,6006 % sont attribuables au choc de demande et le reste % est le fait du choc monétaire. C'est dire que l'impact des effets monétaire sur l'activité réelle est totalement négligeable. Ce résultat infirme notre Hypothèse N°2 selon laquelle, toute variation du taux d'intérêt de la BEAC a un impact significatif sur le PIB et le niveau des prix au cameroun. Ceci peut trouver une explication dans le caractère « hors banque » des banques régionales, celles-ci ne réagissent presque pas aux modifications de taux d'intérêt de la Banque Centrale. On n'oublie pas non plus le paradoxe de nos banques commerciales (surliquidité mais pas de crédit bancaire offert). Toutefois, bien que l'ordre d'entrée de nos variables dans ce SVAR contribue à cette conclusion, les données à notre disposition ne suffisent cependant pas pour conclure à une non neutralité totale des grandeurs monétaires sur les grandeurs réelles. Tant il est vrai que d'autres canaux de transmission de la politique monétaire ne sont pas explorés dans cette étude.

Tableau 3 : Décomposition de la variance des résidus de prévision de la variable LNPRIX

Variance Decomposition of LNPRIX:

Period

S.E.

Supply

Shock

Demand Shock

Monetary Shock

1

1.012121

2.380742

97.61926

0.000000

2

1.347043

1.347251

98.65267

7.53E-05

3

1.497829

1.310173

98.68940

0.000422

4

1.561662

1.309278

98.69005

0.000669

5

1.588960

1.278147

98.72102

0.000834

6

1.603333

1.632261

98.36683

0.000913

7

1.616561

2.675104

97.32396

0.000939

8

1.632520

4.363786

95.63528

0.000936

9

1.650786

6.401252

93.59783

0.000919

10

1.669269

8.443665

91.55544

0.000900

11

1.685925

10.23967

89.75945

0.000882

12

1.699503

11.66760

88.33153

0.000868

13

1.709628

12.71073

87.28841

0.000859

14

1.716574

13.41576

86.58338

0.000852

15

1.720961

13.85664

86.14251

0.000848

16

1.723499

14.11016

85.88899

0.000846

17

1.724828

14.24239

85.75676

0.000845

100

1.725855

14.34294

85.65621

0.000845

200

1.725855

14.34294

85.65621

0.000845

500

1.725855

14.34294

85.65621

0.000845

1000

1.725855

14.34294

85.65621

0.000845

 

1.725855

14.34294

85.65621

0.000845

ü Concernant le niveau des prix : la décomposition de la variance de l'erreur de prévision des prix indique que de manière instantanée, 97,62 % de celle-ci est dû au choc de demande contre 2,38 % pour le choc d'offre. Les effets du choc monétaire ne sont significatifs ni à court terme ni à long terme. Cela est tout de même paradoxal, puisque selon une conception bien connue de la politique monétaire, l'inflation serait partout et toujours un phénomène monétaire. Le rejet de notre hypothèse N°2 se trouve conforté par ce constat : la politique du taux d'intérêt se trouve dès lors inefficace.

Tableau 4 : Décomposition de la variance des résidus de prévision de la variable TXFR

Variance Decomposition of D(TXFR):

Period

S.E.

Supply

Shock

Demand Shock

Monetary Shock

1

1.110989

0.330549

18.65161

81.01784

2

17.89529

50.60429

49.08341

0.312297

3

25.70632

73.93450

25.91176

0.153741

4

32.73214

82.65706

17.24800

0.094938

5

37.74307

86.74424

13.18436

0.071405

6

41.16152

88.72049

11.21943

0.060078

7

43.29943

89.75856

10.18713

0.054308

8

44.54211

90.29878

9.649885

0.051335

9

45.19605

90.57044

9.379691

0.049868

10

45.49980

90.69452

9.256268

0.049210

11

45.61709

90.74231

9.208730

0.048959

12

45.65006

90.75513

9.195983

0.048889

13

45.65435

90.75540

9.195716

0.048880

14

45.65514

90.75369

9.197428

0.048879

15

45.66033

90.75366

9.197476

0.048868

16

45.66981

90.75561

9.195547

0.048847

17

45.68098

90.75866

9.192514

0.048824

18

45.69141

90.76187

9.189329

0.048801

19

45.69974

90.76460

9.186613

0.048784

20

45.70561

90.76662

9.184612

0.048771

21

45.70928

90.76792

9.183312

0.048763

22

45.71132

90.76868

9.182565

0.048759

23

45.71231

90.76905

9.182192

0.048757

24

45.71271

90.76921

9.182037

0.048756

100

45.71304

90.76932

9.181929

0.048755

500

45.71304

90.76932

9.181929

0.048755

 

45.71304

90.76932

9.181929

0.048755

ü Pour ce qui est de la variance des erreurs de prévision du taux d'intérêt, nous voyons bien que dès la première période 81 % de variabilité sont le fait du choc monétaire contre 18.65 % pour le choc de demande et 0.33 % pour le choc d'offre. Ceci était tout à fait prévisible, puisqu'il s'agit de la variable directement liée au choc monétaire. Cette tendance se renverse dès le second trimestre et le choc monétaire n'explique plus que 0.31 % de la variabilité des erreurs du taux d'intérêt.

V.2.2. Enseignements des fonctions de réponse au choc monétaire

ü Réponse du PIB (représenté par la variable LNPIB)

Figure V-5 : Représentation de la réponse de la variable LNPIB suite à un choc monétaire

L'analyse de la figure ci-dessus de la réponse du PIB à un choc monétaire, fait ressortir que : une politique monétaire expansive se traduit par un effet positif sur le PIB, effet dont l'ampleur maximale se situe autour du 6ème trimestre. Le Pib redescend ensuite pendant 9 trimestres, puis traverse sa tendance de long terme et se stabilise à son niveau initial au bout de 6 ans (25ème trimestres). Cela est tout à fait conforme aux prescriptions théoriques62(*), sauf que l'on ne perd pas de vue que l'effet est statistiquement nul puisque l'on peut remarquer que l'ampleur des effets reste très insignifiante, de l'ordre de 0,002 % maximum. Et donc l'impact d'un choc monétaire ne saurait avoir de persistance significative.

Ces résultats sont conformes à ceux obtenus par Poddar, Sab, et Khatrachyan (2006) en Jordanie. Ils ont utilisé un modèle comprenant outre le PIB, le niveau général des prix, les réserves étrangères, le cours des actions, le taux de change et le spread entre leur taux à trois mois et le taux des Fonds Fédéraux des États-Unis. Ils n'ont trouvé aucune évidence en ce qui concerne l'impact de la politique monétaire sur le produit global. L'effet de la politique monétaire sur le marché des actions a également semblé insignifiant. D'autres canaux, comme ceux des prix des actions et du taux de change, n'étaient pas significatifs pour la transmission de la politique monétaire à l'activité économique.

ü Réponse du niveau des prix (représenté par la variable LNPRIX)

Figure V-6 : Représentation de la réponse de la variable LNPRIX suite à un choc monétaire

Pour ce qui est de l'inflation, comme nous l'enseigne la représentation graphique ci-dessus, l'impact d'un choc monétaire sur l'inflation est instantanément négatif et atteint son niveau maximum après 3 périodes avant d'amorcer son retour progressif vers sa tendance de long terme, puis dépasse cette tendance avant de s'estomper au bout de 5 ans (22 trimestres). Il est clair que l'impact d'un choc monétaire provoque l'effet dépressif attendu sur les prix, du moins pour ce qui est du sens attendu de la réaction. Nous n'oublions pas que l'effet demeure statistiquement insignifiant.

ü Réponse du taux d'intérêt (représenté par la variable TXFR)

Figure V-7 : Représentation de la réponse de la variable TXFR suite à un choc monétaire

La figure précédente nous indique qu'un choc monétaire se traduit par une hausse de presque 1 point du taux d'intérêt, mais cet effet est très vite résorbé puisque la variable revient très rapidement à son niveau de long terme. Ceci est tout à fait normal, puisque c'est ce choc (monétaire) qui traduit le mouvement du taux d'intérêt, l'impact unitaire sur le taux d'intérêt correspond à cet effet.

Des résultats des estimations que nous venons de présenter, l'on peut tirer quelques enseignements :

ü Le constat selon lequel l'impact d'un choc monétaire n'ait pas de persistance significative, nous permet de conclure à l'absence de réaction du secteur réel à une impulsion monétaire ni à court ni à long terme. Cela est d'ailleurs confirmé par l'ampleur de l'effet puisque le maximum de la réponse du PIB atteint au 6ème trimestre, se situe à 0.0018 % de même que pour les prix dont le maximum en valeur absolue, est voisin de 0.0028 %. Une autre explication tout aussi plausible s'obtient de la décomposition de la variance des erreurs de prévision. Le paragraphe précédent nous indique que seuls 0.102 ×10-3 % de la variabilité des erreurs de prévision du PIB et 0.845×10-3 de variabilité des erreurs du niveau des prix sont expliqués par le choc monétaire ; ce qui est relativement infinitésimal.

ü Pour ce qui est de l'impact d'un choc monétaire sur le niveau des prix, les effets se dissipent tout aussi rapidement que dans le cas du PIB. Le sens de la réaction est bien conforme à la théorie économique puisque c'est par le biais des réponses données par la croissance économique aux variations du taux d'intérêt qu'il est généralement convenu d'interpréter le sens de l'évolution des prix : dans un contexte de récession, la faiblesse de la demande exerce un effet déflationniste. Ce canal de transmission de la politique monétaire explique l'antériorité de la réponse du PIB sur celle des prix suite à un choc monétaire. (Banque de France (1998))

Le fonctionnement inefficace de la politique monétaire au Cameroun tient tout aussi à un certain nombre de difficultés d'ordre structurel :

· l'existence de circuits exceptionnels de refinancement63(*), nuisibles à l'efficacité de la politique monétaire ce qui conduit à une atonie de la demande de refinancement du système bancaire camerounais à la Banque Centrale.

· La Banque Centrale n'a pas vraiment développée des stratégies pour inciter les banques à aller sur le marché monétaire. Les banques opérant dans le système restent « hors banque » puisqu'elles sont des filiales de banques étrangères et se contentent des bénéfices retirés des opérations de gestion de comptes clients. Il se pose alors ici la question de la mesure à mettre en oeuvre pour résorber ce type de difficultés.

· Le caractère embryonnaire du système financier de la sous région.

Toutefois il y a lieu de rester prudent face aux résultats de l'étude, du fait du caractère athéorique ou plus statistique qu'économique de la modélisation SVAR, utilisée ici pour l'identification des coefficients en dessous de la diagonale de la matrice de long terme. De plus, la série du PIB a été obtenue par trimestrialisation de Goldstein et Kahn (1976). Quoiqu'étant une technique robuste d'estimation de données infra annuelles, elle ne peut guère se substituer à la disponibilité réelle de données brutes. Ce qui laisse forcément échapper de ce fait quelques informations sur la série véritable.

En outre, il est bien connu que la politique budgétaire et la politique monétaire devraient opérer en coordination. Il aurait donc été souhaitable de prendre en compte la politique budgétaire dans le modèle (notamment par une variable telle que le rapport du solde budgétaire au PIB). Par ailleurs, cette étude pourrait être étendue à tous les pays de la zone d'émission.

Enfin, nous aurions aussi pu explorer le canal stricte du crédit (canal du crédit bancaire) ce qui nécessitait naturellement plus de temps et de connaissance en techniques quantitatives, et pourrait éventuellement faire l'objet de réflexions futures.

* 62 Ce qui confirme notre hypothèse N°1.

* 63 Par exemple le fait que les banques commerciales qui sont en général des succursales de banques étrangères s'adressent à leur siège central pour les refinancements.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"