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Le rôle de l'Union Européenne dans le processus de réconciliation au Rwanda

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par Jacques- Abby Habimana
Université catholique de Louvain - Master en relations internationales 2010
  

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Chap. I. LA POLITIQUE DE RECONCILIATION AU RWANDA

1.1 Aperçu général et orientation théorique du travail

1.1.1 Problématique

Le processus d'unité et de réconciliation au Rwanda est un chemin où chaque pas compte. Il s'agit d'unifier les Rwandais et leur donner la chance de revivre ensemble en toute paix et de faire du Rwanda une nation paisible, unie et prospère, où toutes et tous ont les mêmes droits et peuvent participer ensemble au développement du pays. Ceci correspond à la vision de la CNUR9.

Certes, le génocide des Tutsi ne doit pas être perçu comme un incident de parcours mais comme l'aboutissement d'un plan conçu par les autorités politiques rwandaises, qui a remarquablement atteint son objectif en 1994 en emportant plus d'un million de vies, des Tutsi pour la plupart.

Par ailleurs, le Rwanda est un pays au passé douloureux qui, jusqu'à présent, n'est pas partagé ni compris de la même façon par tous les Rwandais. L'idéologie génocidaire qui a tiré sa substance dans la politique coloniale au Rwanda n'est pas encore, malheureusement, éradiquée10. Des milliers d'orphelins, des centaines de veuves ont encore des plaies qui saignent, des milliers de prisonniers sont encore détenus malgré la clémence des juridictions Gacaca qui en ont déjà libéré de dizaines de milliers.

Selon la CNUR11, le processus de réconciliation doit être soutenu par les piliers incontournables que sont la vérité, la justice, ou encore le pardon.

9 IJR, The impact assessment of the National Unity and Reconciliation Commission, Kigali, November 2007, p.3-4

10 Parlement rwandais, L'état de l'idéologie de génocide dans le milieu éducatif, Kigali, 2007, p. 33-41

11 CNUR, Rapport du 2eme Sommet national, Kigali, 2002, p.26

Une justice qui doit être rendue à la lumière de la vérité dévoilée, le pardon découlant de l'amour qui dépasse les barrières de la haine et qui inclut même l'adversaire, en vue de développer une mémoire différente capable de gérer le présent pour un lendemain radieux.

Selon GOUTEUX, le génocide de 1994, par la radicalisation des perceptions identitaires, a rendu complexe et compliquée la notion d'unité et réconciliation des Rwandais12. Ainsi, le gouvernement national installé en juillet 1994 a placé l'unité et la réconciliation des Rwandais au coeur de sa mission.

Dès la création de la CNUR en 1999, les divergences et les réticences quant à sa mission ont provoqué des discussions au sein de la société rwandaise. Pour certains, il fallait se limiter à l'unité puisqu'il était encore trop tôt pour parler de réconciliation. Pour d'autres, il semblait plus correct de parler d'unité et de cohabitation puisque la notion de réconciliation leur paraissait trop ambitieuse ; enfin, pour d'autres encore, il fallait rendre justice et la réconciliation viendrait de soi par après13.

Toutes ces différences de perception font apparaître une question controversée consistant à savoir qui se réconcilie avec qui ? S'agit-il de réconcilier le Hutu avec le Tutsi, les bourreaux avec les victimes ou les nouveaux dirigeants et leurs opposants?

Le génocide n'est pas un accident. Il est une conséquence des idéologies ethnicistes d'exclusion et de discrimination institutionnalisées par les pouvoirs successifs. Pour la CNUR, le concept d'unité et réconciliation doit cibler non seulement le contexte du génocide, mais aussi toutes les causes du mal rwandais en tenant compte du cadre historique et idéologique.

12 Jean Paul GOUTEUX., Un genocide secret dEtat. La France et le Rwanda 1990-1997, Paris, Ed Sociales, 1998, p.196,

13 Anastase SHYAKA., Le conflit rwandais, Butare, UNR, 2004, p.53-54

Il s'agit donc d'un processus visant à redonner valeur à l'identité nationale et recréer un esprit de patriotisme chez les Rwandais.

Parlant de l'histoire, Léonidas RUSATIRA, dans son ouvrage Rwanda, le droit à l'espoir, dit que la vérité historique ne sera authentique que si elle n'est monopolisée par qui que ce soit, mais partagée en tant que patrimoine commun et non la création de l'imagination politique14. L'histoire étant un sujet inépuisable, au Rwanda, on ne fait que l'effleurer tandis que le fond s'entête à rester inaccessible, faute d'explorateurs avisés.

Dans la vie quotidienne, la réconciliation se fait entre l'opprimé et l'oppresseur avec ou sans médiation. De toutes les façons, la reconnaissance du tort et l'expression du regret par celui qui l'a commis et la demande de pardon constituent des ingrédients à la réconciliation et à l'établissement d'une nouvelle relation.

Le cas rwandais est tel qu'aucun de ces préalables n'existe. Et c'est bien là un des obstacles majeurs à ce processus. Comment réconcilier les Rwandais quand le poids de la haine est encore perceptible, les blessures du génocide non encore cicatrisées ? Peut-on les réconcilier lorsque la justice internationale et même nationale n'a pas fini de rendre les jugements et que loin de demander pardon, certains criminels sont encore en liberté et continuent leur plan de génocide? Le Rwanda devrait-t-il attendre que ces obstacles soient levés pour commencer l'étape de la réconciliation ? Devrait-t-il attendre la cicatrisation des blessures du génocide pour entamer le processus de la réconciliation nationale ? Le Rwanda était-il capable de gérer seul ce lourd travail de réconcilier un peuple déchiré par un conflit de longue durée ? Les interventions extérieures étaientelles les bienvenues dès l'instant où la Communauté Internationale (CI) avait abandonné les Rwandais au moment le plus difficile ?

14 Leonard RUSATIRA., Rwanda, le droit d l'espoir, Paris, L'Harmattan, 2005, p.152-157

Toutes ces questions constituent le pilier des arguments de ceux qui estiment que l'intervention de l'UE et ses initiatives stimulent la création des conditions favorables à la réconciliation de la nation rwandaise.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote