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Le rôle de l'Union Européenne dans le processus de réconciliation au Rwanda

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par Jacques- Abby Habimana
Université catholique de Louvain - Master en relations internationales 2010
  

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1.2.2 Réconciliation

Il existe différentes significations du mot `réconciliation' notamment selon le contexte de chaque pays. Jusqu'ici, aucune n'apparaît consensuelle.

Cependant, comme le précise ASSEFA, si la réconciliation reste un terme difficile à opérationnaliser et aux diverses interprétations, personne ne doute de son importance dans nos sociétés déchirées plus que jamais par des conflits interminables. Elle reste incontournable pour une vraie reconstruction des sociétés post-violence22.

Quant à Valérie ROSOUX, elle montre que le concept de réconciliation demeure polysémique : la notion de réconciliation renvoie à toute forme d'arrangement mutuel entre les anciens ennemis23.

Plusieurs chercheurs et praticiens s'accordent à considérer que « la réconciliation est plus une orientation qu'un fait, un objectif ou une perspective qu'un aboutissement. C'est un agenda infini »24.

Nous allons essayer de considérer les points de vue de quelques uns de ces chercheurs.

21 http://www.blog-fillon.over-blog.com/article-33080375-6.html

22 Cite par SHYAKA M. Aggee, mécanismes modernes de reglement des conflits, rapport NURC, conference atelier, Kigali, 14-16/juillet/2006, p.06

23 Valerie ROSOUX. Réconciliation : ambition et piege de la justice transitionnel. Le cas du Rwanda, in Revue: Droit et Societe 73/2009, p.615

24 Martin BRAUN, Ingénierie et perception d'une offre publique de paix: la politique d'unité et de réconciliation au Rwanda, Abidjan, IDDH, decembre 2007, p.53

- Johan GALTUNG25 explique que la réconciliation peut être comprise comme un processus ou un but à atteindre. Il souligne cependant l'aspect "processural" de la réconciliation. "Reconciliation will be interpreted as the process of healing the traumas of both victims and perpetrators after violence, providing a closure of the bad relation. The process prepares the parties for relations with justice and peace. "

L'auteur résume ce concept de réconciliation par la formule mathématique : Réconciliation= Closure +Healing.26

Nous comprendrons donc la réconciliation comme le processus par lequel les victimes et les bourreaux doivent être guéris des différents traumatismes consécutifs aux violences, afin de pouvoir progressivement fermer la porte au cycle des hostilités pour vivre en harmonie.

- Thabo MBEKI, l'ancien président de l'Afrique du Sud lors de son discours à Kigali à l'occasion du sommet national sur l'unité et la réconciliation au Rwanda, soutient que la réconciliation est un long processus et qu'il faut de la patience pour changer le passé. Pour lui, la Commission Vérité et Réconciliation avait comme première mission de promouvoir cette réconciliation parmi les citoyens sud-africains27.

Dans le champ politique, le mot "réconciliation" est entré comme une modalité de reconstruction de paix. La réconciliation nécessite que l'on dépasse le niveau de l'adversité ; que l'on dépasse, dans une certaine mesure, ce qui a pourtant construit la mémoire et l'imaginaire, de telle sorte que le passé ne soit plus un élément instigateur de nouvelles violences.

25 Johan GALTUNG, " After Violence, Reconstruction, Reconciliation and Resolution ", in ABU-NIMER Mohammed, (eds), Reconciliation, Justice and Coexistence : Theory and Practice, Maryland, Lexington books, 2001, P.

26 Idem, p.4

27 CNUR, Rapport du premier sommet national sur l'unité et la reconciliation, Kigali, 18-20 octobre 2000, p.16

Elle demeure un processus et un effort inscrit dans la durée, processus par lequel on cherche à panser les blessures et créer la confiance. Elle s'inscrit dans une approche inclusive de la résolution du conflit.

En termes de justice par exemple, elle recherchera donc la réhabilitation et la réintégration sociale, plutôt que l'exclusion punitive.

Cela demande une certaine volonté de coexister et de gérer les différences de manière pacifique. Aussi, la réconciliation contribue-t-elle à la promotion d'une culture des droits de l'homme, ainsi qu'à la stabilité politique et à la paix.

- J.P. LEDERACH, constate quant à lui que la réconciliation est à la fois une orientation et un espace. « En tant que perspective, la réconciliation vise le rétablissement de bonnes relations entre les parties (...). En tant qu'espace, la réconciliation représente un point de rencontre entre le passé et le futur. Elle comprend la vérité (reconnaissance des offenses, transparence, révélation et clarté sur le passé), la justice (égalité, équité, restitution), la miséricorde (acceptation de l'autre, compassion, pardon et guérison) et la paix (harmonie sociale, bien-être, respect mutuel)28 ».

Dans le même ordre d'idées, J. MAÏLA, affirme que la réconciliation est le couronnement de la paix dans le sens où elle vise non pas au règlement du conflit mais à son dépassement et suppose la reconnaissance des droits. Son objectif ultime est de parvenir à une société pacifiée où se reconnaissent des individus libres et égaux, capables d'affronter une histoire faite de violences et, surtout, de la surmonter29. Selon cet auteur, la réconciliation s'accompagne du pardon sincère non pas tant pour effacer et oublier le passé, mais pour vivre en intelligence et en convivialité le présent.

Selon les différentes conceptions que nous venons de citer, la réconciliation s'apparente à un idéal difficilement atteignable.

28 Cité par SHYAKA M. Aggee, Reparation et reconciliation. Le cas du Fonds d'Assistance aux Rescapes du Genocide et des Massacres (FARG) au Rwanda de 1998 a 2005, LLN, 2009, p.85

29 MAILA, La reconciliation, le couronnement de la paix, Mexico, 2002

En bref, nous pouvons dire que la réconciliation vise non le règlement du conflit mais son dépassement. Son but est de parvenir à une société pacifiée où tous, hommes et femmes se reconnaissent les mêmes droits, acceptent d'affronter leur histoire et oeuvrent ensemble pour la surmonter.

Loin d'être seulement une volonté de tourner la page, la réconciliation suppose une démarche active pour revisiter la mémoire et permettre l'écriture d'une histoire qui fasse vivre une société jadis déchirée en adéquation avec elle-même et en paix avec les autres.

Se réconcilier n'est pas seulement surmonter les raisons de se faire la guerre, c'est aussi inventer les conditions pour se parler, c'est-à-dire, trouver le bon équilibre de la mémoire : suffisamment oublier pour ne plus se battre, se souvenir pour ne pas recommencer.

Sur le plan des principes, la réconciliation peut être considérée comme un processus global incluant des instruments clés tels que la justice, la vérité, la paix, la cicatrisation et la réparation afin d'assurer la transition entre un passé divisé et un avenir commun et partagé. Il ne peut jamais y avoir de paix véritable sans réconciliation. Pour autant, sur le terrain, les officiels rwandais présentent la réconciliation comme un processus politique et juridique incontournable.

La CNUR ajoute à ces instruments les faits historiques, car ils constituent un des éléments fondamental pour faciliter le processus de réconciliation. Ceci commence avec la période coloniale et post-coloniale jusqu'au génocide de 1994.

La réalité du génocide suppose aussi l'héritage et la gestion de la fracture entre communautés rwandaises. Chaque Rwandais, à sa manière, a été blessé par les événements dramatiques qu'a connus le pays.

Les quatre décennies d'exclusions, de divisions et de disqualifications politiques et communautaires, l'a profondément marqué par la peur et la méfiance, parfois au-delà de toute raison30.

Ainsi pour faire référence aux propos de V. Rosoux, « les conflits meurtriers tendent à institutionnaliser les images d'ennemi et celles-ci dominent les perceptions. Dans un contexte pareil, chaque partie décrit fréquemment l'autre comme ayant des intentions nuisibles, une basse moralité et des traits inferieurs. L'identité de chaque partie se base sur la négation du sens de l'humanité de l'autre 31».

Dans la politique interne du Rwanda, la réconciliation est considérée comme l'outil principal pouvant aider à ressouder le tissu d'une société déchirée par des conflits de longue durée, comme le moyen de retrouver un mode de vie qui permette à toutes les couches de la société d'avoir une vision commune sur ce qui les unit et dépasser ce qui les sépare.

Il est cependant évidente que dans une société dynamique comme le Rwanda, la population cohabite grâce aux intérêts communs produits par une solidarité de complémentarité et aboutit à cet effet à un autre type de conflit qui est socioprofessionnel. Le conflit est en effet multidimensionnel. Ainsi, une alternative au processus de réconciliation serait centrée sur un développement qualitatif et quantitatif de toute la communauté.

Toutes ces idées prouvent à suffisance que la réconciliation n'est pas un événement, mais un processus. Un processus lent mais qui contribue à la reconstruction post conflit. Son développement dépend de plusieurs éléments qui ne peuvent pas émerger d'un seul coup.

30 NURC, Rwanda, Contexte analysis. Kigali, 2007, p.3

31 Cite par SHYAKA M. Aggee, op.cit. p.82

Parmi ces éléments, nous pouvons mentionner les intérêts, la volonté, une large participation de toute la société, y compris des offenseurs eux-mêmes,...

Pour dépasser le niveau des débats académiques, nous choisissons de centrer notre analyse uniquement sur l'engagement de l'UE auprès du gouvernement rwandais dans le processus de réconciliation.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry