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Variabilité climatique et gestion des ressources naturelles. Cas de la forêt classée et réserve partielle de faune de Gonse au Burkina Faso

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par T. Bakari SANKARA
Université de Ouagadougou - Maà®trise en géographie (master ) 2010
  

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II.2. Les défis et les perspectives de la gestion durable des ressources forestières dans le contexte de la variabilité et du changement climatique

En dépit de l'intervention de l'Etat et des partenaires à travers les politiques de développement en milieu rural, le problème de dégradation des ressources naturelles demeure important. Pour LOMPO O. (2004) « La politique de conservation exclusive a été conduite au Burkina Faso et en particulier au parc W, jusqu'au lendemain des années 80. Mais l'échec de cette politique « conservationniste » trouve son fondement dans des facteurs tant exogènes qu'endogènes ». Les populations riveraines de la forêt de Gonsé ont régulièrement participé aux travaux d'aménagements et de réaménagement avec le colonisateur et l'État après les indépendances. Toutefois ces acteurs locaux n'arrivent pas à se responsabiliser effectivement après la fin des projets. Les effets des variabilités climatiques compliquent davantage la gestion des ressources naturelles.

Les politiques de gestion durable des ressources doivent tenir compte de ces changements et mieux intégrer les savoirs locaux de gestion car le paysan maîtrise mieux son milieu d'existence que quiconque. Pour cela, de nombreux défis sont à relever pour une gestion durable des ressources forestières.

II.2.1. Les défis de la gestion concertée des ressources naturelles

La gestion concertée s'inscrit dans le contexte de la gestion durable des ressources naturelles entreprise par les différents Etats sahéliens en réponse à la crise climatique des années 70. Le manque de prise en charge réelle des besoins des populations a quelque peu entravé la réussite de ces initiatives mises en place par les autorités.

II .2.1.1. Les politiques environnementales

Après les indépendances, le Burkina Faso, à l'instar des pays de l'Afrique subsaharienne, a mis en place des politiques visant à résoudre les problèmes environnementaux. Ces politiques environnementales ont été renforcées par de nombreux textes pour permettre une gestion rationnelle et durable des ressources naturelles. La sécheresse des années 70 a vu la création du CILSS, permettant aux Etats signataires de s'intéresser à la dégradation continue des ressources naturelles. Des axes de développement intégrant l'environnement comme maillon clé ont ainsi été tracés avec un ensemble de textes et de lois. C'est ainsi que le Burkina a adopté en 1991, un Plan d'Action National pour l'environnement(PANE). Ce plan a été relu en 1994 suite à la conférence des Nations

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Unies sur l'Environnement à Rio de Janeiro en 1992. A ce plan se greffent d'autres politiques jugées plus pertinentes et mieux orientées comme la Lettre d'Intention de Politique de Développement Humain Durable (LIPDHD) en 1995, le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) en 2000. Le pays siège également dans plusieurs institutions régionales et internationales oeuvrant dans la conservation et la protection des ressources naturelles pour un développement durable.

Des politiques communes ont ainsi été élaborées. Entre autres il y a le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), le Plan d'Action Régional de la Gestion Intégrée de Ressources en Eau (PAGIRE), la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD), etc. Également, sur le plan juridique, la constitution (article 14) certifie que les richesses et les ressources naturelles appartiennent au peuple et elles sont utilisées pour l'amélioration de ses conditions de vie (...).

Des textes législatifs existent sur la gestion de l'environnement; à cet effet, la loi n°006-97/ADP du 31 janvier 1997 portant code forestier au Burkina Faso, est l'une des lois permettant une réglementation de l'exploitation des ressources naturelles notamment celles forestières. Chaque secteur de l'environnement physique, politique, social, économique et culturel dispose de textes et lois réglementant sa gestion. De ce fait, le Burkina Faso est « riche » en matière de texte et lois dans le domaine de l'environnement. Cependant, la dégradation des ressources naturelles restent croissantes et les populations à la base peinent toujours à chercher une conciliation entre gestion de leur patrimoine et amélioration de leurs conditions de vie. Les textes réglementaires sont souvent conçus sans un diagnostic préalable des besoins des populations.

Certaines lois sur le domaine foncier non comprises par les populations sont ainsi perçues comme une expropriation de leur patrimoine. Face à ces situations, elles développent des stratégies de sabotage et un esprit d'ensemble de désintérêt.

Le déclassement de la forêt de Gonsé par décret ministériel le mercredi 4 juillet 2007, a été mal interprété par les populations riveraines. Elles pensent à une confiscation de leur patrimoine à des fins touristiques par l'Etat. Mais ce décret précise que la forêt classée de Gonsé change de destination et de statut de forêt classée en devenant forêt classée et réserve partielle de faune. Ce nouveau statut qui veut faire de la forêt un site touristique vise les objectifs ci-après;


· conserver la diversité biologique en permettant une gestion rationnelle et une utilisation durable des ressources naturelles;


· promouvoir l'éducation environnementale, la recherche et la surveillance continue de l'environnement ; préserver les pratiques traditionnelles compatibles avec les objectifs de la zone et soutenir le développement local.

Pourtant, la population mal informée reste réticente à tout aménagement dans la forêt. Aussi toute activité qui se mènera dans la forêt sans une prise en compte de sa préoccupation est vouée à l'échec.

De ce fait, les politiques environnementales doivent être élaborées de concert avec les acteurs à la base. Ils sont les mieux indiqués pour organiser leur cadre de vie. La prise en compte totale et non partielle de tous les secteurs de développement est nécessaire dans les périphéries de la forêt de Gonsé. La dégradation ou la non-productivité des autres secteurs de développement peut entrainer un recours aux produits forestiers pour la satisfaction des besoins.

Parmi les personnes interrogées, 75,41 % affirment qu'il y a 50 ans, la recherche des ressources ne nécessitait pas de rentrer dans la forêt. Cela veut dire que la disponibilité des ressources était évidente. Si les populations riveraines arrivent à satisfaire leurs besoins vitaux sans avoir recours aux produits de la forêt, cela constituerait une voie de réussite des politiques environnementales mises en place.

Les observations de terrain, montrent que tous les investissements tels que la récupération des zones
nus dégradées, les reboisements et la protection des espèces végétales, sont exécutés principalement

dans la forêt. Mais les terres aux alentours se dégradent et deviennent impropres aux cultures d'oàle recours aux zones plus propices (forêt) pour la satisfaction des moindres besoins. Les zones nues

prennent de l'ampleur aux alentours de la forêt.

En effet, les politiques de gestion antérieures n'ont pas tenu compte de l'environnement immédiat de la forêt. Ce volet bien intégré pourrait permettre un développement de l'ensemble de la localité et partant un début de résolution des problèmes de dégradation des ressources forestières. La protection de la forêt doit passer d'abord par la satisfaction des besoins primordiaux des acteurs locaux.

II.1.1.2. Les acteurs à la base

Les acteurs locaux ont toujours été sollicités par les autorités pour l'exécution des politiques de développement. Leur compréhension des politiques gouvernementales sont divergentes. Les populations riveraines de la forêt de Gonsé ont été employées comme manoeuvre ou ouvrier par les projets de gestion. Depuis la période coloniale jusqu'à nos jours, les populations ont régulièrement

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participé à l'exécution des travaux d'aménagement de la forêt. L'engouement et le dévouement à la gestion que celles-ci ont constamment manifesté ne sont plus les mêmes à la fin des projets. Cela peut s'expliquer par l'intérêt que les populations accordent aux gains procurés qu'à la protection de leur environnement. La préservation des ressources forestières n'est pas considérée comme une priorité par les populations. Mais cette attitude des populations est due à la mauvaise façon qu'adoptent les autorités pour les faire accepter leurs politiques. De nos jours aucun paysan ne veut s'engager dans les travaux de la forêt sans être payé.

Avant tout projet de développement, il est nécessaire de le faire adopter par les bénéficiaires. Ils doivent décider en collaboration avec l'administration en place de sa mise en oeuvre. Les actions de sensibilisation doivent être menées en vue d'amener les populations à faire face à la fatalité et à s'investir dans la restauration du potentiel naturel de production. Cela constituerait à l'heure actuelle une stratégie d'adaptation aux conditions climatiques précaires.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand