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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

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par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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Introduction de la première partie

Comprendre comment les sociétés traditionnelles conçoivent et surtout, comment elles se comportent avec le sacré, c'est interroger en filigrane les logiques qui gouvernent leurs imaginaires. C'est donc questionner les différents cultes des ancêtres que sont par exemple le Ndjobi chez les Massango, l'Agombé Nèrô chez les Myènè, le Bwiti chez les Mitsogho ou encore le Byéri ou Byer chez les Fang.

Pour notre étude, nous avons retenu le cas du Byéri, pour tenter de comprendre cette étroite relation que les sociétés traditionnelles gabonaises en général, la société traditionnelle Fang en particulier, entretient avec le sacré. Pour Durkheim, « les choses sacrées sont celles que les interdits protègent et isolent ».114 Et le Byéri ou « Byer Fang est le crâne de l'Ancêtre que l'homme conserve, dans un but religieux, les restes humains de ses Ancêtres ».115

S'inscrivant dans la définition de DURKHEIM, le Byéri est sacré parce que protégé et isolé par des interdits116 et il sert les individus de la communauté en apportant paix, prospérité dans les entreprises, abondance, sérénité, équilibre, fécondité pour les femmes, la sécurité et maintient la cohésion sociale des individus ; par des cultes qui lui sont rendus.

Les Fang « mettaient le meilleur d'eux-mêmes à vénérer leurs Ancêtres, dans le culte. Le byer est le fondement des valeurs morales auxquelles les individus doivent se conformer dans les usages, les rites, les croyances. Tous les sacrifices et les formules invocatoires se réfèrent à lui ».117 En un mot, le byéri est le socle de la société Fang car « la société Fang était inconcevable sans le byer ».118 Il est « simplement une pratique rituelle -tout comme " la flamme du souvenir"- consistant en un "culte"

114 Emile DURKHEIM, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, (coll. « Le Livre de Poche »), classiques de la philosophie, 1991, p.92.

115 Paulin NGUEMA OBAM, Aspects de la religion Fang. Essai d'interprétation de la formule de bénédiction, Paris, Karthala/A.C.C.T, 1983, p.39.

116 André RAPONDA WALKER a montré dans ses travaux que la boîte qui contient les crânes humains n'est jamais vu par les gens, même celui qui la garde n'a pas le droit de voir le contenu de la boîte.

117Paulin NGUEMA OBAM, Aspects de la religion Fang, op.cit., p.54.

118 Ibid., p.42.

privé, familial, rendu aux mânes des ancêtres, afin d'obtenir, à la fois leur bienveillance et leur protection et d'honorer leur mémoire ».119

La persistance de ce culte des ancêtres montre bien que c'est un culte prédominant et auquel les gabonais demeurent attachés : le Bwiti chez les Mitsogho, le Byer chez les Fang par exemple, malgré l'irruption du mode de production capitaliste, et en filigrane, l'imposition du christianisme au Gabon durant la période coloniale. Car, en rendant un culte à leurs ancêtres, les Gabonais ont à l'esprit qu'ils sont la continuité de l'ancêtre et en tant qu'ils sont porteurs et supports de la même essence que lui, responsable de la lignée, du clan, de l'ethnie.

Ainsi, le travail de l'anthropologue qui s'intéresse aux faits sacrés, doit accomplir une oeuvre significative de compréhension, d'analyse des traditions ancestrales. Il s'agit en quelque sorte de saisir la relation que l'homme entretient avec le sacré, mais surtout, de repérer les modes de fonctionnement du sacré dans l'organisation sociale de l'homme.

Nous tenterons de voir de manière chronologique au premier chapitre, la période coloniale et l'approche anthropologique des reliques au Gabon, au second chapitre les reliques comme symbole d'autorité et de pouvoir et enfin, au troisième chapitre, la crise du sacré au Gabon.

119André RAPONDA-WALKER et Roger SILLANS, Rites et croyances des peuples du Gabon. Essai sur les pratiques religieuses d'autrefois et d'aujourd'hui, Libreville, éd. Raponda-Walker, (coll. « Hommes et société »), 2005, p.147.

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