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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

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par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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Chapitre I : Période coloniale et approche anthropologique des reliques

Avant d'entrer dans le vif du sujet, un effort de clarification des concepts s'impose à nous. En effet, parler de la question des pratiques reliquaires (en période précoloniale) au Gabon, c'est convoquer explicitement la notion de culture. Aussi, pour rester fidèles à DURKHEIM, « la première démarche du sociologue doit donc être de définir les choses dont il traite, afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question ».120On peut partir de la définition d'Edward TYLOR et celle de Ruth BENEDICT, TYLOR nous propose une définition qui va devenir classique de la culture comme « ce tout complexe qui inclut la connaissance, la croyance, l'art, les choses morales, la loi, la coutume et toutes les autres aptitudes et habitudes acquises par l'homme en tant que membre de la société ».121

Pour sa part, Ruth BENEDICT et l'école culturaliste américaine pensent plutôt qu'«une culture n'est pas déterminée par des éléments objectifs mais par les attitudes devant la vie, par le comportement affectif des membres qui la supportent ».122 Ce que nous pouvons retenir c'est que la culture est un « tout » c'est-à-dire envisagée probablement comme un « fait social total » chez MAUSS. Justement, dans cette perspective, le culte des ancêtres, à travers les reliques au Gabon doit être envisagé comme phénomène social total. En ce sens, « il est religieux, mythologique, parce que les chefs incarnent les ancêtres et les dieux ; il est économique et il faut mesurer la valeur, l'importance, les raisons et les efforts de ces transactions énormes. Il est aussi un phénomène de morphologie sociale ; la réunion des tribus, des clans et des familles, un phénomène esthétique, par les fêtes qui s'y déroulent (...) »123

120 Emile DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique, op.cit., p.34.

121 Gilles FERREOLES et al, Dictionnaire de Sociologie, Paris, 3ème éd., Armand Colin, 2004, p.40.

122 Ibid., p.41.

123 Jacques LOMBARD, Introduction à l'ethnologie, Paris, 2ème éd., (coll. « Cursus série Sociologie »), Armand Colin, 1998, p.114.

De facto, le culte des ancêtres apparaît alors comme un phénomène collectif mettant en branle la société globale et pas uniquement certains groupes, mais la totalité de ses institutions. Il touche donc toutes les sphères de la société, de la réalité sociale et ne peut se comprendre qu'en les mettant en relation. Le schéma qui suit, se propose de résumer le culte des ancêtres comme phénomène social total :

Tableau n°5 : Schématisation du culte des ancêtres en tant que phénomène social total

- Obligation de cultes
- Interdits

Dimension culturelle

Dimension religieuse

- Distinction sacré/profane

Culte des
ancêtres :
Byéri, Melane,

Ndjobi, Agombénèrô, Malumbi,
Bwiti.

-Production de la
richesse
-Economie lignagère

Dimension
économique

Dimension
politique

- Pouvoir
-Le droit

- Protections familiales
-La solidaritémécanique : le lignage

Dimension sociale

Ce schéma récapitule le culte des ancêtres, ayant son influence dans toutes les sphères, dimensions de la société gabonaise. Ce qui nous laisse à penser que les différentes dimensions sont dépendantes.

Il faut rappeler que le culte des ancêtres nous permet de voir comment se structurent le pouvoir et l'ensemble des représentations sociales qui gravitent autour de ce culte. De plus, il nous permet de lire une influence rétroactive sur le phénomène que nous étudions.

Section 1 : La question des pratiques reliquaires (périodes précoloniale)

1. Une diversité des cultes des ancêtres au Gabon.

« Autant de langues gabonaises autant de cultures » donc il est probable qu'il existe une diversité des cultes des ancêtres au Gabon. Chez les Fang, on parle du « Byéri » ou du « Melan »124 ; d'« Agombé nèrô » chez les Myènè, du « Malumbi » chez les Eshira ou encore du « Ndjobi » chez les Adouma, les Massango et les Obamba ou encore du Bwiti chez les Mitsogho. Il va de soi que ce qui est au fondement de ces différents cultes des ancêtres demeure les reliques ou ossements humains ; en particulier ceux d'un chef de village, considéré parfois comme charismatique. Par ossements humains, il y a lieu de préciser qu'il peut s'agir de crâne, doigts, fémur (gauche parfois), avant-bras gauche, dents, coeur, foie, cheveux, etc., susceptibles d'avoir appartenu à un chef de village (illustre) ou un individu d'une famille qui s'est démarqué de son vivant par des actes de bravoure etc.

Rappelons que le Byéri, le Melan, l'Agombé nèrô, le Malumbi, le Ndjobi ou le Bwiti etc., ont un trait commun fondamental : celui du « culte rendu aux morts, la garde de leurs ossements, la soumission à des interdits et à un rite de passage ».125 Ne pouvant travailler sur tous ces différents cultes des ancêtres à la fois, nous nous focaliserons sur le culte du Byéri, qui nous permettra de faire une généralisation.

124 Davy Willis KOUMBI OVENGA, op.cit. pp.60-61.

125 André RAPONDA WALKER et Roger SILLANS, Rites et croyances des peuples du Gabon, Libreville, Editions Raponda-Walker, (coll. « Hommes et sociétés »), 2005, p.146.

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