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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

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par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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colonisation, en particulier par l'Église

Il s'agissait de s'approprier non seulement les terres à exploiter à travers la « mission civilisatrice », mais aussi, il était question que les missionnaires s'attèlent à convertir le maximum d'enfants des autochtones dans le christianisme. Ce qui a conduit beaucoup de jeunes autochtones à abandonner leurs cultures et traditions au profit de celle du colonisateur. C'est dans cette optique que la criminalisation des pratiques rituelles fut prohibée car assimilées au diable.

Florence BERNAULT parle même de « traumatismes coloniaux ». D'autant plus qu'« au début du vingtième siècle, l'administration européenne s'employa systématiquement à redéfinir les lignes de séparation entre le monde physique et le monde invisible, le sacré et le criminel, la « civilisation » et la « sauvagerie » ».147 Ce qui nécessairement conduisit à la naissance du terme sorcellerie en français qui « renvoyait systématiquement à toute croyance religieuse qui tentait de résister au christianisme, et qui servit de référent intellectuel à la criminalisation des pratiques anciennes qui composaient l'essence de l'ordre moral et social des sociétés équatoriales ».148 En ce sens, « dans son empressement à démanteler ce qu'elle assimilait à (dés) ordre rétrograde et criminel, la colonisation française attaqua cultes anciens et lieux sacrés qui touchaient de manière centrale à la reproduction sociale, et en particulier, les techniques de la mort ».149

L'exemple pris ici de la mort et de tout le rituel (exposition du corps, condamnation du coupable, réconciliation jusqu'à l'enterrement du défunt)

146 Reste encore visible et dont les locaux servent toujours de port, sis au Bord de Mer de Libreville. Une petite précision apportée est celle liée au fait que les explorateurs ou militaires étaient par la même des marchands.

147 Florence BERNAULT, op.cit., p.9.

148 Ibid., p.9.

149 Florence BERNAULT, ibid., p.9.

nous sert à évaluer l'ampleur des bouleversements imposés par le colonisateur. Plus important encore, « la législation française en effet interdit immédiatement après la conquête la pratique des autopsies et l'exposition des défunts. Elle décréta simultanément l'obligation de l'enterrement dans les cimetières publics, la condamnation des reliques « profanation des cadavres », et conduisit avec l'aide des missionnaires chrétiens la destruction des autels mobiles et des reliquaires considérés comme « fétiches » et fatras sorcier indésirables ».150

Ce constat nous permet de dire que la question relative aux reliques n'est pas un fait nouveau, elle a été instituée par les ancêtres, et les reliques sont conservés dans des autels dits reliquaires familiaux et dans le but d'assurer la communication entre les morts et les vivants. Rappelons que dans un tel contexte de criminalisation des reliques, la reproduction sociale basée sur le deuil et la collecte des reliques devint extrêmement menacée. « Certaines pratiques ne purent survivre qu'en devenant illégales et clandestines. La fabrication rituelle des reliques des morts familiaux, par exemple, pouvait s'avérer paradoxalement plus risquée, sous l'oeil de la force coloniale, que l'utilisation d'organes et ossements prélevés sur des cadavres « discrets », mais extérieurs au lignage ».151 Cela revient à dire que le culte des ancêtres persiste dans le temps parce qu'il est une affaire de familles, et partant, d'individus. En fin de compte, c'est là le point de départ, face aux assauts de la législation coloniale, que va naître la « crise du sacré » dans les sociétés traditionnelles gabonaises ; c'est-à-dire, qu'on va assister aux criminalisations des pratiques culturelles.

150 Ibid., p.10.

151 Ibid., p.10.

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