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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

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par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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Section 2 : Le principal élément des reliques : le crâne, objet du pouvoir

Dans la section précédente, nous nous sommes attelés à une présentation de l'utilisation des reliques des défunts rois ou chefs des clans ; mais sans pour autant faire ressortir une des pièces maîtresses du culte des ancêtres : le crâne. N'oublions pas qu'il ne s'agit pas de n'importe quel crâne humain, mais de celui d'un grand chef, d'un roi ou pourquoi pas celui de futures mères-fondatrices de clan.

En effet, le principal élément des reliques dans le culte des ancêtres soit le crâne ; en tant qu'objet du pouvoir. On notera en rappel que le Byéri, exemple retenu pour notre étude, est la forme la plus caractéristique du culte des ancêtres ; particulièrement développé dans les tribus Fang. « Le prêtre en était l'ancêtre vivant, le père, ésa, avec une hiérarchie de fait correspondant aux différents niveaux de la structure sociale et clanique, hiérarchie à caractère plus religieux que politique, l'autorité qui en découlait étant constitué par les crânes des ancêtres masculins, gardés par le père, l'aîné, dans le panier à crânes, évora biéri (éwolé biéti), sorte d'arche que le groupe familial transportait avec lui au cours des migrations. L'évora biéri était une boîte cylindrique en écorce de ficus, ornée de perles et d'emblèmes claniques (mindem), dont le couvercle portait la statue du premier ancêtre ».164

Le crâne est un objet de pouvoir, une pièce maîtresse du culte des ancêtres en ce sens que « quand un nouveau village était créé par un cadet, le crâne du fondateur était le premier à prendre place dans l'arche, le village d'où il était parti conservant ceux des précédents ancêtres de la lignée. On conçoit dès lors que le gardien des crânes de la lignée ait eu une certaine autorité, déléguée par les ancêtres de rang supérieur ».165

Plus important encore c'est le fait que « les crânes étaient, en effet le siège ou le réceptacle de la capacité d'action de l'individu (rappelons :

164 Pierre ALEXANDRE et Jacques BINET, Le groupe pahouin (Fang-Boulou-Béti), Paris, l'Harmattan, 2005, p.110.

165 Ibid., p.110.

bo=faire, boo= cerveau), et leur utilisation magique n'était pas restreinte aux seuls crânes d'ancêtres : on conservait également les crânes d'ennemis tués à la guerre ou sacrifiés dans les cérémonies anthropophagiques qui la précédaient ou la suivaient, ou bien des crânes volés à des voisins, de même qu'on utilisait pour les rites de chasses des crânes d'animaux de l'espèce qu'on désirait chasser. Il semble, toutefois, qu'une distinction ait été faite entre les crânes familiaux et crânes étrangers, les premiers seuls ayant place dans l'éwolé biéti et prenant part aux rites familiaux. On augmentait la force des crânes en les aspergeant du sang des sacrifices ».166

En résumé, le crâne ; élément principal des reliques et objet du pouvoir, permet à celui qui a la charge de garder les reliques, d'acquérir l'autorité et de l'asseoir pour veiller sur le clan et demander richesse et protection des ancêtres pour ses membres ; le crâne du fondateur devait aussi permettre à son détenteur d'avoir un prestige. On convient donc que « le prestige des vivants s'exerçait par l'autorité des morts ».167 Cet exemple est l'illustration ou encore à renforcer notre hypothèse selon laquelle le pouvoir au Gabon est donc un pouvoir mortifère, qui se nourrit de la mort.

166 Pierre ALEXANDRE et Jacques BINET, Le groupe pahouin (Fang-Boulou-Béti), ibid., p.111.

167 Ibid., p.111.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus