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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

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par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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Chapitre IV : Les élections politiques à Libreville et les profanations des tombes

Section 1 : Les élections politiques à Libreville et les profanations des tombes

1. Les élections politiques à Libreville

Pour bien comprendre le fétichisme politique observé à Libreville, il est important pour nous de rompre avec les préjugés du sens commun, et surtout, de considérer notre fait social comme « une chose » écrit DURKHEIM. En effet, « face au réel, ce qu'on croît savoir offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la science, c'est simplement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé ».193

La question des élections politiques constitue l'occasion où les mandataires (députés, maires, sénateurs, ministres, etc.) mettent en place toutes sortes de stratégies et tactiques pour gagner les élections. Parmi elles, on peut citer le clientélisme électoral, mais surtout les profanations des tombes, constatées à Mindoubé par exemple. En fait, les élections permettent la délégation du pouvoir, c'est-à-dire qu'« une personne donne pouvoir, comme on dit, à une autre personne, le transfert de pouvoir par lequel un mandant autorise un mandataire à signer à sa place, lui donne une procuration [...] c'est-à-dire pour faire voir et faire valoir les intérêts d'une personne ou d'un groupe ».194

Ici, s'opère l'efficacité symbolique du politique en ce sens que «le pouvoir ne peut s'exercer sur les personnes et sur les choses que s'il recourt, autant qu'à la contrainte légitimée, à des outils symboliques et à l'imaginaire ».195

193 Gaston BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique. Contribution à une psychanalyse de la connaissance, Paris, Librairie philosophique J.VRIN, 2004, p.16.

194 Pierre BOURDIEU, Choses dites, op.cit., p.185.

195 Georges BALANDIER, Le Détour. Pouvoir et modernité, Paris, Fayard, 1985, p.88.

Ainsi, « aucun groupement, aucune organisation sociale ne peut se donner à voir si ce n'est à travers des symboles qui manifestent son existence ».196 L'activité de symbolisation est particulièrement intense lorsqu'il s'agit de susciter ou de renforcer les liens sociaux et de légitimer le pouvoir qui s'exerce au sein des groupes. Il apparaît clair que « la classe ou les classes qui ont conquis ce pouvoir mettent l'appareil d'Etat au service de leurs intérêts »197 et la classe dont il s'agit ici est celle des mandataires, la classe dirigeante.

Il faut tout de même rappeler qu'on assiste à une montée de la violence liée à ces élections, parce qu'il y a des crispations autour du pouvoir à garder ou à conquérir, comme l'écrit Jean Pierre CHRETIEN198. A ce titre, « la réussite sociale suppose l'accès à la « bourgeoisie directoriale » ou à ses couloirs. Les postes politiques et administratifs constituent donc les bases des différents échelons d'une nomenclatura de privilégiés qui, par définition, doit en tenir éloignés d'autres candidats. Cette conception « consommation » de la chose publique débouche sur la violence, soit pour entretenir les situations acquises, soit pour les renverser au profit d'autres groupes frustrés. La rivalité politique prend donc la forme d'une confrontation de factions, sans autre projet que de se sentir mieux à même que les autres de « gérer » le gâteau national, c'està-dire le complexe bureaucratique hérité de la colonisation ».199

De ce fait, cela se traduit sur le terrain à Libreville par les profanations des tombes au cimetière de Mindoubé. Les élections politiques sont chargées du sens de la légitimation d'un pouvoir mortifère et les profanations des tombes sont illustratives d'un tel pouvoir. Et si nous sommes en face de ce pouvoir mortifère, organisé et bâti sur la mort, c'est qu'il y a a priori recours à de telles pratiques comme moyen, comme moment de lecture du fétichisme politique.

Après avoir traité de la question des élections politiques, passons à présent aux profanations des tombes.

196 Philip BRAUD, Sociologie politique, 8ème édition, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence/Montchrestien, 2006, p.103.

197 Marta HARNECKER, Les concepts élémentaires du matérialisme historique, op.cit., p.105.

198 Jean-Pierre CHRETIEN, Les racines de la violence contemporaine en Afrique, pp.12-27 in Politique africaine, « Violence et pouvoir » ; n°42, Paris, 1991, 163 p.

199 Ibid., p.19.

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