WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

( Télécharger le fichier original )
par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre V : Le cimetière de Mindoubé : théâtre des profanations des tombes

Section 1 : Historique, localisation géographique et description du cimetière de Mindoubé

1. Localisation et description du site
Carte n°1 : Localisation géographique du cimetière de Mindoubé

On commencera d'abord par rappeler que le cimetière est situé dans le quartier Mindoubé, où il fait face à la décharge centrale d'ordures de Libreville. Pour plus de précisions, la première carte a ce souci de nous présenter autant que possible le cimetière de Mindoubé. Mieux, nous avons un aperçu de l'urbanisation de la ville de Libreville. Cette carte a été

tirée sur satellite et réalisée par monsieur Parfait NDONG-ONDO du LAGRAC de l'U.O.B en mars 2008, d'après ING/libreville. Nous avons tenté une autre représentation de notre carte ainsi qu'il suit :

Carte n°2 : Localisation géographique du cimetière de Mindoubé

Après la localisation géographique du site, une description211 de celui-ci s'impose. Par exemple, l'accès au site se fait par voie terrestre non goudronnée, praticable véritablement qu'en saison sèche ; les hautes herbes aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du site sont visibles depuis la route, ce qui fait qu'on ne puisse plus retrouver les tombes de nos disparus. A cela, s'ajoute une forte concentration de débits de boisson à

211 Description que nous avons effectuée en année de Licence le 26 mars 2007 dans le cadre du mois de terrain. Une seconde visite en février 2008 a été faite pour voir les éventuels changements après la fête de Toussaint de 2007 mais rien n'a été fait. Le site est resté dans les mêmes conditions telles que décrites lors de notre premier passage.

proximité du cimetière. On note aussi que les constructions anarchiques d'habitations et la présence de tas d'immondices et des dépôts de ferrail.

A ce propos, nous proposons quelques photos pour présenter la description du cimetière de Mindoubé tel qu'il a été photographié lors de notre passage.

Photo n°7 : «Le portail principal du cimetière »

Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, cimetière de Mindoubé, mars 2007

La photo n°7 nous présente, comme son titre l'indique, une vue de l'entrée principale du cimetière. Au premier plan de la photo, nous apercevons le portail amorti par le poids de l'âge, il est rouillé, et se ferme à l'aide d'une vieille chaîne et d'un cadenas. Ensuite, on voit bien sur cette photo que la route qui nous conduit au cimetière de Mindoubé est, comme nous l'avons dit plus haut, une route secondaire, praticable qu'en saison sèche. S'ajoute aussi les hautes herbes que nous évoquions déjà. Au second plan, nous voyons que le site est envahi des hautes herbes mais aussi d'arbres fruitiers tels les manguiers ou d'arbres à noix : des palmiers. C'est à peine si on peut apercevoir au loin quelques stèles visibles par leurs couleurs blanches. Enfin, la clôture qui existe mesure près de 1 m 70 et ne peut pas dissuader les profanateurs.

Photo n°8 : «Une tombe immergée dans les huiles de vidange »

Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, cimetière de Mindoubé, mars 2007

Mindoubé n'est pas seulement victime que des profanations des tombes. On peut aussi parler d'un autre type de profanation orchestrée par les garagistes des alentours avec les huiles moteurs qui se déversent sur le cimetière. Formant au passage un petit ruisseau et noyant du même coup d'abord les quelques tombes encore visibles mais méconnaissables pour les parents ; ensuite, et à la longue, va faire tomber la barrière qui tient encore le coup. Au second plan, on peut aussi apercevoir les hautes herbes qui ont occupé l'espace et empêchant aussi la reconnaissance des tombes à cet endroit. Les autorités de l'Hôtel de Ville sont pourtant au courant de la situation actuelle du site mais restent silencieuses.

La photo qui va suivre reste dans le même d'idée de la conséquence des huiles de moteur sur le site de Mindoubé.

Photo n°9 : « Le travail des huiles de vidange »

Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, cimetière de Mindoubé, mars 2007

Nous nous trouvons sur la partie du site qui fait directement face à la décharge de Mindoubé. C'est certainement la partie qui subit le plus l'insalubrité dans le coin. On peut constater que la barrière est détruite certainement sous l'action des eaux usées mélangées aux huiles de vidanges qui stagnent et, par la suite, ont fait que la barrière ne résiste pas. On peut aussi se poser la question de savoir quel sort est réservé à cette sépulture d'ici deux ans, subira t-elle le même sort que cette barrière ? Et toujours la présence des hautes herbes, rendant inaccessible cette partie du cimetière aux parents des défunts pour d'éventuels moments de désherbage.

Photo n°10 : «La face cachée d'une tombe »

Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, cimetière de Mindoubé, mars 2007

Tout comme la photo n°8 «une tombe immergée dans les huiles de vidange », il s'agit d'une bonne dizaine de tombes qui sont dans l'immersion des huiles de vidange. Cette situation nous permet de voir à quel point le site demeure dans l'insalubrité ; en témoigne les pneus de voitures et la barrière qui est pratiquement prête à s'écrouler.

Photo n°11 : « La formation d'un ruisseau »

Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, cimetière de Mindoubé, mars 2007

Comme la photo n°10, celle-ci mais en avant les dangers que ces eaux et ces huiles de vidange stagnantes, en arrière plan, représentent pour le site de Mindoubé. A la longue, si cette situation perdure, on va assister progressivement à la formation d'un lac qui va couper la route. Le premier plan, c'est toujours la situation des ordures qui se déversent sur le cimetière.

Photo n°12 : « Le dépôt de ferrail »

Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, cimetière de Mindoubé, mars 2007

A Mindoubé, nous avons découvert qu'il y a avait l'existence d'un tout autre marché : celui du fer, comme nous pouvons le voir ici sur le premier plan. Les ouvriers que nous avons rencontrés sur les lieux nous ont fait comprendre que c'est un nouveau type de marché, qui rapporte des millions de francs quand on sait avec qui réexploiter le fer. En effet, « les chinois, les japonais sont les premiers consommateurs de ce type de produit »212, Mindoubé est l'endroit rêvé pour exploiter le fer, loin et à l'abri d'autres concurrents et surtout des agents de l'environnement. Enfin, au second plan, on peut voir le poteau d'électrification qui est là mais ne fonctionne pas.

212 Extrait des propos d'un ouvrier sur le site en plein travail.

Photo n°13 : « L'insalubrité »

Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, cimetière de Mindoubé, mars 2007

La question de l'insalubrité est aussi mise en cause quant l'entretien du site. Encore quelques mois et ces ordures vont occuper une place importante dans le cimetière. On peut constater que parmi les ordures, il y a des bidons, des parapluies, et tout genre de détritus. Les déchets que nous voyons présentement proviennent directement de la décharge de Mindoubé, et parce que celle-ci fait face au cimetière ; les ordures se déversent également sur ce dernier.

Photo n°14 : « L'un des poteaux électriques existant »

Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, cimetière de Mindoubé, mars 2007

Au premier plan, on voit l'état de la route mais surtout, les ordures recyclées par les femmes que nous avons rencontré sur le terrain. En effet, elles vont récupérer les ordures dans la décharge, pour venir les trier, les laver et les laisser sécher sur la barrière du cimetière. Par la suite, grâce aux sacs de farine, elles les emballent pour aller les vendre soit à la Gare routière de Libreville ou au marché de la Peyrie. Il faut dire que c'est tout un nouveau marché de la mort qui est re-introduit dans le circuit du marché économique. Ce poteau électrique témoigne de la volonté de mettre de la lumière dans le coin sauf que depuis vingt ans, le cimetière est dans l'obscurité. Ces femmes recyclent les ordures pour les vendre à la Gare routière ; elles vendent des bouteilles plastiques, des cannettes, et autres détritus susceptibles de rapporter un peu d'argent.

Après avoir traité de la question de la localisation géographique du cimetière et de sa description, venons-en à présent à la question de l'historique du cimetière proprement dit.

2. Historique du cimetière de Mindoubé

Lors d'une séance de travail avec monsieur Toussaint ELLANGMANE213, conseiller du D.G.S.T la Mairie de Libreville, il ressort que le cimetière de Mindoubé a été créé en 1950 et a été fermé vers 1980 pour cause de difficulté d'accès dû essentiellement à la route impraticable. « Cela n'a pas nécessité la mise en place de textes juridiques car on avait estimé qu'il fallait de véritables travaux d'aménagements pour que les enterrements se passent dans les conditions les meilleures ».214

Puis, à l'époque du maire DAMAS, 1996 voit la réouverture du site. « Je précise ici que Mindoubé n'est pas totalement saturé, il reste encore de l'espace. On pense à le réhabiliter sérieusement. Cela va nécessiter des moyens humains et financiers importants car il s'agit du désherbage, l'électrification, l'adduction de l'eau,la réhabilitation de la maison du gardien dans le site car elle a brûlé lors d'un incendie dû à la forte chaleur qui y prévaut. Il faudra aussi refaire toute la clôture qui est aujourd'hui quasi-existante. Tout cela nécessite, comme je l'ai dis tantôt, des moyens financiers et humains importants. J'ai soumis à cet effet le dossier à ma hiérarchie depuis 9 mois, on m'a affirmé que c'est en étude. Alors je continue à conjuguer le verbe attendre ».215

Au sortir de cette séance de travail, on peut retenir en fin de compte qu'il y a comme une volonté manifeste qui se dégage de ne pas réhabiliter le site de Mindoubé. Cela prouverait à suffisance que la D.G.S.T tire profit des profanations des tombes, vu qu'elle a été la première à être informée de ce phénomène par le gardien du cimetière. D'où, le pouvoir se nourrit bien de la mort.

213 Séance de travail du 30 mars 2007 à la D.G.S.T sise dans les locaux de la Mairie de Libreville.

214 Propos de monsieur Toussaint ELLANGMANE.

215 Propos de monsieur Toussaint ELLANGMANE.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore