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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

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par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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Section 2 : L'A.L.C.R ; une tentative de réponse à la violence du pouvoir (au sens de BALANDIER)

Les recherches de BALANDIER237, montrent que la violence du pouvoir intervient dans toutes les sociétés et qu'elle recourt à des moyens divers et qu'elle ne s'exprimerait pas sans un appui sur le symbolique et l'imaginaire. Elle est ainsi manipulation de symboles et de forces à des fins offensives et pour finir, la violence du pouvoir est identifiée à partir de ses effets.

L'« A.L.C.R dénonce le mutisme de l'État face à la recrudescence des crimes rituels. »238 En effet, cette association ne comprend pas que face à la recrudescence de ces meurtres et ces mutilations de cadavres, l'État,

234 Ibid., p.103.

235 Achille MBEMBE, « Désordres, résistances et productivité », p.2, in Politique Africaine, n°42, Juin 1991, 163 p.

236 Ibid., p.3.

237 On peut citer pour la circonstance deux de ses ouvrages : Anthropologie politique, Paris, PUF/ Quadrige, 1999, 240 pages et le Pouvoir sur scènes, Paris, Balland, 1992, 172 pages.

238 Cf. L'Union du lundi 10 mars 2008, en page 6, rubrique « Société et culture ».

en tant que garant des institutions de la république et surtout garant de la sécurité des biens et l'intégrité physique de ses citoyens, ne réagit pas.

L'A.L.C.R « est une jeune organisation régie par la loi 10/62 relative aux associations et reconnue par le Ministère de l'Intérieur sous le numéro

194/MISI/SG/CE/ du 16 juin 2006. »239 C'est une association qui a pour objectif majeur la défense des vies humaines et donc, de se présenter comme une tentative de réponse à cette violence. Aussi, elle s'est fixée pour buts de « faire des droits des enfants une réalité pour une véritable paix ; de faire appliquer les recommandations du colloque de l'UNESCO240 sur les crimes rituels et les conflits en Afrique centrale tenu à Libreville en 2005 ; de défendre les vies humaines ; de soutenir les communautés, les familles victimes de crimes rituels et d'assassinats des enfants et autres. »241

Après avoir présenté brièvement les objectifs de l'ALCR, son président pense qu'il est temps « de lutter contre ces actes abominables, dans un pays d'à peine un million d'habitants... et de contribuer au coté de l'Etat gabonais à mieux prendre conscience de la gravité de ce phénomène, de sa responsabilité de protection des paisibles citoyens. »242 Car « les membres de l'ALCR ne comprennent pas le mutisme de l'Etat, au lendemain de la rencontre bipartite du 18 mars 2005, entre le gouvernement et les Agences des Nations Unies, relatives aux crimes atroces suivis de mutations à la plage de Libreville, des jeunes écoliers Eric EDOU-EBANG et de Ibrahim ABOUBAKAR. »243

De plus, dans ses propos, le président de l'ALCR voudrait que la justice fasse son travail librement, sans interférence politique et condamne « avec la dernière énergie, les enlèvements, les séquestrations, les mutilations, les assassinats et les profanations des tombes monnaie courantes dans notre beau pays ».244 En outre, « l'ALCR veut gagner la

239 Extrait du discours du Président le l'A.L.C.R, discours prononcé à l'occasion de la Journée Gabonaise de lutte contre les crimes rituels, le vendredi 2 février 2007 au CCF St. Exupéry de Libreville.

240 Colloque sous-régional sur les "causes et moyens de prévention des crimes rituels et des conflits en Afrique centrale", sous l'égide de l'UNESCO, colloque tenu à Libreville du 19 au 20juillet 2005, 84p.

241 Extrait du discours du Président de l'ALCR, lors de la Journée Gabonaise de lutte contre les crimes rituels, le 2 février 2007, p.2.

242 Extraits du discours de monsieur EBANG ONDO, président de l'ALCR, le 2 février 2007, p.2.

243 L'Union du 10 mars 2008, op.cit., p.6.

244 Extraits du discours de monsieur EBANG ONDO, président de l'ALCR, le 2 février 2007, p.2.

bataille contre les crimes rituels et ne reculera jamais face aux actes barbares, de terrorisme perpétrés entretenus par les hommes de la secte machiavélique de l'ombre, ces groupes criminels impunis qui sèment la mort et la désolation au sein de nos familles ; hypothéquant ainsi, l'avenir d'une jeunesse sacrifiée ».245 En un mot, « nous exigeons la cessation immédiate des crimes rituels ».246

Par ailleurs, le président a souligné son inquiétude quant à la non prise en compte des recommandations du colloque sous-régional de l'UNESCO sur les crimes rituels et les conflits en Afrique Centrale tenu en juillet 2005, par l'Etat gabonais. Allant dans le même sens et soutenant l'action entreprise par cette association gabonaise, l'Ambassadeur des Etats-Unis R. Barrie WALKLEY a, dans son allocution lors se la même journée Gabonaise contre les crimes rituels au Centre Culturel Français St. Exupéry le 2 février 2007, affirmé que « les crimes rituels figurent parmi les innombrables violations des Droits de l'Homme. Ces meurtres à l'encontre des couches les plus vulnérables de la société sont commis dans un contexte d'impunité généralisée, laissant les familles dans le désespoir et la population dans la consternation ».247

Car « la protection de la démocratie et des Droits de l'homme est une affirmation à laquelle les Etats-Unis tiennent beaucoup. En janvier 2005 le Président BUSH disait : " la liberté, naturellement, doit être choisie et défendue par les citoyens et maintenue par l'exercice de la loi et la protection des minorités"... »248

Venons-en à présent à la question de la non prise en compte des recommandations de la déclaration de Libreville en Juillet 2005 par le gouvernement gabonais.

245 Extraits du discours de monsieur EBANG ONDO, ibid., p.2.

246 Ibid., p.2. Nous profitons ici que le président de l'ALCR est lui-même une victime des crimes rituels au Gabon. En effet, après maintes recherches de son fils et de son camarade de classe, ceux-ci seront retrouvés morts et mutilés à la plage de Libreville le 3 mars 2005. D'où l'implication de monsieur Jean Elvis EBANG ONDO à travers l'association.

247 Propos de l'Ambassadeur des Etats-Unis R.BARRIE WALKLEY lors de la « Journée Gabonaise contre les crimes rituels » au CCF de Libreville le 2 février 2007, p.1.

248 Propos de l'Ambassadeur des Etats-Unis Son Excellence R.BARRIE WALKLEY lors de la « Journée Gabonaise contre les crimes rituels » au CCF de Libreville le 2 février 2007, p.1.

A ce propos, la « Déclaration de Libreville»249 a fait 21 propositions, dont nous avons retenu pour notre travail 5 : « le caractère sacré, inviolable et inaliénable de la vie et de la personne humaine, ainsi que notre profond engagement à combattre toutes les formes d'atteinte à l'intégrité et à la dignité humaines ».250 Elle recommande ainsi de « conscientiser et persuader les adeptes de ces pratiques de substituer aux sacrifices humains d'autres sacrifices plus symboliques »251,

d' « adopter des lois qualifiant explicitement et sanctionnant les crimes rituels afin de mettre fin à l'impunité »252 ; de « censurer la protection et la diffusion par les média, de programmes qui valorisent le viol, la violence, les pratiques mystiques et religieuses néfastes aux valeurs de paix et de respect de la personne humaine »253 ; ou encore d'« instituer, dans les Etats d'Afrique centrale, une journée à la mémoire des victimes des violences rituelles et des guerres fratricides »254 et enfin , de « mettre en place des groupes d'alertes communautaires, et une police spécialisée disposant de moyens appropriés pour démasquer les auteurs et les commanditaires des crimes rituels »255 en outre.

C'est l'occasion ici pour nous de revisiter « le code pénal de 1963 »256 qui a pourtant prévu des mesures mais qui ne sont pas, a priori, appliquées.

En partant par exemple du chapitre 13 : « Des violations de

sépultures et profanations de cadavres », qui stipule en son article 291 que « Quiconque se sera rendu coupable de violation de tombeaux ou de sépultures sera puni d'un emprisonnement de trois mois à un an et d'une amende de 24.000 à 120.000 francs, sans préjudices des peines réprimant les crimes ou délits qui se seraient joints à celui-ci, sera puni des mêmes

249 Sur la lutte contre les crimes rituels en Afrique centrale et sur la nécessité de l'éducation aux valeurs de respect absolu de la vie et de la dignité humaine, in Colloque sous-régional sur les « Causes et moyens de prévention des crimes rituels et des conflits en Afrique Centrale », Libreville, 19-20 juillet 2005, p.17.

250 Ibid., p.19.

251 Ibid., p.19.

252 Ibid., p.20.

253 Ibid., p.20.

254 Colloque sous-régional sur les « Causes et moyens de prévention des crimes rituels et des conflits en Afrique Centrale », ibid., p.20.

255 Colloque sous-régional sur les « Causes et moyens de prévention des crimes rituels et des conflits en Afrique Centrale », ibid., p.21.

256 Extrait du code pénal ; « Loi n°2163 du 31 mars 1963 ».

peines quiconque aura profané ou mutilé un cadavre, même non inhumé ».257

Ou encore le chapitre 19 : « De la sorcellerie, du charlatanisme et

des actes d'anthropophagie », en son article 210 qui notifie par ailleurs que « sera puni d'un emprisonnement de deux à cinq ans et d'une amende de 50.000 à 200.000 francs, ou de l'une de ces deux peines seulement, quiconque aura participé à une transaction portant sur des restes humains ou ossements humains, ou se sera livré à des pratiques de sorcellerie, magie ou charlatanisme susceptibles de troubler l'ordre public ou de porter atteinte aux personnes ou à la propriété ».258

Ainsi, les deux exemples de ce code pénal datant de 1963 et les illustrations de ces deux chapitres par des articles confirment la caducité de celui-ci car chaque jour, il y a profanations des tombes et des cadavres, des crimes rituels ou autre acte de sorcellerie à Libreville, sans que l'Etat ne puisse réagir. A cela, « à quand l'application du nouveau code pénal révisé le 17 janvier 2008 lors d'un conseil des ministres ? Va-t-on omettre volontairement le terme "crimes rituels" et la durée des procédures avant le jugement des assassins et leurs commanditaires ? Que dira t-on de l'impunité et la justice populaire ? , s'est interrogé Jean Elvis EBANG ONDO, président du ALCR ».259

En définitive, l'ALCR, en tant que tentative de réponse à cette violence du pouvoir au Gabon en général, à Libreville particulièrement, est « prête à affronter d'autres combats et d'autres situations qui mettraient à mal les droits de l'homme dans notre pays faiblement peuplé ».260

257 Extrait du code pénal ; « Loi n°2163 du 31 mars 1963 », p.93.

258 Extrait du code pénal, ibid., pp.69-70.

259 L'Union du Lundi 10 mars 2008, ibid., p.6.

260 Cf. une coupure du journal Le Peuple ; rubrique « Développement », par Nelson KALI, p.7.

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