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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

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par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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Conclusion de la deuxième partie

Cette deuxième partie de notre mémoire nous a permis de mettre en évidence le fétichisme politique et les profanations des tombes à Libreville, durant les élections politiques ou aux lendemains de celles-ci. Premièrement on remarque que les croyances des gabonais demeurent encore animistes, et qu'il s'agit d'une population en mutation, en transition vers la modernité.

D'autre part, les profanations des tombes ou celles des cadavres montrent qu'il s'agit d'une violence organisée dans la postcolonie gabonaise. Comme l'écrit BOURDIEU il s'agit d'une violence symbolique en tant que « imposition de formes de comportement, de formes de vie ; de choix intellectuels, de choix vestimentaires, de choix linguistiques, par les dominants aux dominés ».261

Car « le pouvoir ne peut s'exercer sur les personnes et sur les choses que s'il recourt, autant qu'à la contrainte légitimée, à des outils symboliques et à l'imaginaire ».262 D'où, « aucun groupement, aucune organisation sociale ne peut se donner à voir si ce n'est à travers des symboles qui manifestent son existence ».263

En effet, à Libreville, les profanations des tombes sont un des moyens utilisés par les hommes du pouvoir pour se faire voir et se faire légitimer. Ce qui fait qu'à la veille des élections politiques, le marché des restes humains est manifeste, sans que l'Etat ne réagisse dans cette exploitation des « pièces détachées ». Or si l'Etat ne réagit pas devant cette violence, c'est parce qu'il est « l'institution qui possède, dans une collectivité donnée, le monopôle de la violence légitime. Entrer dans la politique, c'est participer à des conflits dont l'enjeu est la puissance - puissance d'influencer sur l'Etat et par là même sur la collectivité ».264

261Cf. Pierre BOURDIEU et la définition qu'il nous donne de la violence symbolique in « Lexique sociologique et ethnologique et présentation de quelques auteurs », de Ian ESCHSTRUTH, étudiant en sociologie, lexique publié sur le net le 22/07/2006, 74 pages sur ian.eschstruth@laposte.net

262 Georges BALANDIER, le Détour. Pouvoir et modernité, Paris, Fayard, 1985, p.88.

263 Philip BRAUD, Sociologie politique, op.cit., p.103.

264 Max WEBER, Le savant et le politique. Préface de Raymond ARON, Paris, Plon, (coll. « Editions 10/18 »), 1963, p.32.

Enfin, ce mémoire nous permet de nous interroger longuement sur les pratiques sociales des gabonais, liées au sacré et au pouvoir. Mieux, il s'agit de nous questionner sur le rôle joué par la justice, ou les réseaux sociaux qui existent au Gabon et qui interviennent lorsqu'un profanateur ou un commanditaire est appréhendé. Autant, l'on peut se poser la question de savoir pourquoi à cette longue crise du sacré observée au Gabon, l'Etat semble désintéressé ?

En définitive, à quand l'application d'un nouveau code pénal au Gabon pour que les présumés auteurs de profanations des tombes et des crimes rituels puissent être jugés ?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo