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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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Introduction de la première partie

Comprendre comment nos sociétés lignagères ont conçu et élaboré la question du mariage au Gabon en période précoloniale est l'objectif de cette première partie de notre Mémoire. Et pour y parvenir, il nous a paru indispensable d'interroger l'histoire et en filigrane, les logiques qui gouvernent l'institution du mariage, vu que celui-ci est un acte proprement social et culturel. D'autant plus que « toute recherche a pour but d'expliquer et de comprendre les faits sociaux. »112

Mais pourquoi avoir recours à l'histoire ? Pour la simple raison que « les historiens sont des sociologues qui s'ignorent. Et inversement, les sociologues, s'ils veulent construire et mettre à l'épreuve leurs théories, doivent puiser dans les matériaux livrés par les historiens. »113 Ce qui nous permet de dire que le mariage au Gabon, du moins son institutionnalisation, a une histoire que nous devons visiter pour tenter de rendre compte de la nature des rapports entre brus, gendres et beaux-parents ; que nous observons dans ledit Mémoire. Le recours à l'histoire ici, à travers la question du mariage au Gabon en période précoloniale, s'explique en outre par le fait que « si, de plus, l'histoire est, pour les sociologues, une discipline importante, c'est aussi parce que les individus que les sciences sociales étudient sont eux-mêmes des produits de l'histoire. Autrement dit, l'histoire, selon la formule de DURKHEIM, est notre "inconscient social". Nos manières de penser, nos institutions, nos habitudes, qui paraissent inscrites dans nos représentations collectives, trouvent leur origine dans le passé. »114

112 Jean-) HEEc:c011)BA'-F ,ILa recherche en sciences sociales au Gabon. Préface de Louis Vincent THOMAS, 3111011-F arINc,UERO. « Logiques sociales »), 1987, p.105.

113 Patrick CHAMPAGNE, La Sociologie, Toulouse, Les Essentielles Milan, 2005, p.28.

114 Ibid., p.29.

Aussi, dans le meme ordre d'idée, cette première partie de notre Mémoire intitulée « la question du mariage au Gabon en période précoloniale » est constituée de deux chapitres. Le chapitre premier a pour titre « Aperçu historique sur la question du mariage » et le second chapitre porte essentiellement sur « l'impact de la période coloniale sur la société gabonaise. »

Chapitre I : Aperçu historique sur la question du mariage.

Section 1 : Le mariage dans la société traditionnelle.

Une première remarque s'impose sur la question du mariage dans la société traditionnelle gabonaise en général, chez les Myènè en particulier par exemple. Comme l'écrit, à ce propos, l'historien Nicolas METEGUE N'NAH115 « que la coutume du mariage n'existait pas dès l'origine sous sa forme actuelle chez les Ngwèmyènè. »116 Se focalisant sur les travaux du feu Pasteur OGOULA-M'BEYE117, Nicolas METEGUE N'NAH retient de ces travaux que « l'évolution vers l'institution du mariage légitime s'est faite par étapes dans la société ngwèmyènè. Ainsi, du concubinage primitif, les Ngwèmyènè sont passés à un concubinage amélioré, d'un type nouveau, ressemblant beaucoup plus aux fiançailles et appelé "ôgoli". »118 En fin de compte, cette section s'atèle à mettre en évidence le mariage dans la commune ancienne et la recherche de l'épouse.

1. La conception du mariage dans la commune ancienne.

Le concept du mariage est polysémique. De manière générale l'encyclopédie AXIS119 définit le mariage comme union légitime entre un homme et une femme, le

mariage est une institution universelle, à la fois juridique et sociale, qui établit le statut des enfants tout en créant des droits et des devoirs entre les conjoints et leurs et leurs familles. Objet d'une certaine ritualisation, il présente des modalités diverses selon les sociétés et selon les époques. Nous convoquons Claude LEVI-STRAUSS120.

En effet, l'auteur note, en ce qui concerne le mariage dans les sociétés traditionnelles, dans le Regard éloigné (1983) que << dans toutes les sociétés humaines, la création d'une nouvelle famille a pour condition absolue l'existence préalable de deux autres familles, prêtes à fournir qui un homme, qui une femme, du mariage desquels naîtra une troisième famille, et ainsi de suite indéfiniment. [...] Une famille ne saurait exister s'il n'y avait d'abord une société : pluralité de familles qui reconnaissent l'existence de liens autres que la consanguinité, et que le procès naturel de la filiation ne peut suivre son cours qu'intégré au procès social de l'alliance.»121

De plus, le mariage est, selon le Larousse 2009, un acte solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont les conditions, les effets et la dissolution sont régis par des dispositions en vigueur dans le pays, par les lois religieuses ou par la coutume. Il s'étend aussi comme une cérémonie organisée à l'occasion de la célébration de cette union. Par ailleurs, c'est l'un des sept sacrements de l'Eglise catholique.

Par ailleurs, dans la société gabonaise il est question du mariage coutumier selon Justine ELO MINTSA et Grégory NGBWA MINTSA pour qui << le mariage, dans la tradition, en dehors d'unir deux êtres pour fonder une famille, avait pour but d'unir des familles et des clans pour une alliance quasi sacrée .Il existe deux étendues du mariage dans la tradition : le mariage endogamique, qui consiste à épouser un membre d'une famille ou de son clan, et le mariage exogamique, qui consiste à épouser un membre d'une famille , d'un clan ou d'une tribu autre que les siens.»122

120 Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre « Sociologie de la famille », récupéré de http : // fr.wikipedia.org/wiki/sociologie de la famille, 8 pages.

121 Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre « Sociologie de la famille », récupéré de http : // fr.wikipedia.org/wiki/sociologie de la famille, ibid., p.3.

122 Justine ELO MINTSA et Grégory NGBWA MINTSA, Protocole du mariage coutumier au Gabon, Libreville, Polypress, 2003, p.13.

Dans sa thèse de doctorat Florence BIKOMA123 définit le mariage comme « complexe des normes sociales sanctionnant les relations sexuelles d'un homme et d'une femme et les liant par un système d'obligations mutuelles et de droits. Il fait l'objet de cérémonies rituelles publiques, conduites par un ou plusieurs membres, qui statuent sur le fait que l'homme accepte la femme et que la femme accepte l'homme comme épouse et époux. Le caractère exclusif du mariage intègre l'homme dans la sphère des grands et participe au changement de statut. Il socialise le couple. »124

Selon le Pasteur OGOULA-M'BEYE, chez les Myènè (de la société traditionnelle), « il n'existait pas de vrai mariage chez eux. On vivait en concubinage. L'homme pouvait changer de femme à son gré. La femme pouvait aussi en faire autant, car elle n'appartenait réellement à personne. Chacun pouvait la prendre à qui mieux-mieux et c'est ce qui provoqua beaucoup d'ennuis pour l'établissement d'un mariage. On vivait comme des cabris ou des moutons disputant chèvres et brebis. Le mariage d'autrefois n'est pas loin de la débauche des célibataires d'aujourd'hui. »125

Ici, le constat fait par le Pasteur à propos du mariage dans la commune ancienne démontre qu'un libertinage sexuel existe et laisse envisager qu'« aucun mariage vrai n'existait mais du concubinage. »126 Ce point de vue développé sur l'union libre ou concubinage est partagé par Steeve Thierry BALONDJI pour qui, « il est en effet chose courante, dans notre société, que deux personnes choisissent de faire vie commune sans se marier, s'unir civilement ou coutumièrement. Ce choix de vie est connu sous le nom de conjugalité de fait. »127 Or, « l'union libre n'avait aucun statut dans nos traditions. C'était quelque chose d'honteux. »128 Et comme il était

123 Florence BIKOMA, Socialisation de la femme accomplie mukaas wadya makoma bya chez les Nzébi du Gabon, thèse de Doctorat en Ethnologie-Anthropologie, Université Paul VALERY de MONTPELLIER III, 2004, 457 p.

124 Florence BIKOMA, Socialisation de la femme accomplie mukaas wadya makoma bya chez les Nzébi du Gabon, thèse de Doctorat en Ethnologie-Anthropologie, ibid., pp.90-91.

125 Pasteur OGOULA-0 /(<(, Galwa ou Edongo d'antan, ibid., p.82.

126 Ibid., p.83.

127 Steeve Thierry BALONDJI, Les conjugalités de faits en milieu ouvrier au Gabon, op.cit., p.1.

128 Ibid., p.34.

question de soigner son image par le mariage dans la commune ancienne, « le bon "citoyen" était celui qui avait pris femme. Dans le village, le concubin était un citoyen de second ordre, qui ne prenait pas part à la direction de la "cité". »129

Après tout, « le concubinage c'est un gîte de passage tandis que le mariage c'est le village. »130 Selon les propos du Pasteur OGOULA-M'BEYE, de Nicolas METEGUE N'NAH et Anges François RATANGA-ATOZ il ressort qu'il n'existait pas de mariage dès l'origine sous sa forme actuelle, c'est-à-dire avant la migration des Ngwèmyènè. Mais on vivait en concubinage en d'autre terme en conjugalité de fait ou encore unions libres ; sources de désordre, manque d'estime de soi et de conflits surtout chez les femmes. Parce que la femme, étant le pilier de la famille (c'est elle qui transmet la lignée), ne s'inquiétait pas de son entourage. La femme n'appartenait à personne car les hommes se les échangeaient comme des betes.

De ce fait, pour palier cette attitude d'insouciance, et aux conflits engendrés par ces unions aventureuses capables de nuire à la société, il fallait trouver une solution ; c'est ainsi que l'homme qui voulait prendre une femme pour épouse devait soumettre cette question à sa famille. Venons-en à présent à la question relative à la recherche de l'épouse. Il faut signaler à ce sujet que l'historien Nicolas METEGUE N'NAH tente de récapituler l'origine du mariage dans la commune ancienne par le fait que « du concubinage primitif, les Ngwèmyènè sont passés à un concubinage amélioré, d'un type nouveau, ressemblant beaucoup plus aux fiançailles et appelé"ôgoli".»131

Pour rester dans cette même logique du mariage dans la commune ancienne, un regard est aussi posé sur la société traditionnelle Nzébi ; pour voir comment ce peuple percevait et concevait le mariage. En effet, « le mariage existait mais pas le concubinage car chez les Nzébi, ils n'acceptaient pas la prostitution » nous a confié

129 Anges F. RATANGA-ATOZ, Les peuples du Gabon occidental pendant la première période coloniale 1839- 1914, Thèse de Doctorat ès Lettres option Histoire, Université de REIMS CHAMPAGNE ARDENNES, Tome 1, 1996, pp483-484.

130 Pasteur OGOULA-D N( <( ,1op.cit., p. 87.

131 1 ITRUND ( 7( * 8 ( 1 1 $ +, Lumière sur points d'ombre, op.cit., p.43.

monsieur Joseph Francis MAYOMBO NZENGUE132 lors d'un entretien qu'il nous a accordé à cet effet. Autre point de vue recueilli, c'est celui de madame veuve NDONG-MVE Véronique133 pour qui, chez les fang, « le concubinage n'existait pas, la dot n'existait pas en tant que telle, il s'agissait seulement des échanges. Soit on échangeait la nourriture ; soit la machette, la hache et le mariage était uniquement une affaire des hommes. »

Après avoir traité de la conception du mariage dans la commune ancienne, venons-en à présent à la question relative aux contextes du mariage dans la société gabonaise précoloniale.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault