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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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2. Les contextes du mariage dans la société gabonaise précoloniale.

La recherche de l'épouse pour certains, le choix du conjoint pour d'autres, est une étape importante dans la vie de l'homme, et partant, pour la création d'un nouveau lien de parenté et la continuité d'un clan. Après le mariage la femme allait vivre dans le village du mari ce qui faisait qu'elle était mieux connue. Aujourd'hui lorsqu'on se marie on part habiter loin des parents pour s'autonomiser ; le mariage à l'époque n'était pas pour légitimer la femme au contraire, elle était comme une esclave car c'est le mari qui décidait de tout.

Rappelons que le mariage commence par le choix du conjoint et naît véritablement avec l'introduction du versement de la dot. Celle-ci est au fondement du mariage, comme l'indique Louis ROUSSEL, « l'importance du patrimoine, le souci de sa transmission ou de l'accroissement, la nécessité de trouver un successeur

132 Entretien le 14 septembre 2008 avec monsieur Joseph Francis MAYOMBO NZENGUE ; 53 ans, Nzébi de Lébamba ; technicien de recherches en botanique, marié à la coutume et à l'état-civil. Il est père de 9 enfants. Lieu de l'entretien : Arboretum de Sibang.

133 Entretien qu'elle nous a accordé ce 17 septembre 2008, elle est veuve, ~gée de 50 ans, Fang de Bitam, mère de 10 enfants. Ses parents ont eu à arranger son mariage. Elle est sans profession et habite au carrefour B.2 de Libreville.

capable de le gérer, peuvent en effet rester déterminant dans le choix d'un gendre ou d'une bru. »134

Cette situation montre que « chez les peuples de l'Ouest du Gabon, on pouvait prendre femme de diverses façons. Dès que la femme d'un ami était enceinte, on pouvait manifester le désir de voir l'enfant à naître devenir "sa femme" ou "celle de son fils". »135 Mieux, « dans le milieu Myènè-Nkomi (peuple d'Eliwa) ce que nous conviendrons d'appeler "fiançailles" ou "épousailles" étaient marquées par le passage d'un bracelet en cuivre au bras de l'enfant [...] Ces préludes au véritable mariage ont une signification très particulière. En effet, il s'agit en quelque sorte d'une reservation, une promesse publique de mariage. »136

Par ailleurs, chez les Nzebi, « le mariage se concevait par les chefs de famille, pas parmi des familles inconnues, soient connues comme des héros dans le vampire, sorcellerie, l'orgueil, sur le manque de culture de la terre, et dans les prostitutions. Le mariage se faisait par deux clans, et deux tribus opposées. Le père était le premier à choisir la femme de son fils dans une famille qu'il connaissait bien, la sollicitation d'une épouse pour son fils pouvait se faire depuis la grossesse si celle-ci mettait au monde une fille. La demande de la main de celleci se faisait devant une grand-mère maternelle ou paternelle. »137

Toujours dans la formation sociale Nzebi, « au plan psychologique, la célébration d'un mariage nécessite une connaissance réciproque des deux familles, une connaissance des antecedents genealogique et des differents groupes de filiation des deux familles. Ainsi une verification prealable du clan, ibanda, du pretendant et de son clan paternel, itèyi, etait necessaire car si : le pretendant etait du même clan que le père de la fiancee, il est alors son frère et par consequent le père de la fiancee ; dans ce cas, le mariage demeura impossible. [...] De même que le clan maternel. »138

134 Louis ROUSSEL, Le mariage dans la société contemporaine. Faits de population, données d'opinion. Préface d'Alain GIRARD, Paris, Puf, (coll. « Travaux et documents »), cahier n°73, 1975, p.206.

135 Anges F. RATANGA-ATOZ, opcit., p.485.

136 Anges F. RATANGA-ATOZ, ibid, p.486.

137 Propos de monsieur Joseph Francis MAYOMBO NZENGUE ; 53 ans, Nzébi de Lébamba ; technicien de recherches en botanique, marié à la coutume et à l'état-civil. Il est pqre de 9 enfants. Lieu de l'entretien : Arboretum de Sibang le 14 septembre 2008.

138 Florence BIKOMA, opcit, pp.90-91.

On peut se rendre compte que dans ces deux societes lignagères, on pouvait choisir sa femme dans le ventre ou la reserver pour son fils.

Une première remarque s'impose sur le fait que le choix du conjoint ou la recherche de l'épouse était une affaire des parents. En ce sens, Justine ELO MINTSA et Gregory NGBWA MINTSA, à travers leur ouvrage139, presente trois types de mariages : le mariage arrange, le mariage choisi et le rapt ; nous scrutons le mariage arrange. En effet, « autrefois, les mariages etaient, le plus souvent, arranges. Ce type de mariage n'était l'affaire de deux êtres qui s'aiment. Il liait avant tout, des familles, des clans. On pourrait meme dire que l'organisation du mariage impliquait plus les parents que le futur couple. Généralement ce mariage s'effectuait sur la base de bonnes relations existant entre deux individus.»140

Louis ROUSSEL pense, pour sa part, qu'« au modèle du mariage traditionnel "arrange" par les familles, on oppose le mariage contemporain oil les jeunes gens, sans aucune pression extérieure se rencontrent, s'aiment et se marient. »141 De plus, les exemples les plus significatifs sont ceux des peuples du Sud dits "sudistes" et des Fang ; en ce sens que « chez les Fang (peuples du Nord et du Littoral-Ogooue) la recherche de l'épouse était strictement une affaire des parents. La famille du garçon s'accordait avec celle de la fille pour de futures "epousailles". »142

De même chez les Akele, le mariage etait aussi une affaire des parents ; comme nous le rapporte madame Helène YAYE143 : « J'ai été mariée au neveu de mon père car sa femme ne faisait pas d'enfants. Son neveu était venu demander à mon père, son oncle, de lui donner une de ses filles, la dernière, donc moi. Etant donné qu'il n'avait pas d'enfants, mon père ma donné en mariage à ce dernier en lui disant de bien me garder parce que je suis sa

139 Justine ELO MINTSA et Grégory NGBWA MINTSA, Protocole du mariage coutumier au Gabon, Libreville, Polypress, 2003, 91 p.

140 Justine ELO MINTSA et Grégory NGBWA MINTSA, Protocole du mariage coutumier au Gabon, ibid., p.18.

141

Louis ROUSSEL, Le mariage dans la société contemporaine, op.cit, p.204.

142 Anges F. RATANGA-ATOZ, op.cit., p.487.

143 Entretien avec madame Hél~ne YAYE, ~gée de 58 ans, d'ethnie Akélé de Mouila. C'est l'une de nos enquêtées que nous avons rencontrée au village artisanal de la "Pierre de Mbigou" au quartier Alibandengue de Libreville ce 5 septembre 2008.

petite soeur. Je faisais une semaine chez mes parents, une semaine chez lui, pour mieux le connaître, ce qu'il aime et ce qu'il n'aime pas jusqu'au jour où il a amené la dot ; c'est-à-dire deux cabris. Et je lui ai fais des enfants, qui n'appartenaient pas à sa première épouse, mais à moi et à mon mari. Je me suis mariée en 1960. Lorsque les parents te donnaient un mari, tu ne pouvais pas dire non devant eux sinon on pouvait te maudire, ne plus faire des enfants, voire même te tuer car c'était un déshonneur pour eux. Si tu ne voulais pas du gars, tu fuyais très loin, tu allais dans un autre village de peur qu'on te tue. Et tu ne devais revenir chez tes parents que si tu trouvais un autre mari et ce n'était pas du coup, après plusieurs années.»144

Ces exemples, en ce qui concerne la recherche de l'épouse ou le choix du conjoint, nous permettent de nous rendre compte que « selon l'ancien ordre social, les relations entre un homme et une femme se réglaient toujours par l'intermédiaire des groupes au sein desquels chacun d'eux s'inscrivait. Il n'existait guère cette rencontre directe à laquelle poussent les inclinations et les affinités physiques-ces "appétits" qui, selon l'expression de MONTAIGNE, "tiennent au corps et à l'âme".»145

Ainsi, la recherche de l'épouse qui entérinait l'institution du mariage chez les Myènè par exemple ; attestait bien que « l'homme qui voulait prendre une femme pour épouse, après s'être entendu tous les deux, soumettait alors la question à son oncle maternel surtout, et exceptionnellement à son père, si celui-ci vivait encore avec sa mère. L'oncle ou le cas échéant le père du fiancé partait avec les deux amoureux chez les parents de la future pour leur dire : ces deux personnes s'aiment, ils veulent se marier. Si les parents de la femme acceptent la proposition, le prétendant liait alors un bracelet de ficelle autour du bras droit de sa promise. C'est ce qui donnait des prérogatives à toute rivalité éventuelle.»146

Le Pasteur OGOULA-M'BEYE poursuit : « lorsqu'une personne avait porté son choix et marqué d'un bracelet de ficelle le bras droit d'une femme voire d'une fillette, cet homme entérinait son acte de mariage en aidant ses beaux-parents dans

144 Propos de madame Hél~ne YAYE, kgée de 58 ans, d'ethnie Akélé de Mouila.

145 Georges BALANDIER, Afrique ambiguë, Paris, Plon, (coll. « Terre Humaine »), 1957, p.38.

146 Pasteur OGOULA-M'BEYE, Galwa ou Edongo d'antan, op.cit., p.84.

leurs divers travaux, en leur procurant éventuellement de la viande et le cas échéant, en exécutant leurs diverses commissions.»147

A ce niveau, Nicolas METEGUE N'NAH pense que le << nouage du bracelet autour du bras de la jeune fille n'était que le symbole de l'union dont l'élément fondamental, à ce stade de l'évolution du régime matrimonial chez les Ngwèmyènè, était les services rendus par le gendre à sa belle-famille.»148 Nous retiendrons que le nouage du bracelet autour du bras de la jeune fille n'était que le symbole de l'union mais la femme continuait à habiter chez ses parents. En définitive, cela conduira les Myènè à institutionnaliser la dot ; qui viendra établir la légitimer et la légalité de l'union. Car, avec la dot, « le mari eut le droit d'emmener son épouse chez lui.»149

En fin de compte, que se soit chez les Fang, les Myènè, les Akélé, les Nzébi ou tout autre ethnie du Gabon, nous partageons le point de vue de RATANGA-ATOZ selon lequel << la société traditionnelle tenait peu compte de la liberté de choix des enfants »150 et donc, que le choix du conjoint à l'origine, revenait exclusivement à la famille. La future épouse était toujours choisie dans une famille amie ou connue et de bonne réputation.

147 Ibid., p.84.

148 Nicolas METEGUE N'NAH, Lumière sur points d'ombre, op.cit., p.44.

149 Nicolas METEGUE N'NAH, Lumière sur points d'ombre, ibid., p.44.

150 Anges F. RATANGA-ATOZ, op.cit., p.487.

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