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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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Section 2 : Echanges relationnels entre la bru et la bellefamille.

Cette section s'attellera à nous présenter la nature des relations qui ont existé entre la bru et la belle-famille au Gabon, en période précoloniale. Car << face au réel, ce qu'on croît savoir offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la science, c'est simplement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé. »151 Aussi verrons-nous d'abord, les devoirs de la bru vis-à-vis de la belle-famille puis les rapports conflictuels ou rapports de force existants susceptibles d'y surgir.

1. Les devoirs de la bru vis-à-vis de la belle-famille.

<< La bonne épouse était avant tout la "bonne paysanne", dure à la peine et préparée à accepter la condition qui lui était offerte. N'ayant jamais connu "autre chose", les filles des hameaux voisins et de toute la zone des collines étaient plus disposées à s'accommoder de l'existence qui leur était promise par le mariage ; nées et élevées dans une aire relativement fermée aux influences extérieures, elles avaient

moins de chance aussi de juger leurs partenaires éventuels selon des critères hétérodoxes.»152

Il faut d'abord rappeler que la jeune fille était mariée très jeune pour s'adapter aux conditions de vie de la belle-famille ; on l'éduquait rien que pour les travaux champêtre et ménager, pour puiser de l'eau et surtout pour être soumise. Elle avait ainsi, avant l'âge de la consommation du mariage, la possibilité d'aller séjourner auprès des parents de son mari et d'apprendre, au contact des femmes qui connaissaient, les goûts et les habitudes de ce dernier ; ce qu'elle devait faire ou éviter pour vivre en bonne intelligence avec lui.

Selon Justine ELO MINTSA et Grégory NGBWA MINTSA, il faut restituer d'abord le contexte du mariage arrangé où l'école, les boites de nuit, les cinémas, les bureaux, ou autre lieu de rencontre facilitant les contacts, n'existaient pas. « Dans ce contexte, il existait un consensus sur le rôle d'un mari et celui d'une femme. Ces valeurs étaient inculquées depuis la tendre enfance. Le système marchait fort bien : les garçons étaient élevés pour être de bons époux et de bons pères, avec toutes les contraintes et les devoirs que cela impliquait, tandis que les filles étaient conditionnées pour être de bonnes épouses et de bonnes mères.»153

Nous savons aussi maintenant que la grande famille africaine a une tendance à vivre dans les capitales africaines avec tous les corollaires que cela peut comporter. Ce combat d'arrière-garde, est illustré par exemple par « Hadja Oumou Coulibaly, une octogénaire. Mère de 7 garçons aujourd'hui tous mariés, nous fait sa confidence. "Quand mon mari est parti à l'exode, je suis restée au service de mes beaux-parents pendant 19 ans. Je n'ai jamais rechigné aux tâches ni aux invectives quotidiennes. Pires, les autres frères et soeurs de mon mari m'en imposaient tous. Mais j'ai supporté tout ça, parce qu'il est dit qu'une femme soumise est toujours récompensée de son

152Pierre Bourdieu, Le bal des célibataires. Crise de la société paysanne en Béarn, Paris, édition du Seuil, (coll. « Point s»), 2002, p.232.

153 Justine ELO MINTSA et Grégory NGBWA MINTSA, Protocole du mariage coutumier au Gabon, Libreville, Polypress, 2003, p.18.

dévouement.»154 Cet exemple nous permet de voir comment une belle-fille se comportait vis-à-vis de sa belle famille et les devoirs auxquels elle devait s'y astreindre.

L'exemple de notre enquêtée madame Hélène YAYE confirme nos dires selon lesquels elle fut en mariage très jeune : « je suis allée en mariage à 10 ans chez le neveu de mon père, car sa femme ne faisait pas d'enfants. Je faisais une semaine chez moi, une autre chez lui, pour connaître ce que mon futur mari aimait. Ce que je raconte, c'est aussi la même histoire pour ma maman ; qui est morte en 1968. »155

Par ailleurs, on doit noter que qu'à cette époque, on ne choisissait pas n'importe quelle femme, on voyait d'abord le comportement de la jeune fille, c'est-àdire la politesse, le fait qu'elle soit travailleuse. Elle était envoyée très tôt en mariage parce que les parents voulaient manger vite la dot. Mais c'était aussi dans le but de lui faire inculquer une éducation propre à sa belle-famille et dont l'objectif de faire d'elle une femme soumise, travailleuse et respectueuse de la hiérarchie familiale et conjugale. Puisqu'on ne naît pas femme, on apprend à le devenir grâce à la socialisation. Et ses rapports étaient basés sur la dépendance de cette dernière envers son mari et sa belle-famille.

Nonobstant les problèmes rencontrés dans le couple ou avec la belle-famille, la femme ne pouvait répondre à sa belle-famille ou quitter le domicile conjugal. Elle était contrainte d'y demeurer et d'être soumise. La belle-fille était malgré tout considérée comme une enfant par sa belle-mère et son beau-père. La belle-mère devenait une seconde mère et était une conseillère pour la bru. Cette dernière travaillait la plupart du temps pour son mari car « dans le système traditionnel, les femmes sont habituellement soumises à leur mari, à la fois socialement et

154 « Des échanges relationnels conflictuels » par Dalila SOLTANI in Le mague-journal de culture-société- people-Décryptage Télé, tiré de www.lemague.net/ dyn/spip.php., p.6.

155 Propos de madame Hélène YAYE.

économiquement >>156 , pour ses enfants, et savait satisfaire les besoins des membres de la famille. Elle devait également montrer son efficacité à la belle-famille ; c'est à ce moment là que les belles-soeurs en profitaient pour ne rien faire.

Puisqu'à tout moment n'importe quel parent du mari pouvait venir lui demander à manger, parfois l'envoyer chercher de l'eau, lui faire balayer la chambre, laver le linge sans qu'elle ne refuse parce qu'il fallait qu'elle montre son image de femme travailleuse. Madame YAYE poursuit encore : <c la plupart du temps se sont les belles-soeurs ; les beaux-frères qui vous embêtent. On ne devait pas refuser. Par exemple, on te dit d'aller puiser de l'eau, ou essayait même la fille pour voir si elle avait reçu une bonne éducation en mettant les arachides dans la calebasse. Si elle mange, on dit qu'elle n'est pas une bonne femme ; quand tu ramènes on dit que t'es une fille. Même si la belle-soeur te parle mal, tu ne dois pas rendre. Aujourd'hui, les beaux-frères pouvaient dire qu'on veut manger les feuilles de manioc, tu te devais de les préparer.>>157

Ce qu'il faut garder à l'esprit c'est que <c la fille doit embrasser la famille du mari ; du mari à la tante (soeurs, frères, père, mère)>>158 dans la mesure où « le mariage est ainsi, essentiellement, une union entre deux familles plutôt une union entre deux individus. >>159 Ou encore comme l'écrit le Pasteur OGOULA M'BEYE, par le mariage, il ne s'agit pas de faire des palabres plutôt constituer une nouvelle famille où l'harmonie et le respect doivent prévaloir de part et d'autre. Point de vue que nous partageons aussi.

Même nos enquêtées ont mis en évidence ces rapports de soumissions auxquels elles étaient contraintes car « à notre époque, mes parents m'ont appris que je devais respecter ma belle-famille, être travailleuse et avoir un bon comportement pour que je sois bien gardée.>>160 Bref, la bru était obligée d'être soumise surtout si l'homme est

156 Aderanti ADEPOJU et al, La famille africaine. Politiques démographiques et développement. Préface de Lamine NDIAYE, Paris, Karthala, (coll. « Questions d'enfances »), 1999, pp.85-86.

157 Propos de madame Hélène YAYE.

158 Propos de monsieur Joseph Francis MAYOMBO NZENGUE.

159Aderanti ADEPOJU et al, La famille africaine. Politiques démographiques et développement, op.cit., p.110.

160 Propos de madame E.T., 63 ans, Fang, retraitée, 7 enfants, à la fois bru et belle-mqre. Entretien qu'elle nous a accordé en juin 2008 à son domicile sis à l'Ancienne Sobraga.

toujours dans les mamelles de sa mère, tant qu'elle vit dans la maison de la bellefamille, elle était contrainte de s'occuper de sa belle-famille.

En définitive, s'il n'ya pas soumission ni respect de la bru envers sa bellefamille, cette situation peut constituer une des prémices aux éventuels rapports conflictuels entre cette dernière et sa belle-famille.

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