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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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2. Le choix du conjoint : affaire individuelle.

Le lien socialement reconnu (mariage, concubinage) qui unit les conjoints est appelé "alliance" et avec l'irruption des nouvelles valeurs telles l'école, le salariat, le choix du conjoint, autrefois affaire des parents, est a priori devenu une "affaire individuelle" ; donc concernant les futurs mariés d'abord. En effet, « au modèle du mariage traditionnel, "arrangé par les familles", on oppose le mariage contemporain oil les jeunes gens, sans aucune pression extérieure, se rencontrent, s'aiment et se marient. »192 Cela ne veut pas dire que les parents ou la famille n'a plus d'avis à donner, il s'agit juste de dire que cet avis est toujours présent, surtout lors de la célébration du mariage à la coutume par exemple, seulement il est relayé au second plan a priori.

Certainement que l'école, l'Eglise, le travail rémunéré, etc., y sont pour beaucoup dans cette nouvelle configuration du choix du conjoint, et partant, du mariage. Il va s'en dire que « l'effacement des parents dans le choix du conjoint de leurs enfants paraît clairement perçu par l'ensemble de la population [...] D'une manière générale, le mariage arrangé apparaît comme relevant des usages d'une autre génération.»193

Plus important encore et toujours pour partager le point de vue de Louis ROUSSEL, a priori, « la liberté "d'élire" son conjoint apparaît comme un droit

191 Aderanti ADEPOJU et al, La famille africaine. Politiques démographiques et développement, op.cit., p.14.

192 Louis ROUSSEL, Le mariage dans la société contemporaine. Faits de population, données d'opinion Préface d'Alain GIRARD, ibid., p.204.

193 Louis ROUSSEL, Le mariage dans la société contemporaine. Faits de population, données d'opinion Préface d'Alain GIRARD, ibid., p.205.

imprescriptible et l'idée qu'une contrainte puisse exister sur ce point paraît proprement scandaleux.»194

A ce titre, le Pasteur OGOULA-M'BEYE ajoute qu'antérieurement au mariage et dans le choix du conjoint, « quand on s'aimait, on s'unissait sans aucune consultation préalable des parents et c'est ce qui était caution à palabre et à désordre. Les parents ne pouvaient pas en l'occurrence intervenir. Dès lors qu'une personne était venue à eux, devant témoins pour demander publiquement mariage avec leur fille afin de fonder une famille et par conséquent, créer un village, les parents de la fiancée acceptèrent le principe envisagé.»195

Cette illustration du Pasteur OGOULA-M'BEYE nous invite seulement à comprendre que même si dans cette société traditionnelle, le choix du conjoint est du ressort exclusif de la famille, il y avait tout de même des exceptions ou des faits accomplis qui attestaient un tout petit peu de poches de résistance devant le monopôle des parents.

A cet effet, en nous référant à nos divers entretiens196, il ressort que le choix du conjoint n'est plus une affaire où les parents sont impliqués en premier, particulièrement dans le choix de la bru, c'est plutôt devenu un choix libre, qui engage d'abord les enfants eux-mêmes. Considérons par exemple le cas de madame A.M.S. A la question de savoir qui a choisi votre belle-fille, elle nous a répondu en disant que c'est son fils « lui-même, il a amené sa copine chez moi. »197 Ou encore le cas de madame E.T, à qui la même question lui a été posée, et pour qui c'est aussi son fils « lui-même. Nous avons seulement fait les présentations qui étaient comme le mariage »198 nous a-t-elle confié. Pour madame M.D ; selon elle, se sont ses 3 fils « qui sont venus eux-mêmes nous présentés leurs femmes. On a accepté. »199

194 Ibid., p.204.

195 Pasteur OGOULA-M'BEYE, op.cit., p.86.

196 Entretiens obtenus avec des brus et des belles-mères.

197 Propos de madame A.M.S, mariée à la fois à la coutume et à l'état-civil, âgée de 63 ans, Fang( Estuaire), institutrice retraitée, avec 8 enfants.

198 Propos de madame E.T, âgée de 63 ans, Fang, retraitée, avec 7 enfants.

199 Propos de madame M.D, 78 ans, Massango, sans profession, veuve avec 8 enfants dont 3 belles-filles.

Ce qu'il faut retenir ici c'est que ces trois exemples confirment le fait que le choix du conjoint est bien devenu une affaire individuelle, surtout dans une formation sociale gabonaise en proie à des mutations découlant de la décolonisation et de ses nouvelles valeurs.

En fin de compte, ce qu'il faut retenir ici c'est que « les jeunes sont donc libres du choix de leur conjoint, en ce sens au moins qu'ils savent désormais que leurs parents n'interviendront généralement qu'avec prudence : le souci de respecter le choix personnel de leur enfant et aussi parfois la conscience qu'une opposition résolue n'aurait d'autre conséquence qu'une brouille temporaire avec le jeune ménage. »200 Nous partageons ce point de vue de Louis ROUSSEL.

De même qu'en filigrane, même si avec la société traditionnelle l'on peut reconnaître et admettre aux parents le droit et pourquoi pas le devoir de choisir un conjoint pour leurs enfants, avec la colonisation et ses nouvelles valeurs (l'école et la scolarisation des jeunes filles par exemple), « les jeunes gens choisissent eux-mêmes leurs conjoint, le rôle des parents se limitant à émettre un avis consultatif sur la personne qui leur est présentée et à légaliser l'union. On peut d'ailleurs penser que l'autonomie de la femme dans le choix du conjoint est en progrès dans les sociétés où elle n'était pas traditionnellement établie, principalement sous l'effet de la scolarisation.»201

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