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L'expression de la Liberté dans "sous le jasmin la nuit " de Maà¯ssa Bey

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par Abdelkader Belkhiter
Université de Saida Algérie - Magister 2009
  

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Pourquoi la liberté ?

La liberté, par définition est la possibilité d'agir, de penser, de s'exprimer selon ses propres choix. Elle est l'Attitude de quelqu'un qui n'est pas dominé par la peur, la gêne, les préjugés1(*).

En philosophie, la liberté d'opinion, d'expression, de pensée (ou de penser) est le droit d'exprimer librement ses pensées, ses opinions et de les publier. Elle est aussi l'état de l'homme qui se gouverne selon sa raison, en l'absence de tout déterminisme.

La question de la liberté peut être considérée comme une question métaphysique par excellence dans la mesure où elle concerne le statut de l'être humain au sein de la nature.

La liberté qualifie en effet la relation de l'être humain en tant qu'agent, et du monde physique, relation notamment considérée dans son rapport à un déterminisme supposé ou réel. Cette question concerne donc particulièrement l'immanence et la transcendance de la volonté humaine par rapport au monde. Elle s'oppose en général au déterminisme, au fatalisme et à toute doctrine qui soutient la thèse de la nécessité du devenir.

Il convient de signaler que l'écriture de Maïssa Bey est marquée par une sorte de quête ontologique. Elle s'intéresse à l'être en tant qu'être, elle le défend. Là, la femme est le centre d'intérêt de l'écrivaine. Ainsi, nous serons amenés, en empruntant à l'analyse sémiologique certains de ses instruments, à interroger les territoires où se manifeste la liberté liée aux différentes formes de violences marquant ce recueil de nouvelles. La liberté et la violence, investirent presque tous les récits qui, comme des « tranches de durée » manifestes caractérisent les différentes formations discursives fonctionnant d'ailleurs comme autant de «tâches » et de « lieux éclatés » concourants à la mise en oeuvre du discours romanesque. Aussi, serons-nous obligés de questionner les espaces médiateurs mettant en oeuvre le passage d'une instance tirée de l'actualité au jeu de la fiction.

Maïssa Bey essaye de construire un univers romanesque marqué par une certaine dualité au niveau du jeu des personnages et des instances spatio-temporelles. C'est pour cette raison que nous verrons comment s'organise cette structuration binaire qui fait du lieu l'espace paradoxal d'une présence double et du personnage une entité à double face. C'est à travers le jeu de la parole que se construit le discours romanesque.

La rupture :

L'écriture de la liberté

Maïssa Bey se révolte contre la société et tout ce qui est tabous. Elle cherche, à travers le parcours des personnages, les jeux singuliers des instances spatiotemporelles et le mouvement narratif marqué par de fréquentes coupures et de ruptures, à peindre un univers singulièrement fragmenté et traversé par des plages de violence paroxystique. Elle met en scène des personnages représentant différents espaces sociaux, des hommes instruits, des femmes torturées, trompées et violées, des comédiennes, des intégristes... . Le langage de la violence et de la liberté traverse presque toute la représentation. Les relations entre les êtres sont teintées tantôt d'une violence sourde, tantôt d'une violence déclarée, ce qui les pousse à chercher leur liberté.

Maïssa Bey vit, comme femme et comme écrivaine, une situation de péril quotidien la violence est particulièrement prégnante dans cet univers :

« Aujourd'hui, écrire, parler, dire simplement ce que nous vivons, n'est plus une condition nécessaire et suffisante pour être menacée (...) Combien d'hommes, de femmes et d'enfants continuent d'être massacrés dans des conditions horribles, alors qu'ils se pensaient à l'abri, n'ayant jamais songé à déclarer publiquement leur rejet de l'intégrisme ? Il est certain qu'en écrivant, en rompant le silence, en essayant de braver la terreur érigée en système, je me place au premier rang dans la catégorie des personnes à éliminer»2(*)

L'écriture pour Maïssa Bey est un outil de combat pour briser le silence. Elle peint le quotidien du peuple algérien, ses souffrances, ses angoisses malgré qu'elle est menacée tantôt par les intégristes, tantôt par l'Etat.

Elle refuse de se laisser enfermer dans la vieille distinction réalité/irréalité. Elle utilise un langage courant qui sert à la communication quotidienne comme le dit Jean- Pierre Goldenstein : « Les néo-romanciers refusent de se laisser enfermer dans

la vieille distinction réalité/ irréalité»3(*) . C'est-à-dire refuser la norme et ses intentions. Ils assument avec courage et talent ce qui leur incombe : L'éveil des consciences quelles que soient les voies choisies. Ils font de la fiction et de l'art. Ils mettent en forme l'illusion constructive. Pour peindre la vie il faut d'abord la rêver.

Ces nouveaux romanciers introduisent dans leurs oeuvres des questionnements permanents qui mettent en relation le narrateur ou le personnage aux événements de l'histoire racontée, aux autres personnages et au narrataire. Cette littérature du questionnement prouve bien que raconter une histoire n'est jamais une affaire de certitude paisible, que le texte n'a pas la prétention de refléter un réel en lui même insaisissable, fuyant et souvent problématique. En transcendant le réel à travers une libération du mot qui varie et joue avec les formes du mythe, du fantastique, le texte ne cesse de s'écrire dans les fractures et de multiplier le sens. C'est cette stratégie du questionnement, de l'information douteuse, de cette « ère du soupçon » qui se déploie dans l'oeuvre de l'auteur ; c'est de même une « utopie du langage »4(*) qui montre bien que l'on ne peut point dire et tout écrire, dans un cadre figé et précis, ce que l'on croit être le réel, tout le réel. Le texte romanesque moderne n'assume plus une fonction essentiellement de communication ; l'écriture est une composante complexe qui se construit à partir du langage qui s'empare de tout, du réel comme de l'irréel, de l'intelligible comme de l'inintelligible, du concret comme de l'abstrait, du sérieux comme du fantaisiste, du rationnel comme de l'irrationnel, de la vérité comme du mensonge. La pensée moderne est hétéroclite et le texte romanesque se fait donc dans la fragmentation qui témoigne de la non connaissance absolue des choses :

« Le texte est une galaxie de signifiants, non une structure de signifiés ; il n'y a pas de commencement ; il est réversible ;on y accède par plusieurs entrées dont aucune ne peut-être à coup sûr déclarée principale ; les codes qu'il mobilisent se profilent à perte de vue, ils sont indécidables. »5(*)

Les personnages non seulement racontent leur récit de vie, mais ce qu'ils vivent est source de réflexion et de questions.

Par des textes de fiction-témoignage, inévitable dans ces années de cendres et de sang, Maïssa Bey décrit avec force et précisions les gens, leurs sentiments, leur quotidien. Elle conte aussi le dur quotidien des femmes dans une société déchirée par les tabous.

Dès ses premières oeuvres, Maïssa Bey s'est manifesté à travers sa voix du refus, à travers une rupture opérée continuellement dans son écriture. Ses derniers romans « Surtout ne te retourne pas », « Cette fille-là » , « Sous le jasmin la nuit » s'inscrivent dans ce genre d'écriture : il s'agit d'une écriture de la rupture et de la dissidence qui aboutit à une remise en question de la source de l'écriture qui s'efface au profit de diverses voix de femmes qui incarnent en elles toutes les figures de femmes héroïnes de l'Algérie colonisée ou de l'Algérie actuelle. Femmes combattantes pour leur liberté et oubliées aussitôt l'indépendance acquise, et femmes persécutées par le fanatisme des détenteurs d'une prétendue tradition islamique.

* 1 - Le petit Larousse illustré.2007.

* 2 - http://www.lesfrancophonies.com/maison-des-auteurs/bey-maissa

* 3 - Jean-Pierre Goldenstein, lire le roman. Page 24 In http://books.google.fr/books?

* 4 - R .Barthes, le degré zéro de l'écriture, suivi de nouveaux essais critiques, éd. Du Seuil, coll. Points, 1972.p.62

* 5- R. Barthes cité par Bendjelid Faouzia, L'écriture de la rupture dans l'oeuvre romanesque de Rachid Mimouni, Thèse de doctorat, Université D'Oran, 2006, p.164

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