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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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Première partie : Les métaphores de la maladie du Sida dans les
espaces hétérotopiques de la médecine traditionnelle indigène et
populaire à Libreville

Introduction de la première partie

47

Emile DURKHEIM avait raison. « Les idées que nous nous faisons nous tiennent à coeur, [...], et prennent ainsi une telle autorité qu'elles ne supportent pas la contradiction144». Nous sommes petit fils de traditionnaliste et les idées que nous nous faisions de la maladie étaient généralement tachées et entachées de subjectivité. Pour ce faire, nous nous sommes aliéné et « laissé posséder par les esprits » des scientifiques. Car il fallait que l'on s'affranchisse des fausses évidences qui dominent l'esprit trivial145. Pourquoi en parler à ce moment de notre propos ? Pour la raison selon laquelle le terrain que nous avons fréquenté pour collecter nos données était particulier. Particulier, car nous le connaissions et que nous y avons était socialisé. Nous avons été socialisé non loin de cet espace hétérotopique de la médecine traditionnelle indigène. Mais à notre grande surprise, certaines choses que nous pensions connaître en fait ne l'était pas ! Cette enquête nous a permis d'en savoir un peu plus sur certaines pratiques effectuées dans notre société au sujet de la maladie

Les métaphores de la maladie nous ont conduites dans divers espaces hétérotopiques de notre société. Notamment les Mbandjas, les églises les bars, les marchés. Nous étions curieux de savoir comment et quels termes utilisaient --ils pour décrire la maladie du Sida. Nous avons des termes qui se distinguent, notamment le Mwiri, le Mbumba, le Mbolou, le Mbumba Iyanô, le Nzatsi, le Kôhng, Sidonie et le syndrome inventé pour décourager les amoureux, la maladie du siècle, la grande maladie, les quatre lettres, maladie du sexe, maladie du sang. Nous nous retrouvons en face de deux grands ensembles qui sont la médecine ésotérique indigène et les métaphores populaires. En ce qui concerne les deux ensembles, nous nous apercevons que les métaphores utilisées restent quelques peu dans le domaine du trivial, du sens commun.

Les espaces hétérotopiques que nous convoquons dans notre second propos sont, les bars, les marchés, les salons de coiffure (homme et dame), les files d'attentes, les transports en commun et les scènes de spectacle. Les représentations que nous décrivons sont au fait des commérages triviaux nommés « Kongossa » ou encore CRIMADOR. Mais, quoique leur trivialité ne souffre d'aucun doute, il n'en demeure pas moins qu'ils sont doués d'une puissance symbolique et imaginative qui affectent, à tort ou à raison, les représentations de la maladie du Sida.

Nous ne sommes donc pas sortis du registre de la discussion autour de la maladie du Sida. Nous quittons tout simplement les eaux troubles de la médecine traditionnelle indigène pour rentrer dans les méandres des métaphores populaires au sujet du Sida. Encore que, les représentations de la médecine traditionnelles sont, à notre sens, propre au fait populaire. C'est donc une zone obscure propre à la « nuit postcoloniale ». Car il s'agit de donner une interprétation de ce que le milieu populaire entend par la maladie du siècle, la grande maladie, les quatre lettres, Sidonie, Syndromes inventé pour décourager les amoureux, maladie du sexe

144 Emile DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, coll « Quadrige », 2002, 11ème édition, p 32.

145 Emile DURKHEIM, Ibid, p 32.

et du sang, le mbolou. Toutes ces métaphores du Sida interviennent dans l'espace et la progression historique du Sida dans la société d'Afrique centrale postcoloniale. Elles ont muté en même temps que le Sida progressait dans le temps. Elles sont parties des plus triviaux vers les plus « raisonnables » (biomédicalement parlant).

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