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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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c) Dieu ou le stupéfiant

Le Sida dans la société gabonaise est une maladie que Dieu décide de donner à qui il veut. Le Sida est une maladie qui fait suite à une volonté divine. Le troisième pilier des métaphores du Sida au Gabon est un rejet ou encore une forme de déni biomédical de la maladie du Sida. Dans les sociétés postcoloniales indigènes, les acteurs ont tendance à déférer leurs droits mais aussi leurs erreurs, sur un ordonnancement qui dicte leur destin. La maladie du Sida est d'abord une maladie individuelle, bien que dans le milieu religieux elle soit reléguée au second plan car étant une maladie de Dieu ou du Diable. En ce sens que, dès que le statut de séropositif est connu, il est directement attribué, délégué à une cause extérieur qui est généralement une puissance supérieure à son entendement. Entre autre, une puissance qui dirige la volonté est dicte le destin. C'est-à-dire que ce qui doit arriver, arrive car l' « Être Suprême » aurait décidé de ce qui arrive. Et c'est sous des variables linguistiques telles que punition divine et de karma, qu'elle s'exprime au Gabon. Nous nous retrouvons dans une vision que nous décrit Michel FOUCAULT, plus précisément quand il énonce la théorie du pouvoir Souverain. Le Souverain est dans un royaume sur lequel il a droit de vie et de mort. La terre, selon les pentecôtistes, est d'une certaine manière le royaume de Dieu sur lequel il a autorité de vie et de mort. Dieu décide de qui doit vivre et de qui doit mourir sur terre. Et il choisit, bien entendue, la façon dont ses sujets doivent mourir. Dieu, nous avons compris, est le Souverain. Celui qui puni à coup de Sida ou de karma.

Nous remarquons alors que ce Dieu auquel ils ont excessivement recourt, est toujours un être invisible, inconnu, que personne ne connaît, un construit idéologique que Karl MARX a décrit comme l'opium du peuple : un «stupéfiant ». C'est donc une omniprésence de l'imaginaire qui s'installe et s'impose dans chaque rapport social et chaque rapport social face à la maladie. Le Sida dans la tradition religieuse (et selon notre enquête) est un mal, une main divine invisible qui vient réguler l'ordre dans les rapports sociaux, les rapports sexuels dépravés. Ainsi dans une forme de régulation, le « Sida divin » est une correction afin que les hommes s'améliorent. Le rapport à la maladie du Sida dans la religion est un rapport entre sujet et Souverain qui décide de vie ou de mort.

Alors, le Sida méme s'il est, en dernier recours, une maladie biomédicale envoyé par le Dieu Souverain, il est d'abord dans cette expérience, une explication théologique, un refus biomédical de la maladie. Cette métaphore de punition divine ou de karma est un déni expressif de la maladie du Sida biomédical. Dieu, le stupéfiant, est un outil pour voyager (tout comme le fait la foi) dans un monde imaginaire, le monde de la grande nuit de la postcolonie. Si au Gabon l'opium n'est pas donné, le cannabis est alors métaphoriquement plus proche de

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nous. Ainsi, dès qu'on a consommé sa dose de « cannabis " injectée par la bible, la société prend une autre forme où tout est idyllique, où tout est clair, c'est-à-dire obscur. Dans les nuages de fumée de stupéfiant, dans ce monde des ombres et de la nuit postcoloniale, le Sida devient une volonté du stupéfiant, du Souverain, de Dieu. Le propre de cette pensée est que cette consommation de stupéfiant se fait dans l'espace hétérotopique des églises qui, encore ici, est symboliquement un lieu de la transgression comme le dit Michel FOUCAULT. Alors, nous comparons le pentecôtisme ou la religion qui prône le karma comme des associations de drogués qui suite à une overdose de stupéfiant, de foi en Dieu, meurt d'une maladie du monde réel qui est le Sida. Ce qui revient à dire que désintoxiquer ces lieux hétérotopiques religieux revient à les faire « sortir de la grande nuit ", des nuages de fumée de l'ombre du cannabis, de la foi de Dieu, c'est-à-dire tout simplement les extirper de l'imaginaire.

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