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La contrebande des marchandises aux entrées routières du territoire douanier de la Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

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par Ladji BAMBA
Université de Cocody - Doctorat en criminologie 2012
  

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I-3-Pertinence scientifique

Les nombreux aspects de la criminalité montrent qu`aujourd`hui, la criminalité économique est un phénomène global et omniprésent, bien que le concept puisse recevoir différentes définitions dans les législations nationales. Jamais elle n`a été aussi fortement organisée et aussi internationale. Il n`y a pas si longtemps, en matière de criminalité économique, la justice était exclusivement une affaire nationale. Désormais, alors que de nombreux pays reconnaissent la négativité de cette criminalité estimée à des pertes énormes, il n`est plus possible de faire cavalier seul. Les nations sont devenues trop vulnérables à cause de la mondialisation de l`économie de marché.

De nombreux facteurs ont une incidence sur l`essor de la criminalité économique et sur les contre-mesures qui sont prises au niveau national ou international. Les technologies révolutionnaires apparues ces dernières années ont, de manière inattendue, facilité l'émergence de réseaux criminels organisés qui opèrent par-delà les frontières pour profiter au maximum des possibilités et minimiser le risque d`être pris ou démantelés. La Commission européenne l`a souligné dans son rapport de mai 1997 sur « Une politique de l`Union dans la lutte contre la corruption ». Dans le même temps, le Marché unique de l`Union Européenne et l`Accord de Schengen qui s`est traduit par l`abolition quasi totale des contrôles aux frontières, ont entraîné une vulnérabilité accrue dans ce domaine.

A l`exception de cette branche d`activités criminelles que l`on peut définir comme la criminalité d'entreprise (« la criminalité dans les activités économiques »), la criminalité organisée (« la criminalité en tant qu`activité économique »), la tendance récente, ne cesse pas d`être

inquiétante. Ce type de criminalité existe dès lors que deux personnes, ou plus, participent conjointement à un projet criminel afin d`obtenir du pouvoir et des profits par le biais d`affaires illégales ou d`activités liées à celles-ci, en recourant à la violence ou à l`intimidation et en influant sur la sphère politique, les médias, l`économie, le gouvernement ou la justice. Fonctionnant pour l`essentiel selon le principe des réseaux, la criminalité organisée est très souple, rapide et n`est, en grande partie, pas limitée par des frontières nationales. Elle exploite pleinement les technologies de pointe. Souvent, elle infiltre les entreprises légitimes dont elle parvient parfois à prendre le contrôle. Elle est grandement aidée en cela par la croissance du « cyberespace » sur lequel les juridictions territoriales n`ont que peu de prise. Les criminels qui agissent de manière organisée sont prêts à tout pour que leurs entreprises réussissent par les tentatives de corruption, par l`intimidation ou le recours à la violence à l`encontre d`agents de la fonction publique ou de personnes travaillant dans le secteur privé.

Les organisations criminelles actuelles ont accumulé une puissance financière considérable, qui leur permet de jongler avec les ressources (les hommes ou l`argent), d`avoir un accès privilégié à l`information, d`infiltrer les cercles de décisions politiques et économiques, de blanchir les bénéfices de leurs activités et de faire en sorte que la justice soit clémente à leur égard. Les crimes étant à l`organisation criminelle ce que les activités licites sont à une société opérant dans le cadre légal, l`expansion et la prolifération de la criminalité organisée pourrait conduire à une situation où l`activité illicite, loin d`être en marge de la société, en constituerait le noyau même. Elle pourrait devenir « un Etat dans l`Etat », ce qui serait néfaste à la prééminence du droit et saperait l`autorité et l`intégrité de l`Etat légitime.

La criminalité économique est une activité organisée de manière rationnelle, à même de produire de la richesse et d`être source de pouvoir tout comme n`importe quelle autre entreprise et souvent plus rapidement que les entreprises normales. Il semblerait que la criminalité économique soit en train de diversifier ses opérations et de se lancer dans une gamme d`activités toujours plus large qui couvre le trafic d`armes et de stupéfiants, la contrebande de produits et le trafic d`êtres humains, le trafic d`influence, les pratiques commerciales frauduleuses, la criminalité informatique, la contrefaçon, le vol, la corruption et, bien entendu, le recyclage de « l`argent sale ». La déréglementation entraînée par la mondialisation de l`économie et des finances a, dans une certaine mesure, facilité la dissimulation de ces activités.

Les crimes économiques transnationaux sont complexes par leur nature, en particulier parce qu`ils sont fréquemment combinés avec des activités licites, ce qui les rend difficiles à repérer et à évaluer. A ce jour, il n`existe aucune méthode systématique permettant de comptabiliser ces crimes au niveau international. Peu de pays les enregistrent de manière séparée dans leurs statistiques officielles. De plus, les données officielles ne couvrent que les crimes découverts qui, selon le pays, ne représentent que la partie émergée de l`iceberg et ne permet donc qu`une estimation partielle de l`importance réelle de la criminalité économique. C`est pourquoi, il est urgent d`élaborer une méthode fiable et uniforme de collecte des données. Certains groupements de pays tels que l`Union européenne, ont considérablement progressé dans la collecte des données relatives à la criminalité organisée.

On s`accorde largement à reconnaître que la contrebande trouve sa source dans des créneaux ou des réseaux illicites d`un type nouveau.

La nature et les caractéristiques de ces réseaux méritent que l`on s`y attarde un peu.

Selon la distinction proposée par ALBANESE3, certains de ces créneaux permettent aux délinquants de se procurer des gains illicites avec des risques relativement bas, d`autres sont créés par les délinquants. Dans certaines catégories, on trouve non seulement la fourniture de biens et services illicites pour lesquels il existe un marché, mais aussi des créneaux nés de l`évolution sociale et technologique.

Dans d`autres catégories par contre, on retrouve la corruption et l`extorsion, à savoir les rackets et les fraudes impliquant des entreprises commerciales légitimes.

Cependant, certaines formes de contrebande rendent cette distinction beaucoup moins nette, voire inutile.

En effet, les organisations criminelles exerçant dans les activités de commerce illicite de marchandises, saisissent les occasions qui se présentent à eux, tout en créant des nouvelles.

Leur modus operandi4 est tel que leurs agissements deviennent de plus en plus interdépendants et protéiformes5. Ainsi, le savoir faire qu`elles acquièrent dans un domaine est utilisé dans de nouveaux marchés, tandis que les réseaux qu`elles instaurent compte les partenaires les plus divers, légitimes ou non.

Elles passent constamment de domaines qui relèvent traditionnellement de la contrebande bien orchestrée et a des domaines qui relèvent de la contrebande des entreprises et des cols blancs.

3 J. ALBANESE, `' the causes of organized crime» [communication présentée à la conférence internationale sur la criminalité organisée Université de LAUSANNE, 6-8 octobre 1999]

4 Modus Operandi, `'transaction qui met les contrebandiers en accord sur le mode d'opération à utiliser ou d'activités illicites à utiliser dans le domaine de la contrebande.

5 Protéiformes, `'qui change fréquemment de forme. Petit LARROUSSE, 1983

La contrebande prend parfois l`apparence de la criminalité des entreprises; c`est le cas, par exemple, des sociétés légitimes versant des pots de vin à des représentants officiels étrangers afin de faciliter la commercialisation de leurs marchandises dans des pays ou elles sont bannies. Il faudrait insister davantage sur le fait que la contrebande couvre un ensemble de conduites criminelles, ce qui la rend d`autant plus préoccupante.

On pense généralement que la contrebande des entreprises et des criminels à col blanc rencontre plus d`indulgence, sur le plan social comme sur le plan pénal, que la criminalité de d`autres types.

Du fait que ces types de comportements criminels sont liés, la tolérance relative dont jouissent habituellement les criminels à col blanc risque de s`étendre aux membres de groupes criminels actifs de la contrebande.

Ainsi pensons nous que des recherches plus poussées sur les causes des divers types de criminalité contrebandière s`imposent.

Il faudrait aussi étudier davantage les effets des mesures dissuasives punitives et réparatrices ainsi que le rôle des services de répression.

Peu nombreux sont les travaux de recherches empiriques disponibles, et les études existantes portent essentiellement sur les répercussions de la contrebande au niveau national et local.

Cependant, l`ONU entend combler cette lacune à travers ses études mondiales sur la contrebande. Cette criminalité ne doit pas être assimilée exclusivement aux activités illégales d`organisation comme les mafias et les groupes de cartels à travers le monde, ils ne sont pas les seuls. De même, il ne faut pas se polariser uniquement sur des activités contrebandières classiques comme le trafic de drogue, la traite des êtres humains, le trafic de marchandises volées et le blanchiment de produits illégaux.

Il se peut fort bien que la contrebande aille au-delà de ces activités classiques et revête des caractéristiques plus complexes.

Elle peut par exemple recouper la déviance d`entreprise, et parfois des pouvoirs publics. Tel est le cas lorsque des biens produits légalement sont commercialisés illégalement. Exemple, la contrebande de matières nucléaires, d`armes, de produits pharmaceutiques, des tableaux, d`alcools, de vivres etc. Tel est le cas également lorsque des biens produits dans un pays sont commercialisés illégalement dans un pays où ils sont officiellement interdits, avec la complicité de politiciens corrompus. La contrebande englobe les fraudes fiscales, la contrefaçon, l`escroquerie vis-à-vis d`institutions financières, la concurrence déloyale sur les marchés, l`espionnage industriel, l`importation et exportation de plantes et d`animaux protégés, le trafic d`uvres d`art et le rejet illégal de déchets industriels toxiques.

Elle recouvre aussi, outre les activités illégales de groupes ou d`organisation terroristes, la violation des sanctions et embargos imposés à des pays par la communauté internationale et l`agression perpétrée contre des pays sous forme de guerre et génocide.

Les activités contrebandières s`accompagnent pour la plupart des faits illégaux comme la corruption des fonctionnaires, qui facilite la perpétration d`une infraction et sa dissimulation, et le blanchiment de capitaux à travers des institutions bancaires ou des organismes extraterritoriaux.

Enfin, le fait que les membres d`un groupe criminel organisé transnational soient, au besoin, au nom de leurs intérêts, prêts à recourir à la violence et en mesure de le faire, suscite fortes préoccupations d`ordre économique, juridique, policier, et surtout social.

Les études réalisées offrent des centaines de monographies à propos desquelles il faut cependant se montrer extrêmement prudent, pour au moins deux raisons. En premier lieu, le choix de la zone étudiée n'est pas neutre car il dépend d'une connaissance a priori de l'observateur sur ce qu'il souhaite découvrir en s'immisçant dans un espace géographique donné. Par exemple, l'étude des ateliers clandestins de confection dans le quartier du Sentier à Paris ou dans la via TIBURTINA à Rome ne permet pas d'inférer une quantification de la filière textile souterraine en France ou en Italie. Une simple extrapolation surestimerait manifestement les résultats. En second lieu, prendre des statistiques tirées des redressements fiscaux ou sociaux comme indicateurs de la fraude fiscale ou sociale conduit aussi à en surestimer l'ampleur.

En effet, les services compétents ne tirent pas au hasard une personne ou une entreprise à contrôler, ils procèdent selon des méthodes propres à leur profession qui leur permet d'opérer des vérifications à partir d'échantillons plus biaisés que représentatifs.

L'économie souterraine étant tout sauf homogène, il convient également d'évoquer les méthodes retenues pour mesurer tel ou tel de ses aspects. Sans être exhaustifs, les enquêtes sur les dépenses des ménages, sur la main-d'~uvre, sur les revenus, sur l'emploi du temps des ménages et même les sondages d'opinion peuvent contenir des questions destinées à déceler ou à quantifier les activités souterraines.

S'agissant de la production, de la distribution ou de la consommation de stupéfiants ou de marchandises de contrebande, il n'y a pas de données provenant d'observations directes. Les estimations se basent sur les données fournies par la police, la gendarmerie nationale ou la douane à partir des saisies effectuées et sur une estimation du nombre de personnes appréhendées, émanant des services de ces institutions. On parvient ainsi à estimer une consommation nationale de produits de

contrebande en volume, qu'il faut ensuite transformer en valeur à partir d'une estimation du prix, lequel fluctue au rythme de l'offre, de la demande et surtout en fonction des taux de saisies. Le calcul du chiffre d'affaires de la drogue et des marchandises de contrebande doit ensuite être comparé avec le calcul du prix d'achat des matières premières pour en déduire une valeur ajoutée. Cette valeur varie d'un pays à un autre, avec une grande diversité de cas: il existe des pays producteurs qui exportent de la drogue ou les marchandises de contrebande; des pays importateurs qui doivent puiser dans d'autres ressources pour se procurer des stupéfiants ou des marchandises illicites; des pays à la fois exportateurs et importateurs du même produit et des articles qui pratiquent du négoce international; et même des cas, dans un pays donné, de commerce intra branche de stupéfiants et de marchandises de contrebande (importations et exportations de produits de qualités différentes).

Les calculs sont compliqués par le fait que les revenus générés par les opérations illégales en général, et par le trafic de marchandises de contrebande en particulier, font souvent l'objet d'un blanchiment pour ensuite être réinjectés dans le circuit légal à des fins de consommation ou d'épargne. Notons en outre que la somme des parties n'est pas égale au tout. Si l'on additionne la fraude fiscale, le travail au noir, la corruption, les vols et le trafic de stupéfiants, on n'obtient pas l'économie souterraine, car en procédant à cette addition, on comptabilise plusieurs fois la même grandeur. Cette observation justifie, si besoin est, l'intérêt d'avoir désormais des définitions homogènes pour toutes les composantes de l'économie cachée.

En ce qui concerne les causes de l'économie souterraine, elles sont fonction des modes d'organisation des sociétés.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King