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La contrebande des marchandises aux entrées routières du territoire douanier de la Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

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par Ladji BAMBA
Université de Cocody - Doctorat en criminologie 2012
  

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I-2-Pertinence sociale

En ce qui concerne la présente thèse, la contrebande est considérée comme la manifestation d`une économie souterraine du point de vue international, national et local, voilà comment elle fonctionne si on se réfère à PHILIPPE BARTHELEMY (1998). Pour lui, de nombreux auteurs préfèrent approcher la réalité concrète de l'économie souterraine en procédant à des études de terrain.

Dans les pays occidentaux par exemple, le niveau des prélèvements obligatoires est la variable la plus souvent évoquée. Dans les pays de l'ancien bloc de l'Est, la variable réglementation a le pouvoir explicatif principal. Dans les pays en développement, l'accès à l'informel obéit à une contrainte de survie ou à un désir de performance selon les pays et les époques. Au niveau ivoirien, on peut situer l`existence de la contrebande dans un contexte de contrainte de survie, ou à un désir de performance).

Dans les pays occidentaux, l'économie souterraine se présente en premier lieu comme un moyen d'échapper à l'impôt, aux cotisations sociales ou aux divers règlements. C'est une illustration particulière de l'adage selon lequel trop d'impôt, tue l'impôt. Dans cette logique, plus l'écart entre le coût du travail dans les économies (officielles et non officielles) est grand, plus l'incitation à travailler en marge des règles est importante. La réglementation est également avancée comme frein à l'initiative. Le respect des règles sur le marché du travail entraîne souvent une élévation des coûts, peu adaptée à un marché où la concurrence est vive.

En affectant, par exemple, à un échantillon de 76 pays un indice de réglementation allant de 1 à 5, il a ainsi été montré que l'augmentation d'un point de l'indice provoque une poussée de 10% des activités cachées (Johnson, KAUFMANN et ZOIDO-LOBATON, 1998).

Ces activités complémentaires relèvent de l'entraide, de la convivialité et génèrent souvent des échanges sous forme de troc. La sous-traitance est une autre facette de l'informalité, qui mérite un traitement spécifique. Certaines firmes, soucieuses de ne pas subir les effets de conjoncture, préfèrent nouer des relations de sous-traitance plutôt que d'embaucher. Ainsi, en cas de récession, elles n'ont pas à licencier, et peuvent se contenter d'interrompre leurs contrats de fournitures. La firme sous-traitante peut à son tour se protéger des fluctuations en ayant elle-même recours à des sous-traitants et ainsi de suite. Les salaires de l'entreprise du centre sont ainsi rendus stables au détriment de ceux de la périphérie, derniers maillons de la chaîne, qui subissent tous les aléas. Cette main d'uvre exploitée en raison de sa vulnérabilité est parfois localisée à l'étranger, reproduisant ainsi le modèle centre périphérie entre pays développés et pays en développement.

Quelque soit le pays étudié, certains secteurs sont moins propices que d'autres aux activités souterraines. Les industries situées en amont du processus productif se prêtent mal à l'informalité car les coûts d'entrée y sont considérables et parce que leurs clients sont des entreprises de transformation qui achètent des matières premières ou des produits intermédiaires sur lesquels la Taxe de valeur ajoutée est récupérée. La propension à frauder y est faible. À l'inverse, les secteurs comme les activités domestiques ou les services fournis aux ménages ou aux entreprises individuelles constituent toujours des viviers de l'économie souterraine (conseil, baby-sitting, emplois de maison, réparation des

équipements ménagers et des automobiles, travaux de secrétariat...). Ces activités forment un noyau dur de l'économie souterraine car les prestations entre donneurs d'ouvrage et professionnels arrangent les deux parties. Les ménages, ne récupérant pas la T.V.A., ont tout intérêt à payer des prestations de qualité à un prix inférieur au prix du marché tandis que les prestataires de services reçoivent une rémunération nette supérieure à celle qu'ils recevraient s'ils déclaraient leurs heures de travail.

Le prix du marché souterrain fluctue entre les régions (dimension spatiale) et d'une période à l'autre (dimension temporelle) en fonction de l'offre et de la demande. Une côte informelle des prix circule entre les agents via des réseaux de connaissance de nature professionnelle, associative ou sociale. Notons que, contrairement aux idées reçues, les personnes exclues de ces réseaux (chômeurs de longue durée ou personnes isolées) ne participent guère aux activités souterraines, ni du côté de l'offre, ni du côté de la demande.

Dans certaines professions, il arrive que l'offre officielle soit proche de zéro. Tel est le cas des aides ménagères ou des personnes qui travaillent chez les personnes âgées dépendantes car les tarifs pratiqués excèdent les barèmes fixés par les administrations pour les prises en charge. Ce phénomène risque de s'amplifier avec le vieillissement de la population. Les quelques cas d'offre qui demeurent émanent de personnes qui ont un intérêt personnel à travailler à un prix administré, s'assurant ainsi une couverture sociale. Dans ce cas, le tarif officiel est souvent majoré ou le nombre d'heures de travail déclaré inférieur au nombre d'heures effectives.

D'autres secteurs ont une activité principale favorable aux activités
parallèles comme l'agriculture et le tourisme qui ont en commun une
forte saisonnalité, les professions du bâtiment sont exercées par des

micros entreprises (entretien ou construction de maisons individuelles). En bref, les secteurs où l'économie souterraine est importante sont ceux où les firmes sont situées en aval du processus productif, où les clients sont des ménages ou des entreprises individuelles ou artisanales, et où la concurrence entre les entreprises est forte. Ceux où l'économie souterraine est faible ont en commun de se situer en amont du système productif et de posséder pour clients des entreprises (Barthélemy, 1997).

L'économie souterraine s'est développée, dans ces pays, en opposition à une économie officielle intégralement planifiée, où tout le monde était salarié et où les exigences du plan privilégiaient les biens d'équipement et des biens de consommation très standardisés. L'économie parallèle était une activité à temps partiel, parasitant l'économie officielle (prélèvement de matières premières dans les entreprises d'État, détournement du temps de travail officiel à des fins privées) et les biens produits étaient autoconsommés ou échangés sur des marchés parallèles. Ces économies étant entrées en transition au début des années 1990, leur économie souterraine s'est adaptée aux nouvelles règles économiques, témoignant de la flexibilité de ce type d'activités. Des causes spécifiques viennent renforcer celles que l'on connaît dans les pays occidentaux: Le manque de confiance envers les institutions, l'inefficience de l'administration et sa corruption, des contraintes administratives fortes pour les entrepreneurs, des impôts élevés en liaison avec une offre de biens publics inadéquate. En outre, une faible probabilité d'être appréhendé ou sanctionné comme travailleur au noir ou fraudeur aboutit à un calcul coûts/avantages tel que le travail illicite est plus attractif que le travail officiel et régulier. Dans nombre d'économies en transition, les hommes politiques et les fonctionnaires essaient de contrôler les entreprises à travers des mesures administratives et des règlements. Cela accroît l'incitation à verser des pots-de-vin pour exercer

une activité officielle, ce qui rend plus attractif l'exercice d'une activité non officielle. A mesure que les impôts et les barrières administratives s'élèvent, les rentes constituées par les activités illicites s'accroissent et avec celles-ci la rentabilité de ces dernières. Lorsque la prégnance administrative s'amplifie, il devient même nécessaire de verser des potsde-vin pour entrer dans l'illégalité; l'économie souterraine peut alors devenir majoritaire dans certains pays, notamment dans ceux de l'exU.R.S.S.

L'économie non officielle constitue, dans les pays en développement le mode de production dominant et on s'accorde pour y distinguer deux types d'économie informelle: la forme traditionnelle, essentiellement rurale, et la forme moderne, essentiellement urbaine. La production informelle du premier type est surtout une autoproduction agricole, presqu` une activité domestique. C'est une économie de subsistance dont les échanges se réduisent aux membres d'une même communauté, et où le troc domine largement les échanges monétarisés. La production informelle du second type est principalement une conséquence du processus de migration vers les villes et de la bidonvilisation des métropoles du tiers Monde. Les petites entreprises non déclarées, les petits métiers exercés à partir de matières premières de récupération, les activités commerciales de vente à l'unité de produits alimentaires procurent des revenus de subsistance à une population démunie et sans espoir d'intégrer le secteur moderne.

Ces activités productives ne sont pas à confondre avec celles de l'artisanat traditionnel, très organisé, souvent autour d'un monopole ethnique, requérant une connaissance approfondie du métier généralement acquise par un apprentissage auprès de maîtres artisans.

Les produits de cet artisanat sont de qualité, le personnel qualifié, les revenus fonction de l'ancienneté.

Dans ce domaine, c'est plus par tradition que par volonté de dissimulation que les firmes ne sont pas déclarées ou ne le sont que de façon partielle. Elles ne sont pas à confondre non plus avec un secteur informel, qualifié de concurrentiel, dont on trouve de nombreuses illustrations en Amérique latine ou en Asie, et qui entretient avec le secteur formel des relations étroites de sous-traitance et parfois même qui produit des biens à grande échelle en utilisant une main d'uvre qualifiée.

On observe ainsi dans les pays d'Amérique latine une surreprésentation des travailleurs de moins de 25 ans et de ceux de plus de 45 ans dans le secteur informel. Pour les plus jeunes, l'accès à l'emploi passe par le secteur informel où ils acquièrent une qualification qui leur permet d'accéder au secteur moderne. Les entreprises de ce secteur n'ont pas à investir dans le capital humain de leurs salariés, celui-ci est acquis sur le tas dans les entreprises informelles. Arrivés à l'âge mûr, de gré ou de force, ces salariés rejoignent le secteur informel de leurs débuts en tant que patrons d'une petite entreprise ou travailleurs indépendants. Ces mouvements témoignent d'une parfaite rationalité des individus qui adaptent leurs comportements aux carences des systèmes de formation, de santé et de retraite. Les micros entreprises remplacent le système éducatif en permettant aux jeunes d'acquérir une formation professionnelle. Elles suppléent ensuite le système de sécurité sociale défaillant en procurant un revenu permettant de couvrir les dépenses de santé, et de remplacer le système de retraite qui n'est en rien généralisé à tous les travailleurs, ou qui ne permet pas d'assumer les besoins fondamentaux. Dans ce cas, secteurs formel et informel se révèlent complémentaires (BARTHELEM, 1998).

L'économie illégale doit, bien entendu, être combattue car la recherche de l'équité entre citoyens ne peut conduire qu'à condamner ceux qui ne participent pas au financement des biens collectifs. Il reste néanmoins que l'on peut légitimement s'interroger sur l'opportunité d'enlever un revenu à une personne à qui on ne peut proposer un revenu légal de substitution. Tel est l'un des enjeux de l'économie informelle dans les pays en développement. En empêchant les enfants de travailler dans des ateliers textiles en Asie du Sud-est, ne les a-t-on pas indirectement poussés à se tourner vers la prostitution ou la contrebande? Le remède n'est-il pas parfois pire que le mal? Cette observation ne légitime pas la tolérance, elle soulève la complexité d'un phénomène dont on s'est efforcé de décrire les multiples aspects.

La contrebande apparaît où l'économie va mal. C'est l'un des symptômes d'un Etat malade où les agents économiques trouvent plus avantageux de tourner la loi pour toutes sortes de raisons. Symptôme, elle est aussi une alerte et doit comme telle interpeller les décideurs.

En ce qui concerne la Côte d`Ivoire en général et le district d`Abidjan principalement, la contrebande a toujours été un phénomène insignifiant. Elle s'opérait plutôt, quand elle apparaissait, depuis le territoire national vers les pays limitrophes. Signe que les produits ivoiriens et les prix étaient jugés intéressants par les ressortissants voisins qui leur faisaient franchir les frontières en contrebande pour éviter la taxation.

Depuis quelques temps maintenant, précisément depuis que l`économie est en crise et les produits ivoiriens sont chers du fait de l'inflation fiscale, ainsi le phénomène s'est inversé. C'est vers la côte d`Ivoire que viennent les marchandises de contrebande des pays voisins.

La contrebande a pris une telle ampleur que le gouvernement ivoirien et
les autorités locales du district d`Abidjan ont finie par en reconnaître

l'existence et la nuisance, allant jusqu'à mettre en place un dispositif de lutte contre cette pratique. Dispositif regroupant les ministères de l'Economie et des Finances, de la Défense, de l'Intérieur et de la Justice.

Toutes sortes de marchandises proviennent des autres Etats limitrophes, depuis les cigarettes jusqu'au carburant en passant par les produits de beauté. Et l'on ne compte plus les accrochages violents (à l'arme à feu) entre les contrebandiers et les forces de police, des douanes et de la gendarmerie nationale chargées de la réprimer aux différentes entrées routières du district d`Abidjan.

Face au problème, les autorités chargées de la lutte contre le phénomène exhortent la population des régions frontalières du nord, de l`ouest d`une part, de l`est et des zones côtières du Sud d`autre part à faire preuve de vigilance et de civisme. Cependant, elles ne se contentent que de cette exhortation, or le problème est trop grave pour être traité par le seul verbe. Si ces autorités s'imaginent qu'il suffit d'aller prêcher la bonne parole, au volant de rutilantes grosses cylindrées et dans une mise luxueuse, à une population à bout de souffle à force de misère, elles se fourvoient lourdement.

Interrogé, un habitant a eu ces mots : " Ils viennent, puant l'argent public, oser nous donner des leçons de civisme, à nous autres que leur mauvaise gestion accable de misère. Comme le dit un proverbe djiboutien, «ce n'est pas par hasard si la marmite vient à ébullition ».

La contrebande n'est ni tombée du ciel ni sortie de terre, elle a des causes objectives qu'il faut avoir le courage d'admettre et de traiter. Il y a contrebande parce qu'il y a demande. Le corps social paupérisé dans le district d'Abidjan à force de chômage, de baisses de salaires (surtout dans le secteur public comme privé n'arrive plus à acquérir sur le marché local des produits sans cesse plus chers du fait de la hausse

des taxes. Il cherche alors d'autres sources, accessibles à ses maigres ressources, d'où la contrebande. La contrebande vient des pays limitrophes parce que dans ces Etats, la pression fiscale est faible et les marchandises d'autant moins chères.

Elle vient toujours de ces pays, où les contrebandiers avec ou sans la complicité des routiers, font entrer des marchandises (facteur dû surtout aux failles dans le dispositif de contrôle des marchandises aux entrées routières du district d`Abidjan). Des produits tels que le carburant, l'alcool, le café ou les pagnes de contrebande franchissent clandestinement les frontières ivoiriennes et s'écoulent à bon prix sur le marché national d`une part et local du district d`Abidjan d`autre part, quand ils ne repartent pas pour d'autres destinations.

La contrebande offre ce que n'offre plus l'économie officielle à un pouvoir d'achat social fortement réduit : un bon rapport qualité prix.

Voilà pourquoi il devient tentant, pour des particuliers mus par l'appât du gain et pour une rentabilité économique, de se lancer dans ce commerce illicite surtout quand ils ont conscience des faiblesses du dispositif de contrôle des marchandises aux entrées routières de différents territoires douaniers comme celui du district d`Abidjan.

Il n'y a pas que les infracteurs individuels qui opèrent, mais aussi et surtout les gros importateurs qui trouvent dans la contrebande une nouvelle source d'approvisionnement. Selon des informations policières, des tonnes de marchandises de toutes natures franchissent de nuit les frontières pour garnir les rayons et autres stocks du district d`Abidjan. Il faut dire que lorsque ceux-là mêmes (civils ou en uniforme) censés combattre la contrebande, ne sont pas bien payés, l'argument sonnant et trébuchant peut permettre des prouesses pour les inconditionnels du profit substantiel.

Comment alors réguler le phénomène dans le district d`Abidjan? En soignant la maladie, c'est-à-dire en l'attaquant aux racines. Et l'attaquer aux racines, c'est mettre fin à la crise économique et à l'inflation fiscale. Or, une crise économique telle que la nôtre puise ses causes dans le système de gouvernement. Elle est liée à la logique de prédation, de pouvoir personnel et de dépenses injustifiées. Elle est liée à l'environnement d'incertitude politique, de non droit. Le redressement économique ne peut donc s'opérer sans paix civile et sans concorde nationale, sans démocratie et sans droits de l'Homme, sans bonne gouvernance. Toutes les conditions élémentaires nécessaires au renouveau démocratique et à la reconquête de la crédibilité internationale. En Côte d'Ivoire en général et dans le district d`Abidjan en particulier, les opérateurs économiques éprouvent d'énormes difficultés à survivre et donc à préserver l'emploi à cause de la contrebande. Selon l'Association Industrielle Africaine (AIA), les délocalisations des entreprises au cours des dix dernières années associées à la contrebande ont fait perdre globalement à l'économie ivoirienne près de 780 milliards de Fcfa par an, en matière de marchandises prohibées de toute sorte. Par exemple, en 2005, ce sont plus de 50% du chiffre d'affaires d`UNIWAX et 20% pour la SITAB qui partent en fumée. Ces entreprises ont évalué les pertes pour l'Etat à plus de 6 milliards de Fcfa en ce qui concerne leur production annuelle. Pour le secteur de la cartonnerie et des grands moulins, les pertes sont estimées entre 15% et 20% du chiffre d'affaires. FILTISAC et l'industrie du tabac, ont perdu respectivement 8 milliards soit 20% de leurs chiffres d'affaires en 2005. En effet, la contrebande telle que pratiquée en Côte d'Ivoire en général et dans le district d`Abidjan particulièrement est essentiellement une contrebande d'importation qui met à mal la compétitivité.

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le secteur ivoirien de l'industrie de fabrication des médicaments enregistre 10 à 30% des médicaments venant de l'industrie de la contrebande. 50% des traitements antipaludéens sont des faux, d'où de graves menaces sur la santé des populations. Le textile est aussi fortement touché par ce fléau. Selon le rapport (2004) de la chambre de commerce et d`industrie de Côte d`ivoire, la société UNIWAX a déjà supprimé 8.500 emplois en moins de trois ans et a perdu d'importantes sommes. Les pagnes Wax fabriqués par cette entreprise sont illégalement copiés, introduits frauduleusement et vendus à vil prix en Côte d'Ivoire. Idem pour le pagne " FANCI " de la société GONFREVILLE à Bouaké.

L'écart entre les prix des pagnes de contrebande et ceux d'origine, contribue à faire évoluer le phénomène qui est très souvent associé à la contrefaçon en vue d`écouler ces marchandises illicites sur le territoire ivoirien. Le pagne " Wax " qui se négociait à 25. 000 FCFA pour les trois pagnes est vendu à 7000 ou 8 000 FCFA pour les faux, tandis que le faux " FANCI " tombe à 500 FCFA contre 2000 FCFA pour l'original. Tout ceci est à la base de la fermeture de plusieurs entreprises du secteur textile.

La contrebande menace la santé et la sécurité des populations. Les produits de contrebande utilisent des réseaux frauduleux, notamment les médicaments ou tous les produits de consommation prohibés nuisent à la santé des populations.

Les pièces automobiles de contrebande sont très souvent défectueuses et augmentent les risques d'accidents de circulation. Quant aux matériels électriques de contrebande vendus à travers des filières illicites, ils favorisent les courts-circuits et sont à la base de nombreux incendies. La contrebande a aussi un impact socioéconomique réel. Ce qui se traduit

par la fermeture d'entreprises notamment dans le secteur du textile, les licenciements massifs, la baisse de l'activité économique et la réticence des investisseurs étrangers. Les effets de ce fléau sont malheureusement amplifiés aujourd'hui par l'Internet à travers le E-commerce ou le commerce en ligne.

Un des éléments qui préoccupent les pouvoirs publics est la mobilité des groupes criminels exerçant dans le secteur de la contrebande de marchandises, qui tirent partie du fait que la législation n`est pas uniforme d`un pays à l`autre et se déplacent afin d`en exploiter les failles et les incohérences.

Ils implantent leurs activités dans des pays où le risque d`être arrêtés et condamnés à une lourde peine est relativement peu important par rapport au profit escompté1.

La Côte d`Ivoire qui est en train de sortir d`une crise politico-militaire et sociale, est un exemple pour ces types d`activités de contrebande.

On a préconisé diverses mesures pour réduire les incohérences et la mobilité des groupes criminels parmi lesquelles la conclusion d`accords entre divers pays, la création de groupe de travail mixtes et une coopération accrue entre les services de répressions. Exemple : « INTERPOL ».

Il faudrait réfléchir au fait que des mesures de ce type, qui supposent la coordination des services de police du monde entier, risquent de donner lieu à la création de réseaux, ainsi qu`à des pratiques et des alliances techniques et politiques qui échappent à tout contrôle démocratique, au niveau national aussi bien qu`international.

1 S. ADOMOLI et al, `' organized crime around the world, HELSINKI, EUROPEAN institute for crime prevention and control, organisme rattaché à l'ONU, 1998, P.9»

Les craintes qui suscitent les graves menaces posées par la criminalité contrebandière pourraient jouer au détriment de l`Etat de droit et des droits civils2.

Il faudrait s`interroger sur le fait que la contrebande crée une demande pour les produits qu`elle introduit sur les marchés du district d`Abidjan.

Ainsi, la contrebande des cigarettes qui s`est développée dans le pays dès les années 50, a contribué au succès éclatant de certaines marques et au déclin de la production locale.

La contrebande de biens de consommation tels que les voitures, les vêtements, les ordinateurs et les téléphones portables dans les pays en développement et les pays de transition peut avoir les mêmes effets et rendre ces pays totalement dépendants à l`égard des pays développés, dont ils cherchent à imiter le mode de vie.

Les préoccupations des pouvoirs publics ivoiriens face à la contrebande semblent être focalisées sur le sentiment de vulnérabilité que les pays sous-développés éprouvent vis-à-vis des activités contrebandières qui prennent naissance dans d`autres pays.

Elles se manifestent par la crainte que des marchandises illicites, plus dangereuses que toute autres marchandises produites par les pays développés, puissent anéantir les citoyens et les institutions des Etats en développement, exemple : le trafic illicite des déchets toxiques ou nucléaires (Affaire Probo koala en août 2006) dans le district d`Abidjan.

Il est donc difficile de donner un tableau complet des principales formes contemporaines de la contrebande.

2 J. SHEPTYCKI, `' transnational policing and the markings of a post modern state», BRITISH journal of criminology, 34; 613/635, 1996

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon