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La contrebande des marchandises aux entrées routières du territoire douanier de la Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

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par Ladji BAMBA
Université de Cocody - Doctorat en criminologie 2012
  

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VI-3- Approches disciplinaires

Les approches disciplinaires étudiées sont entre autres : les sciences économiques et la criminologie (option sociologie criminelle). La criminologie a été utilisée parce que la thèse étudie les aspects sociologiques, psychologiques et juridiques de l`objet d`étude (contrebande des marchandises). La sociologie criminelle et les sciences économiques ont été préférées à d'autres disciplines pour deux raisons principales : (1) parce qu'elles apparaissent obéir à des logiques apparemment opposées au regard de l'économie de marché et à l'utilitarisme en recherche, et (2) parce qu'elles se différencient au plan épistémologique; les courants actuellement dominants en sciences économiques s'apparentent aux sciences nomothétiques alors que la sociologie criminelle s'apparente davantage aux sciences idiographiques. Le choix de ces deux disciplines vise ainsi à mettre en lumière la non homogénéité des sciences sociales ainsi que certaines spécificités propres à chacune.

RESULTATS ET SOLUTIONS

TROISIEME PARTIE :

CHAPITRE 7 : RESULTATS DE L'ENQUETE

VII-1- Les facteurs explicatifs au plan général

Phénomène à double sens, la contrebande doit être abordée en deux temps car les raisons qui l'expliquent à l'importation ou à l'exportation peuvent être différentes. Les différentes situations de contrebande sont regroupées dans le tableau (3) qui montre la grande variété des possibilités. Les raisons invoquées et les modalités utilisées sont aussi nombreuses qu'est grand l'intelligence créatrice des personnes concernées. Pour cette raison, ce tableau récapitulatif est très incomplet mais il n'est guère concevable de tenter une énumération exhaustive. On donnera chaque fois que possible des exemples illustrant les principales situations évoquées.

Parmi les rares études existantes, citons la classification sommaire des modalités de la contrebande proposée par Greffe (1980) sur le cas de la Bolivie et reprise par DORIA MEDIDA (1986). Selon ces deux chercheurs, les trois formes principales d'opération en Bolivie sont, par ordre d'importance décroissante :

- La grande contrebande "officielle" qui se réalise, sous les auspices d'entités liées aux institutions en place, à travers un véritable pont aérien et des convois de véhicules routiers. Son domaine privilégié est celui des biens de luxe à haute valeur ajoutée.

- La contrebande documentée qui utilise toutes les formes possibles de faux documents avec la collaboration d'agents de l'État qui trouve là un bon moyen d'améliorer leur niveau de vie

- La petite contrebande, dite de "fourmis" due au fort chômage existant dans les zones frontières du pays et qui concerne les biens de consommation de base de faible valeur unitaire.

La préoccupation concernera davantage les raisons que les modalités. De ce fait, la classification qu`on propose est très différente de celle de Greffe, mais le lecteur retrouvera tout au long de la thèse des exemples de ces trois catégories. L`enquete amène à considérer que, tant à l'importation qu'à l'exportation, la contrebande est le résultat de deux grands types de contraintes:

- ' Ge isDra, iles contraintes de rentabilité économique,

- Et les contraintes nées de l'existence de lois, des règlements et quotas divers o'DuamisDra.

1- Les facteurs dus à des contraintes de rentabilité économique

Ces actions visent essentiellement à permettre d'échapper au paiement de taxes et droits divers, soit totalement, soit partiellement. Selon le cas, les méthodes employées divergent.

-Méthodes visant à échapper totalement à tout paiement:

Les importateurs disposent de deux méthodes principales : la contrebande au sens traditionnel du terme et la modification d'appellation.

La "contrebande traditionnelle", où des marchandises effectuent un passage clandestin des frontières, est le recours le plus fréquent quand les droits de douane à l'entrée deviennent trop élevés et ne permettent plus ensuite de tirer un bénéfice suffisant lors de la revente sur le marché local.

La marchandise qui a probablement fait l'objet le plus souvent de ce moyen est la cigarette. Ainsi, avant d'être envahie "pacifiquement" par son ami et voisin le Sénégal, la Gambie tirait une grande partie de ses revenus de la présence sur son sol de trafiquants prospères qui inondaient toute la sous région de tabac de contrebande. Aux Etats-Unis d`Amérique (USA), les écarts importants de taxation entre les différents États avaient entraîné l'apparition d'un important trafic, estimé entre 400 et 500 millions dollars Us, au début des années 70. Ceci avait amené les autorités à mettre en vigueur le "Federal Cigarette Contraband Act" en 1978. Sous l'effet conjoint de la diminution de l'écart de taxation entre États et de l'augmentation des coûts directs de la contrebande du fait de contrôles renforcés, ce trafic baisse régulièrement depuis lors. (Warner, 1982). Il n'en va pas de même au Canada où la taxation excessive des cigarettes dans le cadre de la lutte contre le tabagisme est en train de redonner une très grande vigueur au trafic ayant pour origine les

réserves indiennes dans lesquelles les cigarettes sont détaxées. Le schéma est simple : les fabricants canadiens exportent aux USA des cigarettes qui sont ensuite réimportées hors taxes par des commerçants installés dans les réserves, théoriquement pour un usage interne à la réserve. Mais, selon les estimations de la Gendarmerie Royale du Canada environ 50% de ces importations prennent rapidement le chemin de la contrebande. Ainsi, pour la seule réserve indienne de KAHNAWAKE, une étude attentive réalisée pendant l'automne 90 permet d'estimer les pertes hebdomadaires de revenus à 62779 dollars canadiens pour le Gouvernement du Québec et à 49764 dollars pour le Gouvernement Fédéral, soit un total annuel de plus de 5 millions de dollars pour une seule réserve.

De récentes indications fournies par la direction des douanes chinoises donnent une ampleur du phénomène pour ce pays. En 1991, 13000 interceptions de contrebandiers ont eu lieu pour une saisie totale d'une valeur de 140 millions de dollars canadiens. Mais les douaniers reconnaissent eux-mêmes qu'il ne s'agirait là que de la partie visible de l'iceberg. Au Pérou, où il ne se passe pas un jour sans que des prises soient annoncées dans les différents ports, aéroports et gares d'autobus du pays, le ministre de l'économie et des finances en personne, Jorge CAMET a annoncé le 25 mai 1993 une diminution des droits de douane et de l'équivalent de la Taxe de la Valeur Ajoutée française en présentant cette mesure comme "la meilleure manière de combattre la contrebande... en diminuant sensiblement les marges bénéficiaires qu'elle permet actuellement". Au total, la Commission de lutte contre la contrebande estime à 1,22 milliard de dollars US la valeur des marchandises entrées au Pérou en contrebande en 1992, ce qui a entraîné une perte de recettes d'environ 600 millions de dollars pour le gouvernement. La situation est d'autant plus difficile à rétablir dans ce

pays que ces marchandises alimentent directement les marchés informels dont le gouvernement a perdu tout contrôle depuis longtemps.

Peut-être également considérée comme de la "contrebande intérieure" tout ce qui relève de la reproduction illégale d'uvres artistiques ou intellectuelles. Le cas le plus flagrant est celui des logiciels informatiques. On peut avoir une idée relativement précise du montant minimum de la fraude réalisée dans ce secteur en comparant les ratios "Nombre d'ordinateurs installés / Nombre de logiciels achetés" d'un pays à un autre. Bien entendu, cela donnera une indication minimum car rien ne dit que le pays ayant la meilleure ration n'est pas lui-même un pays où l'on triche. Il apparaît ainsi qu'au Canada le Québec achète relativement beaucoup moins de logiciels que l'Ontario. En France, une recherche récente estime la valeur des logiciels piratés à 6 milliards de francs français. L`association américaine des éditeurs a entamé des actions en justice contre de très grosses banques ou entreprises industrielles. (GARRIC, 1989)

Dans le domaine des communications, lors d'une enquête réalisée pour le département du commerce des Etats unis (US), dans 16 pays sudaméricains en 1992, il est apparu des résultats si alarmants que le gouvernement des États-Unis a publié des listes de "pays sous surveillance" avec menace de graves représailles si la situation ne s'améliorait pas. Parmi les cas les plus flagrants, citons : Les pellicules cinématographiques en cassettes vidéo : 100% du marché est "pirate" au Costa Rica, Équateur, Salvador, Guatemala et Honduras. Avec un très fort niveau de piraterie dans les autres pays. Les transmissions de programme par câble : Au Guatemala, une entreprise pirate comportant plus de 300.000 abonnés fonctionnent sans problème depuis longtemps. Ce piratage est également très répandu en Argentine, Colombie, Costa

Rica, Salvador, Honduras, Nicaragua, Pérou et Venezuela. Les cassettes audio pirates, selon les estimations, représentent plus de 50% du marché de l'Amérique Latine, certains pays comme le Paraguay et le Salvador étant même connu comme de gros exportateurs de cassettes pirates dans les autres pays. La piraterie des programmes informatiques est une pratique totalement généralisée, tout comme celle des livres.

Les modifications d'appellation consistent à transformer une marchandise taxable en une marchandise qui ne l'est pas ou qui l'est moins. Bien entendu, cette transformation est très rarement légale.

Prenons quelques exemples. D`abord, celui des voitures en Afrique. Un trafic fort bien connu depuis longtemps est celui des voitures Peugeot au départ du Nigeria. Il existe en effet une chaîne de montage dans le nord du pays, à Kano. Étant partiellement fabriquées sur place, les voitures Peugeot sont soumises à des droits beaucoup plus faibles que dans certains pays voisins qui appliquent parfois jusqu'à 160 % de droits de douane. Il s'est donc instauré dans les pays voisins un trafic de vieilles voitures Peugeot! La méthode consiste en effet à échanger les papiers et les plaques d'immatriculation entre véhicule ancien et véhicule neuf acheté au Nigeria, après que l'on ait consciencieusement effacé les numéros d'identification du moteur et du châssis pour qu'on ne puisse plus les reconnaître! Le véhicule neuf peut rentrer dans le pays de l'acheteur sans payer de taxe et être revendu à bon prix quelques jours plus tard. En pratique, vendeur et acheteur se partagent les droits de douane ainsi évités (soit, en Côte d'Ivoire, une économie substantielle équivalent à 80% du prix de base).

D'autres cas fréquents où ces modifications interviennent concernent les
zones économiques pratiquant des méthodes protectionnistes. Ainsi,
l'accès des produits turcs dans les pays de la communauté économique

européenne (CEE) est si réglementé qu'il est fréquent que ceux-ci deviennent "mystérieusement" des produits grecs qui, souvent, transiteront par la Suisse pour brouiller les pistes davantage. De même, il serait intéressant de regarder de plus près le parcours réel de nombreuses marchandises produites dans les zones franches industrielles (ZFI) disséminées dans le monde, et en particulier les ZFI du nord du Mexique...

-Méthodes permettant d'échapper partiellement aux paiements dus:

Afin de conserver des prix de revient acceptables mais en courant des risques moins importants, les importateurs vont utiliser de fausses déclarations: modifications d'appellation, modifications de quantité, modifications de prix et déclarations de camouflage.

Les modifications d'appellations utilisées dans ce cas supposent souvent la complicité ou, pour le moins, la bienveillante compréhension de certains douaniers. En effet, la méthode va ici consister, moyennant corruption, à faire accepter une marchandise pour ce qu'elle n'est vraiment pas. Un exemple constaté par l'auteur, au Nigeria, est celui de la déclaration de panneaux de contreplaqué comme matière première destinée à la fabrication d'allumettes. Ce tour de passe, réalisé pour de grosses quantités et sur une longue période, permettait d'abaisser les droits de douane de 80% à 10% environ. Cette méthode est le plus souvent utilisée lorsque des protections particulières ont été mises en place par un État pour protéger une industrie locale naissante à laquelle il accorde un monopole de fait.

Les modifications des quantités sont la méthode la plus fréquemment utilisée. Fondée là aussi, évidemment, sur une complicité avec des douaniers, cette pratique permet de ne payer de droits que sur une partie des marchandises effectivement entrées. Pour les autres marchandises, le montant des pots-de-vin sera généralement un pourcentage des droits qui auraient normalement dû être payés.

Les modifications de prix consistent à déclarer une marchandise pour un prix inférieur à la réalité, en utilisant si nécessaire les fausses factures que leur établissent complaisamment leurs fournisseurs. (VERNA, 1989) Compte tenu de la grande variété de produits et de la volatilité des conditions du marché, il est quasiment impossible pour les autorités de tenir à jour des tarifs de référence qui permettraient aux douaniers de procéder à des contrôles efficaces. Ainsi, au Pérou, les autorités estiment à 300 millions de dollars les pertes annuelles entraînées par cette méthode. La parade imaginée par le gouvernement péruvien a été de rendre publiques les polices d'importation afin que les concurrents puissent en prendre connaissance et éventuellement faire leur police eux-mêmes.

Les déclarations de camouflage, les trois premières méthodes ont pour point commun d'utiliser des voies d'entrée légale, c'est-à-dire les services de douanes officiels. La troisième méthode diffère des deux premières car elle va utiliser à la fois les voies d'entrée légale et clandestine. Elle consiste à procéder périodiquement à des importations officielles de petites quantités d'un produit sur lequel sont payés tous les droits et taxes prévus. Ce produit sera, en général, vendu dans la capitale, qui est souvent aussi le lieu d'importation. Dans le même temps, d'importantes quantités de ce même produit entrent par les voies de la contrebande classique et approvisionnent les marchés de l'intérieur

du pays. En cas de contrôle de la provenance de ces dernières marchandises, les documents d'importation des autres marchandises peuvent constituer une protection suffisante pour l'importateur qui prétendra être en règle. L'éloignement géographique entre les deux actions diminue en effet les risques de concertation entre les autorités locales.

La contrebande vise, dans ce cas, à éviter tout contrôle aux marchandises importées du fait d'une origine interdite, d'une authenticité discutable ou d'une interdiction pure et simple d'importation.

Le contrôle de l'origine vise à vérifier si le produit concerné n'est pas l'objet d'un boycott ou d'un embargo ou, dans le cas de l'argent par exemple, s`il n'est pas d'origine criminelle.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci