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Tontines et développement dans le groupement Bashali Mokoto à  Masisi en RDC

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par Daniel BAHATI BIREGEYA
Université de Goma - Licence en économie 2011
  

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I.1.6.2 Nécessité du droit : processus de bancarisation des tontines

Les différents travaux sur les tontines (Nzemen 1988,1993 ; Pairault 1990 ; Henri 1991) insistent sur la logique de la confiance comme principal substrat sur lequel se bâtissent ces pratiques. Mais les tontines font beaucoup plus que s'appuyer sur la confiance, elles sont des lieux privilégiés où l'on peut en toute quiétude s'en remettre aux autres. Elles sont un des foyers où la confiance se crée et se fortifie. Cette confiance est fondée sur une connaissance mutuelle concrète des acteurs, vertu cardinale qui manque le plus aux banques et au système financier institutionnel.

Mais les défaillances de plus en plus fréquentes des membres dans un contexte de crise, d'appauvrissement et d'exclusion constituent une source de difficultés en chaîne qui effrite dangereusement l'étoffe de la confiance qui constitue l'essence de la tontine. Ceci contribue à en fragiliser les fondements. La détérioration des relations interpersonnelles peut avoir des répercussions néfastes sur le fonctionnement du groupe, surtout si les protagonistes occupent des positions stratégiques dans l'organigramme de la structure (président et trésorier par exemple). Quelquefois les problèmes nés entre les membres, en dehors de l'association, peuvent nuire à la solidité du système et à la cohésion du groupe dans la mesure où les rapports sociaux débouchent presque toujours sur la constitution de réseaux clientélistes.

Il s'en suit alors la division du groupe en fractions rivales et antagonistes qui peut aboutir à la dislocation pure et simple avec les conséquences incalculables. Au sein des nombreux groupes, la fiabilité et l'efficacité de la pratique tontinière dépend du trésorier qui très souvent détient en devers lui d'importantes sommes d'argent, quand bien même l'association serait titulaire d'un compte bancaire. Il arrive très souvent que l'individu qui occupe cette fonction abuse de la confiance mise en lui et disparaisse avec la Caisse ou distraie des sommes importantes au moment de la redistribution à échéance des épargnes dans les diverses caisses.

Le deuxième niveau où la question de la confiance dans la tontine pose problème est institutionnel et concerne l'attitude de l'Etat à l'égard des tontines et, partant, la nature des rapports entre l'Etat et les tontiniers. Warnier (1993-80) rappelle à cet effet que «nombreux sont les tontiniers qui redoutent une légalisation des tontines parce qu'ils se méfient des intentions cachées d'un législateur au service d'un Etat trop gourmand».

Par ailleurs, les relations entre le système bancaire et les nombreux opérateurs sont marquées par la méfiance en raison de la sélectivité des prêts qui se feraient souvent sur la base des relations personnelles ou pour des raisons d'équilibre régional plutôt que sur les critères économiques et financiers. Ce genre de réticence traduit un déficit de confiance entre les opérateurs économiques et l'Etat en même temps qu'elle pose la question de l'attitude de l'Etat par rapport aux tontines.

Dans une logique répressive, l'Etat peut se prévaloir de la fonction de police administrative que lui reconnaît le pouvoir réglementaire, ou exercer sur les tontines un contrôle de gestion plus ou moins abusif (Togolo, 1998).

Dans une logique d'encadrement par contre, l'Etat peut davantage jouer un rôle de régulation qui viendrait appuyer la régulation interne de plus en plus inopérante en raison des limites et des abus de confiance. Plutôt que de jouer à cache-cache avec l'Etat ou de limiter les compétences de l'Etat pour miser sur la loi du marché, il conviendrait de protéger la puissance publique de la marchandisation qui la menace (Warnier 1993:275). 43(*)

De sa part, M. Nzemen plaide dans son ouvrage pour une reconnaissance juridique des tontines. L'Etat ne se mêlerait pas de leur organisation mais prélèverait des taxes. En échange de quoi les magistrats pourraient trancher les litiges entre l'association et certains membres indélicats. Les tontiniers seront-ils d'accord ?44(*)

Il faut donc que l'Etat parvienne à convaincre les tontiniers afin que ces derniers s'imprègnent de l'importance de la reconnaissance juridique de la tontine afin d'accroitre son efficacité.

* 43 HATCHEU TCHAWE Emile et all, op cit, sd, p4-6

* 44 J.M NZEKOUE, op cit, p2

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery