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Les festivals de musiques actuelles en milieu rural en France: simple fonction culturelle ou vecteur de développement?

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par Léa Vauxion
ICART - Institut des carrières artistiques - Licence european bachelor au titre de " médiatrice culturelle " 2012
  

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4.2 Analyse globale des financements : recettes et dépenses des festivals

L'analyse suivante est symétrique à celle des rôles et implications des partenaires des festivals. Par le biais de la dynamique propre des festivals, nous verrons la structure de leurs recettes et leurs orientations en matière de dépenses.

? Les recettes

L'échantillon d'Emmanuel Négrier repose ici sur 72 évènements, qui ont une structure moyenne, et où dominent les subventions avec 51,5% sur les ressources propres qui sont à 36,5%, et le mécénat et autres ressources qui sont quant à eux à 12%.

En volume total, toujours pour les festivals de musiques tous genres confondus, cela représente 21,5 millions de subventions, 15,2 millions de ressources propres et 4,9 millions de mécénat, soit un montant global de recettes de 41,6 millions d'euros.

Encore une fois, il s'agit là d'une moyenne qui dissimule des situations très différentes, compte tenu de la diversité qui frappe les festivals en termes de fréquentation et de partenariat. Mais elle nous permettra d'avoir une meilleure vue d'ensemble.

Les subventions :

En dehors du festival qui n'en perçoit aucune, le plus petit total des subventions se situent à hauteur de 15 000 euros, et le plus important à plus de 2,5 millions d'euros. La moyenne établie est à environ 300 000 euros, contre une médiane de 136 000 euros, qui est donc bien inférieure. Deux tiers des festivals de cet échantillon sont compris entre 60 000 et 600 000 euros, ce qui est le signe d'un assez grand éparpillement en volume.

Volume de Subvention

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

18

De 60 000 à 120 000 euros

15

De 121 000 à 260 000 euros

17

De 261 000 à 1 000 000 euros

17

Plus de 1 000 000 euros

5

Reproduction du tableau de la page 101

Le mécénat :

Pour le mécénat, 11 festivals sur les 72 de l'échantillon n'en déclarent pas, le plus petit montant effectif étant de 1 400 euros, et le plus important de 741 000. La moyenne est de 68 000 euros, avec une médiane de 27 000 euros : c'est le plus petit écart entre une moyenne et une médiane, ce qui signifie qu'ici, les gros bénéficiaires ne tirent pas le groupe vers le haut. Trois quarts de l'échantillon sont compris entre 8 500 et 60 000 euros de mécénat.

Volume de Mécénat

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

54

De 60 000 à 120 000 euros

8

De 121 000 à 260 000 euros

7

De 261 000 à 1 000 000 euros

3

Plus de 1 000 000 euros

0

Reproduction du tableau de la page 102

On constate ici, par le biais des montants à chaque fois égaux pour définir les fourchettes, l'importance relative des subventions par rapport aux ressources propres, et surtout au mécénat.

Par ailleurs, pour en revenir aux difficultés que rencontrent les organisateurs à convaincre les mécènes d'accroitre leur participation, il faut prendre conscience du contexte actuel. Depuis les années 1990 se ressent en effet une baisse de l'implication du mécénat au sein de la culture. Cela est tout d'abord due à la réduction de leur budget, voire à leur suppression mais surtout, comme nous l'avons mentionné précédemment, cela est dû au fait que celui-ci tend à se montrer égal face à trois autres domaines que la culture qui vont croissant : à savoir le sport, l'environnement et le social. Dès lors, les mécènes relèguent volontiers la culture au rang de « luxe ».

De plus, il faut savoir qu'il existe deux « catégories » de mécénats : le mécène privé, qui démontre peu d'attirance pour la culture et le mécène public qui, en revanche, s'affirme comme plus désireux d'une image culturelle, mais cela en vue de se démarquer au sein de la population locale et d'attirer les touristes et autres investisseurs ciblés.

La part respective des trois sources de financement :

Enfin, il convient d'examiner la part respective que pèse, pour les festivals, chacune de ses sources de financement :

 

Subventions

Ressources propres

Mécénat

Moins de 10%

2

6

32

De 10% à moins de 20%

2

11

19

De 20% à moins de 40%

14

33

20

De 40% à moins de 50%

9

11

1

De 50% à moins de 60%

17

5

0

De 60% à moins de 80%

20

4

0

Plus de 80%

8

2

0

Reproduction tableau de la page 102

D'après ce tableau, nous pouvons en conclure que la majorité des festivals dépend à plus de 50% des subventions. D'après Emmanuel Négrier, les 28 festivals qui dépassent 60% de subventions sont des festivals très liés à une collectivité, en particulier à un conseil général ou régional. Cela signifie que les festivals en élargissant leur programmation, qui déborde alors sur la saison avec des thématiques souvent assez vastes, sont des vecteurs de développement de l'animation locale.

De même, nous pouvons constater que pour 20 festivals le mécénat constitue un tiers de leurs ressources, ce qui n'est pas négligeable. En revanche, il est vrai que deux tiers de l'échantillon en tire moins de 20%.

D'après Emmanuel Négrier, ceux qui ont une forte part relative de mécénat sont presque exclusivement urbains et purement estivaux. Comme nous l'avons vu précédemment, si les festivals implantés en milieu rural perçoivent moins d'intervention de la part du mécénat, cela est lié au fait qu'ils sont généralement dans des zones peu industrielles, et donc présentant moins d'entreprises susceptibles d'être mécènes.

Enfin, nous pouvons remarquer que l'essentiel des festivals, 55 sur notre échantillon de 72, se situe au-delà des 20% de ressources propres ; la moitié, soit 36 festivals, en tire plus du tiers de leur budget, et 11 manifestations dégagent plus de 50% de ressources propres. Ces derniers sont souvent situés dans deux catégories : de très gros festivals très médiatiques et de très petits.

? Les dépenses

La structure des dépenses est plus fragmentée que celle des recettes. Son volume global est de 42 millions d'euros, soit légèrement supérieur à celui des recettes qui est de 41,6 millions d'euros. Nous n'irons pas jusqu'à examiner la part relative que chaque charge représente dans l'ensemble des dépenses, cela serait pousser l'étude bien plus loin et nous éloignerait de notre objectif principal.

Ainsi, il va sans dire que les volumes que nous allons analyser n'indiquent en rien les différentiels de stratégies d'un festival à un autre, tant l'envergure de ceux-ci est diverse. Il s'agit donc encore une fois, d'une analyse globale ayant pour but de donner une idée des répartitions des dépenses, toujours dans le but de comprendre l'économie des festivals dans son ensemble.

En nous basant sur le graphique de la structure des dépenses (cf. graphique 5), on peut classer les résultats en cinq rangs :

En premier rang :

D'après le graphique 5, ce sont les dépenses artistiques qui dominent les dépenses totales avec une part de 50,63%. Cela représente 21 millions d'euros de frais artistiques. Elles vont d'un minimum de 5 600 euros à un maximum de 2,9 millions d'euros. La moyenne est établie à près de 300 000 euros par festivals, et la médiane est de 121 000 euros. 50 % des festivals de musiques en tous genres ont un volume de dépenses artistiques compris entre 57 000 à 215 000 euros.

Volume de dépenses artistiques

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

17

De 60 000 à 120 000 euros

17

De 121 000 à 261 000 euros

21

De 261 000 à 1 000 000 euros

10

Plus de 1 000 000 euros

5

Reproduction du tableau de la page 105

En deuxième rang :

Les frais administratifs, avec 20% sur les dépenses totales. Les dépenses administratives
varient de 1 800 euros pour les plus petites à 1,1 million pour les plus importantes. La
moyenne est de 119 000 euros par festival, avec une médiane de 39 000 euros. 50 % des

festivals ont un volume de dépenses administratives de 8 300 à 97 000 euros, ce qui traduit une hétérogénéité relative plus forte que pour les dépenses artistiques.

Volume de dépenses administratives

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

44

De 60 000 à 120 000 euros

10

De 121 000 à 261 000 euros

6

De 261 000 à 1 000 000 euros

10

Plus de 1 000 000 euros

1

Reproduction du tableau de la page 106

En troisième rang :

On trouve les frais techniques avec 12% sur les dépenses totales. Les dépenses techniques varient des plus petites qui sont de 500 euros, aux plus importantes qui s'élèvent à 574 000 euros. Dans cet échantillon, cinq festivals n'en déclarent pas. Par hypothèse, quelles sont intégrées aux dépenses administratives. La moyenne des frais techniques est de70 000 euros par festival, contre une médiane de 20 000 euros. 50 % des festivals ont un volume de dépenses techniques compris entre 7 100 et 73 000 euros, ce qui correspond à l'écart du volume des dépenses administratives.

Volume de dépenses techniques

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

51

De 60 000 à 120 000 euros

11

De 121 000 à 261 000 euros

3

De 261 000 à 1 000 000 euros

6

Plus de 1 000 000 euros

0

Reproduction du tableau de la page 106

En quatrième rang :

Les dépenses de communication qui sont de 11% sur le total, et bien évidemment, tous les festivals de l'échantillon ont un budget communication. La plus petite dépense est de 4 000 euros, et la plus grosse de 490 000 euros. La moyenne du budget communication par festival est de 65 000 euros contre une médiane de 36 000 euros. 50% des festivals ont un volume de dépenses de communication compris entre 15 000 et 74 000 euros ; il s'agit ainsi de la plus grande homogénéité des situations.

Volume de dépenses de communication

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

47

De 60 000 à 120 000 euros

13

De 121 000 à 261 000 euros

8

De 261 000 à 1 000 000 euros

2

Plus de 1 000 000 euros

0

Reproduction du tableau de la page 107

En cinquième rang :

Les charges de missions et réception des artistes qui s'élèvent à 6% sur les dépenses totales.

Ces frais sont les moins répandus : 11 festivals n'en déclarent pas et une partie de cette fourchette intègre ce type de frais au sein du budget communication. La plus petite dépense est de 1 400 euros et la plus grosse est de 289 000 euros. La moyenne est de 34 000 euros, avec une médiane de 12 000 euros. On retrouve ici une assez grande homogénéité des dépenses.

Volume de dépenses en mission-réception

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

57

De 60 000 à 120 000 euros

8

De 121 000 à 261 000 euros

5

De 261 000 à 1 000 000 euros

1

Plus de 1 000 000 euros

0

Reproduction du tableau de la page 107

? Conclusion : une précarité du montage financier

Pour conclure cette analyse globale de « statistique descriptive » des financements des festivals, il est intéressant de lier l'étude d'Emmanuel Négrier avec celle de Luc Bénito. En effet ce dernier, dans son ouvrage Les festivals en France, marchés, enjeux et alchimie, propose au sein de son étude personnelle la question de la précarité du montage financier des festivals, qui se révèle enrichissante au sein de notre réflexion.

Ainsi, bien que la plupart des partenaires soient fortement impliqués en volume et en moyenne au sein des ressources des festivals, il convient de mentionner les problèmes paradoxaux qu'ils peuvent engendrer.

Le recours systématique des festivals à des participations financières est l'élément principal, le fond essentiel de leurs ressources propres. Pour certains directeurs artistiques, le montage financier d'un festival s'apparente le plus souvent à un véritable « défi » voire à un « parcours du combattant ».

Comme le mentionne Luc Bénito dans son ouvrage, « cette dépendance des festivals vis-à-vis de financeurs induit des choix quai stratégiques dans les partenariats. » Il s'agit là d'une contrainte que les organisateurs subissent perpétuellement, étant donné qu'ils doivent alors constamment renouveler leur méthode de sélection et de persuasion auprès de ces dits partenariats.

En somme, beaucoup de festivals cherchent encore à trouver un partenaire financier principal. Mais cela comprend le risque de se voir imposer une contrepartie souvent contraignante de sa part et de perdre ainsi en partie la maîtrise sur le projet artistique. D'après Luc Bénito, il a été observé sur ce point que la forte contribution d'un partenaire financier engendrait le plus souvent une forte pression sur la direction artistique, celui-ci se montrant plus souvent intéressé par le retour de l'image que de la qualité artistique de l'événement.

Cela nous amène à introduire la dernière partie de cette étude sur l'impact des festivals sur leur territoire. Si les partenaires financiers démontrent parfois d'une forte possession sur les organisateurs des festivals, cela amène à penser que ces évènements produisent d'importants bénéfices.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire