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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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I-3-MONOGRAPHIE DES BAKOLA/BAGYELLI

I-3-1-DESCRIPTION GEOGRAPHIQUE ET HUMAINE

Les Bagyelli/Bakola occupent la position la plus occidentale. Cette situation géographique suffit à les démarquer des autres Pygmées car ils sont les seuls à évoluer en forêt littorale.

Carte 2: La position maritime des Bakola par rapport aux autres groupes Pygmées. Source : www.gitpa.org

Outre quelques îlots de peuplement mentionnés au Nord de la Guinée Equatoriale, leur présence s'affirme essentiellement en territoire camerounais, délimité à l'Ouest par la côte atlantique, entre la rivière Ntem du Sud et la rivière Nyong au Nord, et à l'Est à la latitude 10°60' qui passe approximativement sur la ville d'Eséka.

L'appellation « Bagyelli » (nous conserverons dorénavant ce nom et cette orthographe pour la suite de notre étude) vient de Ngyelli au singulier et Ba-Gyelli au pluriel. C'est ce nom qu'ils se donnent eux-mêmes au Sud, dans la zone de Kribi, alors que leurs frères du Nord, zone de Lolodorf, se nomment Ba-Kola (sg. Nkola)15 .Les Mabi et les Ngoumba les appellent : Ngyelli/ Bo-Gyelli, les Fang-Beti les nomment : Nkwé/Be-Kwé et les Mvae : Nyela /Be-Yela.

Le / bajélé /, langue des Bagyelli, est d'origine bantoue et appartient au groupe MakaNjem (A-81 selon la classification de M. Guthrie), c'est-à-dire proche du /Mbvumbo/ et du /Mabi/, parlers respectifs des Mabi et des Ngoumba. Ces parlers constituent entre eux des dialectes, car outre des différences d'ordre phonétique et lexical, il y a intercompréhension. En revanche le / bajélé / se démarque nettement du / Baka / , parler classé dans la sous famille oubanguienne.

Bien qu'étant sans nulle ambiguïté possible des chasseurs-collecteurs, les Bagyelli se distinguent par une sédentarisation relativement avancée. On estime que l'agriculture est apparue chez eux depuis un demi-siècle, mais sa pratique reste encore balbutiante. Les Bakola de Lolodorf pratiquent l'agriculture depuis 1940 et la cacaoculture vers les années 1947- 194816.

Le corollaire immédiat à ce processus de sédentarisation est l'existence d'habitats permanents parfois proches, voire carrément au bord d'une piste, et à proximité d'un village bantou. Nous parlerons seulement d'une semi-sédentarisation dans le sens oü elle n'entrave que partiellement les longues absences saisonnières à but cynégétique, pratiquées à certaines périodes de l'année.

Quant aux contacts avec les Bantou, ils semblent très anciens, comme tend à le prouver la parenté des dialectes mentionnée précédemment. L'histoire des Bagyelli reste totalement méconnue, mais compte-tenue de la parenté linguistique, elle est certainement liée aux migrations ancestrales des Ngoumba, ainsi qu'en témoigne l'étude des traditions

15 LOUNG, JF.1987, « Le nom authentique du groupe Pygmée de la région côtière camerounaise », Revue de géographie du Cameroun.

16 NGIMA M, G ; Le système alimentaire des groupes Pygmées Bakola de la région de Campo ; Thèse Doctorat, Paris.

 
 

La chasse

 

Ngoumba17. Aujourd'hui cependant, les Bagyelli entretiennent des relations variées avec d'autres populations bantoues (Bassa, Mvae, Bulu, Batanga, Evuzok,...), d'oü leur plurilinguisme marqué mais très variable selon la diversité des contacts. Dans tous les cas en revanche, ce plurilinguisme reste unilatéral (le Bantou parle très rarement la langue des Pygmées).

Longtemps basés sur un système d'échanges déséquilibrés et motivés par une réelle subordination, les contacts entre Bagyelli et « Grands Noirs » ont subi des changements complexes qu'il convient de ne pas trop schématiser. Signalons cependant la contribution à ces changements, de la monétarisation croissante et de l'importance accrue de l'écosystème villageois sur l'écosystème forestier. La vente des graines de la liane Neh (Strophantus gratus, Apocynacées) a contribué à faire accéder indirectement les Bakola aux échanges internationaux dès l'époque coloniale allemande, en tant que principaux cueilleurs de ce produit. En effet, les Européens avaient découvert que ces graines utilisées par les villageois et les Pygmées pour fabriquer un poison avec lequel ils enduisent la pointe des flèches d'arbalète, servant notamment pour la chasse aux singes, contiennent un glucoside agissant sur le coeur : ils en suscitèrent donc la collecte à grande échelle, et les exportaient pour approvisionner l'industrie pharmaceutique métropolitaine.18

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus