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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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I-2-2-NGOYANG

I- 2-2-1-L'origine ethnonymique

Ngoyang, selon les informations recueillies sur le terrain nous enseignent que le village porte le nom de la longue chaîne montagneuse qui délimite la frontière naturelle de ce village. Ce récif montagneux qui culmine sur plus de 1000m se nomme dans les langues environnantes soit Ngoyang (Ewondo), Ngoboyo (Ngoumba), Ngovayang(Fang) et Ngo Yang chez les Bassa. Le village avait été occupé premièrement par les Bassa qui par la suite ont été repoussés au Nord vers Eséka par les nouveaux venus.

I- 2-2-2-L'origine du peuplement

Ngoyang, est un village dont les principales composantes ethniques sont au nombre de trois (Ewondo, Ngoumba et Bakola). Pour ce qui est de l'occupation de l'espace par les Ewondo qui sont majoritaires, on retrouve les Essom à l'ouest, les Tsinga à l'est et les Kombé au centre du village. On ne peut pas dire avec la certitude la plus absolue comment s'est fondé le village. Les écrits sur ce point sont rares, voire inexistants. Il existe néanmoins une forte oralité d'ailleurs en constante disparition du fait même de la disparition des anciens. On s'accorde tout de même à dire que Ngoyang est un village qui s'est bâti à partir d'une immigration qu'on peut qualifier d'alimentaire. Rappelons en effet que l'océan atlantique est à vol d'oiseau à environ 100 km de là et que chez les peuples Ewondo comme chez les autres, le sel est un élément essentiel de la dégustation des aliments. Tout comme on a connu pour l'Asie une route des épices, on peut faire un parallèle certainement maladroit en parlant de la route du sel. En effet, Tsinga, Essom et Kombé n'ont pas vraiment leurs racines à Ngoyang

comme les Pygmées pourraient prétendre l'avoir pour les forêts environnantes. Ce sont des clans qui viennent des environs, pour les Tsinga et Essom, de la région de Yaoundé et pour les Kombé de la région de Mbalmayo dans le centre du Cameroun.

Pour de nombreux anciens, leurs ancêtres seraient partis de leur zone d'origine à la quête du sel. Mais quand on connaît un peu la géographie du sud du Cameroun, on peut se demander pourquoi ces clans se sont installés là à Ngoyang à plus ou moins 100 km et pas beaucoup plus près de l'océan, source de sel. Les explications là aussi sont nombreuses. L'une de ces explications consiste à dire que les bâtisseurs de Ngoyang ne sont jamais arrivés à la mer, source de sel. Perdus dans la jungle, ne sachant plus trop où se trouvait le chemin les menant au sel, et ne pouvant même plus rebrousser chemin, ils se sont installés sur place. On a également dit que les peuples, batanga par exemple se trouvant à côté de la mer n'avaient pas particulièrement apprécié l'invasion de ces Ewondo venus des régions de Yaoundé ou Mbalmayo. Cela aurait entraîné des conflits obligeant "les envahisseurs" à se replier vers les zones forestières situées plus loin de la côte. Cela pourrait notamment expliquer le fait que certaines tribus Ewondo soient aujourd'hui installées géographiquement bien après "le sel".

I- 2-2-3-L'aspect socioculturel et économique

I- 2-2-3-1-L'organisation sociale

a. Vie politique L'organisation sociale s'articule autour d'une institution: la chefferie, qui représente à

la fois l'autorité traditionnelle et l'autorité de l'Etat. La chefferie est calquée sur un modèle de divisions claniques et/ou de regroupements de familles ayant un ancêtre commun.

b. Vie religieuse On note qu'à Ngoyang, les croyances sont multiples et cohabitent en parfaite

harmonie: Catholiques, Protestants (Eglise Néo-Apostolique) et Animistes.

I- 2-2-3-2-L' Education

Le taux de scolarisation des enfants en âge de fréquenter est très faible à Ngoyang. La

majeure partie des effectifs de l'école publique de la localité est composée de quelques enfants bantous restés au village et des enfants Bakola en majorité. Toutefois, il faut souligner que, malgré le nombre important d'élèves en début d'année scolaire, le phénomène des déperditions scolaires observé à Ngoyang est un handicap sérieux à l'émancipation intellectuelle des jeunes pygmées.

Ci-dessous deux tableaux qui résument clairement la situation scolaire à Ngoyang. Le premier tableau, présente les effectifs de l'école publique de Ngoyang au cours des trois dernières années scolaires (2007-2008, 2008-2009, 2009-2010). Le second tableau, nous montre la progression scolaire par niveau d'apprentissage des enfants Bakola.

Année scolaire

 

2007-2008

 

2008-2009

 

2009-2010

Effectif des élèves Bakola

 

94

 

104

 

84

Répartition par sexe des élèves Bakola

G

 

F

G

 

F

G

 

F

58

 

36

65

 

39

46

 

38

Effectif des élèves de l'école publique de Ngoyang

 

162

 

157

 

154

Pourcentage de

représentativité des élèves Bakola

 

58%

 

66%

 

54%

Nombre d'élèves

Bakola certifiés

 

2

 

1

 

1

Tableau 3 : Effectif des enfants Bakola inscrits a l'école publique de Ngoyang

Source : Aristide Bitouga/ Mme OYONO ANDEGUE Joséphine (Directrice de l'école publique de Ngoyang

2009-2010)

Niveau d'apprentissage

Pourcentage d'élèves Bakola

SIL-CP

50%

CE1-CE2

40%

CM1-CM2

10%

Total

100

Tableau 4 : Progression scolaire des enfants Bakola par niveau d'apprentissage

Source : Aristide Bitouga/ Mme OYONO ANDEGUE Joséphine, (Directrice de l'école publique de Ngoyang

2009-2010)

L'école publique de Ngoyang, est une école à cycle complet qui a été construit avec l'appui financier du projet SAILD/APE. Elle reçoit tous les enfants Bakola qui viennent des différents villages pygmées qui composent le groupement Bakola de Ngoyang (Nkouonguio,

Ngo Manguèlè ; Mimbiti, Matindi, Nkouampboer, Meh, etc....). La photo ci-après, montre le bâtiment principal de l'école publique de Ngoyang.

Photo 2 : Ecole publique de Ngoyang Source : Aristide Bitouga (Ngoyang 2009)

I- 2-2-3-3-L'aspect économique a- Activités agricoles

Les méthodes culturales sont fondées sur une agriculture forestière extensive sur brûlis, caractéristique des espaces à faible densité de population, mais également à bas niveau technologique. L'agriculture sur brûlis consiste à défricher un terrain dans la forêt, à brûler la végétation et à cultiver le champ ainsi préparé pendant deux à trois mois avant de l'abandonner en jachère afin de restituer la fertilité du sol. En raison d'une grande disponibilité des sols, la jachère dure en général plus de huit ans. L'abondance des pluies permet la mise en place à longueur d'année d'un grand nombre de cultures. La période de mise en culture d'une parcelle de culture est de deux à quatre ans.

b- Activités cynégétiques

La chasse

La chasse est une composante des différentes stratégies de diversification des sources de nourriture et de revenus pour la survie des ménages. La plupart des grands animaux sauvages ont pratiquement disparu. Les animaux les plus couramment chassés sont : le singe, l'antilope, le porc-épic, le lièvre, le rat et les serpents. La chasse se fait avec des collets, des arcs et des flèches. La chasse au fusil se pratique la nuit avec des torches. Cette forme d'activité est le plus souvent collective car on va de plus en plus loin du village pour plusieurs

jours. Les grandes chasses se font en période de pluies car le bruit des feuilles mortes en saison sèche met les animaux en alerte. Cependant la chasse se pratique toute l'année mais de façon plus intense en dehors des périodes favorables.

Photo 3:Gibier (pangolin) pris au piège et destiné à la commercialisation Source : Aristide Bitouga (Ngoyang 2009)

c- Les activités commerciales

Il concerne d'une part le commerce des produits vivriers et d'autre part la vente des denrées de première nécessité. La première forme concerne surtout les femmes ; celles-ci vendent leurs produits sur les marchés de Lolodorf et d'Eséka. La proximité avec la route bitumée facilite l'écoulement des produits vivriers. On peut même observer de passage à Ngoyang que des acheteurs viennent sur place acheter les produits dont ils ont besoin. Parmi ces produits on peut citer les produits forestiers non ligneux, la viande de brousse, etc.

A Ngoyang, le petit commerce est très peu développé. Cette situation peut s'expliquer par la proximité du village avec les principales villes de ravitaillement que sont Lolodorf et Eséka. On y retrouve la plupart des cas de petites échoppes tenues par quelques villageois. Le savon, le sel, le sucre, le pétrole, la cigarette et même les produits pharmaceutiques sont proposés aux paysans. De même, les femmes et les enfants proposent des denrées alimentaires crues ou cuisinées. On peut également mentionner par la même lancée la vente des produits comestibles tels que : le poisson sec ou boucané, les beignets, les bâtons de manioc, mets de courges, etc. On observe aussi une activité très lucrative : le commerce de l'écorce de l'arbre à ail (Scorodophloeus Zenkéri) appelé dans la région Womi. Cette écorce est un condiment très prisée par les Bassa et d'autres peuples pour assaisonner leurs différentes cuissons. Les

femmes Bakola vont en brousse chercher cette écorce et viennent ensuite les empaquetées pour les déposer en bordure de route à l'attente d'une éventuelle acheteuse qui viendra de Yaoundé ou de Douala pour en acheter. Le paquet de 40 écorces de Womi s'élève à cinq mille francs CFA.

Photo 4:Womi (Scorodophloeus Zenkéri) séché a l'intérieur d'une cuisine à Ngoyang prêt pour être vendu

Source : Aristide Bitouga (Ngoyang 2009)

L'artisanat : L'artisanat constitue la cinquième plus importante activité sociale et économique chez les Bakola et Bagyelli de Lolodorf et Bipindi14. Il vient en troisième position comme source de revenus. Une fois les produits préts, ils n'hésitent pas à les proposer à des femmes bantoues qui sont très nombreuses à s'en procurer pour le transport des tubercules des champs vers le village.

La photographie ci-dessous, fait l'étalage de quelques produits issus de l'artisanat Bakola de Ngoyang.

14 Arrêté n°0648/MINFOF du 10 décembre 2006 fixant la liste des animaux des classes de protection A, B et C.

Photo 5: Produits issus de l'artisanat Bakola Source : Aristide Bitouga (Ngoyang 2009)

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry