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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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CHAPITRE DEUXIEME : DEFINITION DES CONCEPTS,
REVUE DE LA LITTERATURE ET THEORIES
EXPLICATIVES

II-1- DEFINITION DES CONCEPTS

A l'instar de toutes les sciences, l'Ethno-anthropologie conçoit et utilise des termes et expressions pour désigner et signifier des réalités singulières et pour bien circonscrire les termes et les expressions dont il importe de cerner le sens exact E. Durkheim dit à propos: «Il faut définir les choses dont on traite afin que l'on sache bien de quoi il est question et de rechercher les débats sous jacents19 '.Cohen, établit que : « La définition des concepts permet de faciliter la communication et de promouvoir un usage commun des termes contenus dans le problème de recherche20 '.

Infrastructures sociales : Le mot infrastructure est présent dans plusieurs champs de connaissances ce qui le rend difficilement cernable. Selon le dictionnaire Le Larousse illustrée 2005, le vocable infrastructure désigne l'ensemble des équipements techniques et matériels. Il peut aussi signifier l'ensemble des ouvrages et des équipements au sol destinés à faciliter le trafic routier, aérien, maritime ou ferroviaire, on parle en ce moment d'infrastructures routières. On parle aussi d'infrastructure pour désigner l'ensemble des installations nécessaires à une activité, à la vie en un lieu. Cette définition nous paraît être la mieux appropriée pour rendre compte du contenu du concept infrastructures sociales dans notre travail de recherche. En effet, la présence d'une infrastructure sociale dans une communauté vise à l'amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires. Ce sont des installations nécessaires et utiles pour le milieu et qui contribuent à l'épanouissement des individus. De ce fait on peut parler d'infrastructures sociales lorsqu'il s'agit par exemple d'une école, d'un dispensaire, des logements sociaux ou de tout autre édifice qui ont été construits pour améliorer les conditions de vie des populations.

Le concept infrastructure apparaît abondamment dans les travaux de Karl Marx qui l'analyse comme l'ensemble des forces productives et des rapports de production qui constituent la base matérielle de la société et sur lesquels s'élève la superstructure (idéologie et institutions). Pour donner une meilleure compréhension de l'approche marxiste, Maurice Godelier va procéder à une analogie avec un bâtiment. L'auteur structure sa pensée en démontrant que dans tout bâtiment, il y a un sous-bassement qui correspond aux fondations. Théoriquement en les transposant sur le plan de la réflexion, on peut appeler ces fondations, infrastructure (elles correspondent alors au terme marxiste de rapports de production). Mais

19 Émile Durkheim, 1975, Éléments d'une théorie sociale, Paris, Éditions de Minuit, Sens commun, pp. 13-36.

20 Cohen, 2004, Strategic supply chain management,MC Graw Hill.

tout bâtiment possède aussi, au dessus des fondations, une élévation comportant la maison proprement dite. Cette élévation va avoir pour nom théorique superstructure (elle correspond au terme marxiste de rapports de production).

Godelier remarque qu'aucun bâtiment n'a de sens et de réalité s'il ne comporte pas des fondations et une élévation qui forment un tout, la maison. Il y a donc interaction. Il est de même dans une société ou infrastructure et superstructure sont étroitement mêlées et ne peuvent se concevoir l'un sans l'autre. De ce point de vu marxiste, l'infrastructure est le sous bassement de toute société et elle correspond aux rapports économiques ; tandis que la superstructure correspond à l'ensemble des fonctions d'une société, religion, art, parenté,...

Dans le cadre de notre travail, infrastructures sociales, devra s'entendre comme les différentes constructions identifiées sur le terrain dont la finalité vise à l'amélioration des conditions de vie des Bakola/Bagyelli. Ce changement de vie passe par leur sédentarisation et leur intégration dans la société camerounaise globale. Au nombre de ces constructions qui ont retenu notre attention nous pouvons citer : le foyer scolaire et les maisons construites respectivement par le SAILD/APE et la CBCS à Ngoyang et le hameau construit par la MIPROMALO à Bidjouka-Samalè.

Rapports de cohabitation : Selon le dictionnaire Le Larousse illustrée 2005, la cohabitation est l'état de deux ou plusieurs personnes qui habitent sous le méme toit. C'est également le fait de vivre ensemble. On peut donc envisager la cohabitation comme étant le partage d'un méme espace vital et de ses ressources par des individus voire des communautés. La cohabitation peut aussi s'envisager comme l'existence de coopération entre deux ou plusieurs groupes sociaux pour assurer leur mieux être et leur survie dans un environnement qu'ils partagent en commun. La cohabitation met en situation de complémentarité des individus qui partagent un même espace vital. Pour résoudre un certain nombre de problèmes que leur pose leur environnement les gens sont appelés à échanger, à s'entraider et à se soutenir mutuellement.

De ces différentes approches définitionnelles, nous pouvons envisager la relation bantou-pygmée comme étant des rapports de cohabitation. Car ces deux communautés partagent un même territoire et il existe entre ces deux groupes une coopération à bénéfice réciproque. Méme s'il faut relever ici le fait que cette coopération perpétue la banalisation, la domination et l'assimilation des pygmées. Les Bantou et les Pygmées entretiennent de très anciens contacts et leur histoire est étroitement liée à leurs migrations ancestrales. Les rapports entre villageois et pygmées se situent à plusieurs niveaux : ce sont principalement des rapports de dépendance et de complémentarité.

L'anthropologie marxiste s'est une fois de plus illustrée dans l'étude et l'analyse des rapports de cohabitation entre les classes sociales. Méme si la trame de fond de l'approche marxiste a toujours consisté à mettre l'accent sur les rapports de domination et d'exploitation entre le prolétariat et la bourgeoisie. Comment comprendre le fait que des groupes d'hommes puissent coopérer à la production et à la reproduction de leur subordination, voire de leur exploitation ? Maurice Godelier donne une réponse à cette question. Cette réponse tient dans la proposition suivante : les rapports sociaux sont la résultante d'une sorte de contrat passé entre les membres d'une méme société, basé sur un échange de procédés, à savoir un « service et un contre-service ». Godelier va alors émettre l'hypothèse que la première relation « service et contre-service » dans les sociétés d'origine serait fondée sur le service magicoreligieux (service de protection spirituel) qui trouverait un allié dans le service que pourrait offrir les guerriers (protection matérielle). Cette alliance matérielle et symbolique ayant pour but de protéger le groupe, entrainerait la nécessité d'apparition des sous-groupes où chaque agrégat aura un rôle spécifique à jouer pour la survie du groupe. C'est dans cette optique que nous envisageons la cohabitation entre Bantou (Ewondo et ngoumba) et les Bakola/Bagyelli. Ce sont des rapports de crainte mutuelle et d'entraide qui unissent ces deux groupes. Les Bantou recourent aux savoirs thérapeutiques et magiques des Pygmées tandis que ceux-ci font appel aux Bantou pour bénéficier des biens et services que ces derniers peuvent leur procurer.

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