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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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b- La théorie du conflit

La théorie du conflit affirme que la société ou l'organisation fonctionne de sorte que chaque participant individuel et ses groupes luttent pour maximiser leurs avantages. Ce qui contribue inévitablement aux changements sociaux comme les évolutions politiques et/ou les révolutions. Cette théorie est la plupart du temps appliquée en vue d'expliquer le conflit entre les classes sociales, prolétariat contre bourgeoisie ainsi que, pour les idéologies, capitalisme contre socialisme. La théorie essaie de réfuter le fonctionnalisme.

En effet, il n'est pas question de considérer que les sociétés et les organismes fonctionnent de sorte que chaque individu et groupe joue un rôle spécifique, comme des organes dans le corps. Il y a des hypothèses de base radicale (la société est éternellement en conflit, ce qui pourrait expliquer le changement social), ou de base modérée (la coutume et le conflit sont toujours mélangés). La version modérée tient compte du fonctionnalisme puisqu'elle accepterait ce même jeu négatif d'institutions sociales par partie dans l'individuBeibehaltung de la société. L'essence de la théorie du conflit est mieux résumée par la « structure de pyramide » classique dans ce qu'une élite dicte des limites aux masses plus grandes. Toutes les positions, lois, et traditions principales dans la société sont conçues pour soutenir ceux qui ont traditionnellement été dans la puissance, ou les groupes qui sont perçus pour être supérieurs dans la société selon cette théorie. Ceci peut également être augmenté pour inclure la « moralité » de n'importe quelle société et par prolongation leur définition de déviance. Quelque chose qui défie la commande de l'élite sera probablement considéré « déviante » ou « moralement répréhensible. »

En résumé, la théorie du conflit cherche à cataloguer les manières dont ceux qui ont le pouvoir, dans la recherche de puissance travaillent à rester dans la puissance. Dans la théorie du conflit, le groupe stratégique concurrent joue un rôle principal. Nous allons à l'intérieur de la théorie du conflit convoqué trois éléments que sont : l'arène, les groupes stratégiques et le conflit.

Arène

C'est peut-être dans le contexte des analyses de Bailey28 le terme, fréquemment utilisé dans la littérature anglo-saxonne, est le plus significatif, bien qu'il ne soit jamais explicitement défini. Bailey voit la politique, nationale comme locale, en termes de « jeu »,

28 Bailey, 1969, Strategems and spoils. A social anthropology of politics , Oxford.

oü se confrontent et s'affrontent les acteurs sociaux, autour des leaders et de factions. L'arène est au fond l'espace social oü prennent place ces confrontations et affrontements.

La notion d'arène peut utilement être rapprochée de la notion voisine de « champ ". Pour Swartz, le champ (politique) est un espace social et territorial à l'intérieur duquel sont reliés les uns et les autres les acteurs impliqués dans un processus politique. Le champ politique inclut « the values, meanings, resources, and relationships employed by the participants in that process". Ainsi son acception du champ politique est plus large que celle de Bailey et d'autres. Pour Swartz, « arène " renvoie à:

The social and cultural area which is immediately adjacent to the field both in space and in time", zone qui « contains the repertory of values, meanings, and resources these actors possess, together with the relationships among them» (relations qui peuvent être multiplexes ou non) and « the values, meanings and resources possessed by the field29.

Divers auteurs ont quant à eux utilisé arène et champ de façon interchangeable, et d'autres ont utilisé champ pour inclure simultanément les sens de champ et d'arène selon Swartz. Pour nous, arène évoque à la fois une échelle plus restreinte et une plus claire conscience des affrontements chez les acteurs eux-mêmes. Une arène, au sens où nous l'entendons est un lieu de confrontations concrètes d'acteurs sociaux en interaction autour d'enjeux communs. Un projet de développement est une arène. Le pouvoir villageois est une arène.

Conflit

Les premiers travaux en anthropologie qui aient systématiquement abordé la réalité sociale par le biais des conflits sont sans doute ceux de l'Ecole de Manchester, dès le début des années 195030. Cependant les usages qui ont été faits de la notion de conflit restent ambigus, et renvoient à au moins trois niveaux d'analyse qu'il est utile de désagréger.

D'une part, un constat empirique : les sociétés, toutes les sociétés, sont traversées de conflits ; Le conflit est donc un élément inhérent à toute vie sociale. Cette idée est un leitmotiv dans l'oeuvre de Max Gluckman, le fondateur de l'Ecole de Manchester, et dans celle de ses disciples31.

D'autre part, une analyse structurelle : les conflits renvoient à des différences de positions. Le plus clair exemple, et le plus systématique, en est le premier grand ouvrage de

29 Swartz, M.J.1969, Social and Cultural Perspectives, London: University of London Press: 1-46.

30 Bien évidemment la notion de conflit était déjà au coeur du paradigme marxiste. Mais divers auteurs extérieurs à cette tradition ont mis en évidence l'importance des conflits, comme Dahrendorf (1959), en macrosociologie, Crozier(1964) en sociologie des organisations.

31 Le conflit est déjà un thème d'un des premiers ouvrages de Gluckman(1940), mais prend plus d'importance dans les publications ultérieures comme : « Custom and conflict in Africa " (Gluckman, 1956).

Victor Turner32. Les conflits sont l'expression de « contradictions » structurelles. Autrement dit les sociétés, aussi petites soient elles, et aussi dépourvues soient elles de formes institutionnalisées de « gouvernement », sont divisées et clivées. Ces divisions et ces clivages sont entretenus par des « coutumes », c'est-à-dire des normes, des règles morales, des conventions. Les conflits expriment donc des intérêts différents liés à des positions sociales différentes et sont culturellement structurés.

L'analyse structurelle, nous semble quant à elle devoir etre amendée(en suivant d'ailleurs certaines pistes que Gluckman lui même a tracées dans ses écrits les plus programmatiques). Il est vrai que bien souvent les conflits renvoient à des positions différentes dans la structure sociale. Mais il convient pour Long33 de souligner l'existence d'une marge de manoeuvre pour les individus ; C'est ce dernier qui a introduit dans la sociologie et l'anthropologie du développement la problématique de l'Ecole de Manchester. Un conflit entre personnes ou entre groupes n'est pas l'expression d'intérêts objectifs opposés, mais aussi l'effet de stratégies personnelles, plus ou moins insérées dans des réseaux et organisées en alliances.

Identifier les conflits, c'est aussi un moyen d'aller au- delà de la façade consensuelle et de la mise en scène en direction de l'extérieur que les acteurs d'une société locale proposent souvent à l'intervenant ou au chercheur extérieur. Ceci est particulièrement important dans le champ du « développement », où les stratégies de mise en scène face à des intervenants extérieurs sont devenues une part du savoir-faire des acteurs locaux. En Afrique, où la « rente du développement » est désormais une composante structurelle de l'économie de nombreux villages et a été intégrée dans les stratégies paysannes34, toute enquête est perçue par les villageois comme les prémisses d'un flux aide potentiel, et les gens présentent donc aux chercheurs le spectacle d'un village uni et dynamique, dont les besoins correspondent exactement à ce que l'on pense que les visiteurs sont prts à fournir.

Groupes stratégiques

C'est vers Evers35 que nous nous sommes cette fois tourné pour mieux expliquer le concept de groupe stratégique. Chez ce sociologue allemand, il s'agit de proposer une alternative à la catégorie de « classe sociale », trop figée, trop mécanique, trop économique,

32 Turner, 1957, Schism and continuity in an African Society,Manchester University.

33 Long, 1989, Encounters at the interface.A perspective on Social Discontinuities in Social Life,Wageningen.

34 Bierschenk&Olivier de Sardan, 1997, «Ecris: Rapid collective inquiry for the identification of conflicts and

the strategic groups »; Human Organization.

35 Evers & Schiel, 1988, Strategische Gruppen. Vergleichende Studien zu Staat ; Berlin, Reimer Vertag.

trop dépendante d'une analyse marxiste en termes de « rapports de production ». Les groupes stratégiques apparaissent ainsi comme des agrégats sociaux plus empiriques, à géométrie variable, qui défendent des intéréts communs, en particulier par le biais de l'action sociale et politique.

Cette perspective plus pragmatique, plus proche des réalités empiriques, au lieu de définir a priori les critères de constitution de groupes sociaux, déduit les groupes pertinents pour un problème donné à partir de l'analyse des formes d'action observables en vue de l'appropriation des ressources. Selon les contextes ou les circonstances, un acteur social est un membre potentiel de différents groupes stratégiques, en fonction de son propre répertoire de rôles. Il n'y a pas de frontières rigides entre les groupes stratégiques. La notion de groupe stratégique reste essentiellement d'ordre empirique et heuristique. Elle suppose simplement que dans une collectivité donnée les acteurs n'ont ni les mémes intéréts, ni les mémes représentations, et que, selon les problèmes, leurs intérêts et leurs représentations s'agrègent différemment, mais pas n'importe comment.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe