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Essai d'analyse écogéographique de la végétation sectorielle du Fiherenana

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par Nourddine MIRHANI
Université de Toliara Madagascar - Maà®trise en géographie 2007
  

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VII.2.2- LA COUPe

A la différence de la déforestation, la coupe est plutôt sélective. Donc, les pressions s'exercent d'une façon quotidienne sur les mêmes espèces. Elles sont les cibles de la construction (photo 17) et de l'énergie. L'usage d'une telle plante par rapport à une autre est dicté par la tradition : exemple le « Mendoravy >> (Mendoravia sp.) pour la construction des cercueils. Un autre ligneux plus exploité est le genre Cedrelopsis (Katrafay). Actuellement, cette espèce dispose d'une large fréquence mais à l'état de régénération. Le « Hompy >> de BEHOMPY dont les villageois ne cessent de dire : « cette espèce couvrait notre région >> a quasiment disparu. Même dans les milieux les plus reculés de Behompy, sa fréquence est faible.

Ainsi, la pénurie en bois se fait sentir. Les villageois doivent parcourir plusieurs kilomètres pour trouver des espèces dont la taille permet l'exploitation. Face à une telle crise, l'Homme s'adapte à court terme à la disparition de la flore. Là où les arbustes n'existent plus ou en passe de disparaître, les peuplements chétifs et constitués d'espèces rabougries subissent des coupes abusives. Leur valeur énergétique est très faible. Pour y compenser les collecteurs augmentent le volume des tiges. A défaut de bois, les arbres fruitiers (manguiers, tamariniers,...) et les ligneux à caractère touristique comme « Sony >> (Didierea madagascariensis) sont charbonnés. Ici notre regard se porte surtout sur les dunes roux de Belalanda. L'exploitation abusive des mangroves pour la carbonisation et la construction conduit à leur dégradation.

Le caractère illégal du prélèvement et le problème du transport poussent les collecteurs à opérer sur des zones restreintes qui sont ainsi totalement déboisées. Pire encore, les formations forestières situées à proximité de la R.N.9. et de la R.N.7. sont totalement dégradées. Désormais, ces routes conçues pour le développement, ne parviennent plus à cohabiter avec la flore. Elles facilitent la pénétration dans ces milieux jadis difficilement accessibles et accélèrent la dégradation floristique. Avec, l'appui et la comparaison des images satellitaires (LANDSAT/1999 et GOOGLE /2007, Annexe VIII) il est constatable que la superficie forestière sur le plateau calcaire diminue et que la zone à forte déforestation est traversée par la R.N.7. alors que vers l'intérieur de Behompy, la flore est plus ou moins conservée. Dans le premier cas, la carbonisation est un métier définitif, elle est le moyen le plus rapide pour avoir de l'argent, le transport mobilise des camions. Le second cas au contraire, les paysans se contentent d'une carbonisation temporaire pour survivre pendant qu'ils attendent leur récolte. Le transport est assuré par charrette.

Une étude récente a confirmé que la ville de Toliara consomme annuellement 300.000 m3 de bois d'énergie dont 93 % pour le charbon et 7% pour le bois de feu (Vintsy, n°51- 2006).

A l'échelle régionale, les forêts denses sèches décidues et les fourrées xérophiles du Sud fournissent un volume de bois de 29 m3/ha pour 850 tiges en moyenne (données fournies par la DGEF/IEFN, 1996).

A notre échelle, les forêts denses sèches à Commiphora et les forêts denses sclérophylles de moyenne altitude présentent en moyenne une potentialité de 38 m3/ha pour 4545 tiges.

Ces valeurs vont permettre d'estimer d'abord la superficie qui disparaît annuellement à l'échelle régionale. Ensuite, nous pouvons estimer la superficie qui disparaît ou qui a disparu pour un tel volume de 300 000 m3 à notre échelle (tableau 33). Les superficies de ces formations végétales dans la province de Toliara figurent en annexe VII.

Tableau 33 : Estimation des superficies ravagées

Indicateurs

Superficie
régionale (ha/an)

V. commun en m3
pour Toliara

Superficie
sectorielle (ha)

Bois du charbon

9621

279000

7342

Bois du feu

724

21000

553

Total

10345

300000

7895

 

Source : statistiques de l'auteur

La carbonisation pour l'alimentation de la ville de Toliara connaît une recrudescence alarmante. Dans la région, au début des années 1980, 5000 ha de forêt étaient détruits par an (Cf. SALOMON, 1981 et 1987). Aujourd'hui, le chiffre atteint 9621 ha/an. Au total (bois du charbon et du feu), 10345 ha disparaissent annuellement. Pour notre cas, il faut raser 7895 ha pour obtenir les 300000 m3 de bois qui ravitaillent Toliara.

Ces coupes ne sont pas conduites de telle sorte à ménager notre patrimoine pour l'avenir. « Les grands responsables de cet état de fait sont des populations rurales vivant au bord de la pauvreté » (SALOMON, 1987) et plus particulièrement des migrants ayant des motivations économiques. Ces gens submergés dans leurs profits semblent ignorer qu'un arbre ou un arbuste peut mettre plusieurs années avant d'atteindre une taille acceptable pour être abattu (NOURDDINE, 2005) : « Arofy » met plus de 200 ans avant d'atteindre le diamètre d'une coupe acceptable; « Hazomalany » exige même 800 ans ! (SALOMON, 1981). Ces bois sont très recherchés.

De cette manière, beaucoup d'espèces floristiques rares et endémiques disparaîtront et le charbon se fera rare dans le centre ville de Toliara.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld