CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
De par leurs conséquences, notamment la
déshydratation et la malnutrition, les maladies diarrhéiques
constituent une des principales causes de décès des jeunes
enfants. 
Au Tchad, la diarrhée est la maladie la plus
fréquente (13,3%) des enfants suivie de l'infection respiratoire 
aiguë  (7,0%).  Environ  23,3%  des  enfants  atteints  de 
diarrhée  ont  souffert  de malnutrition aiguë. La
déshydratation due à la diarrhée et les infections
respiratoires aiguës sont rangées parmi les principales causes de
décès chez les enfants au Tchad (EDSTII-2004). 
C'est cette forte prévalence et sa conséquence
sur la santé des enfants qui justifient la présente étude 
intitulée  « Facteurs  explicatifs  de  la  morbidité 
diarrhéique  chez  les  enfants  de  moins  de cinq ans au Tchad
». 
La présente étude a pour objectif principal, de
contribuer à l'amélioration des programmes de santé et de
population en général et des programmes de lutte contre les
maladies diarrhéiques chez les enfants de moins de cinq ans en
particulier au Tchad. 
A l'objectif principal susmentionné, nous avons adjoint
deux objectifs spécifiques à savoir : 
- Montrer l'ampleur des déséquilibres
régionaux de la prévalence diarrhéique chez les enfants de
moins de cinq ans; 
- Identifier les  groupes  de facteurs qui influencent la
morbidité diarrhéique chez les enfants de moins de cinq ans 
A la suite de la revue de la littérature, nous nous
sommes appesanti sur cinq principales approches explicatives de la
morbidité diarrhéique. 
L'approche  socio-économique  met 
l'accent  sur  la  précarité  de  condition  de  vie  à 
travers l'indicateur niveau de vie du ménage et de l'activité des
parents notamment celle de la mère pour expliquer la morbidité
diarrhéique des enfants. Dans l'approche
démographique, notre attention sur  l'incidence   qu'ont   les 
 caractéristiques   individuelles   de   la   mère   et   de  
l'enfant   sur   le phénomène étudié. Quant
à l'approche environnementale, son influence sur la
santé des enfants et   en   particulier   la   morbidité  
diarrhéique   est   appréhendée   à   travers   le 
 climat,   l'eau   et l'environnement  immédiat.  L'approche 
socioculturelle  explique  la  morbidité  diarrhéique 
en s'appuyant  sur  le  niveau  d'instruction,  la  religion  et  l'ethnie 
d'appartenance  de  la  mère.  Par ailleurs,   au   niveau   de  
l'approche   comportementale,   c'est   le   comportement  
sanitaire   et nutritionnel de la mère qui explique la morbidité
diarrhéique des enfants. 
La  suite  du  travail   est   consacrée  à 
l'analyse   descriptive   bivariée  puis  à  l'analyse
multidimensionnelle après avoir pris soin de formuler les
hypothèses de l'étude et  d'évaluer la qualité des
données de l'EDST-II 2004. 
Au niveau bivarié, nous avons, d'une part,
recherché les associations entre les variables explicatives et la
variable dépendante par le calcul de la probabilité de Khi-deux,
et, d'autre part, évalué les variations des niveaux de
morbidité diarrhéique selon les modalités de chacune de
nos variables indépendantes. 
Au niveau multidimensionnel (multivarié), nous avons
essayé d'identifier les facteurs qui influent  sur  la  morbidité
 diarrhéique  chez  les  enfants  de  moins  de  cinq  ans.  Cette 
analyse  a permis  de  mettre  en  évidence  l'influence  des  facteurs
socio culturels  (niveau  d'instruction  et l'ethnie d'appartenance de la
mère), socio-économiques (l'activité de la mère),
environnementaux (la région sanitaire et le milieu de résidence),
comportementaux (introduction d'autres aliments solides ou semi-solides) et
démographiques (l'âge de la mère, l'âge et le sexe de
l'enfant) sur le phénomène étudié. 
Des  résultats  obtenus,  l'on  retient  que  l'ethnie 
d'appartenance  de  la  mère,  le  niveau d'instruction  et 
l'activité  de  la  mère,  la  région  sanitaire,  le 
milieu  de  résidence,  l'introduction d'autres aliments solides ou
semi-solides dans l'alimentation de l'enfant, l'âge de la mère,
l'âge et le sexe de l'enfant sont des éléments à
prendre en compte dans l'explication de l'occurrence de la diarrhée chez
les enfants de moins de cinq ans. 
Cependant,  il  faut  reconnaître  que  cette 
étude  comporte  des  limites,  comme  dans  toute recherche. Ces
limites n'échapperaient pas à d'éventuelles critiques ou
suggestions. Par exemple pour  des  raisons  de  disponibilité  des 
données,  on  n'a  pas  pu  mener  des  analyses  sur  certains facteurs
environnementaux proches tels que la pollution et la promiscuité. 
Les résultats de cette étude suggèrent
quelques recommandations au plan scientifique et  politique.  L'étude
ayant  montré que les  inégalités  socioculturelles  ont 
des  graves  incidences sur la morbidité diarrhéique chez les
enfants, il serait indispensable : 
1) D'encourager   des   recherches   pluridisciplinaires   sur
  les   comportements,   attitudes   et pratiques en matière de
nutrition; 
2) De  promouvoir  ou  soutenir  les  politiques  en 
matière  de  la  lutte  contre  les  maladies diarrhéiques; 
3) Promouvoir  l'alphabétisation  et 
l'éducation  des  mères  et  des  filles  en  matière  de 
soins accordés aux enfants à travers des campagnes de
sensibilisation; 
4) Lutter contre les mariages précoces pour permettre
aux jeunes filles de mieux s'épanouir, de mieux jouer leur rôle de
mère et de mieux assurer la survie de leurs enfants; 
5) Enfin   nous   recommandons   au   Gouvernement   tchadien 
 de   mettre   sur   place   des programmes  spéciaux  de 
prévention  des  maladies  de  l'enfance  comme  les  maladies
diarrhéiques qui sévissent surtout dans la région de Bar
Azoum et dans le milieu rural. 
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