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La planification du développement communal comme outil de développement local. Cas des communes de Nkong- Zem et de Foumbot dans la province de l'ouest Cameroun

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par André Eugène Tchounda
Institut panafricain pour le développement - Afrique Centrale (IPD- AC ) - Maà®trise professionnelle en management de projet 2007
  

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I.2 - Reformulation du thème

Au regard des éclaircissements des mots et concepts ci-dessus, le thème de notre étude peut être reformulé de la manière suivante :

« Analyse des PDC comme outil de développement des communes de Foumbot et de Nkong-Zem ».

I.3 - Revue de la littérature

De nos jours, avec la globalisation du monde qui tend à devenir un village planétaire, la plupart des pays aspirent à une meilleure structuration et organisation de leur avenir. Pour y parvenir, ils ont fait de la planification, leur préoccupation essentielle dans toutes activités entreprises.

Bien que le phénomène soit assez généralisé dans les pays du Nord, ceux du Sud, en occurrence de l'Afrique au sud du Sahara [en dépit des mouvements sociaux du début des années quatre vingt dix qui peut être considéré comme le point de départ d'une vision plus démocratique et moderne de la gestion de la chose publique] traînent encore les pieds et ne sont qu'à une phase embryonnaire de la planification.

Néanmoins, pour appréhender et mieux comprendre le phénomène,
nous nous efforcerons tout au long de cette partie de notre travail à

explorer certaines théories pertinentes sous-tendant la planification, et pouvant d'avantage nous éclairer sur le sujet.

En effet, depuis les années cinquante, la planification a changé plusieurs fois de références théoriques dans les pays du Nord. Ces changements ne sont pas traduits de manière mécanique en Afrique au sud du Sahara encore sous le joug de l'impérialisme. Cependant, ces changements ont contribué à une évolution des principes de planification au cours du temps. Se basant essentiellement sur une bibliographie Nordaméricaine, Côté, Poulin et al.5 distinguent quatre grands paradigmes de la planification que sont : la planification rationnelle, la planification stratégique, la planification pluraliste ou « controversielle », et la planification concertée ou participative.

La planification rationnelle est apparue dans les années cinquante. Elle est fondée sur l'idée que l'action publique doit être guidée essentiellement par la science. La logique est « positiviste, déterministe et linéaire ». Le débat s'organise entre décideurs politiques et experts. La participation publique n'intervient qu'en fin de démarche pour valider les propositions et vérifier leur acceptabilité sociale. Ce modèle a rapidement montré ses limites, liées à la fois aux lacunes des connaissances scientifiques et à la complexité des systèmes sociaux à prendre en compte.

La planification stratégique est apparue comme un dépassement de la planification rationnelle. Elle s'appuie sur une démarche d'évaluation (ex ante et ex post) dans laquelle les avis et connaissances des experts constituent toujours le fondement des décisions mais sont complétés par la consultation des sources externes pour connaître les enjeux. Devant le constat que les planificateurs favorisaient plus certains groupes

5 Côté M.-J., Poulin G., St-Onge.B, et Waaub J-P, Un système d'aide à la décision pour une gestion participative du territoire. Le cas de l'Outaouais, Québec. Géocarrefour (76.n°3) : 253-264.

sociaux que d'autres et éprouvaient des difficultés à proposer plusieurs scénari alternatifs.

Davidoff 6 a défendu l'idée d'une planification que l'on pourrait qualifier de pluraliste ou « controversielle ». C'est le mouvement de l'advocacy planning. Son modèle est celui d'un tribunal, chargé de juger les différents plans présentés par des groupes d'intérêt divergents. Ce système nécessite de financer les groupes les plus faibles pour les aider à élaborer leur propre planification et de former des planificateursavocats aptes à défendre leurs intérêts. Cette proposition, qui met au centre la controverse et la confrontation des projets, a subi plusieurs critiques. On lui a reproché la faiblesse de ses fondements scientifiques et sa faible capacité à produire des solutions acceptables et durables, ainsi que son peu de réalisations concrètes. Flle a eu une influence forte sur la culture de la planification américaine et elle a contribué à former des aménagistes et des planificateurs engagés dans les mouvements de contestation urbaine des années soixante et soixante-dix aux Ftats - Unis.

Fnfin, un quatrième type de planification, qu'on appelle en anglais argumentative, interprétative ou communicative et en français interactive ou communicationnelle ou plus simplement concertée ou participative, est apparu au cours des années soixante-dix. Le principe de ce type de planification qui est celui qui retiendra notre attention tout au long de ce travail, est de s'appuyer sur le dialogue et l'échange d'opinions pour une construction collective des enjeux afin de favoriser l'émergence de projets et de solutions innovatrices et dépassant les intérêts des différents groupes en présence. Un bon

6 Davidoff, Advocacy pluralism in planning. Journal of the American Institute of Planners Vol XXXI, N°4(Novembre 1965): Repris in Le Gates R.T. et Stout F., Eds(2003). The City Reader. The Routledge Urban Reader Series.London,N. Yard, Routledge:520 p. pp:388-398

résumé des présupposés de ce type d'approche est donné par Healey P.7 :

· Toutes les formes de connaissance sont socialement construites et les connaissances des scientifiques et des experts ne sont pas significativement différentes du raisonnement pratique de l'individu.

· Le raisonnement et la connaissance peuvent prendre des formes différentes, de l'analyse systémique rationnelle à la narration, et s'expriment aussi bien par des mots, des images ou des sons.

· Les intérêts des individus se créent dans un contexte social donné et les individus ne choisissent pas leurs « préférences » de manière indépendante mais y arrivent à travers des interactions sociales.

· La planification doit s'appuyer sur les capacités de raisonnement et les connaissances de tous ceux qui ont un intérêt local à défendre ou à promouvoir.

Contrairement à l'advocacy planning, la planification communicationnelle écarte tout marchandage entre les différents intérêts en compétition et la confrontation des scénari liés à priori à des intérêts divergents. Flle propose une approche coopérative visant à construire un consensus en partant du principe que cette construction peut servir à bâtir une culture commune qui sera nécessaire à la coordination des différents acteurs impliqués dans le processus. Ce type de planification est censé répondre à la dimension « réflexive » des sociétés contemporaines. Les procédures d'identification et de formulation des problèmes y prennent une importance fondamentale. Il ne s'agit plus seulement de fournir des éléments de compréhension des phénomènes aux élus et aux élites afin

7 Healey P, Collaborative planning. Shaping places in fragmented societies(1997 p.29), Macmillan press LTD.338p

de réguler spatialement sous forme de normes ou de règles les logements, les emplois et les équipements. La planification assume :

> L'identification en amont des sujets qui concernent ou vont

concerner le collectif d'acteurs au sens large.

> La définition des problèmes communs et le repérage des

ressources de connaissance mobilisables pour les comprendre.

> La recherche des solutions et des moyens pour les mettre en

pratique8

Ce type de planification s'appuie sur les approches « institutionnalistes » des sciences sociales inspirées de la théorie sociale de la structuration de A. Giddens9, qui affirment que les individus qui constituent le monde social construisent leurs manières de voir, de connaître le monde et d'y agir à travers les relations avec les autres et les différents réseaux auxquels ils appartiennent. La deuxième référence est l'oeuvre d'Habermas10 dont on peut en résumer de manière approximative les théories de l'agir communicationnel et de l'espace public en disant qu'il tente de fonder rationnellement la possibilité d'un débat sur les affaires publiques ouvert à tous, dans lequel les échanges d'arguments conduisent les participants à s'étendre, de façon à interpréter ensemble la situation et à s'accorder mutuellement sur les décisions à prendre. Pour les défenseurs de la planification communicationnelle et participative, la diversification de ces réseaux dans le monde contemporain fait que les conflits dans les espaces locaux sont moins liés à des différences d'intérêts ou d'enjeux entre individus, qu'à des différences de cultures, de systèmes de pensée, d'actions ou de connaissance. Même les manières de construire les objets du conflit, de les définir et de les discuter différent. La dimension collaborative de la

8 Healey P, Op.cit.p.86

9 A. Giddens, 1987. La constitution de la société. Paris, Montréal, l'harmattan.

10 Habermas, Rénovation urbaine et changement social, l'îlot n°4, Paris, les éditions ouvrières.303p

planification spatiale a donc comme objet principal de créer par le débat des liens entre ces multiples réseaux, correspondant à des logiques variées de localisation. Il s'agit d'après Healey de gérer la co-existence dans des espaces partagés.

La planification participative tente d'assumer le nouveau fonctionnement de la société locale dont nous parlions plus haut. Flle a affaire à des groupes sociaux diversifiés, des individus « multi-appartenants »11 porteurs de stratégies différenciées, des territoires socialement et spatialement hétérogènes, théâtres d'expression d'une diversité mouvante d'intérêts et d'enjeux.

Comme le dit Healey, lieux et cultures ne coïncident plus. Il n'existe plus de culture locale homogène. Des groupes aux traditions, aux modes de sociabilité, aux objectifs différents coexistent et cohabitent dans des lieux. Des conflits ou des dissensions entre différents groupes locaux sont donc susceptibles de se produire, d'autant que l'urbanisation favorise une réduction de la fragilité des sociétés contemporaines au conflit, comme l'analysent Rémy J et Voyé12 (op.cit.p.82). Le conflit peut désormais être localisé, sectorisé. Il est donc en général moins redouté et il est plus facile de rechercher des procédures de conciliation. Le rôle de la planification est alors selon Healey de « donner une forme aux lieux dans une société fragmentée », comme l'indique le sous titre de son livre.

Selon Healey, les approches traditionnelles, qu'elle appelle

« rationalistes », de la planification, se préoccupaient uniquement de
l'efficacité des moyens choisis pour arriver aux fins. Une approche
institutionnaliste met en plus l'accent sur la manière dont s'élaborent ces

11 Ascher, 2001 Les nouveaux principes de l'urbanisme, la fin des villes n'est pas à l'ordre du jour. La tour d'Aigues, Editions de l'Aube.103p

12 Rémy J et Voyé, 1974.La ville et l'urbabanisation.Gembloux.Duculot.252p. pp : 82

fins et moyens. Pour reprendre les mots d'Ascher13, ce n'est plus en fonction de son contenu, de « sa substance effective » qu'une décision peut être considérée d'intérêt général, mais à travers la manière dont elle se construit, par sa dimension procédurale. Cette dimension formelle peut apparaître discutable et ressembler à l'inversion du proverbe populaire Européen: « qu'importe l'ivresse, pourvu qu'on ait le flacon »! Elle s'appuie sur un principe simple. La confiance que les acteurs portent aux processus participatifs se transmettrait aux résultats même du processus. Cela suppose d'accepter le présupposé fort qui sous-tend ces démarches : la capacité des individus à changer leurs manières de voir et d'agir et à transformer leurs actions si leur cadre de référence change. La planification interactive suppose une dimension importante d'apprentissage collectif de la part des participants.

Le concept de « planification territoriale ascendante », proposé par P.D'Aquino14 pousse cette logique au bout. La planification n'est plus pensée comme un moyen d'organiser ou de préparer pour le futur une société locale déjà existante, mais comme un appui à la construction continue du territoire en tant que entité socialisée, à la production d'une identité territoriale « active » et, in fine, à une appropriation territoriale par les acteurs. Une démarche de planification territoriale ascendante doit donc être pensée comme le support d'une dynamique autonome et endogène de réflexion collective de la société locale pour prendre en charge son territoire. Le rôle du planificateur n'est plus de proposer une thématique pour cette réflexion ni un cadre méthodologique, ni même des hypothèses, des modèles ou des scénari de développement mais d'accompagner « un processus démocratique de décision multiscalaire

13 Ascher,Op.cit.p.89

14 P.D'Aquino,2002.Le territoire entre espace et pouvoir : pour une planification territoriale ascendante, l'espace géographique (2002-1) :3-23.

et ascendant de quelque forme qu'il soit »15. Il s'agit de fournir les connaissances et les informations techniques et d'assumer « l'incomplétude » et « la relativité » des outils de la planification, qui n'est qu'un processus et pas un produit fini.

Dans tous les cas, comme le remarque Healey, une approche de planification de ce type doit pouvoir intégrer tous les acteurs qui ont un enjeu dans la localité. Ce n'est qu'à cette condition que le travail collectif peut espérer être durable. C'est dans ce cadre que se pose la question de la participation, qui prend une place dans ce dernier paradigme de la planification.

La question de la participation, non moins importante est devenue un thème quasi universel qui traverse toutes les sphères de la vie moderne (santé, école, travail, loisir...), et sa nécessité n'est presque plus mise en cause. Moins qu'une solution, elle est devenue un problème, une contrainte de la décision contemporaine. Car bien que les élus locaux restent souvent très réticents à informer réellement et complètement les citoyens. Sans parler de partager une simple partie de la décision, celleci se fait encore trop souvent dans une ambiance de secret et de dissimulation. Il existe néanmoins une tradition théorique du principe participatif qui trouve ses racines chez Weber (Sintomer)16 ou Schumpeter (Bouchard)17. Peu avant eux, Fiorino18 citée par Allain19 définit participation comme « toute forme d'implication dans le processus de gestion d'un système donné d'acteurs n'appartenant pas au dispositif formel en charge du pouvoir de décision sur ce système ». Quant à lui, Godbout (1983)20, cité par Espach21, voit la participation comme un

15 Healey. Op.cit.p.86

16Sintomer, 1999.La démocratie impossible ? Paris, la découverte et syros.404

17 Schumpeter.Repris par Bouchard, 2000. La démocratie désenchantée. Paris, éditions Michalon.14p

18 Fiorino, 1996. Environmental policy and the participation Gap in democracy and the environment. W.Lafferty et J.Aldershot, Edward Elgar : 194-212

19 Allain, 2001. Planification participative de bassin et gouvernement de l'eau. Géocarrefour 76.(n°3) :199-209

20 Godbout ,1983. La participation contre la démocratie. Montréal, Ed. Coopératives Albert Saint-Martin.178p

« processus d'échange volontaire entre une organisation qui accorde un certain degré de pouvoir aux personnes touchées par elles, et ces personnes, qui acceptent en retour un certain degré de mobilisation en faveur de l'organisation. » la première définition, plus générale et formelle, met l'accent sur la notion de décision et de système d'acteurs. La seconde se place dans une perspective organisationnelle et insiste sur la dimension d'échange, de contrat passé. Pour certains auteurs contemporains plus nombreux le terme participatif englobe tout processus décisionnel qui intègre des participants d'origine et de statut différents, ce que l'un d'eux, Van den Hove22 appelle un « arrangement par lequel des acteurs de types différents sont réunis dans le but de contribuer de manière plus ou moins directe et plus ou moins formelle au processus de décision ». Le terme de participation publique vient alors spécifier les modes de participation qui engagent des citoyens de base sans qualité particulière.

A ce stade, il est tout aussi important de noter une dimension fondamentale, sans laquelle la planification participative serait vaine. Il s'agit du volet projet qui peut être considéré à juste titre comme la pierre angulaire ou encore la figure centrale du processus. Ceci est d'autant plus vrai quand on sait que le rôle de la planification, processus limité dans le temps et répété à intervalles réguliers était de mettre au point les objectifs que le territoire devait remplir à horizon donné, ainsi qu'une stratégie pour les atteindre. C'est dans cette optique que les pouvoirs locaux issus des lois de décentralisation, confrontés dans les années 90 à la crise économique et à un environnement économique et social plus turbulent, ont eu à résoudre des problèmes pour lesquels les outils

21 Espach, 2002. Evaluation du processus de participation publique dans l'élaboration du programme particulier d'urbanisme du secteur de Maisonneuve, Maîtrise de géographie. Département de géographie. Saint-Étienne, université de Saint-Etienne.149p.

22 Van den Hove, 2002. Approche participative pour la gouvernance en matière de développement durable : une analyse en termes d'effets. Cahier du C3ED.

technocratiques, formels et rigides de la planification étaient mal adaptés. L'ultime recours qu'est le projet en est venu à désigner une opération autonome et aux ressources propres, dont la nature et l'ambition peuvent varier, mais qui entend lier dans une solution de continuité l'élaboration d'objectifs, la mobilisation de moyens et la réalisation opérationnelle. Le projet est censé reconnecter réflexion et action, stratégie et mise en oeuvre, planification et gestion. Il apparaît comme la structure d'action favorite de la gouvernance, car il facilite la coalition d'un réseau d'acteurs à travers l'élaboration des objectifs du départ et leur discussion permanente au cours de la réalisation23.

L'exercice de planification intervenant en aval après la transformation des problèmes posés par les citoyens en solutions envisageables, sous formes de projets à planifier, donne une cohérence à une action locale éclatée en de multiples dispositifs de gestion et de projets. Il ne s'agit plus simplement du travail classique de diagnostic, réflexion stratégique et proposition d'objectifs ou d'actions organisées spatialement. C'est devenu un ensemble plus divers et moins formalisé d'actions, visant à analyser, anticiper le fonctionnement d'un territoire et à concevoir des principes et une stratégie pour améliorer ce fonctionnement.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore