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L'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo. Cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC

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par Labité Sodjiné AGBODJAN-PRINCE
Université de Lomé - Maitrise ès-lettres et sciences humaines 2012
  

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CHAPITRE II : CADRES PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

II.1- CADRE PHYSIQUE OU CHAMP D'ETUDE

II.1.1- Présentation historico-politique du Togo

Historiquement, le Togo tire son nom de celui du village appelé Togodo, sis au bord du lac Togo, aujourd'hui appelé Togoville. L'attribution de ce nom au pays remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle. Ancien protectorat allemand (1884-1914), par la signature d'un traité entre l'explorateur allemand Gustav Natchigal et le roi Mlapa III de Togoville à Baguida, le Togo actuel suite au partage survenu après la défaite de l'Allemagne à la Première Guerre mondiale sera confié à la France, mais placé sous mandat de la Société Des Nations (SDN). Le Togo-Britanique quuant à lui est confié à la Grande-Bretagne, rattaché au Ghana indépendant en 1956.

L'aspiration du Togo actuel à l'indépendance l'a placé sous mandat de la SDN. Mais il a été placé sous tutelle de la France entre de 1919 à 1958, date à laquelle opta pour son autonomie lors d'un référendum organisé par l'ONU. Deux plutard, le 27 avril 1960, le Togo accéda à son indépendance. Il est doté, depuis le 14 octobre 1992, d'une constitution démocratique caractérisée par la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. L'une des difficultés du Togo se situe au niveau de sa diversité ethnique, à l'instar de la plupart des pays d'Afrique.

Si dès l'origine jusqu'à la moitié des années 1950, une certaine harmonie régnait au
sein des groupes ethniques en Afrique, contrairement à ce que pense Balandier Sociologie
actuelle de l'Afrique noire
, 1982 : 58), cette cohérence a été mise à mal de manière ouverte
depuis l'application de la loi déferre (loi-cadre ou loi Déferre adoptée par le parlement
français le 23 juin 1956 et mise en application à partir de 1957) qui consacrait la nécessaire
décentralisation administrative et la participation des indigènes à la gestion de leurs propres
affaires, donc la participation à la vie politique. Cette nouvelle organisation par le jeu des
formations politiques a forgé au cours de cette période, les bases de la différenciation ethnique
entre groupes, et plus tard favorisé une hiérarchisation entre eux dans la conquête du pouvoir.
En outre, l'application des recommandations de la Conférence de Brazzaville,
convoquée le 30 décembre 1944 par le chef de la France libre, le général de Gaulle est
considérée à juste titre comme l'une des étapes majeures d'une évolution qui devait conduire
à la décolonisation de l'Afrique noire française, a permis à des partis politiques de se lancer
dans la lutte pour l'indépendance, conséquence directe du contrôle de la vie politique

togolaise. Nous pouvons citer : Comité de l'Unité Togolaise (CUT), Parti Togolais du Progrès (PTP), Mouvement de la Jeunesse Togolaise (JUVENTO), Mouvement Populaire Togolais (MPT), Union des Chefs et Populations du Nord (UCPN). En prenant l'analyse de TétéAdjalogo dans son oeuvre Histoire du Togo publiée en 2008, << deux courants d'opinion >> suffisent pour classer les partis politiques togolais d'alors.

Soit, ils optent pour le radicalisme, car << convaincus de la maturité de leur peuple, [ils] demandaient la réunification ethno-territoriale et l'indépendance immédiates de leur pays >> ; soit, ils optent pour le réformisme << disant que l'immédiateté de ce but se confond avec de l'aventurisme, prônaient une démarche progressive, en << amitié >> et en << collaboration franche >> avec la métropole. >> (Tété-Adjalogo, Op.cit. : 167) Au-delà de cet aspect idéologique il faut d'ores et déjà souligner l'important de l'ethnicisation de ces structures que ce soit sous la main manipulatrice du Colon, ou par les actes mêmes des citoyens togolais.

Ce qu'il faut reconnaître pour le courant radical, c'est l'influence qu'il a eue sur la partie Sud du Togo. L'organisation de leur bureau politique sur tout le temps qu'il a duré est composée de plus de 90% des personnalités sudistes. (cf. annexe IV)

Même après les indépendances beaucoup de reproches ont été faits à l'encontre du gouvernement de Sylvanus Olympio, qui usait de représailles contre ceux qui n'approuvaient pas l'indépendance du Togo et surtout ceux du Nord du pays considérés comme étant à la solde du colon. Comme l'écrit W. O. Yagla << il est vrai que, au lendemain de sa victoire, le pouvoir « cutiste » a fait dresser des barrages dans le Nord du pays dont les habitants sont présumés être hostiles au gouvernement et à l'administration, lesquels, composés en majorité de personnalité évé et mina. >> (L'édification de la nation togolaise, 1978 : 95)

Même dans son discours prononcé à l'occasion de la fête nationale de la libération (le 13 janvier 1973) Eyadéma revient sur les événements qui ont poussé l'armée à prendre le pouvoir.

<< Il y a dix ans, votre armée intervenait dans la vie politique du pays pour libérer le peuple togolais de l'emprise d'un parti qui avait : confisqué la liberté des citoyens au profit de ses seuls partisans, érigé en lui l'arbitraire, le tribalisme et le népotisme, et fait de l'Etat sa propriété personnelle. [...J Ce n'était pas pour passer de la dépendance de l'étranger à la dictature d'une minorité de leurs propres frères qu'ils avaient retrouvé la dignité d'hommes libres ! >> (Togo-Presse 12 janvier 1973 in C. Toulabor, 1986 : 209)

Tout cela montre l'aspect ethniciste du pouvoir au début de la vie politique du nouveau Togo indépendant. Mais ce phénomène ethnique sera plus accentué après l'arrivée au pouvoir en 1967 de Etienne Eyadéma avec la création en 1969 du parti unique, le RPT.

A cet effet, Comi Toulabor écrit :

<< bien que, pour le général Eyadéma, « les associations des ressortissants des différentes régions autorisées et créées ne doivent pas être interprétées comme ayant une coloration régionaliste ou tribaliste » (Togo-Presse, 30 août 1979), l'on doit reconnaître que la pratique effective du pouvoir consistant à désigner son ennemi en termes primordiaux, à centraliser certaines institutions de l'Etat, l'armée en l'occurrence, autour des Kabyè, l'ethnie présidentielle, à répartir systématiquement les postes et les ressources nationales en termes régionalistes et tribalistes, bref la politique de gestion des groupes ethniques, contribue à introduire une émulation dangeureuse parmi elles, à les mobiliser dans une surenchère de soutien au régime. Le pouvoir leur a conféré un statut de groupe de pression quand ce n'est pas de parti. Et les « sudistes », parce que le grand distributeur des ressources n'est pas les leurs, mais pour le séduire, vont jusqu'à coupler militantisme avec délation, croyant par cette tactique obtenir une école, un dispensaire, un puits pour la localité. Le discours politique condamne à coups de slogans et chansons le tribalisme et le régionalisme, mais comme ailleurs en Afrique, le pouvoir tend à les activer. » (1986 : 210)

Ce survol historique nous fait constater que la manipulation du référent ethnique par le politique, le plus souvent par l'entremise des partis politiques, a expliqué par elle-même tous les débordements qui ont jalonné la vie politique togolaise. A cet effet, les partis politiques au Togo sont depuis confrontés à ce danger d'ethnicisation, que cela soit de la part des colonisateurs pour uniquement préserver les intérêts de la métropole, ou que cela soit de la part des citoyens togolais par manque de maturité pour arriver à un sursaut patriotique, ou par ambition effrénée du pouvoir.

Depuis le début des années 1990, après une longue période de parti unique, le régime cède contre le vent de l'Est, vent démocratique soufflant sur tous les pays en développement, suite à la destruction du mur de Berlin et à la dislocation de l'URSS (Union des républiques socialistes soviétiques). Une crise politique profonde s'installe, conduisant le pays à la Conférence Nationale Souveraine. Cela met fin à la troisième république, tout en donnant le ton à une transition démocratique avec la promulgation de la IVe république le 27 avril 1991, et bien avant, la promulgation de la charte des partis politiques en avril 1991 ouvrant la voie au multipartisme.

D'une façon générale, depuis 1991 à 2008, la politique togolaise est essentiellement marquée par une série d'événements majeurs. Outre l'adoption des textes sus-cités, il s'agit des élections législatives de 1994, 1999, 2002, 2007, l'organisation des élections présidentielles de 1993, 1998, 2003, celle de 2005 due au décès du président Gnassingbé Eyadéma le 5 février de cette année, et celle de 2010. Il faut reconnaître que de toutes, celle de 2005 a été plus sanglante faisant selon le rapport ONU près de 800 morts et selon le rapport << Koffigoh » environ 400 morts, et cela hormis le fond contestataire et frauduleux dont elle a été. On citera aussi, les << 22 engagements » pris par le gouvernement en avril 2004 avec l'Union Européenne (UE) pour une reprise des coopérations.

Mais la crise sanglante de 2005 après une série de concertation a conduit les protagonistes (le gouvernement, les représentants des partis politiques et de la société civile) à la signature sous la facilitation du président Burkinabé Blaise Compaoré, d'un Accord Politique Global (APG) le 20 août 2006 à Lomé. C'est la mise en oeuvre de cet APG qui a abouti à l'organisation en octobre 2007 des élections législatives anticipées qui se sont déroulées sans violence et de façon plus ou moins transparente. Ces élections ont ainsi ouvert la voie à la reprise de la coopération avec l'Union Européenne et les institutions financières internationales.

En définitive, la politique togolaise est caractérisée depuis la restauration de la démocratie en 1991 par la médiatisation des principes démocratiques. Mais, en dépit de la cohabitation politique qui avance à grands pas, force est de constater que l'ethnicisme ou le tribalisme demeure un handicap qui remet toujours en cause les progrès démocratiques acquis. A l'issue de la dernière élection législative le paysage électoral est fortement basé sur le régionalisme que sur le programme politique des candidats.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci