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Savoirs et savoir- faire locaux face aux politiques agraires: diagnostic d'un système agraire dans un village Khamou ou du Nord Laos

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par Pierre- Yves Heurtier
Université Aix-Marseille 1 - Master 2 anthropologie sociale et culturelle 2006
  

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4.3.10. Semi de riz irrigué :

Hormis le labour de rizière irriguée, aucun labour ni travail des sols ne sont effectués sur essarts. Le labour de rizière irriguée demande de posséder ou louer un buffle ou un motoculteur. La possession d'un buffle ou d'un motoculteur est d'ailleurs un facteur important pour obtenir une rizière de vallon de la part du conseil des anciens.

Monsieur Paeng dit qu'il est préférable de planter du riz de courte vie au Sud du champ, du riz de longue vie au Nord, des piments à l'intérieur «où la terre leur est plus convenable >> et des légumes en périphérie.

Monsieur Paeng plantera 8 à 12 semences de riz par trous. Ces semences proviennent des stocks de riz parentaux qui constituent une richesse non négligeable dans une région où les familles manquent parfois de riz pour se nourrir et sont parfois obligés de manger des nouilles industrielles en sachets.

Pour que les plants poussent bien, qu'ils aient suffisamment de lumière, ils espacent les graines de 22 à 28 cm environ. S'ils étaient plus rapprochés «ils ne donneraient rien >>.

La qualité d'un plant de riz est jugée par sa couleur qui doit être jaunâtre, par sa taille,

<< moyenne » (1, 50 m) et ne doit pas avoir beaucoup de feuilles.

La difficulté du semis est de travailler sur un sol abîmé par la sécheresse puis la pluie. Craquelé de partout, s'écroulant dans les endroits raides sous le poids des travailleurs, emportant les semences, <<tout le monde doit faire des efforts ».

Si les plants meurent, Monsieur Paeng ne recommencerait pas un semis car la saison ne le permettrait pas. Il devrait vendre ses quelques cochons, ses poules, ses oeufs, des pousses de bambous récoltées en forêt, des bois de la région ou d'autres régions. Personne ne l'aiderait car personne ne peut aider une famille entière pendant plusieurs mois. Quelques repas seraient possible mais tellement limités par rapport aux besoins alimentaires d'une famille.

Les outils du semis sont une hotte de semences, un bâton fouisseur et une pioche. Pour faire aiguiser ou réparer une pioche, il faut compter 15.000 kips.

Les meilleures lames de pioches mesurent 6 cm de large et 20 cm de long.

Encore une fois, Monsieur Paeng a besoin de salarier 15 à 20 personnes pour semer. Le salaire est identique aux autres travaux. Les enfants ne participent pas au semis et il n'y a toujours pas division du travail.

La famille de Monsieur Thon plante 20 kg de riz crao tam hom170 en rizière irriguée de 0,9 hectare.

4.3.11. Le sarclage d'après semis :

Le sarclage des adventices d'après semis se déroule 25 à 30 jours après la fin des semences. Ce travail est sûrement celui qui déterminera le plus si la récolte est fructueuse ou non. Il est considéré par beaucoup d'experts comme le << goulet d'étranglement du système » car si la main d'oeuvre n'est pas disponible à cette période, les adventices se développent plus vite que les cultures et une concurrence déloyale joue en défaveur des cultures. Si le désherbage est mal effectué, les plants ne verront pas la lumière et devront s'avouer vaincu face aux mauvaises herbes. Un actif ne pouvant pas sarcler plus de 0,5 ha les paysans doivent s'adapter chaque année aux nouvelles quantités d'adventices, à la main d'oeuvre disponible à cette période.

Monsieur Paeng sarcle 3 fois par saison des pluies. En juin, juillet et août.

Il débute ses sarclages par l'endroit où il y a beaucoup d'herbes, où le travail est le plus difficile, car comme pour le débardage, le champ a besoin d'un éclaircissage obligeant à faire disparaître d'abord les grandes et nombreuses herbes qui gênent les cultures. Les petites herbes qui ne sont pas encore de la taille des plants cultivés ne sont pas encore de réels prédateurs de cultures. Il sarclera toutes les herbes pour qu'il n'y ai plus de risque de compétition avec les cultures. Certaines sont sarclées au pied, d'autres sont déterrées si elles représentent un trop fort risque de repousse rapide. Cependant Monsieur Paeng considère qu'il est préférable de sarcler nettement au pied des herbes avec des outils plutôt que de les arracher à la main, dégageant par obligation des mottes de terre qui fragilisent encore plus un sol instable en cette saison. Certaines herbes sont ensuite jetées dans le champ aux endroits les plus ensoleillés pour protéger la surface du sol où pousse les plants et donner une protection contre la pluie et la

170 << riz de bonne odeur » en langue lao.

sécheresse. D'autres herbes sont entassées et brûlées dans un lieu non cultivé. Les herbes ne sont pas réutilisées autrement.

Le travail prend environ 8 à 10 jours et demande l'intervention de 15 à 20 personnes. Monsieur Paeng est encore obligé de payer le même salaire pour chaque salarié. Les participants «travaillent ensemble, sans répartir le travail ». Chacun a besoin d'utiliser une machette recourbée spécifique pour la récolte (dont le nom n'a pas été enregistré) qu'ils fabriquent euxmêmes lorsqu'ils le peuvent ou achètent au marché du village. Les meilleurs outils sont en fer solide et tranchant, le manche devant mesurer 40 à 60 cm de long. Tout le monde utilise les mêmes outils, il n'y a pas de différenciation sociale dans la possession des moyens de productions. Les réparations s'exécutent 8 à 10 jours après le début des travaux. Une réparation coûte environ 2000 kips et une hallebarde neuve coûte 15.000 kips.

La difficulté physique du sarclage est aussi due au temps de la saison des pluies (chaud, humide et pluvieux) ainsi qu'aux insectes qui agacent les paysans. La difficulté technique provient des herbes sarclées qui ne meurent jamais, repoussant chaque année encore plus haute et densément.

L'avantage des cultures de maïs est bien sûr leur rendement plus important que ceux des riz glutineux mais aussi le fait qu'elles n'ont besoin que d'un sarclage au moins de juillet alors que les rizicultures en ont besoin de trois ou quatre.

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