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Matrice de comptabilité sociale au Cameroun et évaluation de l'impact d'une politique fiscale sur la pauvreté

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par Serge Alain LONANG TCHATCHOUANG
Institut sous régional de statistique et d'économie appliquée - Ingénieur statisticien économiste 2008
  

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GENERALITÉS SUR LA MCS ET LA MATRICE DES MULTIPLICATEURS

1.1 La Matrice de Comptabilité Sociale

La matrice de comptabilité sociale, constitue un système comptable permettant l'élargissement de la structure des comptes nationaux en intégrant dans un cadre unique les flux de production par branches d'activités, les rémunérations des facteurs, et les comptes de revenus et de dépenses des différents agents économiques. Elle se présente sous la forme d'un tableau carré entrées-sorties où, pour une année donnée, sont enregistrés des flux comptables de recettes(en ligne) et de dépenses (en colonne).

1.1.1 Revue de la littérature

L'idée de la matrice de comptabilité sociale nait de la volonté de donner une représentation synthétique des flux de revenus dans un système socioéconomique. On considère que les premiers travaux dans ce sens sont ceux de François QUESNAY au 18ème siècle concernant l'économie de la FRANCE.

QUESNAY propose dans son ouvrage "le tableau économique"1, une représentation de la circulation des biens économiques dans le corps social. Il compare la circulation des biens dans l'économie à la circulation du sang dans l'organisme humain. Chaque agent est ainsi assimilé à un membre du corps social. Dans le cadre de ses travaux, il introduit pour la première fois les notions d'interdépendance entre les activités économiques, et entre la production et la répartition. Ainsi, il construit ce qu'il appelle "tableau annuel des échanges", qui est en fait une première représentation matricielle des flux de revenus dans une économie. Ce tableau montre comment chaque classe dépend des autres à travers l'interdépendance des activités économiques, de

1publié en 1759

même que les relations qui s'établissent entre la production et la répartition.

Dans le tableau sont représentés en ligne et en colonne, les Trois classes d'agents économiques considérées par QUESNAY (tableau 1) :

- la classe des producteurs qui est composée des Fermiers et des travailleurs agricoles; - la classe des propriétaires fonciers qui est composée des commerçants et des artisans; - la classe stérile.

Tableau 1 : Le tableau annuel des échanges

Ressources/Emplois

Fermiers

Travailleurs agricoles

Propriétaires fonciers

Artisans

Total

Fermiers

 
 
 
 
 

Travailleurs agricoles

 
 
 
 
 

Propriétaires fonciers

 
 
 
 
 

Artisans

 
 
 
 
 

Total

 
 
 
 
 

Bien que QUESNAY aborde dans son ouvrage une nouvelle méthode de présentation et d'analyse de l'économie, celle-ci demeure néanmoins assez limitée puisqu'elle porte essentiellement sur le secteur agricole. Plus tard, des économistes à l'instar de WASSILY LEONTIEFF vont prolonger les concepts introduits par QUESNAY. Ainsi, LEONTIEFF va construire un tableau des échanges industriel et en déduire les multiplicateurs de l'activité de production.

C'est à Sir Richard STONE en 1960 que revient le mérite d'avoir proposé la première véritable MCS. En effet, dans ses travaux intitulés "Input-output and social account", menés dans le cadre du "program for growth" de l'université de Cambridge, STONE dirige une équipe de chercheurs qui va compiler une MCS pour la Grande Bretagne. Cette MCS servira de base de données pour l'élaboration et la résolution du "Cambridge growth model".

Cette matrice est constituée de 4 comptes : compte de production, compte de consommation, compte d'accumulation, et compte du reste du monde.

En 1976, Graham PYATT et Erick THORBECKE proposent une formulation générale pour la MCS. L'année suivante, en 1977, PYATT assisté cette fois-ci de ROE dans le cadre d'une mission internationale pour le compte du BIT2, construisent des matrices de comptabilité sociale qui ont servi d'outil de programmation économique pour le Sri Lanka, l'Iran, et la Colombie.

2Bureau International du Travail

En 1988, Haider KHAN propose une méthodologie de désagrégation des comptes des ménages pour conduire les analyses d'impact de la politique économique sur la pauvreté. Selon lui, dans cet exercice, six aspects devraient être pris en considération 3.

- La classification des ménages suivant leurs caractéristiques Socio-économiques; - Le processus de génération du revenu des ménages;

- Les mécanismes de redistribution;

- La structure de la consommation des ménages;

- Les liens entre la consommation, le revenu des ménages et les possibilités de l'économie;

- Les capacités de création et d'absorption des ménages.

Déjà à ce moment, la MCS n'est plus utilisée seulement pour représenter l'économie, mais aussi comme base de données pour des analyses de l'économie, notamment pour les analyses de la pauvreté.

Ainsi PYATT et ROE en 1977, et KEUNING en 1997 se servent d'une MCS pour analyser la redistribution des revenus et la pauvreté. L'analyse de la pauvreté n'est pas le seul domaine d'utilisation de la MCS. En 2004, CARDENETTE analyse le développement régional en Andalousie4. PYATT et Jeffery ROUND en 1985, ROBINSON en 1986 et VOS et JUNG en 2003 utilisent une MCS pour analyser les stratégies de croissance dans les pays en développement.

J. ROUND en 2001 identifie trois caractéristiques principales d'une MCS5 :

- elles permettent la présentation des comptes de la nation sous forme d'une matrice car-

rée dans laquelle les revenus et les dépenses pour chaque compte sont représentés dans

les lignes et les colonnes correspondantes, les transactions sont représentées dans les

cellules. De cette façon, la MCS permet une représentation plus explicite des interrela-

tions entre les agents économiques;

- elles sont aisément compréhensibles dans la mesure où elles représentent toutes les activités économiques du système;

- elles présentent une grande flexibilité en ce sens qu'elles peuvent être modifiées et

3Haider Khan,"Social accounting matrix (SAMs) and CGE modelling : Using macroéconomic computable

général equilibrium models for assessing poverty impact of structural adjustment policies", P26 4Impact assessment using a SAM

5"A Gender Aware Mavroeconomic model for Evaluating Impacts of policies on Poverty reduction in Africa:

the case of South-Africa", P4

adaptées pour les besoins spécifiques d'études.

De ces caractéristiques, ROUND dégage trois principales raisons à l'utilisation de la MCS :

- la MCS permet la réconciliation des données provenant de sources différentes et décrivant les caractéristiques structurelles de l'économie;

- elle constitue un moyen efficace de présentation de l'information en ce sens qu'elle présente de manière simple les interdépendances structurelles dans l'économie au niveau macroéconomique et méso économique, ainsi que les liens qui existent entre la distribution des revenus et la structure de l'économie;

- elle constitue une base de données pour la modélisation (modèle de multiplicateurs à prix fixe, MEGC, etc.).

Entre les années 80 et 90, le nombre de pays expérimentant les MCS n'a cessé de croître. Cet engouement pour les MCS s'explique par le fait que la MCS en réunissant dans un cadre unique les principaux tableaux de synthèse de la comptabilité nationale (tableau des ressources et des emplois (TRE), le tableau des comptes économiques intégrés (TCEI), le Tableau des Opérations Financières (TOF), etc.), a permis de répondre à de nouvelles questions macro-économiques, notamment les questions liées à la croissance économique, à la redistribution, à la pauvreté, au chômage, etc.

La notion de matrice de comptabilité sociale n'apparait dans le SCN qu'à partir de 1993. Dans le SCN de 1968, la structure comptable était expliquée au moyen d'une matrice illustrative couvrant l'ensemble du Système, et l'accent était en outre largement mis sur le Système comme base pour l'analyse entrées-sorties. Désormais, le tableau entrées-sorties constitue un cadre matriciel largement employé pour offrir une information élaborée de façon détaillée et cohérente sur les flux de biens et de services et la structure des coûts de production. Cette matrice contient plus d'informations que les comptes en T en ce qui concerne les biens et les services, la production et la formation des revenus; ainsi, la dépense de consommation finale est présentée par produit ou par branche d'origine, et la consommation intermédiaire est présentée à la fois par produit ou par branche d'origine et par produit ou par branche de destination. Les liens détaillés entre ces comptes sont développées plus avant dans le tableau des ressources et des emplois du SCN, moyennant une spécification des catégories de biens et de services produits par branche d'activité. Toutefois, ces matrices n'intègrent pas les interrelations entre la

valeur ajoutée et la dépense finale. En élargissant un tableau de ressources et d'emplois, ou un tableau entrées-sorties, pour montrer dans sa totalité la circulation du revenu au niveau méso économique, on saisit un trait essentiel d'une matrice de comptabilité sociale (MCS). La MCS est définie ici comme la présentation des comptes du SCN dans une matrice qui développe les liens entre le tableau des ressources et des emplois et les comptes des secteurs institutionnels. Dans de nombreux exemples, les MCS ont été appliquées à l'analyse des interrelations entre les caractères structurels d'une économie et la distribution du revenu et de la dépense entre les groupes de ménages. Les MCS sont étroitement liées aux comptes nationaux, dans lesquels peut se refléter leur attention caractéristique portée au rôle des individus dans l'économie, au moyen, notamment, d'une désagrégation supplémentaire du secteur des ménages et d'une représentation détaillée des marchés du travail (distinguant, par exemple, les diverses catégories de personnes employées). Par ailleurs, les MCS comportent en général un tableau de ressources et d'emplois ou d'entrées-sorties relativement moins détaillé.6

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry