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La presse écrite au Cameroun à  l'ère des revendications d'indépendance:approche historique

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par Alain ASSOMO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II recherche en sciences de l'information et de la communication 2010
  

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II-2-les journaux édités au Cameroun par des hommes politiques français : des

publications servant de soutien aux activités de leurs promoteurs anti-indépendantistes

Ce paragraphe est destiné à montrer que le fait que les hommes politiques français soient anti-indépendantistes explique la raison pour laquelle leurs organes de presse qui étaient destinés à promouvoir leurs idéologies ne publiaient pas les sujets liés aux manifestations de réclamation de l'indépendance du Cameroun.

Des nombreux Européens qui se sont lancés dans la scène politique au Cameroun entre 1946 et 1957, le Dr. Louis-Paul Aujoulat, fondateur du journal Le Cameroun de demain semble être celui qui a occupé le plus grand nombre de postes et dont le parcours politique a marqué par sa constance de nombreux historiens. Le site web de l'Assemblée nationale française ( www.assembléenationale.fr) qui présente sa biographie indique qu'il est né le 28 août 1910 en Algérie. En 1946, il fonde un premier journal, Méridiens de France et d'Afrique dans le but d'accompagner sa carrière politique. En juin 1951, le Dr. Aujoulat fonde un parti politique, le Bloc Démocratique Camerounais avec pour principaux responsables MM. André-Marie Mbida, Ahmadou Ahidjo, André Fouda Omgba, Philémon Sakouma et Benoît Bindzi. En 1952, après les élections des conseillers de l'ATCAM organisées au mois de mars, le Dr. Aujoulat devient le premier président de l'institution. Entre 1948 et 1955, il occupe également plusieurs postes ministériels dans les différents gouvernements qui se succèdent en France. Pour ce qui est de ses idées politiques, elles étaient opposées aux revendications d'indépendance formulées par les nationalistes.

En effet, le Dr. Louis-Paul Aujoulat et les autres membres du BDC se sont fixés pour objectifs : « La poursuite de l'évolution sociale des indigènes du Cameroun français et aussi la protection et la promotion de leurs intérêts » (Victor Julius Ngoh, 1990 :121). Ce qui n'épousait pas du tout le programme des nationalistes notamment ceux de l'UPC qui revendiquaient l'indépendance immédiate et la réunification des deux parties du Cameroun. D'ailleurs, le 24 octobre 1952, MM. Charles Okala et Louis-Paul Aujoulat envoient une correspondance à l'ONU pour s'opposer à la prise de parole de l'UPC prévue en décembre de la même année devant la 7ème session de l'Assemblée générale de l'Organisation internationale (Ferdinand Chinji-Kouleu, 2006 :91). Daniel Abwa (1993:29) pour montrer l'opposition idéologique qui existait entre les indépendantistes de l'UPC et le Dr. Aujoulat indique, évoquant la création du BDC, que : « Le Dr. Aujoulat était alors à la recherche d'hommes ambitieux qui pouvaient valablement s'opposer aux cadres formés par l'UPC... ».

Il se dégage donc de ces différentes sources une opposition idéologique entre l'UPC, principal parti réclamant une indépendance immédiate du Cameroun et le Dr. Louis-Paul Aujoulat, fondateur du journal Le Cameroun de demain qui soutenait ses activités et ses idées politiques. Dès lors, on peut comprendre pourquoi le journal Le Cameroun de Demain qu'il a fondé ne publiait pas les nouvelles liées aux revendications d'indépendance. En effet, les idées politiques du Dr. Aujoulat, promoteur du journal Le Cameroun de demain qui le soutenait dans sa carrière politique, s'opposaient à la vision des nationalistes pour plusieurs raisons. D'abord Le Dr Louis-Paul Aujoulat prônait une « évolution sociale » des indigènes, alors que les nationalistes exigeaient une indépendance immédiate et la réunification du Cameroun. Aussi, Le Dr. Louis-Paul Aujoulat se présentait aux élections sous des partis comme le MRP et plus tard le BDC alors que les nationalistes présentaient leurs candidats au sein des partis comme l'UPC.

Quant à M. Coulouma Henri, promoteur du journal Le Cameroun libre, il était membre de la section camerounaise du RPF, un parti politique dont les militants étaient pour la plupart des  partisans de la résistance française. Ceux-ci se faisaient appeler « Les Français libres du Cameroun » d'où le sous-titre « organe des Français libres du Cameroun » que portait le journal Le Cameroun libre. Selon Robert Bourgi (1980 :50), le RPF était un parti politique fondé par le général Charles de Gaulle avec des membres comme Jacques Foccart. Au Cameroun ce parti se montre fondamentalement opposé aux nationalistes. D'ailleurs en juin 1951, lors des élections législatives, Henri Coulouma, l'éditeur du journal Le Cameroun libre qui est membre du RPF, soutient Georges Molinatti son camarade de parti pour affronter l'UPC lors de ce scrutin. On note donc ainsi une opposition politique entre le RPF, parti dont le promoteur du périodique Le Cameroun libre est membre et l'UPC, principal parti nationaliste qui réclame l'indépendance du Cameroun. L'opposition idéologique entre M. Coulouma et les nationalistes est également visible sur le fait que, face au déclenchement du processus de décolonisation, le Directeur-gérant du journal Le Cameroun libre lance dans sa publication un appel en faveur de la création d'un regroupement anti-indépendantiste composé de colons vivant au Cameroun. En effet à la « une » de cet organe de presse (Le Cameroun libre, No262 du 1er avril 1945 :1) on pouvait lire l'appel suivant: « colons du Cameroun, unissez-vous ». Par la suite, Henri Coulouma et plusieurs colons se regroupent à Yaoundé pour fonder l'Association des Colons du Cameroun (ASCOCAM) dont le but est  selon Paulin Adjaï Oloukpona-Yinnon (1985 :82) « d'affirmer leur privilège face aux mesures qui risquaient de les remettre en question ». Le bureau de l'ASCOCAM est dirigé par Georges Molinatti, assisté de colons comme Coulouma qui devient membre du bureau (Ibidem). L'ASCOCAM a manifesté ouvertement son opposition à toute idée d'indépendance de ce territoire dès le début du processus de décolonisation. Joseph Befe Ateba (« Contribution de la presse dans la décolonisation au Cameroun sous-tutelle » in www.lejourquotidien.com,édition du mardi 20 avril 2010) fait également ressortir l'opposition des responsables du journal Le Cameroun libre à toute idée d'indépendance, indiquant que: 

«  Le Cameroun libre, animé par des Français libres du Cameroun et dont les articles ridiculisaient et infantilisaient les prétentions des revendications nationalistes. Ces Français libres trouvaient absurde l'option de l'indépendance et fondaient en général leur argumentaire sur l'immaturité des acteurs politiques camerounais et la précocité d'une telle issue. ».

Ainsi, l'opposition affichée par ces hommes politiques français aux revendications de l'indépendance du Cameroun explique pourquoi leurs journaux qui les soutenaient en privilégiant les sujets liés à leurs activités politiques et à leurs idéologies ne relayaient pas les sujets liés aux manifestations de réclamation de la souveraineté de ce pays. Les journaux édités par les hommes politiques français ayant pris l'option de soutenir leurs promoteurs, en privilégiant la publication de leurs activités et des idées qu'ils prônaient, ne pouvaient donc plus publier les faits concernant les revendications d'indépendance qui s'opposaient avec les idées anti-indépendantistes de leurs promoteurs respectifs.

C'est donc parce que les hommes politique français qui éditaient les journaux au Cameroun étaient opposés aux revendications d'auto-détermination que leurs organes de presse, qui servaient par ailleurs de relaie de leurs activités et idéologies politiques ne publiaient pas les sujets liés aux réclamations d'accession à l'indépendance.

Donc, une autre raison déterminante du silence observé par les organes de presse sur les sujets liés aux revendications d'indépendance c'est le soutien des journaux édités au Cameroun par les hommes politiques français à leurs promoteurs anti-indépendantistes.

Rendu au terme de cette section, il a été démontré après analyse des thèmes développés par les organes de presse édités au Cameroun par les hommes politiques français que ces publications soutenaient leurs promoteurs. Un soutien qui se traduit par la prépondérance dans le contenu de ces organes de presse des articles concernant les idées politiques et les actions menées par ces éditeurs de presse par rapport à d'autres sujets aux thèmes différents. Or l'opposition affichée par ces éditeurs aux manifestations concernant les réclamations d'indépendance indique donc que si ces journaux observaient un silence sur les sujets liés aux revendications de la souveraineté du Cameroun c'est en raison du soutien qu'ils manifestaient à leurs propriétaires qui étaient anti-indépendantistes. Ce qui montre donc qu'une autre cause de la non-publication des sujets liés aux réclamations d'auto-détermination est le soutien que les journaux qui étaient édités au Cameroun par les hommes politiques français apportaient à leurs promoteurs anti-indépendantistes.

En somme, ce chapitre consistait à analyser les thèmes contenus dans les journaux édités au Cameroun aussi bien par l'administration coloniale que par les hommes politiques français. Il a été découvert que ces publications soutenaient leurs propriétaires ; un soutien qui s'est traduit par la prépondérance des articles liés aux activités et aux idées de ces promoteurs d'organes de presse au détriment d'autres types de sujets. L'opposition idéologique de ces éditeurs aux revendications d'autonomie complète a donc amené tour à tour à voir que les journaux publics ne publiaient pas les sujets liés aux réclamations de souveraineté parce qu'ils soutenaient une administration anti-indépendantiste ; alors que les organes de presse qui étaient édités au Cameroun par des hommes politiques français observaient un silence sur les faits d'actualité concernant les manifestations des nationalistes à cause du soutien qu'ils apportaient à leurs promoteurs anti-indépendantistes. Ce chapitre a donc amené à voir que si les journaux ne publiaient pas les sujets concernant les revendications d'indépendance formulées par les nationalistes c'est entre autre parce que certains d'entre eux soutenaient leurs propriétaires qui étaient anti-indépendantistes notamment l'administration coloniale et les hommes politiques français.

Toutefois, il n'y a pas que le soutien de certains journaux à leurs propriétaires anti-indépendantistes qui explique pourquoi les organes de presse ignoraient les faits d'actualité liés aux revendications de souveraineté.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius