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La presse écrite au Cameroun à  l'ère des revendications d'indépendance:approche historique

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par Alain ASSOMO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II recherche en sciences de l'information et de la communication 2010
  

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II-2- L'impact des pressions subies par les journaux fondés par les nationalistes

sur la publication des informations liées aux revendications d'indépendance

Il vient donc d'être démontré dans le précédent paragraphe que les journaux fondés par les nationalistes ont subi des pressions exercés sur eux par les autorités coloniales. Il s'agit entre autre de l'interdiction temporaire et de la saisie. Ce paragraphe entend donc montrer en quoi ces pressions de l'administration ont pu entraîner la non-publication par ces organes de presse des nouvelles liées aux revendications d'indépendance formulées par les nationalistes.

L'interdiction d'un journal entraine son inactivité et donc son incapacité à pouvoir relayer des informations. C'est une contrainte imposée à un organe de presse. Le journal La voix du Cameroun a donc été temporairement interdit entre mai 1950 et janvier 1952 suite à ses écrits anticolonialistes dans sa parution d'avril 1950. Ce périodique ne réapparaît dans les kiosques qu'en janvier 1952. L'édition d'avril 1950 ayant été la dernière avant son interdiction, il y a donc une période d'inactivité de 21 mois et l'édition numéro six du journal ne paraît qu'en janvier 1952 c'est-à-dire seulement 2 mois avant les élections pour l'ATCAM organisées en mars 1952. Entre temps, les revendications des nationalistes ne paraissent plus dans les journaux car La voix du Cameroun est à cette période là le seul organe de presse qui s'efforce encore de publier les nouvelles liées aux revendications indépendantistes entre 1949 année de disparition du journal Le flambeau, premier organe d'information favorable aux revendications des nationalistes et 1954, année de lancement du second organe de presse de l'UPC, L'étoile. Cette suspension de La voix du Cameroun entre mai 1950 et janvier 1952 va donc empêcher la publication par ce support d'informations des nouvelles concernant les revendications d'indépendance formulées par les nationalistes. Ainsi, après les élections à l'Assemblée nationale française de juin 1951, les nationalistes camerounais décident d'organiser une conférence publique le 12 juillet 1951 dans la salle des fêtes d'Akwa à Douala pour dénoncer ce qu'ils qualifient de tripatouillage électorale orchestré par l'administration coloniale. Pendant ce scrutin, l'UPC qui obtient 3081 voix sur 280.302 suffrages exprimés (Victor Julius Ngoh, 1990 :125) perd les élections face au BDC et au RPF. Au cours de cette conférence publique, plusieurs dirigeants de l'UPC dont MM. Djoumessi Mathias et Um Nyobé Ruben respectivement Président et Secrétaire général du parti prennent la parole pour condamner les fraudes massives enregistrées selon eux pendant les élections. Les orateurs réaffirment les idéaux du parti à savoir : l'indépendance immédiate et la réunification du Cameroun (Idem, P.124). L'événement tient toute son importance car c'est la deuxième fois après le congrès de Dschang que les nationalistes camerounais réclament publiquement l'indépendance du pays. Seulement, malgré l'importance de cette information qui aurait dû normalement être relayé dans les colonnes de La voix du Cameroun, unique organe d'information de l'UPC à ce moment là, cette actualité ne sera pas publiée par ce journal à cause de son interdiction par l'administration coloniale. La parution de La voix du Cameroun ayant été interrompue entre mai 1950 et janvier 1952 suite à son interdiction, le journal sera donc contraint de ne pas publier toutes les informations liées aux revendications d'indépendance pendant ladite période. La suspension de ce journal entre mai 1950 et janvier 1952 a donc eu pour impact direct son inactivité forcée et donc la non-publication par cet organe de presse de toutes les informations concernant les faits qui se sont déroulés pendant la période de cessation de ses activités. L'interdiction de ce support d'information par l'administration coloniale entre mai 1950 et janvier 1952 est donc la raison déterminante du silence observé par cet organe de presse autour des nouvelles liées aux réclamations d'indépendance pendant cette période.

La saisie d'un journal quant à elle peut s'opérer de deux manières. Il peut s'agir de la saisie de la publication. Dans ce cas lors de ladite opération, l'autorité chargée de le faire confisque tous les numéros de cette publication qui sont sur le marché. De même, il peut s'agir de la saisie d'un numéro de la publication. Dans ce cas précis, l'autorité procède à la confiscation des seuls exemplaires du numéro concerné. Bien entendu, la saisie est une forme de censure. Et lorsqu'un numéro d'une publication est saisi et que les exemplaires sont confisqués, on peut avoir deux conséquences directes. La première est que les lecteurs du journal sont privés de toutes les informations contenues dans le numéro en question. Et la deuxième conséquence est que la confiscation des exemplaires entraine un manque à gagner du producteur du journal qui peut ainsi se retrouver sans ressources pour continuer à éditer sa publication. Ainsi, comme il a été démontré dans le précédent paragraphe, le journal Kamerun mon pays a connu des saisies de numéros. C'est le cas du numéro 33 de cette publication qui a été saisi sur ordre du chef de la région du Wouri le 27 novembre 1956. Cette saisie a entrainé une conséquence majeure : le journal n'a pas pu porter à la connaissance de ses lecteurs l'information sur l'interdiction par l'administration de la tenue d'une réunion publique du Mouvement d'Union Nationale à Douala le 27 novembre 1956. Kamerun mon pays a ainsi été contraint de priver ses lecteurs de ladite information. Cette contrainte a donc empêché à Kamerun mon pays de donner l'information sur l'interdiction de la réunion des nationalistes par l'administration.

Ce paragraphe a donc amené à voir que l'interdiction temporaire de La voix du Cameroun entre mai 1950 et janvier 1951 a entrainé la non-publication par cet organe de presse de l'ensemble des informations liées aux revendications d'indépendance pendant ladite période notamment la conférence publique de l'UPC du 12 juillet 1951. De même, la saisie du numéro 33 de Kamerun mon pays a causé la privation aux lecteurs de l'information concernant l'interdiction par l'administration d'une réunion publique des nationalistes. Ce qui indique donc que les pressions de l'administration coloniale sur les journaux édités par les nationalistes constitue également une cause de la non-publication par les organes de presse des faits d'actualité liés aux revendications d'indépendance.

Cette section a donc permis de voir que les journaux édités par les nationalistes ont subi des pressions de l'administration coloniale. Celles-ci étant entre autres l'interdiction temporaire des organes de presse, comme ce fût le cas de La voix du Cameroun entre mai 1950 et janvier 1952, et la saisie, une forme de censure qui fût appliquée notamment au numéro 33 du journal Kamerun mon pays le 27 novembre 1956. Ces différentes pressions de l'administration sur les journaux fondés par les nationalistes ont donc eu pour effet direct la non-publication de certaines informations liées aux revendications d'indépendance .Ce fût notamment le cas de celle relative à la tenue le 12 juillet 1951 d'une réunion publique organisée par les nationalistes à Douala, alors que La voix du Cameroun était suspendue. Ce fût également le cas de l'information concernant l'interdiction d'une réunion publique des nationalistes par les autorités coloniales qui n'a pas été portée à l'attention des lecteurs de Kamerun mon pays à cause de la saisie du numéro33 cet organe de presse qui voulait pourtant la relayer. Ces pressions des autorités coloniales sur les organes de presse édités par les nationalistes constituent donc une des causes de la non-publication des sujets d'actualité liés aux revendications d'indépendance par les journaux camerounais pendant la période de décolonisation du pays.

Toutefois ces pressions exercées par l'administration sur les journaux ne semblent pas être la seule contrainte qui a entrainé le silence observé par les organes de presse sur des sujets concernant les revendications d'indépendance formulées par les nationalistes.

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