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La presse écrite au Cameroun à  l'ère des revendications d'indépendance:approche historique

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par Alain ASSOMO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II recherche en sciences de l'information et de la communication 2010
  

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CONCLUSION

Au terme de cette recherche intitulée la presse écrite au Cameroun à l'ère des revendications d'indépendance : approche historique, la non-publication par les organes de presse des sujets d'actualité liés aux réclamations de souveraineté formulées par les nationalistes a constitué notre problème de recherche. Pour cela, nous avons formulé une problématique cherchant à trouver les raisons déterminantes du silence observé par les journaux sur les sujets liés aux revendications de l'autonomie complète du Cameroun. Une problématique encrée théoriquement sur l'école historiographique des Annales qui recommande au chercheur de poser une question et de trouver des réponses par la recherche de plusieurs causes selon le modèle proposé par Marc Bloch que nous avons adopté dans ce travail.

La question principale de cette recherche est celle de savoir pourquoi les organes de presse écrite ne publiaient pas les sujets d'actualité liés aux revendications de souveraineté formulées par les nationalistes. À cette interrogation fondamentale, plusieurs questions secondaires sont posées; la première formulée ainsi qu'il suit : la non-publication par les organes de presse des sujets liés aux réclamations de souveraineté était-elle causée entre autre par le soutien que les journaux publics apportaient à une administration coloniale soucieuse de maintenir sa présence au Cameroun ? Pour cela, l'hypothèse suivante a été énoncée : la non-publication par les organes de presse des sujets liés aux réclamations de souveraineté était causée entre autre par le soutien que les journaux publics apportaient à une administration coloniale soucieuse de maintenir sa présence au Cameroun. Pour la valider, nous avons pris comme cas d'étude les journaux publics les plus importants de la période coloniale à savoir Informations Radio-presse et Le journal des villages du Nyong et Sanaga. Il a été montré après analyse des thèmes contenus dans ces périodiques que 794 articles publiés par ces journaux sur 1319 étaient consacrés aux seules activités de l'administration coloniale soit 60,19% du nombre total des articles de presse de ces publications. Le contenu de ces organes de presse nous a ainsi indiqué qu'ils servaient de soutien aux actions de l'administration coloniale dont ils étaient les principaux organes d'information. Ce soutien étant perceptible à travers la prépondérance des sujets liés aux activités menées au Cameroun par les autorités françaises. Or, précisément l'administration coloniale a affiché une opposition à toute forme de revendication de l'autonomie complète du Pays. Cette position anti-indépendantiste de l'administration coloniale a été visible notamment en décembre 1952 et en décembre 1953 lorsqu'elle a envoyé des émissaires contredire M. Um Nyobé, Secrétaire général de l'UPC lors de sa prise de parole à l'ONU où il réclamait l'indépendance du Cameroun. Ce qui nous a donc amené à dire que l'une des causes du silence observé par les journaux sur les faits concernant les réclamations d'indépendance est le soutien que les organes de presse publics apportaient à une administration coloniale soucieuse de maintenir sa présence au Cameroun. Ce qui valide la première hypothèse secondaire formulée dans ce travail.

Quant à la deuxième question secondaire, elle est formulée de la manière suivante: une autre cause de la non-publication par les journaux des sujets concernant les revendications d'autonomie est-elle le soutien que les organes de presse qui appartenaient aux hommes politiques français vivant au Cameroun apportaient à leurs promoteurs anti-indépendantistes? L'hypothèse énoncée pour cette interrogation est présentée comme suit: une autre cause de la non-publication par les journaux des sujets concernant les revendications d'autonomie est le soutien que les organes de presse qui appartenaient aux hommes politiques français vivant au Cameroun apportaient à leurs promoteurs anti-indépendantistes. Ainsi, pour la valider nous avons procédé à l'analyse des thèmes contenus dans les journaux édités au Cameroun par les hommes politiques français dont les plus représentatifs étaient Le Cameroun demain, organe de presse fondé par le Dr. Louis-Paul Aujoulat, homme politique français vivant au Cameroun et Le Cameroun libre, organe des Français libres du Cameroun dont le promoteur était M. Henri Coulouma. À cet effet, il a été montré au cours de ladite analyse des thèmes que ces supports d'information servaient de soutien aux idées et actions politiques de leurs fondateurs car 52,3% de l'ensemble des articles publiés par eux étaient consacrés aux activités politiques et aux idées défendues par leurs promoteurs. L'opposition de ces derniers aux revendications d'indépendance a été visible sur plusieurs points : le 24 octobre 1952, le Dr. Louis-Paul Aujoulat, fondateur de Le Cameroun de demain et Président de l'ATCAM et M. Charles Okala, Président de l'USC, ont envoyé une correspondance au siège des Nations unies pour s'opposer à l'intervention de l'UPC à l'Assemblée générale de l'ONU prévue en décembre de la même année. De Même, M. Henri Coulouma, promoteur de Le Cameroun libre était l'un des fondateurs en 1945de l'ASCOCAM, une association de colons dont le but était de s'opposer à toute forme de mesures prises visant à l'indépendance du Cameroun. Il était par ailleurs l'un des chefs de file du RPF au Cameroun, un parti opposé aux idées de souveraineté défendues par les nationalistes. Ce qui indique donc une opposition donc une opposition de ces hommes politiques, qui étaient en même temps éditeurs de journaux, à toute forme de revendications indépendantistes. Ce qui précède dénote donc qu'une autre raison déterminante de la non-publication des sujets concernant les réclamations de souveraineté formulées par les nationalistes tient du soutien que les journaux qui appartenaient aux hommes politiques français apportaient à leurs promoteurs anti-indépendantistes. La deuxième hypothèse secondaire de cette recherche se trouve donc également validée.

Pour ce qui est de la troisième question secondaire de ce travail, elle est formulée ainsi : les pressions exercées par l'administration coloniale sur des journaux constituent-elles également l'une des raisons déterminantes du silence observé par ceux-ci sur des informations liées aux réclamations indépendantistes ? L'hypothèse relative à cette question est présentée de la manière suivante: les pressions exercées par l'administration coloniale sur des journaux constituent également l'une des raisons déterminantes du silence observé par ceux-ci sur des informations liées aux réclamations indépendantistes. Pour la valider, nous avons fait appel à plusieurs sources écrites ayant fourni des informations sur l'attitude de l'administration coloniale après des dénonciations contenues dans les organes de presse fondés par les nationalistes notamment dans les journaux La voix du Cameroun et Kamerun mon pays. La confrontation de ces sources a indiqué que les journaux édités par les nationalistes ont subi de fortes pressions de l'administration coloniale. Ces pressions qui constituent des contraintes d'ordre administratif sont perceptibles à travers les interdictions temporaires de ces journaux par les autorités coloniales, comme ce fût le cas pour La voix du Cameroun entre mai 1950 et janvier 1952, et à travers les saisies comme celle du numéro 33 de Kamerun mon pays le 27 novembre 1956 à Douala qui a été orchestrée sur ordre du chef de la région du Wouri. Ces pressions ont entraîné la non-publication par ces journaux des sujets d'actualité liés aux réclamations de souveraineté. Ainsi, pendant la période d'interdiction temporaire de La voix du Cameroun, les nationalistes ont organisé des manifestations pour réclamer l'indépendance du Cameroun, c'est le cas de la conférence publique tenue à Douala le 12 juillet 1951. Le journal La voix du Cameroun étant à cette date là le seul organe de presse publié par les nationalistes, n'a pas pu relayer cette information à cause de sa suspension par l'administration coloniale. De même, lorsque le numéro 33 de Kamerun mon pays a été saisi, les informations contenues dans ce journal n'ont pas été portées à l'attention de ses lecteurs. Ce qui indique donc qu'une autre cause de la non-publication des nouvelles liées aux revendications d'indépendance par les journaux tient des pressions que ceux qui étaient édités par les nationalistes subissaient de la part des autorités coloniales. D'où la validation de la troisième hypothèse secondaire de cette recherche.

Quant à la quatrième question secondaire, elle est posée comme suit : le souci des hommes d'affaires de satisfaire et de conserver leur clientèle d'origine française peut-il également être une cause de la non-publication par les journaux des faits d'actualité concernant les réclamations de souveraineté formulées par les nationalistes? À cette interrogation, l'hypothèse ci-après a été formulée : le souci des hommes d'affaires de satisfaire et de conserver leur clientèle d'origine française constitue également une cause de la non-publication par les journaux des faits d'actualité concernant les réclamations de souveraineté formulées par les nationalistes. Ainsi, il ressort de l'analyse des thèmes contenus dans les journaux L'Éveil du Cameroun et La presse du Cameroun, les publications les plus importantes fondées par des hommes d'affaires, que 59,2% de l'ensemble des articles de presse (soit 449 sur 1293) étaient consacrés à la politique intérieure de la France et aux activités de l'administration coloniale. Des thèmes qui n'intéressaient pas au premier chef les nationalistes mais plutôt les ressortissants français qui vivaient au Cameroun. Cette analyse a donc fait dire que ces journaux qui ignoraient les faits liés aux réclamations de souveraineté étaient destinés aux Français vivant au Cameroun. La prépondérance des articles de presse concernant les sujets liés à la politique intérieure de la France et aux activités de l'administration coloniale sur les autres faits d'actualité a donc dénoté un souci de ces hommes d'affaires de satisfaire leur clientèle constituée de ressortissants français car c'est eux qui étaient manifestement intéressés par ces thèmes. La tendance anti-indépendantiste affichée par les Français qui vivaient au Cameroun a donc laissé interpréter que les journaux édités par les hommes d'affaires ne publiaient pas les nouvelles liées aux revendications d'indépendance à cause du souci de leurs propriétaires de satisfaire et de conserver leur clientèle française. Ce souci constituant d'ailleurs une contrainte d'ordre économique pour ces hommes qui ne voulaient pas perdre une clientèle opposée aux manifestations de réclamation de l'auto-détermination du Cameroun. Ainsi le 17 décembre 1952 lorsque M. Um Nyobé, Secrétaire général de l'UPC a pris la parole devant les membres de la 7ème session de l'Assemblée générale de l'ONU pour réclamer l'indépendance du Cameroun, il a été contredit par deux émissaires de l'administration française à savoir MM. Okala Charles et Alexandre Ndumbé Douala Manga Bell. Seule l'information concernant la prise de parole des deux envoyés des autorités françaises a été publiée dans les colonnes de L'Éveil du Cameroun ; celle de M. Um Nyobé ayant été ignorée par cette publication. Ce qui a donc fait dire qu'il en a ainsi été à cause du souci du propriétaire de ce journal de satisfaire et de conserver son lectorat voire sa clientèle constitué de ressortissants français qu'il ne voulait pas perdre en publiant des nouvelles concernant les réclamations d'indépendance qui du reste s'opposaient au désir des colons français de rester au Cameroun. Ainsi, si les journaux qui étaient édités par des hommes d'affaires ignoraient les sujets liés aux revendications d'indépendance, c'est à cause d'une contrainte d'ordre économique qui est le souci de leurs propriétaires de satisfaire et de conserver leur clientèle d'origine française (qui du reste était hostile aux idées d'autonomie complète du Cameroun). Donc, le souci des hommes d'affaires de satisfaire et de conserver leur clientèle d'origine française constitue également une cause de la non-publication par les journaux des faits d'actualité concernant les réclamations de souveraineté formulées par les nationalistes. La quatrième hypothèse secondaire de ce travail est donc de ce fait également validée. Ce qui précède indique donc que les procédures scientifiques employées laissent voir que les différentes causes de la non-publication par les organes de presse des nouvelles liées aux revendications d'indépendance sont différentes selon les catégories de journaux.

L'hypothèse principale de cette recherche est formulée de la manière suivante : si les organes de presse ne publiaient pas les informations liées aux revendications d'indépendance c'est non seulement parce que certains soutenaient leurs propriétaires qui étaient anti-indépendantistes mais aussi en raison des contraintes auxquelles d'autres faisaient face. De ce fait, la validation de nos hypothèses secondaires nous a indiqué les différentes causes de la non-publication par les journaux des faits liés aux revendications d'indépendance. Il s'agit : du soutien des journaux publics à une administration soucieuse de maintenir sa présence au Cameroun, du soutien des organes de presse fondés par les hommes politiques français vivant au Cameroun à leurs promoteurs anti-indépendantistes, des pressions de l'administration coloniale sur les supports d'information fondés par les nationalistes et du souci des hommes d'affaires de satisfaire et de conserver leur clientèle d'origine française. En regroupant ces quatre causes on a le soutien de certains journaux à leurs propriétaires anti-indépendantistes et les contraintes auxquelles les autres faisaient face; ces contraintes sont liées aux pressions de l'administration coloniales sur les journaux fondés par les nationalistes et au souci des hommes d'affaires de satisfaire et de conserver leur clientèle d'origine française. Ce qui revient donc à indiquer que si les organes de presse ne publiaient pas les nouvelles liées aux revendications de souveraineté formulées par les nationalistes c'est non seulement parce que certains soutenaient leurs propriétaires qui étaient anti-indépendantistes mais aussi en raison des contraintes auxquelles d'autres faisaient face. De ce fait, notre hypothèse principale se trouve ainsi validée.

Cette recherche pourrait présenter certaines limites:

L'une d'elles tient du fait qu'elle n'a fait appel qu'aux sources écrites ; en effet, même si celles-ci présentent l'avantage d'être faciles à critiquer et à exploiter, il n'en demeure pas moins que l'histoire peut également s'écrire avec d'autres types de sources notamment les images, les témoignages oraux...;

L'autre étant la structure thématique qui a été adoptée alors que d'autres chercheurs auraient certainement proposé une autre manière de présenter ce travail.

La présente recherche laisse toutefois entrevoir d'autres perspectives sur lesquelles des chercheurs en histoire des médias à l'ère des revendications indépendantistes pourraient se pencher. Il s'agit entre autres du rôle de la presse écrite pendant cette période et de l'application du cadre juridique de la presse écrite au Cameroun pendant cette période. De même, les sources de financement de la presse écrite à l'ère des réclamations d'indépendance pourraient constituer une piste pour des chercheurs.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote