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Volonté et liberté dans " Fondements de la métaphysiques des moeurs " de Kant

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par Juvet NGOULOU IPARI
Université Marien Ngouabi - MaàŪttrise en philosophie 2012
  

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CHAPITRE DEUXIEME :

L'ANALYSE FONDAMENTALE DE LA MORALE RELATIVE A LA CONCEPTION DE LA VOLONTE ET DE LA LIBERTE

La thématique de la morale est au coeur de l'oeuvre de Kant intitulée : Fondements de la métaphysique des moeurs. En effet, dans cette oeuvre, se trouve poser la question ou le problème philosophique de la morale, relative à la conception de la volonté et de la liberté. Si elle est une, voire l'unique question fondamentale, alors le questionnement exige un degré suffisant d'éclaircissement.

En d'autres termes, cette question exige une élaboration nécessaire dans la position de ladite question, question qui ne peut être comprise ou saisissable qu'à partir d'une étude sérieusement approfondie de l'homme, donc une étude anthropologique et des moeurs de ·l'être raisonnable·, afin de se rendre meilleur, de se cultiver soi-même et de faire naître en soi la moralité. Car, la disposition préalable en l'homme de la conscience morale suscite en lui le besoin de détermination d'un idéal qui peut être un bien à réaliser, à obtenir ; un devoir à accomplir. Cet idéal, une fois déterminé, l'agent moral doit désormais agir, se conduire de manière à réaliser ledit idéal.

Comme nous le savons, la définition étymologique de la morale renvoie aux moeurs, aux caractères, aux attitudes humaines en général et, en particulier aux règles de conduite et à leur justification. Ainsi, définir la morale c'est dire d'elle, qu'elle est le système par excellence des règles que l'homme suit ou doit suivre dans la vie personnelle ou sociale. Comme telle, la morale peut être comprise comme un ensemble normatif des directions et des règles de l'action.

En d'autres termes, le fondement de la morale ne peut être que le devoir de l'homme au moyen de la volonté et de la liberté. Nous remarquons que c'est déjà là, le principe de la morale qui est inscrit sous forme d'une « règle d'or » et qui est profondément marquée de façon ou d'autre par la conscience morale de tous les êtres raisonnables. Ce principe même se trouve formulé en termes positifs dans le Nouveau Testament : « Ainsi, tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites le vous-mêmes pour eux, car c'est la loi(...)24(*)» (Matthieu7 :12).

Il ressort de cette analyse qu'il se dégage une règle universelle, c'est-à-dire une sorte d'invite, de disposition au bien dans l'ordre de la morale. Ce qui se manifeste donc implicitement avec l'apport de la volonté et de la liberté.

Ce précepte est une voie de la conscience de l'être raisonnable, façonnée par la morale. Et la morale ne serait en effet que la réalité du même ordre que le rituel de la politesse ; elle implique des règles et des valeurs. Car, le maître mot en morale c'est la valeur. La valeur c'est ce que tout le monde recherche. C'est le sens même que lui donne René Le Senne qui affirme à ce titre que : «Ce qui est digne d'être recherché est ce que tout le monde appelle valeur25(*)». C'est pourquoi nous disons à cet effet qu'en matière morale, la vertu vaut mieux que le vice, le courage est préférable à la lâcheté, le bien au mal et celui qui se soumet aux règles de la vertu, du courage, du bien, n'agit pas sous la pression de ses préjugés. Mais en tant qu'être moral, c'est-à-dire qui suit une morale, l'homme porte en lui et sur les autres les jugements moraux des valeurs.

En effet, les hommes sont tenus de conformer leur conduite à des règles morales. Cela dit, l'homme qui agit selon la volonté morale, agit selon les objectifs à atteindre, c'est-à-dire qu'il agit selon une forme de détermination morale qu'est donc la valeur. Et par valeur, nous entendons le respect pour la loi morale, la bonne volonté, la légalité morale, et la liberté comme pouvoir d'accomplir quelque chose par la pureté des intentions. C'est pourquoi, la morale va pouvoir à bon droit se manifester dans toute sa puissance par le biais de la volonté d'un sujet libre et raisonnable.

Il s'agit aussi de dire que l'analyse fondamentale de la morale, une fois en relation avec la volonté et la liberté, exige bien qu'il faut au préalable et nécessairement sauvegarder à la fois le caractère de transcendance et celui d'intériorité des valeurs morales. C'est précisément ce qu'avait tenté de faire au XVIIIe siècle le philosophe Kant.

Justement, parce que chez Kant, la morale est intérieure ; c'est la faculté supérieure de l'âme. A ce titre, Monique Castillo corrobore l'affirmation de Kant et énonce que : « la morale n'est fondée que si elle est pure, (...)26(*)».

C'est pour dire que Kant a découvert successivement et de manière régulière les éléments a priori de la conscience morale. La loi en effet, ne décrit pas ce qui est, mais prescrit plutôt ce qu'il faut faire. Par conséquent, loin de découler de l'expérience, c'est elle au contraire qui nous permet de juger ce qui est préférable, à savoir le bien et ce qui est détestable, le mal. La conscience morale se révèle ainsi une voie intérieure qui prescrit ce que l'on doit faire, ordonne ce qui doit être. La loi morale nous apparaît à cet effet comme une raison qui commande à la volonté.

En résumé sur ce point, Kant a bien voulu que l'analyse fondamentale de la morale exige tout d'abord une réponse philosophique. Ainsi, pour sauver la morale, il s'est vu contraint de procéder autrement et d'une manière tout à fait originale, en se référant à la volonté et à la liberté. En outre, l'unique solution à ce problème est en effet, que notre propre volonté instaure la législation à laquelle nous devons nous soumettre et obéir : c'est la loi morale. Kant à cet effet, est convaincu au même titre que ses prédécesseurs que l'homme ne deviendra un être raisonnable que par la morale en ayant conscience de la volonté et liberté. Il fait la morale un ensemble normatif des règles à suivre, ce qui a permis à l'homme de devenir homme, par sa propre raison. C'est ce qui nous fait dire avec Kant que : « la nature a délégué la raison au gouvernement de notre volonté27(*) ». Cela dit, c'est la dimension morale qui est fondamentale ici. Cette dimension introduit l'idée d'une raison humaine qui est effective. Sa présence affermit le sujet raisonnable ; cet être de raison qui décide librement.

Il s'agit au final de considérer que, le but que propose la morale dans cette analyse est d'abord d'instruire, ensuite d'adapter, voire socialement, enfin de former un jugement libre et universel. Par conséquent, la morale détermine le point d'achèvement de l'humanité, exigée par la loi. Ce qui ne se détermine que par la volonté et par la liberté. Ces deux caractères ne peuvent se justifier que véritablement que dans l'interprétation des actes humains.

Il s'agit là d'une démarche méthodologique des Fondements de la métaphysique des moeurs. Et Kant s'exprime : « les Fondements expliquent aussi que la philosophie morale doit appliquer ses lois « à la volonté de l'homme en tant qu'elle est affectée par la nature», que la « métaphysique » désigne à la fois une procédure rationnelle a priori et une reconnaissance de soi de la volonté libre de la loi, que la démarche méthodologique a directement une valeur pratique28(*) ». Dès lors, la liberté humaine trouve alors son orientation et sa détermination dans la morale. Il est à en croire aussi que le fait d'utiliser la raison montre bien que cette raison ne traduit pas une fermeture : ce sont plutôt là des activités ouvertes qui témoignent une forme de liberté dans son mouvement qui n'est concrète que par des choix qu'elles proposent. Toutefois, l'action universelle suppose une équivalence entre une raison constitutive du sujet et de la pratique. Cette équivalence ne vaut que pour l'impératif. En fait, l'équivalence ne vaut que pour l'impératif catégorique en tant qu'elle exprime la loi morale et s'impose au sujet auquel il faut connaître la connaissance rationnelle de la liberté.

Naturellement, les valeurs intellectuelles et les valeurs morales incombent au choix rationnel. Et aussi à la mise en oeuvre d'une action qui dépend de la connaissance du vrai ; du bien par l'homme, puisque la raison est le propre de l'homme, sujet raisonnable.

D'un point de vue philosophique, la morale est une sorte d'émancipation, c'est-à-dire une liberté acquise par la suppression des contraintes externes telles des penchants, des inclinations ou des affects pathologiques. Et la morale bannit toute sorte de contrainte externe, la morale se veut globale et universelle. Elle est à la portée émancipatrice ; cette pensée nous aide d'autant, à définir ce que peut être un être raisonnable. Voilà qui se définit comme la conquête d'autonomie de la volonté et de la liberté.

Pareille analyse nous pousse à convoquer Hannah Arendt qui corrobore l'affirmation de Kant en ces termes : « Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la liberté a été comprise comme le statut de l'homme libre, qui lui permettrait de se déplacer, de sortir de son foyer, d'aller dans le monde et de rencontrer d'autres gens en actes et en paroles(...)29(*)». C'est dire que, la volonté ou encore la liberté fonde la sortie de l'homme de la minorité, c'est-à-dire de l'insociabilité, et, son usage indique le début de l'histoire humaine. A cet effet, l'homme rompt son unité avec la nature sensible et conditionne la victoire progressive de la liberté ; c'est la sociabilité. D'où le l'appel à l'·insociable sociabilité·, c'est-à-dire la sortie de la minorité, la capacité de l'homme de transcender le stade de l'animalité pour parvenir enfin à sa destination première, c'est-à-dire de sortir de sa brutalité pour s'humaniser et se socialiser. Car la communauté pratique des hommes n'est possible que si tous reconnaissent leur origine commune comme des êtres libres et raisonnables. Enfin, l'antagonisme humain chez Kant dégage implicitement les prémisses et les perspectives du progrès de l'espèce humain. Ce progrès qui se dévoile par le triomphe de la loi morale. Cette ambition ne serait possible que si l'homme réussit à créer l'unité de son être, à transformer et à transcender son antinomie, source de régression.

Kant à cet effet, est bien un moraliste, un rationaliste pour qui, la raison doit suffire à tous, parce qu'elle est la partie essentielle de l'homme. Dans l'unité la plus parfaite de la pure philosophie, cette dimension de l'analyse fondamentale de la question morale nous a paru nécessaire de donner dans cet ouvrage une analyse nouvelle où nous avons consciencieusement réfléchi à rendre avec clarté et précision la pensée de Kant.

Pour Kant, « la loi morale est par elle-même un mobile au jugement de la raison ; et la prendre pour maxime c'est être bon moralement30(*) ».

Dans ce cas, il est parfaitement possible d'accorder avec sagesse que le problème moral, c'est-à-dire de la conduite humaine est un problème lié à la raison et aussi à la foi. Par conséquent, la seule voie possible de la raison c'est celle de l'honnêteté morale. C'est ainsi que nous admettons et plaçons la morale kantienne au rang de devoir comme une obligation.

En effet, après avoir fait le compte de cette analyse, nous sommes conduits éventuellement à dire que la morale de Kant est une sorte de « perfectionnement sans fin ». Elle a prouvé même par l'idée de participation, qu'elle est une élucidation, voire une clarification des concepts a priori comme Dieu, l'âme, la liberté et l'immortalité ; ces concepts dits de la transcendance et donc de l'élévation de l'être raisonnable fini. Cette morale relève de l'ordre de la possibilité ; elle est pratique. Car, est pratique ce qui est possible en liberté. Et le principe supérieur en liberté est toujours de l'ordre des représentations métaphysiques et n'a rien à avoir avec la vie sensible. Ces données sont au fondement de l'agir humain et supposent préalablement la possibilité de la représentation telle la morale, la volonté et la liberté.

La morale de Kant est une morale à vocation universelle. Elle, il faut brise la sensibilité pour accéder au Souverain Bien, donc à l'intelligibilité. Par-dessus tout, la morale échappe au système, cette sorte d'enfermement. Elle s'éclate et est ouverte et veut qu'on obéisse à la raison. Par conséquent, tout ce qui est intérêt personnel n'est pas moral, car cela est un assouvissement des sensibilités, des passions, des affects, des inclinations. Ces actes pathologiques excluent l'ordre moral. De là, il ressort l'idée de la nature sensible qui n'est pas du tout disposée à suivre les indications de la raison. 

Il convient de dire que philosophiquement, la morale admet pour la première fois une rigueur critique avec Kant dans l'histoire de la philosophie. Tant mieux, l'action morale est pour Kant celle qui n'a d'autre souci que de respecter la forme même de la raison. Et nos devoirs peuvent se déduire a priori de la structure formelle de la raison. Ainsi, la morale à cet effet apparaît rigoureusement comme une logique de l'action. Le respect dû à la raison s'étend évidemment au sujet raisonnable, c'est-à-dire à la personne humaine.

Une telle analyse, conduit avec évidence à remarquer avec Kant qu' « en matière morale la raison humaine, même dans l'intelligence la plus commune peut être aisément portée à un haut degré d'exactitude et de perfection31(*) ». Pour le dire autrement, la personne raisonnable n'est pas seulement la source des valeurs, elle est aussi la valeur par excellence. C'est là, l'importance même de l'autonomie morale, c'est-à-dire les hommes sujets raisonnables se trouvent soumis à la loi. C'est l'acte authentiquement moral, bien intentionné et efficace. Cet acte suppose donc l'intelligence et la réflexion. C'est aussi la bonne intention qui est la condition nécessaire de la valeur morale. Cette bonne intention est évidemment celle qui a le courage et la volonté de se concrétiser dans l'acte d'un sujet libre et raisonnable. Précisément, c'est un acte moral qui doit être apprécié par rapport à l'intention morale qui l'inspire.

Nous pouvons dire réellement à la suite de Kant que la morale explicite et éclaire l'homme en tant que sujet raisonnable, puisque c'est lui, le seul être supérieur par rapport aux autres : « ce qui à coup sûr n'a lieu que dans un être raisonnable32(*) ». Pour prétendre comprendre une telle analyse, Kant renchérit en ces termes : « le principe déterminant de la volonté, cela seul peut constituer ce bien si excellent que nous qualifions de moral33(*) ». Voilà que cette proposition nous emmène avec dynamisme à mettre en relief la volonté comme une ambition morale.

1. La volonté comme une ambition de la morale

Si l'être de l'homme est un être nécessaire, cette nécessité ne s'accommode dans l'existence qu'auprès d'une volonté pratique pure dont jouiraient la pensée et l'action humaine. Comme la volonté ne se définit que comme la faculté de se déterminer à agir selon la représentation de certaines lois, la volonté est donc déterminée par la loi morale. Et l'autonomie de la volonté de ce point serait conforme aux lois morales et de tous les devoirs. Ce pouvoir rationnel de se déterminer par la raison. C'est la raison pratique déterminant la liberté empire du sujet moral sur la nature empirique, pour accomplir le devoir moral. Elle conduit à postuler un règne des fins, à savoir, un ordre intelligible, une société idéale, constituée par la totalité des êtres raisonnables.

Il reste tout de même à savoir comment la volonté peut être comprise comme une ambition ou encore comme une aspiration à la morale ? La volonté, comprise ici comme ambition morale ne peut être que cette volonté bonne. Autrement dit, celle dont la maxime enferme en elle-même la loi universelle et qu'elle est capable d'être.

Du point de vue philosophique, la volonté peut se comprendre comme une délibération consciente, une faculté de choix, comme pouvoir de se déterminer librement à agir ou de s'abstenir à agir en vertu des motifs. Cette marque de l'acte volontaire qui s'oppose à l'acte qui procède de l'instinct, des pulsions, d'un reflexe ou d'une habitude. Ces pulsions incontrôlables et irréfléchies, si elles guident la conduite d'un individu, cette conduite ne serait nullement pas morale. C'est ainsi que nous nous interrogeons quoi qu'il puisse soit, sur l'intervention de la volonté en tant que système des fins morales. En effet, l'intervention de la volonté sur la moralité en tant que système de fins s'explique par le fait que la volonté est une puissance et que rien d'extérieur ne peut venir la contraindre.

Dès lors, il résulte clairement que la majeure du raisonnement sur la volonté morale est celle qui nous permet de concevoir une société organisée, réconciliant la fin ultime de l'éducation morale et les volontés autonomes devant être appliquées en société. Voilà ce qui constitue l'une des solutions de ce problème. Car, la volonté morale instaure la législation à laquelle nous devons nous soumettre à obéir.

Kant dans sa pratique philosophique fait de cette volonté le principe suprême de la morale. Voilà pourquoi il l'explicite en termes d' « autonomie ». Selon lui en effet : « l'autonomie, c'est l'expression même de la loi morale : si bien qu'une volonté libre et une volonté soumise à la loi morale ne font qu'un34(*) ». Ce qui permet à l'homme de fixer sa propre loi, non pas d'après ses penchants égoïstes, des déterminations « pathologiques», mais d'après la représentation fixée par la seule raison donc une loi qui serait bonne absolument. Elle met fin à toutes les aliénations dont pourrait rencontrer le sujet moral. Par conséquent, seul celui qui agit par devoir (et non par intérêt), c'est-à-dire par bonne volonté, par respect pour la loi, agit de manière proprement morale. Il est tout à fait louable de dire que dans cette mesure, l'acte volontaire décèle toujours la trace d'un accomplissement. Ainsi, nous avons besoin pour la volonté d'un point d'appui dans le monde. Ce point d'appui n'est entre autre que la morale.

Comme telle, la volonté à cet effet se conçoit bien comme une ambition morale. A cet effet, l'humanité et la moralisation de l'homme se déterminent et se réalisent par une éminente dignité qui s'étend à la volonté de vouloir la forme de la loi. Autrement dit, la volonté morale est la volonté de l'universel.

Une telle conception se résout par le souci d'universalité qui traverse la morale de Kant. Pour qui la seule volonté a une évidente condition qu'elle soit toujours bonne, c'est-à-dire orientée par l'idée de la loi en général et déterminant ce qui est bien. Voilà pourquoi il le qualifie de bonne absolument. Cette approche nous conduit à une relecture même des Fondements de la métaphysique des moeurs de Kant selon laquelle : «la moralité est donc le rapport des actions à l'autonomie de la volonté, c'est-à-dire à la législation universelle possible par les maximes de cette volonté35(*) ». C'est encore cette même volonté qui constitue dans la mesure du possible ,capable de déterminer à elle seule les règles de la conduite par l'autonomie, contrairement à l'hétéronomie.

Cependant, l'hétéronomie quant à elle, est vaine et trompeuse puisqu'elle soumet la morale à un principe qui lui est extérieur. L'hétéronomie est la dépendance à l'égard des mobiles pathologiques sensibles ou d'une loi extérieure. Elle est vaine et illégitime. C'est pourquoi Kant corrobore l'affirmation suivante en ces termes: « Comme l'autonomie de la volonté est le vrai principe moral, l'admission de l'hétéronomie de la volonté a été l'origine des fausses doctrines morales36(*) ». Cela dit, l'hétéronomie présente toujours ce grand risque de tomber dans le « fanatisme des fins », ce qui justifierait n'importe quel moyen en vue des inclinations sensibles. Or le monde des exigences morales, interdit les penchants, les inclinations, les désirs de la sensibilité.

De ce point de vue, il est sans contredit de dire que c'est seulement l'autonomie de la volonté qui fonde véritablement la morale. Elle s'inscrit dans la mesure où elle est le seul système qui tient l'individu pour être rationnellement responsable des ses choix, et, en même temps accordée à l'universalité de la raison. C'est même la raison qui a conduit Aristote à dire que ·la volonté est dans la raison ·. Par suite, ce qui est de la volonté dépend de l'intelligence, et ce qui est de l'intelligence peut dépendre de la volonté. Comme l'avait énoncé Saint Thomas d'Aquin : « la volonté a pour objet le bien et la fin suprême37(*) ». Etant donné que chez Kant, c'est le bien qui est la fin suprême de la morale, le progrès à l'infini vers la conformité totale de la volonté à la loi morale ne se manifeste en ce sens qu'en rapport avec les concepts tels l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu qui sont des conditions de possibilité du souverain bien.

A ce titre, l'essentiel serait donc de sauvegarder le caractère d'intériorité des valeurs morales. Ainsi, sauvegarder le caractère d'intériorité des valeurs morales exige qu'il faille nécessairement se méfier des passions, de la sensibilité, des tendances spontanées, c'est-à-dire ne pas se subordonner davantage à la nature mais plutôt aux principes purs. Il ne s'agit nullement d'une conscience instinctive et sentimentale ; mais plutôt d'une conscience morale qui n'est rien d'autre que la raison elle-même.

A partir de là, nous comprenons que la volonté est une ambition morale, parce qu'elle fait signe à la de vie. Malgré son souci d'autonomie de la volonté, Kant a bel et bien introduit à l'intérieur de l'homme une transcendance se déterminant par la liberté. Cela le conduit de toute évidence à reconnaître l'existence d'un mobile moral. Autrement dit, c'est le sentiment de respect. Ce sentiment humilie notre égoïsme et nous exalte dans l'accomplissement de la loi morale. C'est là qu'intervient véritablement la conception kantienne de l'« autonomie de la volonté » qui a exercée une influence capitale, notamment en France, dans la pensée morale et juridique du XIXe et du XXe siècle. Ceci ne se détermine autrement qu'au moyen de la liberté. Voilà comment la liberté est, elle aussi de ce point de vue, comprise comme une affirmation morale.

* 24 Louis Second, Le Nouveau Testament, traduction d'après le texte grec de Louis Second, version revue, 1975.

* 25 René Le Senne, Traité de morale générale, Paris, P.U.F, 1967, p.22.

* 26 Monique Castillo, Kant et l'avenir de la culture, Paris, P.U.F, 1990, p.56.

* 27 Kant (E), op.cit., p.59.

* 28Kant, (E), Ibid, p.10.

* 29 Arendt (H), La crise de la culture, trad., P. Levy, Paris, éd., Gallimard, « Coll. Les Idées», 1972, pp.192-193.

* 30 Kant (E), La Religion dans les limites de la simple raison, trad., A.Tremesaygues,(un document produit en version numérique par Pierre Tremblay),Paris, éd., F. Alcan, 1913,p.26.

* 31 Kant (E), Fondements de la métaphysique des moeurs, trad, Victor Delbos, Paris, Librairie générale Française, (L.G.F), 2010, p.55.

* 32Kant (E), Ibid., p.67.

* 33Kant (E),Ibidem.

* 34 Kant (E),Ibid., p.184.

* 35Kant (E), Ibid, p.120.

* 36Kant (E), Ibid, p.181.

* 37Thomas D'Aquin, Somme théologique (1267-1268), I, q.87, a.4, ad.2 et q.82, , a.4,cité par J. Rassam, Paris, P.U.F.,1969, coll.sup., pp.102-103.

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