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Conditions socio- économiques des ménages congolais et comportements sexuels à  risque. Cas des jeunes filles célibataires

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par Valentin BOPE
Université de Kinshasa RDC - Licence en démographie 2012
  

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I.3. FACTEURS EXPLICATIFS DES COMPORTEMENTS SEXUELS DES JEUNES.

Etant donné que la sexualité des jeunes reste un problème aussi important pour la société et que les conséquences ultérieures pour la santé sexuelle et reproductive sont toujours néfastes, nous arrivons à dire que ce comportement est à risque.

Rwenge (1999c), lors d'une recherche réalisée dans le cadre du projet «Facteurs contextuels affectant les comportements sexuels des jeunes en milieu urbain camerounais, il met en exergue certains facteurs qui influencent les comportements sexuels des jeunes adolescentes, à savoir : les facteurs socioculturels, facteurs socioéconomiques et les facteurs politiques.

I.3.1. Facteurs socio culturels.

Ceux-ci se rapportent à la culture et qui mettent le phénomène « sexualité » dans un contexte de non isolement (désocialisation de l'activité sexuelle), car les normes et valeurs culturelles définissent chaque société (Rwenge, 1999c). Ce sont en fait, des facteurs liés au milieu socioculturel qui se définissent comme étant l'ensemble des caractéristiques et conditions qui déterminent et modulent à des degrés divers les valeurs et normes propres au groupe socioculturel d'origine (Lougoue, 2005).

De ce fait, l'appartenance socioculturelle des jeunes a une influence sur leur comportement en matière de sexualité car les normes et valeurs de la société véhiculées à l'enfant portent souvent sur l'honneur familial et individuel, la pudeur, le respect de soi-même, etc.

Ainsi, comme le démontre Modieli (2008), la sexualité des adolescentes ne dépend pas d'elles, mais de leurs parents et des responsables communautaires qui constituent des canaux de transmission d'information dans le domaine de la sexualité tels que la chasteté, la virginité pré maritale, la soumission à leurs maris aux filles et le sens de la responsabilité pour les garçons.

Plusieurs études antérieures ont pris en compte certains facteurs comme l'ethnie, le milieu de socialisation, le milieu de résidence, la religion, le niveau d'instruction pour concrétiser le milieu socioculturel qui est régi par les normes, les valeurs, les dogmes et les idéologies. Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de montrer les relations mises en exergue par ces études entre l'approche socioculturelle et la sexualité des jeunes filles.

a. Ethnie:

Ce concept se définit comme étant « un groupe naturel d'êtres humains, présentant entre eux certaines affinités somatiques, linguistiques ou culturelles» (Dictionnaire Démographique multilingue, 1976)

Pour Maïga (2003), l'ethnie se présente comme « le cadre de production des modèles socioculturels propres à chaque société, façonne et oriente les représentations et pratiques des populations ». De ce fait, la perception de la sexualité soit des comportements sexuels des jeunes peuvent être en fait, liés à leur appartenance ethnique.

Cependant, plusieurs auteurs ont identifié l'appartenance ethnique comme facteur important de différenciation des comportements sexuels des jeunes adolescentes à cause des moeurs qui régissent chacune des sociétés.

Pour Calvès (1996), il y a des ethnies qui ont des moeurs sexuelles permissives et d'autres des moeurs sexuelles rigides. Ceci, peut être sous d'autres cieux, responsable d'une grande propension ou non à une conception précoce et d'une exposition accrue aux IST/VIH/SIDA. Pour les ethnies à moeurs sexuelles permissives, peu d'importance est accordée à la virginité de la femme avant le mariage. Ces ethnies sont en d'autres termes, celles qui tolèrent ou encouragent la sexualité et la fécondité avant le mariage.

En ce qui concerne les moeurs sexuelles permissives, certaines ethnies africaines autorisent les jeunes filles à contracter précocement leur premier mariage et cela par décision des parents, et ailleurs, c'est dans le but de prouver leur fécondité avant de se marier (Rwenge, 1999c).

Cependant, certains rites liés à la puberté favorisent aussi une entrée précoce des jeunes filles dans l'activité sexuelle selon qu'ils appartiennent aux ethnies qui en pratiquent. Pour Ntozi et Lubega (1990) cité par Rwenge (1999c), certaines pratiques observées en Ouganda sont favorables à la sexualité précoce des jeunes. Pour eux : « la virginité n'est pas considérée comme importante en Ouganda. Ce sont les parents en fait qui autorise l'activité sexuelle avant le mariage tout en construisant des cases spéciales pour les jeunes adolescents en âge d'avoir une activité sexuelle ».

Certaines autres études antérieures ont montré que dans d'autres ethnies à moeurs permissives, le multi partenariat, l'activité sexuelle occasionnelle et la sexualité rétribuée restent fréquents (Rwenge, 1999c ; 2002; Anoh , Talnan et Koffi, 2002). Certains autres auteurs comme Guérry (1972) ; Aonon, (1996) que mentionne Modieli (2008), montrent qu'en côte d'ivoire, ces comportements résultent du « rite de lavement » si l'on en croit; ce rite qui est facteur clé de la liberté sexuelle des filles baoulés avant le mariage. Tandis qu'Anoh et al.(2002) constatent que l'appartenance ethnique influence positivement le multi partenariat chez les adolescentes Krou.

Il en est de même au Niger où la plupart des coutumes exigent que la femme n'ait ses premiers rapports sexuels que dans le mariage. C'est fort de cela que les normes en matière de sexualité, de nuptialité, et de fécondité sont étroitement gérées par le groupe familial et ne sont jamais laissé au seul soin de l'individu. Ces normes favorisent le mariage et la fécondité précoces tout en focalisant l'attention sur deux points : la virginité avant le mariage et la fécondité après le mariage (Kouton, 1992). Dans ce contexte, Kalambayi (2009) fait remarquer que les sociétés congolaises se regroupent en deux groupes d'ethnies selon la morale sexuelle : celles qui exigent et celles qui n'exigent pas la virginité des jeunes avant le mariage. Pour l'auteur, l'analyse de l'enquête MICS2-RDC sur l'abstinence sexuelle avant le mariage pour les femmes en union des générations 50 à 80, il s'en sort une tendance au relâchement de cette norme dans les provinces du Bas-Congo, Bandundu et Maniema contrairement aux femmes des provinces du Kasaï-Oriental, Kasaï-Occidental, Nord et Sud-Kivu où la virginité est traditionnellement une condition pour la célébration du mariage coutumier.

Or, la virginité est une valeur recherchée chez la jeune fille, et les parents doivent veuillez à cela. Car, une fille prise en mariage vierge, est un bel exemple de bonne éducation et de fierté de sa famille et de son époux ou en d'autres termes, elle honore ses parents. Comme les normes et les valeurs ne sont pas seulement dictées par l'appartenance ethnique, il sied de ressortir le lien qui existe entre la religion et la sexualité des jeunes filles.

b. Religion.

Appartenir à une religion pour une personne, se traduit par l'acceptation des croyances, des dogmes, des rites et des pratiques y afférents. Elle est en outre, un moyen de véhiculer un certain nombre des valeurs morales qui régissent la vie des croyants sur le plan comportemental et psychique (Akoto, 1985 cité par Modieli, 2008). De ce fait, la religion impacte sur la perception, les comportements et attitudes des fidèles en matière de sexualité à suite à leurs croyances. Le fait d'être membre d'une religion peut modifier l'activité sexuelle des jeunes et leur permettre l'adoption d'un comportement non à risque.

Dans cette perspective, prenons le cas du Niger où 95% de la population est musulmane (Modieli, 2008). Dans ce pays, cette religion considère la sexualité comme tabou et par conséquent, les jeunes adolescents doivent se conformer aux dogmes et principes qui prônent la virginité avant le mariage pour les filles et la chasteté pour les garçons. Pour les musulmans, le rapport sexuel hors mariage et l'utilisation des méthodes contraceptives (le préservatif en particulier) sont en fait, considérés comme « péché » (Modieli , 2008).

En RDC, la population est en grande partie catholique (MICS4-2010). La religion catholique rend la sexualité un tabou du fait qu'elle tient à la virginité et à la chasteté avant le mariage. Cependant, Kalambayi, (2008), lors d'une étude sur la sexualité préconjugale des jeunes chrétiens à Kinshasa, démontre que « les réactions et les comportements des jeunes croyants en matière de sexualité avant le mariage infirment la thèse du conformisme religieux ». L'application des normes religieuses par les jeunes aujourd'hui est par contre butée à plusieurs interprétations. La perception des jeunes Kinois sur les lois religieuses en matière de la sexualité préconjugale, n'est pas l'acceptation aveugle comme ce fut dans le temps de leurs ainés (Kalambayi , 2008).

Dans certaines autres sociétés, l'appartenance religieuse serait un déterminant de la sexualité précoce pour jeunes adolescentes. Au Cameroun par exemple, Kuate-Defo, (1998), fait observer que les jeunes musulmanes et adeptes des religions traditionnelles sont significativement moins susceptibles de retarder leurs premiers rapports sexuels et cela partout où elles résident. Ce qui n'a pas été le cas au Brésil, où uniquement les jeunes garçons pentecôtistes retardent leur entrée en activité sexuelle précoce (Bozon et al., 2006).

De tout ce qui précède, nous pouvons dire que l'appartenance religieuse des jeunes peut avoir de l'impact sur leur comportement sexuel et cela, selon les différentes sociétés, par rapport au milieu de résidence et au niveau d'instruction.

c. Milieu de résidence ou milieu de socialisation.

Le lieu dans lequel les jeunes vivent revêt donc une importance capitale dans l'étude des comportements sexuels dans la mesure où il constitue le cadre structurel dans lequel évoluent les jeunes adolescentes. Le milieu de résidence peut être confondu au milieu de socialisation en cas où il ne s'observe pratiquement pas les mobilités importantes entre le milieu urbain et le milieu rural.

L'urbanisation galopante que connait la plupart des sociétés africaines peut expliquer cette différenciation des comportements qu'adoptent les jeunes citadins par rapport à ceux de la campagne. Plusieurs études antérieures ont montré que les sociétés traditionnelles étaient formelles aux normes. Et, en milieu rural, l'éducation des enfants se fait par la transmission des valeurs normatives et religieuses de la société ; de plus elle se réalise dans un contexte dominé et contrôlé par les aînés (Bado , 2007). Et cela, est tout à fait différent en milieu urbain où les comportements des jeunes en matière de sexualité sont fonction de l'éducation et des valeurs occidentales copiées.

La littérature sur l'activité sexuelle des jeunes montre que les jeunes du milieu rural sont sexuellement plus actifs que ceux du milieu urbain (Akoto et al, 2000 ; 2005, Guèye et al, 2001 ; Ouedraogo et al, 2006 cité par Modieli, 2008). En ce qui concerne l'intensité et la précocité de l'activité sexuelle, il reste à noter que les jeunes du milieu rural ont une intense activité sexuelle et y commence précocement que ceux du milieu urbain. L'âge aux premiers rapports sexuel comme démontré par Rwenge (2000) diffère du milieu rural au milieu urbain au Cameroun. Cet âge est précoce pour les garçons que les filles en milieu urbain et est plus précoce chez les filles que les garçons en milieu rural. Cependant en RDC, les statistiques le prouvent ; car parmi les jeunes ayant eu des rapports sexuels précoces (avant 15ans représentant ainsi 21% dans l'ensemble du pays), ceux du milieu rural représentaient 25% contre 15% du milieu urbain (MICS4-RDC).

d. Niveau d'instruction.

Celui-ci fait référence à l'éducation formelle des enfants soit à la durée que l'on passe dans le système éducatif (Lougoue, 2005). Diverses études ont mis en évidence le niveau d'instruction comme étant un facteur déterminant du comportement sexuel des jeunes surtout en Afrique subsaharienne où la scolarisation formelle n'est pas d'accès à tout le monde.

Le milieu scolaire reste en effet, un moyen de transmission d'informations sur la santé sexuelle et reproductive aux jeunes qui y fréquentent. Pour Lougoue (2005), l'éducation reçue par une femme tout au long du temps passé à l'école lui permet également de prendre des décisions qui lui permettront d'éviter certains comportements sexuels.

Il existe une relation significative entre le niveau d'instruction et l'âge d'entrée à la vie féconde des jeunes adolescentes (Bado, 2007). Lors d'une étude réalisée par Akoto et al, (2005) au Burkina-Faso sur la fécondité des adolescents, il a été constaté que le prolongement de la scolarité des adolescentes avait tendance à freiner de manière sensible l'entrée en vie féconde.

Or, en matière de sexualité, Lougoue (2005) stipule que les femmes instruites échappent au contrôle familial et s'engagent plus de l'activité sexuelle. En fait, l'affaiblissement des structures traditionnelles et le relâchement du contrôle social en particulier familial engendrent des comportements sexuels nouveaux. Pour ce faire, Diop (1995) cité par Rwenge (1999a) montre que « les comportements nouveaux qui en résultent sont plus orientés vers la satisfaction personnelle et la gratification individuelle que vers la responsabilité familiale ».

En effet, certaines autres études mettent en exergue une relation négative entre le niveau d'instruction des parents (chefs de ménages) et le comportement sexuel et procréateur des jeunes adolescentes. Pour Evina (1998) cité par Bado (2007), « plus le père ou la mère est instruit, moins la jeunes adolescente court le risque d'avoir une grossesse non désirée. Le risque d'avoir une grossesse à l'adolescence est de près de quatre fois plus élevé chez l'adolescente dont le père n'a jamais été à l'école par rapport à celle dont le père a atteint le niveau supérieur ». Il reste à noter alors que, les parents instruits encadrent mieux leurs filles surtout en entretenant une communication susceptible de préparer leurs filles à l'entrée à la vie sexuelle.

La fréquentation scolaire influence positivement aussi bien la connaissance des IST/VIH/SIDA que les moyens de prévention (Rwenge, 2002). Outre la connaissance des IST/VIH/SIDA et leurs mesures préventives, certains autres auteurs comme Baya et al, (2001) cité par Modieli (2008) ont observé que le niveau d'instruction était un déterminant de l'utilisation des condoms aux premiers rapports sexuels chez les jeunes Bobolais (Sénégal). Cependant, Rwenge (2000) a par ailleurs observé, qu'à Bamenda, les jeunes scolarisés au niveau du premier cycle secondaire étaient plus susceptibles de ne pas utiliser le préservatif au moment de l'enquête que leurs homologues lycéens. Ceci est aussi confirmé dans les travaux de Guiella (2012) sur les Comportements sexuels chez les adolescents en Afrique Sub-saharienne: l'exemple du Burkina Faso, du Ghana, du Malawi et de l'Ouganda où l'on observe les disparités de l'utilisation du préservatif selon le niveau d'instruction. Les résultats de cette étude montrent qu'en ce qui concerne le niveau d'instruction des adolescentes, la probabilité d'utiliser systématiquement le condom en cas de multi partenariat est plus élevée chez les adolescents ayant un niveau secondaire par rapport à ceux qui ont un niveau inférieur.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo