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La coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée à  l'épreuve de la criminalité transfrontalière. Etat des lieux et esquisse de solution

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par Vernuy Eric SUYRU
Université de Yaoundé II Cameroun - Master en relations internationales, option intégration régionale et management des institutions communautaires 2011
  

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B. Réduire les facteurs générateurs de conflits et de criminalité aux frontières

La réduction des facteurs générateurs de conflits frontaliers et de criminalité transfrontalière se ferait essentiellement par la réalisation par le comité interministériel chargé des questions sécuritaires maritimes et terrestres de deux objectifs suivants : la délimitation et la démarcation des frontières étatiques ; et la promotion d'une coopération transfrontalière de type informel.

En premier, il est clair que l'absence de délimitation et de démarcation claires des frontières nationales engendre des « zones floues » à l'intérieur desquelles l'exercice de la souveraineté nationale ne peut être que problématique. D'ailleurs de l'avis même de l'UA, « moins d'un quart des lignes frontalières africaines sont aujourd'hui définies. Cette absence de définition engendre des zones floues à l'intérieur desquelles l'exercice de la souveraineté nationale ne peut être que problématique »176(*). Par ailleurs dans ces zones, « un simple différend entre deux communautés peut entrainer des tensions interétatiques. Lorsque ces zones incertaines recèlent des ressources naturelles (eau, forêt, pétrole, minerais, etc.), leur gestion se révèle souvent difficile et source de malentendus. »177(*)

Aussi, devient-il nécessaire de procéder à la délimitation et la démarcation claires de toutes les frontières maritimes et terrestres dans la région du golfe de Guinée. Car sans démarcation précise de celles-ci, il est techniquement difficile de mettre en place de postes de contrôle conjoints entre deux Etats. D'où il incombe à l'Etat par le truchement de son comité interministériel d'initier et de mettre en oeuvre des politiques de démarcation et de délimitation des frontières, d'un commun accord avec les Etats voisins. Pour ce faire, il faudrait qu'un cadre juridique et réglementaire permettant de faciliter les échanges et d'assurer la gestion sécurisée des zones frontalières soit défini.

La délimitation et la démarcation des frontières escomptées ne seraient rendues possibles que si les capacités techniques de l'Etat sont renforcées et si l'identification et la matérialisation des frontières spécifiques sont effectives. C'est dans ce sens qu'on assiste de plus en plus partout dans le Golfe de Guinée et ce, sous la houlette des organisations régionales (CBLT, CGG, CEEAC essentiellement) avec l'appui technique de l'ONU, à la matérialisation effective des limites frontalières maritimes, lacustres et terrestres de chaque Etat membre desdites organisations. De plus, les Etats vont davantage loin, dans le cadre de commissions bilatérales de sécurité178(*), pour assurer l'intangibilité de leurs frontières et l'intégrité de leurs territoires respectifs.

En tout état de cause, la délimitation claire et la démarcation précise des frontières seraient d'un apport indéniable au dessein de réduction drastique des facteurs de survenance de conflits dans les zones frontalières partagées par deux ou plusieurs Etats. Pour rendre ce dessein viable à long terme, il convient également de favoriser la coopération transfrontalière informelle.

Comme l'affirme Dominique BANGOURA, spécialiste française des questions de paix et sécurité africaines, les frontières sont des « espaces charnières d'échanges »179(*)entre les différentes populations et communautés qui les partagent de part et d'autre. D'ailleurs pour ces dernières, « les liens culturels, familiaux et communautaires l'emportent sur la « frontière » du reste faiblement ou non matérialisée par les Etats. »180(*)

Dès lors, pour mieux réduire substantiellement les facteurs d'irruption de l'insécurité et des conflits à l'intérieur des zones transfrontalières du golfe de Guinée, il importe d'encourager et de favoriser la naissance, puis le développement des liens de coopération transfrontalière de type informel dans ces espaces. Pour cela, il faudrait créer les conditions favorables à la multiplication de contacts informels entre élites, populations et communautés locales installées de part et d'autre des limites territoriales étatiques clairement et préalablement définies, afin d'éviter la survenance de différends entre elles. Cela passe inévitablement par la facilitation des échanges commerciaux avec la création de marchés frontaliers181(*)et la construction d'infrastructures au rôle intégrateur (routes, hôpitaux, écoles, approvisionnement en eau et électricité...), ainsi que par la célébration d'unions mixtes entre différentes communautés issues des différents Etats géographiquement voisins.

Par ailleurs, le développement des liens transfrontaliers informels pourrait aboutir à l'établissement d'une véritable « diplomatie des autorités locales »182(*). Cette dernière permettrait en effet, au niveau de tous les espaces transfrontaliers du golfe de Guinée, de résoudre certains conflits latents opposant les différentes communautés localisées sur ces lignes de contact interétatique. Car, du fait de la survenance régulière d'incidents entre ces communautés d'une part, et de l'éloignement de ces zones des centres de décision d'autre part, les autorités centrales devraient décentraliser et déléguer une partie du « pouvoir de règlement des conflits mineurs aux autorités administratives et traditionnelles locales »183(*). Cette délégation aurait l'avantage « d'accélérer les procédures en gagnant en coût et en efficacité, dans la mesure où ces responsables locaux se côtoient au quotidien. »184(*)

En fin de compte, la réduction à la fois des facteurs de risques sécuritaires internes et de ceux de l'insécurité et des conflits transfrontaliers constitue les axes majeurs du renforcement de l'engagement politique de l'Etat, en vue de la mutualisation des initiatives de prévention et de lutte contre la criminalité dans le Golfe de Guinée.

Avec le renforcement des capacités de l'action de sécurisation maritime et terrestre de l'Etat, ce dernier possèderait à coup sur tous les leviers d'une action de coercition envers les groupes criminels.

* 176 Voir Projet de PF-CEEAC, op.cit.

* 177 Idem.

* 178 Le Cameroun a par exemple conclu des accords de création de commissions mixtes de sécurité transfrontalière avec ses voisins, dont le Nigéria (12 Février 2012), le Tchad (23 octobre 2007) et la RCA (Aout 2006). Ces commissions visent à instituer un cadre de confiance et de dialogue régulier pour la résolution concertée des problèmes de sécurité qui se posent au niveau de leurs frontières communes.

* 179 Dominique BANGOURA, « Frontières et espaces frontaliers en Afrique Centrale », in Jean-Lucien EWANGUE (sous la direction de), op.cit., p.225

* 180 Idem, p.225

* 181 On pense notamment ici au marché frontalier de KYE-OSSI qui met en interaction des commerçants camerounais avec des populations gabonaises et équato-guinéennes majoritairement de l'ethnie FANG.

* 182 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « La nouvelle posture géopolitique du Cameroun et la lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit., p.72

* 183 Idem, p.73

* 184 Ibid., p.73

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