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Les commémorations du 11 novembre en Belgique francophone pendant l'entre-deux-guerres. Les cas de Bruxelles, Liège et Mons

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par Emeline WYNANTS
Université de Liège - Master en histoire 2012
  

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1.2. La notion de « Devoir de mémoire ».

Notre axe de recherche étant de savoir si nous pourrions étendre la notion de « devoir de mémoire » aux pratiques commémoratives de l'entre-deux-guerres, il est important de définir ce qu'est un « devoir de mémoire »75(*). Cette définition couplée à une grande vigilance nous permettront d'utiliser cette notion exprimée pour la première fois dans les années 80-90, pour la période de l'entre-deux-guerres.76(*)

En utilisant les termes de « devoir de mémoire », nous utilisons une formule exprimée dans les années 80 et 90 avec la parution de l'ouvrage posthume Le devoir de mémoire77(*) de Primo Lévi. Ses implications sont multiples et complexes. Elles touchent à la fois l'enseignement et la culture, la religion et l'histoire, la politique et l'économie, la psychanalyse et la morale. Le terme recouvre de multiples facettes et possède tout aÌ la fois une dimension morale, éthique, religieuse et politique.78(*) Cette expression est fortement décriée, décrite, ... L'historiographie et les conceptions à ce sujet sont immenses, c'est pourquoi, nous nous attacherons à la définition donnée par Olivier Lalieu, qui selon nous, a le mérite d'être claire et de s'attacher particulièrement à la définition plutôt qu'à la polémique qui l'entoure79(*).

L'expression « devoir de mémoire » entre dans le dictionnaire Larousse en 2003 avec pour définition : « L'obligation morale de témoigner, individuellement ou collectivement, d'événements dont la connaissance et la transmission sont jugées nécessaires pour tirer les leçons du passé (la Résistance ou la déportation pendant la Seconde Guerre mondiale par exemple). »80(*)Selon la définition d'Olivier Lalieu, le « devoir de mémoire » comporte deux objectifs : celui de se souvenir, c'est-aÌ-dire le culte des morts, et la mémoire, un champ plus large qui touche à la fonction du souvenir dans la société.81(*) S'ajoute à cela un appel à la jeunesse. Cet appel à la jeunesse est fortement corrélé au premier objectif : se sou- venir, c'est aussi, et peut-être d'abord faire connaître » ; faire connaître, c'est empêcher l'opinion de succomber à nouveau, par ignorance.82(*)Le « devoir de mémoire » est aussi « la légitimité, plusieurs années après les faits invoqués, d'en demander réparation et d'en tirer des leçons».83(*)

En suivant, cette définition, nous pouvons constater que le « devoir de mémoire » porte sur le culte des morts et celui du souvenir, destinés à l'éduction de la jeunesse afin que cette dernière n'oublie pas les sacrifices consentis pour qu'elle vive.

Notre réflexion a été initiée par la lecture de l'article de 2001 de Barcellini. Celui-ci estime que si le devoir de mémoire ne s'est développé que depuis les années 80, sa signification et ses implications se retrouvent dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, voire de la Première.84(*) Alors que dans l'après-guerre, le fait d'avoir survécu donne impérativement au rescapé des devoirs85(*) auxquels il ne peut se soustraire ; aujourd'hui, le « devoir de mémoire » signifie principalement l'existence d'un devoir des individus, comme de la collectivité, de garder vivant le passé afin de rester vigilant et d'en tirer les leçons.86(*)

* 75 Sur l'évolution du « devoir de mémoire » et ses différentes acceptations, nous renvoyons vers les différents articles de Sébastien Ledoux. Sébastien Ledoux termine actuellement une thèse sur « L'histoire du « devoir de mémoire » » à Paris 1 (Centre d'histoire sociale du XXe siècle). Il a déjà publié Le « devoir de mémoire » à l'école. Essai d'écriture d'un nouveau roman national, Sarrebruck, Études universitaires européennes, 2011, et de nombreux articles sur le sujet.

* 76 L'anachronisme, ce « péché irrémissible » de l'historien , est un problème fondamental de la critique historiographique, à la fois par ses enjeux épistémologiques (est-il possible de faire de l'histoire sans anachronisme ?) et par la complexité de son analyse. Et bien que l'on tende à rejeter l'usage de l'anachronisme dans la discipline historique, certaines nouvelles expressions peuvent amener à de nouvelles études. Il faut, toutefois, garder à l'esprit que les contemporains des faits n'avaient pas conscience de cette notion. Elle peut être exprimée sous d'autres termes, formes. Comme nous le verrons, pour ce qui concerne le 11 novembre, les contemporains parlent bel et bien d'un devoir.

FEBVRE L., Le problème de l'incroyance au xvie?siècle : la religion de Rabelais, Paris, 1942, p. 15 ; RANCIÈRE J., « Le concept d'anachronisme et la vérité de l'historien », in L'Inactuel, automne 1996, n°6, p. 53 ; DOSSE F., « De l'usage raisonné de l'anachronisme », in Espaces Temps, 2005, n° 87/88, 2005, p.156- 171.

* 77PRIMO Levi, Le devoir de mémoire, entretien avec Anna Bravo et Frederico Cereja, traduit de l'italien par Joël Gayraud, avec une introduction et une postface de Frederico Cereja, Paris, Éd. Mille et une nuits, 1995. (Il s'agit de la transcription d'une interview accordée en 1983).

* 78BIENENSTOCK M., « Le devoir de mémoire, un impératif ? », in Les temps modernes, septembre-octobre 2010, n° 660, p. 99-115.

* 79 Cette polémique est au sujet de son emploi trop présent et de la notion d'oubli.

BENSOUSSAN G., « Les paradoxes d'un devoir de mémoire », in Travail de mémoire, 1914-1998, une nécessité dans un siècle de violence, éd. Autrement, collection mémoire n°54, Paris, 1997, p. 198, CLERO J-P., « Sur l'expression « devoir de mémoire » ou de quelques dangers d'évoquer l'indicible », in L'indicible : dans l'espace franco-germanique au XXe siècle, L'Harmattan, Paris, 2005, p. 214 ; RICOEUR P., Histoire, mémoire, oubli, Paris, Le Seuil, 2000, p. 83, 109 ; LEDOUX S., « Écrire une histoire du devoir de mémoire », in Le Débat, mai-aout 2012, n°170, p. 175-185.

* 80 « Devoir de Mémoire », in Dictionnaire Larousse, Paris, Editions Larousse, 2003, p. 376.

* 81LALIEU O., «  L'invention du « devoir de mémoire » », In Vingtième Siècle. Revue d'histoire N°69, janvier-mars 2001, n°69, p. 84.

* 82LALIEU O., «  L'invention du « devoir de mémoire » », In Vingtième Siècle. Revue d'histoire N°69, janvier-mars 2001, n°69, p.88.

* 83 LALIEU O., «  L'invention du « devoir de mémoire » », In Vingtième Siècle. Revue d'histoire N°69, janvier-mars 2001, n°69, 93.

* 84BARCELLINI S, « Du droit au souvenir au devoir de mémoire », in Cahiers français, juillet-août 2001,n°303, p.24-27

* 85 Comme nous le verrons, le terme « devoir » revient sans cesse.

* 86GENSBURGER S., LAVABRE M-C., « Entre « devoir de mémoire » et « abus de mémoire » : la sociologie de la mémoire comme tierce position », in MüLLER B. (dir.), Histoire, mémoire et épistémologie. A propos de Paul Ricoeur, Lausanne, Payot, 2005, p. 79.

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