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Contribution des radios communautaires à  l'enracinement de la décentralisation au Bénin. Cas de radio ILEMA

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par Houéfa-Perpétue AHOMANGNON
Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel ( ISMA ) Bénin - Licence en journalisme audiovisuel 2011
  

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2. Analyse des résultats

Ø Analyse des données issues de l'enquête

L'analyse de ces données nous permet de tirer certaines conclusions :

o Des questions 1et 2, nous déduisons que la majorité des journalistes des radios communautaires ont accès aux informations de la mairie et qu'ils arrivent à dénoncer les malversations et fraudes des dirigeants locaux.

o Des questions 3 et 4, nous retenons que ces journalistes et même la radio, reçoivent constamment des menaces. Parmi ces journalistes, il y en a qui ont même déjà été victimes de ces menaces. L'hypothèse n°1 est donc vérifiée ;

o Des questions 5 et 6, nous apprenons que les journalistes ont une connaissance de la décentralisation et qu'ils maitrisent même ces textes.

o De la question n°7, une majorité des journalistes de la radio Ilèma n'a pas reçu des formations dans le domaine de la décentralisation. L'hypothèse n°2 est aussi vérifiée ;

o Des questions 8, 9 et 10, nous déduisons que la majorité des radios communautaires n'ont pas initié des émissions sur la décentralisation car, ils manquent de partenaires et cela motive peu leurs journalistes à initier des émissions. L'hypothèse n°3 est aussi vérifiée ;

o De la question n°11 : les journalistes affirment que les populations ne suivent pas avec intérêt les émissions sur la décentralisation.

Ø Analyse des données issues des entretiens

Les entretiens ont servi à recueillir les avis des professionnels des médias communautaires, des journalistes de la radio Ilèma et ceux d'autres radios communautaires. Cette analyse est une synthèse.

Nous avons jugé utile de vous présenter certaines déclarations qui nous ont semblé importantes.

Question : Comment voyez-vous votre contribution à l'enracinement de la décentralisation ?

Réponse 1 : (Journaliste de la radio Ilèma)

«  Les radios communautaires sont incontournables pour la réussite de la décentralisation. Elles sont indispensables et nécessaires pour l'enracinement de ce processus. Mieux que tout, elles sont un vecteur de communication et donc servent de courroie de transmission. On ne peut aujourd'hui vouloir d'une bonne décentralisation sans faire recours aux radios communautaires.

Par leur voix, les journalistes de ces radios apportent l'information et sont écoutés par leurs auditeurs locaux. Du moment qu'ils s'adressent directement à la communauté dans les langues locales, ils sont alors les plus écoutés. Vouloir donc de l'enracinement de la décentralisation sans passer par la radio communautaire serait sans grand résultat. »

Réponse 2 : (Journaliste de la radio Idadu Fm à Savè)

« La radio communautaire joue un grand rôle pour la réussite de la décentralisation. Nous sommes dans un monde rural et c'est grâce à la radio que la population est informée et donc éveillée. Ceci dit, c'est à la radio communautaire qu'il revient de faire comprendre à la population rurale l'apport de la décentralisation pour le développement de leur commune.

Nous devons, vu la place combien importante que nous occupons dans l'univers médiatique béninois, être le canal par lequel les autorités locales informent la communauté sur leur gestion du bien public. Par notre voix, les populations pourront dénoncer ce qui ne va pas dans la commune. Nous mêmes devons faire preuve d'éthique et de moral pour situer les responsabilités de chacun. Cela nous permettra de contribuer tous à l'édification de nos cités.

Amener par exemple la population à comprendre que payer l'impôt est un devoir du citoyen et donc celui qui paie son impôt participe au développement de sa cité. C'est une lourde tâche mais nous devons y arriver pour l'enracinement de la décentralisation. »

Les radios communautaires doivent contribuer à l'enracinement de la décentralisation dans nos communes. Ceci pour bien des raisons valables puisqu'elles sont plus proches des populations rurales qui sont les plus concernées quand on parle de décentralisation. Les radios communautaires sont les compagnons de ces populations même quand elles sont dans les champs ou au marché. Ceci est d'autant plus normal car, elles interviennent directement dans les langues locales.

Cependant, dans les rédactions, la réalité est toute autre. Il n'y a pas d'émissions sur la décentralisation et donc on n'en parle même pas dans les rédactions. Plusieurs raisons expliquent cet état de chose.

La première, ce sont les menaces constamment reçues par les journalistes et la radio communautaire même. Il y a des journalistes qui ont déjà subi ces menaces ainsi que des radios qui ont déjà été une fois traduites devant la justice. Ceci pour avoir fait des émissions qui sont soupçonnées de règlement de compte ou d'abus de pouvoir par les autorités locales.

Ces menaces qui pèsent sur les journalistes font que ces derniers n'ont pas toujours l'audace de dénoncer ce qui va mal ou de faire les investigations sur des sujets jugés tabous dans la commune.

D'autres ont même dû laisser des émissions qu'ils faisaient car, ce n'étaient pas du goût des autorités qui les menaçaient souvent. C'est le cas de l'émission `'ça pas bon'' d'un journaliste en langue locale de la radio Ilèma diffusée tous les mercredis de 9 heures45minutes à 10 heures. Depuis quelques temps, ce journaliste n'anime plus cette émission parce que les menaces devenaient trop.

La seconde raison qui sous-tend cela est le manque de formation de ces journalistes. La plupart de ces journalistes n'ont pas reçu de formation dans le domaine de la décentralisation. Ce qui fait qu'ils ne sont pas assez outillés voir pas du tout pour en parler. Eux mêmes ne maitrisent pas les textes de la décentralisation et donc ne peuvent pas en parler. Ils n'appréhendent pas encore si bien leur rôle à l'enracinement de la décentralisation.

L'autre raison qui est évoquée, est le manque de partenaires pour ces radios communautaires. Cela ne les encourage pas à initier des émissions sur la décentralisation. A radio Ilèma, plusieurs émissions initiées par les journalistes et animateurs ne se poursuivent plus puisque ces journalistes n'ont pas des partenaires qui les accompagnent souvent. Quand on fait une étude de leur grille de programmes, on constate qu'il y a beaucoup d'espaces qui ne sont plus pas utilisés. Quand par hasard, il y a des partenaires qui viennent, on ressuscite certaines émissions mais ça ne durent pas.

Cependant, la population a le droit d'avoir les informations nécessaires sur la décentralisation. Même si cette population ne s'intéresse pas trop à la question, elle reste et demeure quand même l'acteur principal de ce processus. En tant que radio communautaire qui sert cette communauté, la radio devrait être leur porte-voix en matière d'information. Le fait qu'elle n'ait pas beaucoup de moyens pour mieux se lancer dans ce processus ne doit pas être un frein pour elle.

La radio Ilèma a été créée avec l'aide de la population qui écoute ses émissions. Pour elle, la radio leur appartient. Ceci dit, seule cette radio peut amener cette population à se réveiller et à comprendre que la décentralisation est un chemin qui peut conduire à la démocratie, la bonne gouvernance, le développement durable.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle