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La santé communautaire dans la région des savanes, Togo. Une étude de cas sur les commissions santé dans les districts sanitaires de Kpendjal, Tandjouaré et Tône

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par Alexander Doyle
Université libre de Bruxelles - Master en sciences de la population et du développement 2012
  

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2.2.Présentation

Les vingt-deux CS furent actives, dès décembre 2008, au sein de leur aire sanitaire respective, sur la base des critères mentionnés ci-dessous.

2.2.1. Définition

L'ONG 3ASC définit une CS de la façon suivante :

« La commission Santé est un organe mis en place autour d'une formation sanitaire dont le but est de réfléchir et de discuter des questions liées aux problèmes de la formation sanitaire dans l'offre des soins des clients ».

2.2.2. Composition

En théorie, la taille d'une Commission Santé s'échelonne de 5 à 15 membres suivant le nombre de villages dont dispose l'aire sanitaire. En pratique, il s'avère que cette situation est loin d'être respectée. De nombreux villages ne sont pas représentés et semblent laissés à l'écart de toutes prises de décisions les concernant directement. Il ne nous a pas été possible d'observer une CS où le nombre de membres correspondait au nombre de villages représentés dans l'aire sanitaire en question : les villages éloignés sont la cible d'une non-intention.

« Il y a certains villages qui n'ont pas de Commissions Santé, eux ils ne savent pas qu'il y a ce comité-là, donc si nous organisions des groupes pour aller dans chaque village au moins

120 Document 3ASC, 2008 « Projet Intégré de santé dans la région des Savanes. Processus de mise en place des Commissions Sante. (Distinction des tâches CS-COGES) ».

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une fois dans le mois ou chaque deux mois ils devraient nous connaître » [Présidente de la CS de Nanergou, Tône].

« Moi je trouve que cette Commission Santé est trop restreinte, si on pouvait au moins avoir encore plus de membres. Il faudrait que chaque village, au moins, soit représenté dans cette Commission Santé. C'est autour du centre que cette CS a été créée, alors que nous avons des villages à plus de quatorze kilomètres d'ici, moi je trouve que ce n'est pas bien comme ça, qu'on est seulement les membres qui sont autour du centre, alors que le grand problème c'est dans la communauté qui se trouve très très très éloignés des CS, si on pouvait élargir un peu. C'est-à-dire, ici quand tu parles avec et tu vis avec la même personne, là ça se passe. Si ce n'est pas le cas, c'est beaucoup plus difficile » [RFS de l'USP de Papri, Kpendjal].

Toutefois selon un employé de 3ASC, une solution alternative tente d'être élaborée.

« Le problème se pose parce que les Commissions santé, ça varie quand même le nombre mais quoi qu'on dise ça ne prend toujours pas en compte le nombre de villages qui constituent l'aire sanitaire. Mais ce qui se passe, c'est qu'on leur permet de façon à demi-pratique de déléguer des personnes pour représenter tous les villages. (É) Mais honnêtement, avec les Commissions, on ne s'arrête qu'au niveau de l'aire sanitaire, on ne voit les ramifications au niveau du village. Alors que quoi qu'on dise, il faut franchement qu'on sente la présence de cet organe à la cellule villageoise, c'est très important, parce que c'est les villages, la cellule de base, c'est à ce niveau qu'on doit veiller à la structuration et puis remonter. La Commission Santé devrait arriver après qu'on a réussi à asseoir le Comité de Santé. Moi je pense que si on veut réussir franchement, il faut qu'au niveau du village ça soit représenté. Et puis les chances que les Commissions Santé réussissent dépendront vraiment, si les Comités de Santé aient réussi. Si on peut revenir à ça, ça peut être quelque chose de très bien » [Anonyme, employé de 3ASC].

Dans tous les cas, ces groupements se composent toujours d'un nombre impair de membres, en raison de cette volonté démocratique permettant aux votants de se départager lors de la prise d'une décision. De plus, il est constaté une déficience sur le plan numérique, suite à l'abandon, au retrait ou au décès de certains depuis la création des CS en 2008. En guise d'illustration la présidente de la CS de Nanergou, Tône exprime son mécontentement vis-à-vis d'un ancien membre, dont ils ont dû se détacher :

« Aujourd'hui c'est toujours les mêmes membres, sauf quatre personnes qui se sont désistées et deux qui sont arrivées en cours de route. Il y en a un, il travaillait au CHR, à chaque fois qu'on voulait se retrouver il ne venait pas, à chaque fois qu'on lui dit qu'il y a

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réunion, il est de garde, à chaque fois qu'on lui parle, il est de garde, mais le moment où on lui dit qu'on a besoin de lui deux jours pour un recyclage, il est pas de garde, il vient là, il s'assied deux jours, il prend son argent, il part [le déplacement durant l'atelier de recyclage étant pris en charge par 3ASC]. C'est un opportuniste, ça me gêne beaucoup, ça ce n'est pas bien. Il faut faire d'abord un travail de groupe. Si tu viens au recyclage, tu dois savoir ce qu'on a fait durant l'année. Aujourd'hui il est parti » [Présidente de la CS de Nanergou, Tône].

Mis à part le RFS, considéré comme le responsable du groupement, de nombreux membres à part entière cumulent une double fonction, qu'elle soit officielle ou non. Nombre d'entre eux sont intégrés au sein d'un autre groupement villageois (COGES, CVD, ASC, etc.) ou d'un autre organisme de développement tel que la Croix-Rouge. D'autres font partie du personnel de santé de l'USP de leur aire sanitaire, ou encore certains exercent une fonction de thérapeute traditionnel en parallèle.

Suivant ce dernier aspect, les propos institutionnels à l'ordre du jour revendiquent ardument une dynamique participative et représentative qui s'attèle à insérer l'ensemble des protagonistes inclus dans cette mouvance « communautaire » de la santé. Même si 3ASC mentionne la faible collaboration en vigueur avec les thérapeutes traditionnels, cette composante, ne semble toutefois pas inscrite à l'ordre du jour : aucune mesure actuelle ne semble vouloir les intégrer dans ce processus. D'un autre côté, ne sont-ils pas d'une certaine façon des « experts de la santé locale » ? Suivant ces propos, ne serait-il pas d'une indubitable nécessité d'intégrer ces thérapeutes traditionnels parmi les porte-paroles des populations villageoises ? Nous reviendrons sur ce point dans la section III. 1.1.3. La médecine « traditionnelle ».

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams