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Conditions d'éligibilité du président de la république et démocratie en Afrique subsaharienne

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par Eveline RODRIGUES PEREIRA BASTOS
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 droits africains 2011
  

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Section 2 : Des conditions d'éligibilité de bonne gouvernance encadrant fermement la personne du candidat

L'élaboration du néo-constitutionnalisme africain a été l'occasion de l'introduction, dans le constitutionnalisme africain, de dispositions de moralisation de la vie politique et de démocratisation de l'accès au pouvoir. Dans un souci de voir avancer la démocratie, de nombreux constituants ont adopté des dispositions tendant à favoriser la « bonne gouvernance » au plus haut niveau de l'État. Les conditions d'éligibilité sont apparues comme un bon outil pour connaître à l'avance certains éléments de la vie personnelle et professionnelle des futurs candidats, afin de s'assurer que la personne élue serait apte à épouser la fonction. On distingue deux types de conditions d'éligibilité de « bonne gouvernance ». Il y a, d'une part, les conditions attachées aux qualités personnelles nécessaires au candidat pour devenir un bon gouvernant (I) ; puis il y a, d'autre part, les conditions d'éligibilités liées à l'environnement de celui-ci, lui permettant de gouverner au mieux une fois élu (II).

I) Les conditions d'éligibilité relatives aux qualités personnelles de

gouvernant

Dans la catégorie des conditions d'éligibilité qui ont pour but de garantir la bonne gouvernance, celles qui touchent aux qualités personnelles requises pour être candidat nous permettent d'avoir une idée de la vision qu'a un État de ce qu'est un bon gouvernant. En effet, par l'étude des qualités demandées aux futurs candidats à la présidentielle, on peut percevoir ce qui est considéré, dans une société donnée, comme le gage nécessaire à l'accession au pouvoir.

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Celles qui paraissent les plus importantes sont celles relatives aux compétences que doit posséder un candidat à l'élection présidentielle. Il peut s'agir de compétences élémentaires, comme savoir lire et écrire. C'est ce qu'exige, par exemple, l'article 98 de la Constitution transitionnelle de 2011 du Soudan du Sud. Cette exigence a été apportée également au Sénégal par la Constitution du 22 janvier 2001, avec comme particularité d'exiger la maîtrise de la langue officielle. La langue officielle étant le français, cette disposition amène à s'interroger sur la place à laisser à un candidat lettré, mais ne maîtrisant que l'arabe45. En effet, le Sénégal étant un pays où la quasi-totalité de la population est musulmane, l'arabe occupe de ce fait une place importante. Mais on peut aussi se demander quelle place laisser au wolof, la langue véhiculaire du pays, qui prend de plus en plus le pas sur le français46, et qui est parlée par l'ensemble de la population. Dans ces conditions, on ne peut s'empêcher de faire une corrélation entre l'absence de popularité de Karim Wade, le fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, et le fait que ce dernier ne parle pas le wolof. Aujourd'hui, faut-il parler wolof pour répondre aux aspirations de la société sénégalaise ? La langue n'est-elle pas l'âme d'un peuple ? Ainsi, il serait donc bon de poser comme exigence à la candidature présidentielle la maîtrise d'au moins une langue nationale du pays, afin de mettre le candidat en adéquation avec la population du pays qu'il ambitionne de diriger, ne serait-ce que pour pallier la crise de légitimité dont souffrent les institutions étatiques.

Si l'on reste dans le domaine des compétences requises pour être candidat aux fonctions présidentielles, le Congo (Brazzaville) fait preuve d'originalité en allant plus loin dans l'exigence, déclarant que nul ne peut être candidat « s'il n'atteste d'une expérience professionnelle de quinze ans au mois47 ». On peut également citer la curieuse disposition de l'article 33 (d) de la Constitution équatorienne du 17 novembre 1991, selon laquelle pour être candidat, il faut savoir interpréter la loi fondamentale. Dans ce cas, on peut être sceptique quant à la possibilité de vérifier la réalisation de la condition. Dans la catégorie des qualités personnelles inhérentes à la personne du candidat, on trouve la condition de bonne moralité et de probité, qui est notamment

45 Ismaïla Madior Fall, Évolution constitutionnelle du Sénégal, de la veille de l'indépendance aux élections de 2007, Dakar, CREDILA-CREPOS, 2009, p. 109.

46 Pierre Cherruau, « Le Sénégal est-il encore un pays francophone ? », Slate Afrique, 2012, non paginé. Selon l'article, l'ensemble des programmes télévisés, qu'ils soient politiques, sociétaux ou culturels, se déroulent en wolof. À l'école également, certains enseignants s'expriment dorénavant en wolof et il semblerait que le phénomène touche également les milieux intellectuels traditionnellement dominés par le français.

47 Article 58 de la Constitution du 20 janvier 2002.

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commune au Bénin, à la Côte d'Ivoire et au Rwanda48. La condition de moralité a le désavantage de reposer sur une analyse subjective de la bonne moralité et, en la matière, l'objectif de garantie de bonne gouvernance est difficilement atteint. Néanmoins, cette condition de bonne moralité s'accompagne souvent d'autres dispositions, telles que l'obligation faite au futur candidat de déclarer et de justifier de son patrimoine, ou la sanction d'inéligibilité pour une personne ayant été condamnée à une peine de prison pour une cause impliquant la malhonnête ou la turpitude. On trouve respectivement ces conditions dans la Constitution ivoirienne et dans la Constitution malawite49. Enfin, il faut citer une condition non négligeable ; il s'agit de celle obligeant tout candidat à l'élection à prouver l'existence d'une bonne santé physique et mentale, exigence qui, dans certains pays comme le Bénin, s'accompagne de l'obligation d'être examiné par un collège de médecins désignés par la Cour constitutionnelle.

Ces conditions de bonne gouvernance liées à la personne du candidat sont complétées par des dispositions tenant à l'environnement de celui-ci.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand