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Décentralisation et croissance économique: le cas de 6 pays d'Afrique subsaharienne

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par Mathieu Rosin ALEMBE AYIMA
Université de Yaoundé II Cameroun - Master II en économie du territoire et de la décentralisation 2013
  

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III. REVUE DE LA LITTERATURE

? Revue théorique :

La décentralisation est un concept multidimensionnel et en tant que tel, elle recèle plusieurs aspects : l'aspect politique (plus de pouvoir et de participation à la base), l'aspect économique (promotion du développement économique), et l'aspect socio-culturel (promotion du savoir et du savoir-faire local). Cette qualité fait d'elle un concept dont l'analyse mono disciplinaire devient assez difficile. Les théories de la décentralisation sont de deux ordres (SIDDIQUEE, 1995) :

- Les théories libérales ou normatives et

- Les théories analytiques ou descriptives.

MUSGRAVE (1959) définit les trois fonctions de l'Etat à savoir : l'allocation des ressources, la redistribution et la stabilisation de l'activité économique. Les fonctions de redistribution et de stabilisation de l'économie font état de consensus dans la littérature économique : elles devraient être assurées par le gouvernement central. Seule la fonction d'allocation des ressources peut être exercée par les gouvernements locaux, raison pour laquelle les divergences entre partisans de la théorie libérale et ceux de la théorie analytique se situent autour de cette fonction.

Déjà qu'un peu plus tôt, HAYEK (1948) relevait déjà les effets positifs de la décentralisation sur cette fonction d'allocation des ressources. La décentralisation, en permettant de rapprocher les décideurs politiques des citoyens, améliore la connaissance des besoins et des préférences des populations. Une meilleure information dans l'élaboration des politiques publiques est un facteur important d'efficacité dans l'allocation des biens publics, ces derniers générant des externalités positives pour l'économie. RONDINELLI (1989) appuie un peu plus cette idée lorsqu'il affirme que : « sous la condition d'un choix assez libre, la fourniture de

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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études supérieures en sciences économiques
Option : gouvernance et développement économique

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certains biens publics est économiquement plus efficace lorsqu'un grand nombre d'institutions locales sont engagées que lorsque le gouvernement central, en est le fournisseur ».

TIEBOUT (1956) met également en avant l'importance de la décentralisation parce que, dit-il, par la concurrence qu'elle suscite entre les collectivités locales pour attirer les citoyens (et donc, la base fiscale), les gouvernements locaux sont obligés d'élaborer des politiques publiques plus efficaces et efficientes. Dans un tel contexte, les services et biens publics sont de meilleure qualité, ce qui permet encore à l'économie de bénéficier des externalités positives que génèrent la qualité des institutions et la qualité des biens publics fournie. En plus de cela, STIGLER (1957) met en avant le fait qu'un gouvernement représentatif est plus efficace lorsqu'il est plus proche des gens car l'information nécessaire pour diriger est optimale et la redevabilité des dirigeants locaux est effective. En effet, dans l'exercice de leurs responsabilités en matière de services publics, ils sont assujettis à un contrôle de la part de leurs résidents dont ils sont tenus de rendre des comptes (EBEL et YILMAZ, 2001). C'est la raison pour laquelle OATES (1972) énonce le principe d'après lequel chaque service public devrait être fourni par l'institution exerçant un contrôle sur le territoire minimum et ce, afin d'internaliser d'un côté les avantages et de l'autre, les coûts d'une prestation de service publique. Cependant, les vertus de la décentralisation sur l'économie nationale, à travers les externalités positives qu'elle génère dans l'économie, ne font pas l'unanimité dans la littérature. Les partisans de la théorie analytique développent des contre-arguments.

D'abord PRUD'HOMME(1995) remet en cause l'argument de la meilleure adéquation de l'offre des biens publics aux préférences des citoyens dans le contexte des pays en développement. Les besoins des populations de ces pays étant connus de tous : il s'agit de leur fournir des services et biens publics de base. Il n'est point besoin de révéler ces préférences à travers une organisation politico administrative décentralisée. A part cela, l'hypothèse de la mobilité des agents parfaitement informés et « votant avec les pieds » (TIEBOUT, 1956), n'est pas applicable dans le contexte des pays en développement (CALDEIRA, 2011). BARDHAN (2002) considère que la mobilité des habitants dans ces pays est limitée et qu'elle n'est pas toujours guidée par de telles considérations.

De plus, BARDHAN et MOOKHERJEE (2006) en notant le faible niveau de la démocratie locale dans le cadre des pays en développement, n'y croient pas trop à la redevabilité des dirigeants locaux qui obligerait ceux-ci, à élaborer des politiques publiques efficaces et

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efficientes. Qui plus est, la décentralisation est souvent considérée comme un facteur de corruption ne serait-ce que par le simple fait que la multiplication des centres de décisions politiques augmente les opportunités de corruption (PRUD'HOMME, 1995).

Tous ces arguments laisse perplexe quant aux effets positifs de la décentralisation sur l'économie nationale. C'est également le cas dans la littérature empirique.

? Revue empirique :

La littérature empirique révèle également l'opposition entre partisans de la théorie libérale et ceux de la théorie analytique.

Tout d'abord les travaux de WOLLER et PHILLIPS (1997) concluent sur une relation négative et significative entre la croissance économique et la décentralisation. Cette étude porte sur un ensemble de 17 pays développés sur la période 1947-1991 : ils font une régression sur données de panel. Il en est de même pour les travaux de DAVOODI et ZOU (1998). En analysant l'effet de la décentralisation fiscale sur la croissance économique, ces travaux concluent également sur une relation inverse dans le contexte des pays développés et aucune corrélation dans le cas des pays en développement. Il faut signaler que cette étude s'est faite sur un panel de 46 pays et une estimation à l'aide des MCO. XIE et al (1999) conclut sur une relation négative et significative entre la croissance et la décentralisation financière aux Etats-Unis sur la période de 1947-1991. Cependant, MALIK et al (2006) aboutissent quant à eux à une série de résultats mitigés : à partir des données en séries temporelles sur la période 1972-2005 et en utilisant les MCO sur une régression linéaire, les variables de la décentralisation élaborées par ces auteurs, ont des paramètres négatifs et significatifs pour certains et des paramètres positifs pour d'autres.

LIN et LIU (2000) étudient la même question dans le contexte chinois à l'aide d'une série temporelle de 23 ans (1970-1993). Ils aboutissent sur une relation positive entre la décentralisation financière et la croissance économique. La décentralisation financière a donc, dans le contexte chinois, un effet positif et significatif sur la croissance économique. THIESSEN (2003), aboutit à ce même résultat dans le contexte des pays de l'O.C.D.E. il le fait également à partir d'un panel sur la période 1973-1998. La BAK Basel Economics1(2009)

1Institut de recherche suisse qui offre, depuis 1980, des services pour effectuer des recherches empirique et quantitative sur des sujets d'ordre économique. En 2009, cet institut effectue un travail commandité par

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appui encore plus ce résultat à partir d'une étude en données transversales dans le contexte de l'union Européenne en année 2008. A partir des indices de décentralisation politique, administrative et financière, et à l'aide d'un modèle de régression linéaire, l'estimation à partir des M.C.O donne des paramètres positifs et significatifs pour toutes les variables de la décentralisation. La décentralisation qu'elle soit politique, administrative et financière a un impact positif sur la croissance économique.

Cependant, plusieurs critiques peuvent être faites à ces travaux : il n'existe pas de consensus sur la forme du modèle à utiliser, de la même manière qu'il n'existe pas toujours de consensus sur les variables de la décentralisation à mobiliser pour des analyses empiriques. Le cas spécifique de la décentralisation financière qui est captée, très souvent, par la part des recettes/dépenses locales sur les recettes/dépenses nationales est très critiquée (XIE et al, 1998 EBEL et YILMAZ, 2001) notamment parce qu'elle ne rend pas compte de tous les aspects de la décentralisation financière. L'élaboration d'indices (NDEGWA, 2002 ; BAK Basel Economics, 2009) a permis de contourner cette insuffisance car ces indices tiennent compte des aspects qualitatifs et quantitatifs des dimensions politique, administrative et financière de la décentralisation.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote